Voici quelques mots au sujet du tout récent et très inspirant livre d’Emmanuel Godo, Les Passeurs de l’absolu. Un livre à lire, à méditer et surtout, un livre qui nous invite à lire encore ! Pour cultiver la vie intérieure…
D’emblée, le titre Les Passeurs de l’absolu me ravit ! Ils sont « des écrivains dont la vocation principale est de rappeler à leurs semblables que la vie est une formidable aventure spirituelle » (p. 9). Emmanuel Godo convie le lecteur à découvrir (et dans plusieurs cas, à redécouvrir) vingt-cinq auteurs rassemblés autour de cette quête intérieure.
Vingt-cinq ! Voilà qui est impressionnant, et l’on pourrait redouter avec raison que cette vaste matière assomme ou perde le lecteur. Or, il n’en est rien puisque l’ouvrage se présente un peu à la manière d’une anthologie. Chaque auteur abordé fait l’objet d’un chapitre bien à lui : une brève présentation précède la lecture de l’œuvre qu’on a pris soin de contenir dans une dizaine de pages. Le tout est rendu par des formulations magnifiques de Godo. En cela, l’ouvrage reflète la grandeur de son sujet.
Qui sont-ils ?
Parmi tous ces noms de la littérature, j’en connaissais plusieurs, d’autres pas du tout.
Je découvre pour la première fois Louis Calaferte, cet homme incarné qui refusait toute forme d’ascèse. Un écrivain à lire, semble-t-il, dans les jours plus sombres, pour capter la joie et la lumière de cette vie. Je découvre également Jean Sullivan, qui propose de réanimer la vie spirituelle par la poésie : « En cet ordre toute vérité qui ne chante pas est une vérité trahie. » (Cité par Godo, p. 55)
Saviez-vous que Max Jacob, cette figure mythique et déjantée du Paris artistique du début du 20e siècle, s’est converti au christianisme ? J’en apprends aussi sur la vie spirituelle de George Sand, qui m’avait toujours donné l’impression d’une rebelle. Ce désir de liberté apparait ici comme allant de pair avec sa foi : les deux côtés d’une médaille qui propulse à la fois la quête et l’écriture.
Écrire et croire
Il s’agit là d’une question centrale : comment écrire et croire, deux verbes qui ont leurs exigences propres, se rencontrent-ils de façon féconde ? Godo soutient que cette union prend forme, par exemple, dans le « réalisme chrétien » de Flannery O’Connor, dans le partage du « viatique éternel » de Cristina Campo, ou encore dans l’écriture en altitude de Saint-Exupéry.
Cependant, au-delà des particularités de chacun, ce qui frappe le plus, c’est le retour constant de la figure du pauvre. Celles de l’enfant, du clochard, ou même de l’exilé en sont quelques variations et renvoient toutes à un état de dépouillement. De Léon Bloy à Vincent La Soudière en passant par Maria Zambano, cette posture permet de résister au monde des illusions pour atteindre les choses invisibles.
Mais Godo le soulignait déjà dans son introduction, ses écrivains sont des « mendiants sublimes » en quête de vérité. Leur recherche s’inscrit bien souvent dans la suite d’un constat : l’homme a oublié sa vocation spirituelle.
Résister, lire, méditer
Ce constat, on pourrait le faire encore aujourd’hui. Heureusement, il est possible de résister et il nous reste ces écrivains voyageurs qui nous interpellent pour peu que nous fassions l’effort d’ouvrir leurs livres :
« Les passeurs de l’absolu nous arment quand l’époque nous use jusqu’à la corde. Ils nous désarment quand nos écorces s’endurcissent trop. Ils nous recentrent quand tout nous déroute. […] On les croyait morts, on les découvre vivants. On se croyait vivant, on entrouvre avec eux le tombeau où on laissait sommeiller notre vie. » (Godo, p. 271)
Ainsi se referme le livre de Godo, mais la lecture ne fait que commencer. Il reste encore ces 25 passeurs d’absolu à aller lire ou relire ! Pour les aventuriers de l’esprit seulement !
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Source : Lire l'article complet par Le Verbe
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