Pour freiner le déclin du français, le Québec doit rapatrier du fédéral les pouvoirs de l’immigration temporaire, devenue la porte d’entrée des immigrants permanents, plaident deux experts embauchés par le gouvernement Legault. Le démographe Marc Termote recommande aussi de hausser les seuils de nouveaux arrivants de 3000 par an, pour atteindre 58 000.
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«L’explosion du nombre de nouveaux immigrants temporaires au Québec, de zéro en 2015 à 62 000 en 2019, a contribué à faire presque quadrupler l’immigration annuelle totale […] l’ayant fait passer de 25 000 personnes en 2015 à 93 000 en 2019», souligne l’économiste Pierre Fortin dans un rapport acheminé au ministère de l’Immigration et obtenu par notre Bureau parlementaire.
Le ministre Jean Boulet avait mandaté les deux spécialistes pour le guider et lui fournir des pistes de solution.
À l’heure actuelle, c’est le fédéral qui gère les programmes de mobilité internationale, des travailleurs étrangers temporaires et des étudiants étrangers.
Selon le professeur de l’UQAM, le recours étendu à l’immigration temporaire comme voie de passage vers le statut permanent a provoqué une perte de contrôle du Québec sur sa politique d’immigration et constitue un risque de recul important de la francisation des nouveaux arrivants.
Plus encore, les dossiers temporaires embourbent le système et causent d’importants délais pour les personnes qui souhaitent venir s’établir ici.
Le Canada a erré
Pierre Fortin montre du doigt l’accélération majeure de l’immigration orchestrée par le fédéral, inspirée du comité Barton de 2016-2017, qui prédisait à tort un Canada plus riche, capable de combattre le vieillissement de la population et la pénurie de main-d’œuvre.
«Accroître l’immigration permanente au rythme explosif annoncé par le gouvernement fédéral et l’alimenter avec une expansion concomitante de l’immigration temporaire comporte un risque d’attiser la xénophobie et d’encourager le rejet de l’immigration au Canada, comme on observe déjà en Europe et aux États-Unis», insiste l’économiste.
Alors que le Canada occupe actuellement le second rang derrière l’Autriche pour l’admission de résidents permanents par 100 000 habitants, il se hissera au premier rang mondial avec les nouveaux seuils d’immigration annoncés, de 450 000 en 2024.
«Le Québec doit chercher à utiliser toutes les possibilités de l’Accord Canada-Québec de 1991 afin de s’approprier le contrôle entier, efficace et indépendant de l’immigration temporaire et de reprendre le contrôle direct de l’immigration permanente, qu’il a perdu», ajoute Pierre Fortin.
Le constat est le même du côté de Marc Termote. Il est d’avis que le déclin du poids démographique du Québec au sein du Canada est inévitable.
«Il serait vain de recourir à l’immigration» pour tenter d’y remédier, souligne le démographe.
«Cela entraînerait le Québec dans une spirale sans fin (et obligerait à plus que doubler le nombre d’immigrants dès 2024)».
Hausse des seuils
Selon lui, les seuils de nouveaux arrivants doivent tout de même être revus à la hausse si le Québec maintient son faible taux de natalité. «Il serait nécessaire d’augmenter chaque année de quelque 3000 le nombre annuel d’immigrants permanents, jusqu’à un niveau aux alentours de 58 000 (cela pour compenser la diminution de l’accroissement naturel, qui sera bientôt proche de zéro)», lit-on dans la synthèse du rapport de Marc Termote.
Freiner le déclin du français passe notamment par une immigration la plus francophone possible, notamment chez les personnes ayant un statut temporaire, avec un pourcentage élevé de jeunes enfants plus aisément francisables, ajoute l’expert. Selon lui, la proportion de francophones au sein des résidents temporaires doit être au moins égale au pourcentage dans la population.
Mais pour cela, le fédéral doit jeter du lest. Jusqu’à maintenant, le premier ministre Justin Trudeau a toutefois refusé net de céder au Québec plus de pouvoir pour la sélection des nouveaux arrivants.
Le PEQ réservé aux personnes étudiant en français
En 2019, 58% des étudiants internationaux inscrits au niveau collégial et 43% des étudiants inscrits à l’université fréquentaient un établissement anglophone.
Marc Termote suggère de réserver l’accès au Programme de l’expérience québécoise aux personnes ayant étudié en français. Et puisque l’avenir de la langue de Molière n’est pas menacé en régions, c’est à Montréal que des efforts doivent être faits pour favoriser l’immigration de langue française.
Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec