A l’origine de l’affaire, une jeune femme de 22 ans a déposé plainte en mars dernier contre l’homme d’affaires, régulièrement classé parmi les 500 plus grosses fortunes de France. (Illustration du palais de justice de Paris). LP/Philippe LavieillePar Ronan Folgoas, avec Jean-Michel Décugis Le 23 mai 2022 à 19h07, modifié le 24 mai 2022 à 07h31Jacques Bouthier, 75 ans, régulièrement classé parmi les 500 plus grosses fortunes de France, dort en prison depuis ce week-end. Le PDG et fondateur du groupe de courtage en assurances Vilavi (ex-Assu 2000, 1 800 salariés) est mis en examen, notamment pour traite d’êtres humains à l’égard de mineurs, viols sur mineure de plus de 15 ans, recours à la prostitution d’un mineur, agressions sexuelles sur mineure de moins de 15 ans et détention d’images pédopornographiques. Une information confirmée par le parquet de Paris.
À l’origine de l’affaire révélée par RTL ce lundi 23 mai, une femme de 22 ans s’est présentée à la police mi-mars pour déposer plainte et dénoncer des viols qui auraient été commis à son encontre par l’homme d’affaires. L’enquête préliminaire confiée à la Brigade de protection des mineurs (BPM) de la police judiciaire parisienne, aurait établi que les premiers faits présumés remonteraient à 2016.
Présentée à Jacques Bouthier par l’intermédiaire d’une connaissance commune, cette jeune femme étrangère, alors mineure et sans ressources aurait été hébergée aux frais du PDG pendant plusieurs années dans un appartement situé en région parisienne. En contrepartie, elle devait, toujours selon son récit, rester à sa disposition pour lui livrer des prestations sexuelles rémunérées. Elle aurait seulement conservé une relative liberté de mouvement qui lui permettait de quitter l’appartement à certaines heures.
Une vidéo compromettante
Ces derniers temps, la plaignante aurait été mise de côté par le septuagénaire qui lui aurait reproché, semble-t-il, son âge désormais trop « avancé ». Selon ses explications, Jacques Bouthier aurait exigé de sa part qu’elle lui présente une jeune fille bien plus jeune pour lui servir de nouvelle partenaire sexuelle, contre rémunération.
C’est ainsi qu’une adolescente de 14 ans, dans une situation de grande précarité, aurait été logée dans le même appartement de la région parisienne. La plaignante aurait ensuite réussi à filmer Jacques Bouthier à son insu, au cours de l’une de ses visites, alors que le PDG courtier en assurances était au lit en présence de la jeune fille.
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Informé de l’existence de cette vidéo compromettante, le millionnaire aurait alors tenté de la récupérer par tous les moyens, avec l’aide de plusieurs de ses proches. Il aurait ainsi mobilisé cinq personnes, dont sa propre épouse, un ancien gendarme reconverti dans la sécurité et deux de ses salariés, en leur demandant de forcer la plaignante à quitter la France.
Au même titre que Jacques Bouthier, ces cinq personnes ont été mises en examen samedi pour « association de malfaiteurs en vue de commettre le crime d’enlèvement et séquestration en bande organisée ». Elles ont toutes été placées en détention provisoire.
Plusieurs jeunes femmes identifiées par les enquêteurs
L’information judiciaire et les investigations menées par la Brigade de protection des mineurs (BPM) visent désormais à mesurer l’étendue d’un possible système de traite d’êtres humains. Les premières avancées de l’enquête auraient permis d’identifier plusieurs jeunes femmes, mineures ou jeunes majeures, ayant connu des expériences similaires dans d’autres appartements détenus ou loués par le multimillionnaire.
Contactée, la direction de la communication du groupe Vivali insiste sur le fait que l’entreprise ne serait « pas impliquée » dans cette affaire. « Nous avons pris connaissance des éléments relayés par voie de presse. Ils sont sans préjudice sur la conduite opérationnelle et commerciale de l’entreprise, autour de l’équipe en place », nous a-t-elle fait savoir.
Quant à l’avocate de Jacques Bouthier, qui reste présumé innocent, elle n’a pas donné suite à nos sollicitations.