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Campagne de dons Juin 2022
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Au cours des derniers SITREP concernant le front Nord du Donbass, dans les secteurs de Kramatorsk, j’ai souvent évoqué cette nature du bassin de la rivière Donets qui rend difficile, par sa rivière et ses collines boisées, les mouvements offensifs autant qu’elle facilite les dispositifs défensifs.
Ainsi depuis le mois d’avril on voit, du secteur de Kharkov jusqu’à celui de Lisichansk, la ligne de front progressivement épouser le tracé de cette rivière Donetsk, surtout depuis les percées russo-républicaines de Krasni Liman et Severodonetsk.
Le secteur de Severodonetsk, dont environ 80% de sa zone urbaine ont été libérés, illustre bien l’importance de ce terrain particulier du Nord Donbass, et de l’obstacle que représente la rivière Donets dont les rives sont souvent escarpés et les pont détruits par les ukrainiens pour ralentir encore plus les progressions alliées.
Sur cette perspective Est Ouest de la rivière Donets séparant les villes de Severodonetsk et Lisichansk on peut observer que les forces russes et républicaines vont arriver:
- En butée de la rivière Donets dont 1 pont est déjà détruit et 1 autre sérieusement endommagé et qui sera probablement détruit par les dernières unités ukrainiennes ayant franchi la rivière.
- Sous les feux des postions ukrainiennes à l’Est de Lisichansk et qui surplombent Severodonetsk d’environ 100 mètres avec en plus le glacis naturel des terrains non constructibles de la rive gauche de la Donets,
- Et face à une ville trois fois plus étendue que Severodonetsk (95 km2 contre 30 km2) disposant d’une garnison proportionnelle qui aura été renforcée par les rescapés de celle de Severodonetsk, soit environ 12 000 hommes.
Et s’il vous plaît, ne croyez pas ici que je suis défaitiste comme le suggèrent parfois certains aficionados des propagandistes pro-russes de salon, car j’e m’efforce seulement de présenter les opérations militaires et dont je suis convaincu qu’elles s’achèveront par la victoire de l’armée russe, dans toute la complexité radicale de cette guerre que je ne connais que par l’expérience du terrain et qui apporte aussi sont lot de surprises, de difficultés et même de revers militaires…
Point de situation à Severodonetsk / Lisichansk
Selon le même scénario global qu’à Marioupol (à l’exception majeure qu’il n’y a pas ici d’encerclement des forces ukrainiennes encore achevé), les forces russes et républicaines libèrent quartier après quartier, rue après rue et bâtiment après bâtiment la ville de Severodonetsk, tandis que les forces ukrainiennes pour certaines se bunkérise dans la zone industrielle de la cité (l’usine chimique d’ »Azot ») tandis que d’autres se replient à l’Ouest vers Lisichansk.
Comme d’habitude, emportés par leurs fantasmes et l’obsession narcissique d’être le premier a annoncé la victoire, nombre de propagandistes pro-russe ont annoncé la libération de Severodonetsk comme accomplie. Or si la majorité de la ville est pénétrée par les assauts russes il reste encore 20 % environ de la ville sous le contrôle de Kiev et dans de nombreux quartiers des combats violents se poursuivent :
Les combats ont déjà dépassé le centre ville, les forces russes et républicaines ayant libéré le centre culturel (Palais de la culture des chimistes), le bâtiment du conseil municipal et d’autres bâtiments administratifs de la ville. Même Serhiy Gaidai l’administrateur ukrainien de Severodonetsk et Lisichansk a reconnu que 80% de la ville n’était plus sous leur contrôle.
Voici une nouvelle vidéo de l’accueil des forces russes et républicaines par les habitants de Severodonetsk.
D’aucuns me rétorqueront qu’il s’agit d’une propagande poutinienne et qui sait, vu le crétinisme des russophobes, avec des acteurs payés par le FSB ! D’accord, mais alors dans ce cas, que diront-ils de cette autre vidéo tournée cette fois en Artemovsk (Bakhmut pour les ukrainiens) et Soledar, encore sous le contrôle de Kiev, et par une équipe de France 2 qui me semble t-il n’est pas payée par le Kremlin !
Là c’est du lourd que la propagande marconiste aura su mal à avaler : des habitants clament leur volonté de devenir russes et demande que la France cesse de soutenir et livrer des armes à l’Ukraine !
Mais revenons sur le terrain des combats :
Le point sensible en dehors de ceux évoqués plus haut est l’usine chimique « Azot » qui est située en ville et dont les cuves de produits toxiques et pour certains explosifs représente un danger grave pour la population et l’environnement. Tout comme Azovstal à Marioupol, le complexe Azot de Severodonetsk offre aux forces ukrainiennes des structures solides et des souterrains propices pour une défense échelonnée et plusieurs unités pas encore estimées précisément s’y sont déjà retranchées.
En plus de cette situation militaire il faut noter :
- La présence de nombreux civils emmenés dans l’Usine par les forces ukrainiennes et qui, selon Kiev seraient environ 800,
- La présence de milliers de tonnes de produits chimiques et toxiques au sein de cette usine chimique qui était la plus importante d’Ukraine (voir sa présentation ICI)
Et le 1er juin une cuve d’acide nitrite a déjà explosé projetant au dessus des quartiers qui venaient d’être libérés un impressionnant nuage toxique :
Un bombardement massif de l’usine Azot, entre ses otages civils et ses risques chimiques, est donc exclu tout autant qu’il est probable que les ukrainiens tentent d’y organiser d’autres sabotages pour ensuite accuser la Russie de crime de guerre.
Ailleurs, si des unités ukrainiennes quittent rapidement leurs positions et la ville, d’autres y mènent toujours de violents combats, couvrant leur retraite en essayant d’infliger le plus de pertes aux forces russes et républicaines. Ici encore on peut retrouver les mêmes méthodes que celles utilisées à Volnovakha, Marioupol ou Popasnaya… d’imbrication du dispositif de défense ukrainien dans le dispositif social civil.
Vidéo d’une unité ukrainienne au combat dans les rues de Severodonetsk fin mai 2002
Tout comme lors des précédentes batailles urbaines, les forces ukrainiennes déployées à Severodonetsk se sont dispersées dans la ville utilisant au maximum ses infrastructures pour se camoufler et mener des embuscades contre les assaillants. De très nombreux documents et témoignages sans compter les véhicules détruits prouvent cette volonté systématique d’opérer au milieu des civils jusqu’à les utiliser comme bouclier humain pour dissuader les bombardements massifs.
Sur ces différentes photos dans les quartiers libérés de Severodonets on peut voir la carcasse d’un char de combat ukrainien planqué sous le porche d’un immeuble civil
Les assauts russes et républicains sont menés sous de puissants appuis feu menés par l’artillerie mais aussi l’aviation de combat russes gui peut réaliser des frappes de précision sur des objectifs prioritaires (artillerie, blindés, Etats-Majors) ou proches de sites sensibles (hôpitaux, stocks chimiques…)
Actuellement les forces russes semblent avoir choisi de prolonger leur offensive libérant Severodonetsk vers la ville de Lisichansk, et dans un assaut frontal, ce que je trouve personnellement téméraire même avec une puissante préparation d’artillerie, compte tenu du dispositif défensif situé au dessus de la Donets. Enfin comme on dit « qui vivra verra ! »
Et déjà, tandis que les unités d’assaut au sol continuent de repousser les forces ukrainiennes vers Lisichansk, des pontons mobiles d’unités de combat du génie sont déjà arrivés dans Severodonets.
Point de situation à l’Ouest de Severodonetsk / Lisichansk
Sans pouvoir mener de véritables contre-offensives, les forces ukrainiennes s’accrochent sur des lignes de défense protégeant les routes approvisionnant le bastion de Lisichansk / Severodonetsk :
- Au Nord et à l’Est, avec la rivière Donetsk
- Au Sud avec la route reliant Kramatorsk à Lisichansk
- Au Sud Est le bastion de Zolotoe / Gorskoe est la charnière entre rivière et route,
- A l’Ouest par une quasi continuité défensive urbaine entre Slaviansk et Gorlovka.
Face à l’extension de la percée russo-républicaine menée à l’Ouest de Popasnaya, l’Etat-Major ukrainien a mené plusieurs actions dans le secteur de Artemovsk (Bakhmut):
- Renforcement du bastion d’Artemovk avec des unités blindées et d’artillerie
- Contre attaques pour tenter de maintenir le passage sur la route Artemovsk / Lisichansk
- Renforcement des bastions de Lisichansk et de Sedersk qui contrôle la route Nord.
Ainsi par exemple 70 véhicules blindés ukrainiens ont été observés arrivant dans Artemovsk.
Ces opérations défensives ukrainiennes montrent bien que ce secteur Sud, où il n’y a plus de rivière et collines boisées suffisamment importantes pour offrir une coupure naturelle, est bien « le ventre mou » de la défense ukrainienne de ce front de Kramatorsk à Severodonetsk et que Kiev cherche à couvrir avec une triangulation d’artillerie déployée à Lisichansk, Artemovsk et Slaviansk notamment.
En attendant, si l’encerclement effectif de Severodonetsk / Lisichansk n’est pas encore achevé les pertes subies par les forces ukrainiennes sont de plus en plus importantes et préfigurent la désintégration physique et morale de ce principal corps de bataille ukro-atlantiste.
Soldat ukrainien blessé sur le front d’Artemovsk et pris en charge par le services hospitaliers russes
En conclusion
Si la libération de la ville de Severodonetsk interviendra à court terme, il ne faut pas la traduire en victoire militaire tant que sa ville jumelle de Lisichansk n’est pas elle aussi libérée. Pire que cela, l’Etat Major russe ne peut pas se permettre une pause opérationnelle après Severodonetsk car son terrain conquis risque de devenir un enfer sous le balcon ukrainien de Lisichansk qui surplombe la ligne d’arrêt naturelle que constitue rivière Donets. Et le contournement du secteur, par le Sud ou le Nord ne se fera pas en 3 jours !
La bataille de Lisichansk va certainement se jouer entre autres actions offensives:
- par une intense préparation d’artillerie assommant la défense ukrainienne pour pouvoir établir une tête de pont dans son dispositif (ici sur les collines bordant la Donets),
- par des offensives sur la route Artemovsk / Lisichansk jusqu’à couper la voie de ravitaillement Sud et ouvrir un deuxième front à derrière Lisichansk,
- par des offensives le long de la Donets entre Krasni Liman et Lisichansk Nord jusqu’à couper la voie de ravitaillement Nord passant par Sedersk (plus difficile),
- par des frappes dans la profondeur pour détruire rapidement l’artillerie longue portée ukrainienne dès que ses batteries entrent en action.
La libération de Lisichansk, dont je rappelle que la surface et les forces ukrainiennes sont 3 fois celles de Severodonets, qui surplombe les forces russo-républicaines de 100m et appuie sa défense sur la rivière Donets, risque d’être plus longue et difficile si Kiev donne l’ordre d’y résister coûte que coûte.
Les forces russes et républicaines avancent donc chaque jour un peu plus sur le chemin de la victoire totale, mais cette dernière n’est pas encore visible à cet horizon où demeurent encore des nuages sombres.
source:https://alawata-rebellion.blogspot.com/
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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