Qui a bénéficié des absurdités évidentes qui sont devenues les politiques commerciales, étrangères et de déficit fédéral de l’Amérique de l’après-guerre froide ?
Par Michael Lind – Le 17 mai 2022 – Source Tablet Mag
Au cours des trois décennies qui ont suivi la fin de la guerre froide, il y a eu trois grands débats de politique publique aux États-Unis ; un sur le commerce, un autre sur la politique étrangère américaine, et un troisième sur le déficit fédéral. Dans ces trois débats, le camp qui a présenté les arguments les plus plausibles a perdu et celui qui a présenté les arguments les plus illogiques et non étayés par des faits a gagné. Dans les trois cas, la position malavisée de l’establishment a posé les bases défectueuses et instables du monde dans lequel nous vivons aujourd’hui, entraînant des conséquences catastrophiques et durables pour les Américains et les autres.
Le premier de ces débats aux conséquences énormes s’est déroulé dans les années 1990 et portait sur la « globalisation » ou la libéralisation du commerce et des investissements après la fin de la guerre froide. Les sceptiques ont soulevé deux inquiétudes au sujet de cette globalisation. Ils ont averti que des traités comme l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), qui fusionnaient effectivement le marché du travail américain avec celui de pays pauvres comme le Mexique, permettraient aux entreprises manufacturières américaines de fermer leur production aux États-Unis et de la transférer pour profiter des bas salaires, des conditions de travail dans les ateliers clandestins et de l’absence de lois environnementales et d’organismes de réglementation. Les sceptiques ont également mis en garde contre les conséquences d’une plus grande ouverture des marchés américains à des régimes mercantiles comme le Japon, la Corée du Sud, Taiwan et la Chine post-maoïste. Les entreprises individuelles dans une économie de marché libérale comme les États-Unis, disaient-ils, ne pouvaient espérer concurrencer des entreprises étrangères dont les gouvernements truquaient la concurrence en leur faveur par des astuces comme la manipulation des devises, les barrières non tarifaires aux importations américaines, les prêts à faible taux d’intérêt et d’autres outils de l’arsenal du nationalisme économique.
Pas d’inquiétude ! ont répondu les pom-pom girls de la globalisation dans les années 1990, dont le président Bill Clinton et des experts comme Thomas Friedman. Si les États-Unis perdaient des industries au profit de partenaires commerciaux en raison des bas salaires ou de la tricherie des gouvernements étrangers, alors bon débarras : L’Amérique se spécialiserait volontiers dans l’« économie de la connaissance » et les « industries du futur », centrées sur les univers des logiciels et des start-ups de la Silicon Valley. Les ouvriers d’usine licenciés dans les États industriels pourraient déménager à San Francisco et « apprendre à coder » en échange de salaires plus élevés et de meilleurs avantages.
La deuxième controverse concernait la politique étrangère. À la fin des années 1980 et au début des années 1990, l’orientation de la politique étrangère américaine de l’après-guerre froide a fait l’objet d’un débat vigoureux. Des néoconservateurs comme Charles Krauthammer et Bill Kristol soutenaient que les États-Unis devaient profiter de la faiblesse de la Russie et de la Chine post-soviétiques pour établir une Pax Americana mondiale, dont certains néoconservateurs comparaient la grandeur future à celle des empires britannique et romain. À l’extrême opposé, l’isolationniste Patrick Buchanan appelait à un retour à l’isolationnisme de l’Amérique d’avant 1941. Entre les deux, des réalistes comme Samuel P. Huntington et Jeane Kirkpatrick ont rejeté les idées messianiques sur l’empire mondial américain et le solipsisme isolationniste en faveur de l’idée que les États-Unis sont « un pays ordinaire », selon l’expression de Kirkpatrick, poursuivant une politique traditionnelle d’équilibre des forces dans un monde multipolaire.
Le troisième grand débat concernait le déficit fédéral. Il est facile d’oublier à quel point l’alarmisme concernant la dette nationale était au cœur du discours public américain entre les années 1980 et les années 2010. Dès 1984, le candidat démocrate Walter Mondale a fait de la réduction du déficit un thème majeur de sa campagne. De même que Ross Perot, dans sa course indépendante à la présidence en 1992. Deux nouvelles espèces se sont ajoutées au lexique ornithologique de la politique américaine : les « faucons du déficit » et les « colombes du déficit ».
Les faucons du déficit ont attiré l’attention du public sur les projections à long terme de la solvabilité de Medicare et, en particulier, de la sécurité sociale. Selon ces projections, une fois le fonds fiduciaire de la sécurité sociale épuisé, les charges sociales aux taux actuels ne suffiraient pas à remplir les obligations de la sécurité sociale envers les retraités, à partir des années 2030 ou 2040. Ces déficits obligeraient finalement le gouvernement fédéral à financer la sécurité sociale et Medicare par des augmentations d’impôts, des réductions de prestations ou une combinaison des deux.
Le paiement des droits sociaux était un véritable défi, mais pas une crise urgente. Pourquoi, dans ce cas, Washington s’est-il mis à parler du prétendu danger des déficits dus aux droits sociaux dans les années 1990 et 2000 ? Les faucons du déficit prétendaient que les investisseurs étrangers concluraient que les États-Unis présentaient un mauvais risque de crédit et cesseraient d’acheter des obligations du Trésor américain, ce qui ferait grimper les taux d’intérêt en flèche, les États-Unis cherchant désespérément, comme un pays du tiers monde en faillite, des capitaux étrangers pour rembourser leur dette nationale. Les colombes du déficit faisaient remarquer que les États-Unis continueraient presque certainement à être un refuge pour les capitaux craintifs. Qui plus est, les gouvernements ont d’autres moyens de gérer des dettes et des déficits importants que des impôts élevés ou des réductions douloureuses des dépenses, y compris la « répression financière » ; le recours à une inflation modérée à long terme pour réduire la dette nationale, une astuce que les États-Unis ont utilisée pour réduire leur dette de la Seconde Guerre mondiale entre les années 1940 et 1970.
Les participants les plus intéressants à ce débat sont ceux que l’on pourrait appeler les « faucons de la dette privée ». Richard Koo, de l’Institut de recherche Nomura, a inventé le terme de « récession de bilan » pour décrire les crises économiques causées par l’accumulation excessive de la dette privée, un sujet éclairé ces dernières années par le vétéran du secteur financier et universitaire Richard Vague. Les faucons de la dette privée ont averti que la prochaine crise économique désastreuse serait plus probablement causée par l’accumulation excessive de la dette hypothécaire et de la dette des cartes de crédit des années 2000 que par le manque à gagner prévu pour la sécurité sociale dans les années 2030. Ils avaient raison. Les faucons du déficit avaient honteusement tort.
Si vous aviez un détecteur de mensonges dans les années 1990 et 2000 et que vous l’apportiez aux événements organisés dans les groupes de réflexion les plus prestigieux de Washington, l’alarme se déclencherait constamment.
Ayant assisté de près à ces débats à Washington, D.C., dans les années 1990 et 2000, je peux témoigner qu’il était tout à fait possible de changer d’avis sur ces trois questions à mesure que les preuves concrètes s’accumulaient. Par exemple, j’ai commencé, comme la plupart des personnes ayant une expérience de la politique étrangère, par partager la présomption de l’establishment en faveur du libre-échange ; ce qui semblait être une chose saine et positive à favoriser. Mais les avertissements bien étayés des experts concernant la délocalisation massive de la production américaine vers des pays à bas salaires, et la menace bien documentée du mercantilisme de l’Asie de l’Est pour l’industrie américaine, m’ont persuadé avec le temps que les arguments conventionnels en faveur de la mondialisation du marché libre étaient erronés. Dans le cas de la politique étrangère, j’ai trouvé les réalistes qui mettaient en garde contre la surextension stratégique de l’Amérique de l’après-guerre froide plus convaincants que l’impérialisme messianique de nombreux néoconservateurs ou l’isolationnisme à la Buchanan, qui semblaient tous deux faire fi des intérêts nationaux de l’Amérique.
En ce qui concerne le déficit fédéral, je n’avais pas d’opinion tranchée. Toutefois, après avoir été initié par ma prestigieuse collègue, Sherle Schwenninger, aux arguments de Richard Koo et d’autres, j’ai conclu au début des années 2000, en examinant les chiffres, que ceux qui mettaient en garde contre les dangers d’une accumulation de la dette des ménages étaient beaucoup plus convaincants que les faucons du déficit qui soutenaient que les États-Unis étaient confrontés à une crise imminente en raison de l’insuffisance à long terme des recettes de la sécurité sociale. Il n’y avait rien de particulièrement sophistiqué dans ces arguments, qui nécessitaient à peu près le niveau de mathématiques requis pour établir un budget familial ou remplir sa feuille d’impôts.
Il n’est donc pas vrai que des personnes bien informées puissent être en désaccord sur ces questions. Au contraire : Il fallait être prêt à nier les faits évidents du nationalisme économique de l’Asie de l’Est et le transfert continu et à grande échelle d’emplois par les entreprises américaines vers les maquiladoras mexicaines pour croire les discours joyeux sur la façon dont la globalisation allait créer un nombre encore plus grand d’emplois bien rémunérés pour les ouvriers d’usine, dans l’« économie de la connaissance ». De même, même à la fin des années 1990, il fallait être obstinément aveugle à la réalité pour croire que l’expansion de l’OTAN en Europe de l’Est ne risquait pas de provoquer une guerre directe ou indirecte avec la Russie ; ou pour croire que l’invasion de l’Irak pour renverser Saddam Hussein dans le but d’« exporter la démocratie » ne créerait pas le chaos dans le pays et la région. Tout au long des années 1990 et 2000, l’affirmation des faucons du déficit disant que les États-Unis auraient bientôt la solvabilité de l’Argentine ou du Zimbabwe en raison d’un déficit mineur de la sécurité sociale prévu dans les années 2030 n’était pas non plus convaincante. Si vous aviez un détecteur de conneries dans les années 1990 et 2000 et que vous l’emmeniez aux événements du Council on Foreign Relations, de l’Aspen Institute et des groupes de réflexion les plus prestigieux de Washington, l’alarme se serait déclenché constamment.
Lorsqu’une politique manifestement erronée est adoptée et qu’une politique plus plausible est rejetée d’un revers de main, soit les décideurs politiques sont remarquablement stupides et mal informés, soit l’issue du débat a été truquée pour servir des intérêts inavoués. La plupart des adeptes des mauvaises idées étaient intelligents, bien éduqués et souvent bien habillés, nous devons donc chercher une explication dans les intérêts.
Cui bono ? Qui a bénéficié des absurdités toxiques qui sont devenues le fondement de l’ordre mondial américain de l’après-guerre froide ?
Dans le cas de la mondialisation, des multinationales comme Apple, des constructeurs automobiles, des détaillants comme Walmart, ainsi que les banques d’investissement qui ont soutenu ces sociétés ou qui les ont achetées et vendues, ont tous bénéficié de « l’arbitrage mondial de la main-d’œuvre », c’est-à-dire du remplacement de travailleurs hautement rémunérés, souvent syndiqués, aux États-Unis par des travailleurs mal payés, jouissant de peu ou pas de droits sociaux ou civils au Mexique, en Chine et dans d’autres pays. Il est beaucoup plus facile d’accroître les marges bénéficiaires des entreprises en réduisant les coûts de la main-d’œuvre que de former la main-d’œuvre et d’investir dans des technologies innovantes afin d’augmenter la productivité par travailleur : Lorsqu’elles ont le choix, les entreprises ont tendance à choisir la voie la plus facile en remplaçant la main-d’œuvre américaine à haut salaire par une main-d’œuvre étrangère à bas salaire, même si cela signifie la perte d’industries et de chaînes d’approvisionnement entières. En 1998, Jack Welch, le PDG de General Electric, déclarait : « Dans l’idéal, vous auriez toutes les usines que vous possédez sur une barge pour vous déplacer en fonction des devises et des changements dans l’économie. »
Dans le cas de la stratégie d’hégémonie mondiale adoptée avec empressement par les deux grands partis après le 11 septembre, il n’y a pas besoin de théories du complot : La politique bureaucratique ordinaire explique le résultat. L’implication des États-Unis dans des guerres civiles étrangères et des conflits régionaux qui n’ont pas d’incidence directe sur la sécurité nationale américaine se traduit par une augmentation des budgets du Pentagone, du département d’État, de la CIA et d’autres agences, par un financement accru des entreprises de défense et des ONG bénéficiant de contrats gouvernementaux, par des ressources plus importantes pour les programmes universitaires d’études sur la sécurité, par une plus grande importance des membres du Congrès dans les commissions et sous-commissions militaires et des affaires étrangères, par une plus grande célébrité et davantage de contrats de publication pour les correspondants des affaires étrangères, etc. Étant donné que le grand public a tendance à s’en remettre aux politiciens en matière de politique de sécurité nationale, celle-ci est intrinsèquement vulnérable à la capture bureaucratique, de la même manière que la politique agricole et l’élaboration des politiques d’infrastructure ont tendance à l’être.
Alors que la mondialisation était défendue par des multinationales à la recherche d’une main-d’œuvre bon marché et non syndiquée, et que le projet néoconservateur d’hégémonie mondiale américaine quasi-impériale était largement porté par les bureaucraties américaines chargées de la sécurité nationale, leurs sous-traitants et leurs alliés politiques, journalistiques et universitaires, l’hystérie des faucons du déficit avait un électorat plus restreint mais important : Wall Street. Si les Américains pouvaient être persuadés que, pour éviter la faillite nationale, la sécurité sociale devait être supprimée et remplacée en grande partie par des plans d’épargne-retraite privés, y compris des plans bénéficiant d’avantages fiscaux tels que les 401(k)s et les IRA, un flot d’argent se déverserait dans les poches des gestionnaires de fonds communs de placement privés.
Du point de vue de leurs bailleurs de fonds, donc, ces politiques, aussi désastreuses qu’elles aient pu être pour la société américaine, avaient du sens parce qu’elles étaient tellement rentables. Alors que les délocalisations ont sabordé des secteurs industriels entiers aux États-Unis, de nombreux PDG, et actionnaires, ont acheté de belles maisons de vacances avec le produit de ces délocalisations. Des centaines de milliards de dollars destinés à financer la transformation sociale en Afghanistan, en Irak, en Syrie et en Libye ont en fait servi à payer des demeures et des voitures de luxe dans la banlieue de Washington, ainsi que des frais de scolarité élevés dans des écoles privées. La tentative de George W. Bush de privatiser partiellement la sécurité sociale et la proposition de Barack Obama d’utiliser les ajustements de l’inflation pour réduire les prestations de la sécurité sociale ont toutes deux étés rejetés par l’opposition du public. Mais le détournement de l’argent de la sécurité sociale vers des comptes privés est si rentable pour l’industrie de la gestion financière que ce n’est probablement qu’une question de temps avant que le cri hystérique du faucon du déficit ne se fasse à nouveau entendre dans le pays.
« Il est difficile de faire comprendre quelque chose à un homme », a observé Upton Sinclair, « lorsque son salaire dépend de son incompréhension ». Entre la fin des années 1990 et les années 2010, il était prudent pour les Américains qui souhaitaient faire carrière dans les politiques publiques, la politique ou le journalisme de prestige à Washington et à New York de faire semblant de se laisser convaincre par des arguments illogiques, non étayés et souvent ouvertement grotesques, car c’étaient les arguments de l’establishment bipartisan. Sentant, peut-être, à quel point leurs affirmations sur l’hégémonie mondiale des États-Unis, l’économie de la connaissance mondialisée de l’avenir et la prétendue crise imminente de la sécurité sociale étaient faibles, les adeptes de l’orthodoxie ont, pour la plupart, refusé tout débat, stigmatisant les critiques et les sceptiques comme des ignorants stupides, ou encore comme de dangereux extrémistes hors de portée d’un discours sérieux.
Le rejet brutal de ceux qui n’étaient pas d’accord avec une partie du consensus est devenu la marque de fabrique de l’establishment et des relations publiques, un signe de leur noblesse intellectuelle et morale et de l’inaptitude correspondante de ceux qui osaient remettre en question la sagesse reçue, même si elle était de mauvaise qualité. Si vous vous interrogez sur les inconvénients éventuels de l’expansion de l’OTAN jusqu’aux frontières de la Russie post-soviétique, vous êtes un « isolationniste », même si vous êtes favorable à un système d’alliance mondiale des États-Unis à d’autres égards. Si vous faisiez remarquer que les partenaires commerciaux des États-Unis, le Japon, la Corée du Sud et Taïwan, trichaient de diverses manières pour aider leurs exportateurs au détriment de ceux des États-Unis, vous étiez un « protectionniste buchananiste » qui ne comprenait pas que les tarifs douaniers Smoot-Hawley adoptés par le Congrès américain en 1930 avaient en quelque sorte provoqué la Seconde Guerre mondiale. Si vous suggérez, dans les années 2000, que l’excès de dette privée pourrait provoquer une récession mondiale dans les prochaines années, votre interlocuteur vous regardera sans comprendre et se demandera : « Est-ce une opinion acceptable ? Cela va-t-il nuire à ma carrière ? » Pendant deux décennies, lors de la plupart des discussions de « haut niveau » avec des PDG, des groupes de réflexion, des journalistes de prestige, des lobbyistes de K Street et des fonctionnaires auxquelles j’ai assisté, quel que soit le sujet apparent, quelqu’un disait gravement : « Je m’inquiète vraiment de la maîtrise des dépenses liées aux droits sociaux ». À ce moment-là, un frisson d’approbation se répandait dans la foule huppée. Nous le pensons aussi !
Dans chacun de ces trois cas, la politique adoptée par l’establishment s’est inévitablement heurtée à la réalité. Ce n’est pas défendre la tyrannie et l’agression meurtrière de Vladimir Poutine que de souligner que les critiques réalistes de l’expansion de l’OTAN jusqu’aux frontières de la Russie, comme George Kennan, Henry Kissinger et John Mearsheimer, avaient tout à fait raison de mettre en garde contre le risque de conflit avec la Russie. La guerre américaine en Afghanistan après le 11 septembre s’est soldée par une humiliation complète des États-Unis et le triomphe des talibans, tandis que l’invasion inutile de l’Irak en 2003 et les guerres américaines de changement de régime qui ont suivi ont laissé Bachar Assad au pouvoir en Syrie, tout en pulvérisant la Libye post-Kadhafi en fragments anarchiques dirigés par des seigneurs de la guerre et infestés de djihadistes. La globalisation ? Le Mexique est aujourd’hui l’un des principaux producteurs mondiaux de pièces automobiles, tandis que Détroit est un terrain vague, où certains quartiers abandonnés retournent littéralement à l’état sauvage.
Après la chute du communisme en Europe de l’Est, divers pays ont adopté des politiques de « lustration », exigeant l’exposition publique des anciens responsables communistes et parfois leurs aveux. On ne peut s’attendre à un processus similaire aux États-Unis, où continuer à défendre des décisions désastreuses semble être une condition préalable pour conserver sa place à la table du buffet bipartisan. Pourtant, les mêmes figures de l’establishment qui se lamentent aujourd’hui sur la désintégration et la radicalisation des partis politiques autrefois dominants, qui s’insurgent contre la méfiance de la population à l’égard des « experts » et qui imputent les problèmes sociaux de l’Amérique à la « désinformation russe » n’ont en fait qu’à regarder leur propre bilan de fausses décisions sur une série de grandes questions qui façonnent le monde alors que de meilleures réponses étaient déjà disponibles.
Michael Lind
Traduit par Wayan pour le Saker Francophone
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