La guerre sans fin de l’Occident : Le vrai combat du dérèglement climatique 

La guerre sans fin de l’Occident : Le vrai combat du dérèglement climatique 

Les Américains sont impitoyables dans le commerce Nous sommes en guerre avec les Américains. Une guerre sans morts.  François Mitterand 

« La guerre  c’est  des gens qui  ne se connaissent pas et  s’entre-massacrent  pour le bénéfice de ceux qui se connaissent mais ne se massacrent  pas »

Résumé 

Nous vivons des temps difficiles ; Cette année 2022 est l’année de toutes les peurs et où la condition humaine joue sa survie pour avoir déclaré la guerre à la Terre notre alma mater Cette Gaïa que le néolibéralisme refuse de considérer comme un être vivant qu’il faut respecter. La deuxième violence est celle d’un monde occidental qui se croit investit d’une mission divine celle de la destinée manifeste  ou du White man  burden   ( le fardeau de l’Homme blanc)  qui l’autorise a dicter la norme alors que le monde a profondément changé. 

L’Occident s’accroche à une vision passéiste qui lui permettait de dicter la norme du bien et du mal des libertés qu’il bafoue allègrement allant jusqu’à imposer la démocratie aéroportée se permettant dans son aventure coloniale de nous faire bénéficier  des lumières grâce à l’éclairage du napalm comme ce fut le cas au Vietnam et en Algérie.  Nous avons connu  l’américan way of life avec  Neil Armstrong  et sa phrase culte : «It’s one small step for man, one giant leap for mankind » (« Un tout petit pour  l’homme  mais un grand pas pour l’humanité » Nous écoutons  Neil Armstrong qui nous parle à partir de la lune ! » (1)  

Nous connaissons depuis : « l’american way of war «  racontée  par Russel F  Weigley   d’un Occident sûr de lui et dominateur et qui est condamné à évoluer Ce temps est passé, mais l’accouchement du nouveau monde se fera dans la douleur. Le multilatéralisme est inévitable mais le monde unipolaire s’accroche en vain .A juste titre Antonio Gramsci  dans les années trente écrivait : « Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde  à  apparaître  et  dans  ce clair-obscur surgissent les monstres » Nous y sommes et nous devons être attentifs aux évènements qui s’accélèrent du fait du covid qui reprendrait du service et surtout de la débâcle climatique reléguée au second plan

Introduction 

La violence au temps de la préhistoire est un sujet de controverse chez les anthropologues et les archéologues. Les uns estiment qu’à cette époque la guerre est rare ; les autres qu’elle ne l’est pas. Les premiers sont les disciples de Rousseau et de son bon sauvage ; les seconds de Hobbes et de sa célèbre maxime, « L’homme est un loup pour l’homme ». Pendant de nombreuses années, la conception des premiers domine dans les cercles universitaires. On considère l’homme comme naturellement bon. Peu à peu, cette vision évolue. (…) L’étude des sociétés primitives indique également que les échanges sont sources de conflits et que la violence est souvent la réponse à un échange perçu par l’une des parties comme inégal »( 2)

Le pétrole et le gaz  au cœur des conflits

Graduellement dans les pays développés occidentaux, l’Etat  confie le destin énergétique du pays à des multinationales . Tout commença comme on le sait avec la Standard Oil   qui de 1870 à 1911 était l’empire industriel de John D. Rockefeller et associés, contrôlant la quasi-totalité de la production, de la transformation, de la commercialisation et du transport du pétrole aux États-Unis Parallèlement d’autres pays  créèrent la BP, la Royal Dutch et la CFP . Avec le temps le cartel des sept sœurs contrôla le pétrole mondial avec fixation des prix, jusqu’a a l’avènement le 5 septembre 1960 de la création de l’Opep puis de l’AIE par les Américains  chargée de combattre l’Opep  .    « Le contrôle total sur le pétrole par les grandes firmes est une mainmise plus puissante que n’importe quelle armée ou n’importe quel gouvernement […] les trusts préparent les terrains, lancent les guerres . » Le pétrole est le produit le plus « conflictogène » de l’économie mondiale depuis le début du XXe siècle. 

Indispensable au développement, à la croissance, au commerce, il est la matière première la plus convoitée du monde. Sans pétrole, pas d’énergie. Sans énergie, pas de commerce, ni d’économie.   Entre 1945 et 1995, il y aurait eu cent trente conflits majeurs et 40 millions de morts dus directement ou indirectement au pétrole et autres matières premières . Nul besoin d’être marxiste pour comprendre que l’histoire du pétrole est celle de l’asservissement de la politique à l’économie  (2).  

« 1989 est une année tectonique : la chute du mur de Berlin suivie, deux ans plus tard, par la disparition de l’Union soviétique marque la véritable fracture historique de ces trois dernières décennies. La guerre idéologique prend fin à l’avantage du néolibéralisme   un cadre unique, celui de l’économie de marché .  Même l’immense Chine, qui préserve son système politique communiste, accepte les règles du libre-échange. Mais  ce ne sera pas la fin d l’histoire , comme le martelait à  l’époque Francis Fukuyama : la lutte se déplace du territoire au marché et les multinationales défient les États..  « Dans cette nouvelle mondialisation  l’économie devient le vecteur le plus actif de la puissance : la guerre économique est préférable à la guerre militaire. […] , Washington déclare que sa priorité absolue est la défense de ses intérêts économiques   La démonstration de force qu’ils réalisent dans le Golfe hisse les États-Unis au rang d’hyperpuissance selon le  bon mot d’Hubert Védrine ancien ministre des Affaires  Etrangères français .  Plus rien ne s’oppose à l’Empire américain. Les nations et les peuples, dans leur écrasante majorité, continuent de développer des stratégies de dominance technologique, de développement industriel et de conquête commerciale . » il est utile de montrer que la guerre économique n’est plus l’apanage du Nord : le Brésil, l’Inde, l’Afrique du Sud s’intéressent également au concept d’intelligence économique » (2),

Brzeziński, conseiller à la sécurité nationale du Président Carter  énonce  clairement l’enjeu que représente l’Europe pour les États-Unis dans sa quête de domination mondiale :

« L’Europe deviendrait, à terme, un des piliers vitaux d’une grande structure de sécurité et de coopération, placée sous l’égide américaine et s’étendant sur toute l’Eurasie.   Pour l’Amérique, les enjeux géostratégiques sur le continent Eurasien sont énormes […] L’Eurasie reste l’échiquier sur lequel se déroule la lutte pour la primauté mondiale» .  . Les Américains ne voient pas dans les nations européennes des partenaires, mais des « vassaux » pour reprendre là encore les termes de Brzeziński. Elle va les traiter comme tels, de la fin de la Seconde Guerre mondiale à nos jours. Elle déterminera leur périmètre de liberté et de mouvement, dans une guerre sans nuance.  (3)

C’est François Mitterrand qui au crépuscule de sa vie avait ce cri d’exaspération concernant lap osition de vassale vis à vis de l’Empire :

«La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mort apparemment. Oui, ils sont très durs les Américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde. C’est une guerre inconnue, une guerre permanente, sans mort apparemment et pourtant une guerre à mort.»

Quels sont les perdants et les gagnants  du chaudron ukrainien ?

Si l’on croit Foster Dulles secrétaire d’Etat américain du temps de la guerre froide :

« le neutralisme est immoral ». C’est cette doctrine que  l’empire applique à ses vassaux européens les obligeant à détruire leur pays au profit d’une guerre qui ne profitera en définitive qu’aux Américains comme l’a souligné le président Poutine. Le terrain de lutte l’Ukraine en sortira démoli et il  faudra des années pour qu’elle retrouve un minimum de vitalité. Avec une rare lucidité Dominique de Villepin, ancien Premier ministre français dont  le discours d’un  de Villepin  à la tribune des Nations Unies en s’opposant à l’aventure irakienne  a été ovationné. Intervenant à propos de l’Ukraine, il met en garde contre l’esprit des croisades Verbatim de ses déclarations «  Le concept d’occident  contre le reste du monde est dangereux  Il faut sortir de l’impérialisme de l’Occident qui casse le monde en 2. Nous voulons sortir de cette diabolisation du monde.  Mon grand  espoir est que l’Europe refuse le manichéisme et la tentation permanente du choc des civilisations Nous n’avons pas toujours les mêmes intérêts que les Américains ».  (4)

Après  le président Chirac et avec Sarkozy la France s’est désarrimée de la politique d’indépendance du général de Gaulle concernant la Russie avec sa conviction d’une Europe de l’Atlantique à l’Oural mais aussi la politique arabe pour la France qui est passée à la trappe  depuis qu’Israël a réussi à tétaniser les pays occidentaux pour une dette ad vitam aeternam.  La guerre contre l’Irak a été déclenchée sans l’accord du Conseil de Sécurité pour  des ADM introuvables ; Aucune sanction de l’Europe à l’encontre des Etats Unis.   La Russie est sanctionnée par une Europe vassale  qui en rajoute pour plaire à l’Empire  

Paiement en roubles et sanctions : les guignols de l’UE capitulent !

Mar Rousset commente le recul de l’Europe qui accepte  de payer en roubles :

« L’UE se voit obligée d’autoriser les sociétés européennes acheteuses de gaz à ne pas respecter les sanctions qu’elle a mises en place : payer en euros ou dollars, mais pas en roubles ! Elle a finalement plié face aux exigences de Poutine de payer le gaz en roubles.  Pourtant les dirigeants de l’UE affirmaient que jamais au grand jamais ils n’accepteraient de payer le gaz en roubles.  L’important pour la Russie est d’éviter la saisie des paiements en euros ou en dollars dans des comptes ouverts auprès des banques occidentales.   C’est la raison pour laquelle le rouble a non seulement retrouvé son taux de change d’avant le 24 février 2022,  , mais il l’a même dépassé.   Selon le journal italien La Repubblica, malgré la pantomime grotesque des guignols de l’UE, « le gaz, à raison de 155 milliards de m3 en 2021, continuera à affluer de la Russie vers l’UE ». Quant à la politique des sanctions contre le pétrole russe, c’est aussi le fiasco le plus complet ! Les divergences entre les pays européens sont très vives ! Viktor Orban a pu déclarer : « Cela vaut la peine de se demander s’il y a un sens à une transformation coûteuse qui ne peut commencer à fonctionner que dans quatre à cinq ans., alors que la cause de tout cela est une guerre qui se déroule en ce moment ». Le résultat provisoire des courses, c’est que la Russie gagne plus d’argent avec ses ventes de gaz et de pétrole qu’avant la guerre en Ukraine et va réorienter son secteur des hydrocarbures vers la Chine, l’Inde, les BRICS et les pays émergents. La Russie croule donc sous les excédents financiers. Ses profits avec la hausse du baril sur les marchés internationaux sont supérieurs à ce qui était anticipé dans les prévisions budgétaires russes  l’embargo par l’UE du pétrole russe » Marc Rousset en accusant les  politiques d’amener l’Europe vers une impasse : « c’est un travail d’idéologues, d’enfants de chœur, d’amateurs irresponsables   pour faire une guerre économique à la Russie qui n’est pas la nôtre, mais celle de l’Amérique! » (5)

La signification de la guerre au XXIème siècle

Des craquements se font entendre dans cet  ordre prédateur des Occidentaux  qui devait durer mille ans. Comme en 1980 les pays anciennement colonisés levaient la tête pour arracher leur indépendance  d’un colonialisme que les belles  âmes  d’un Occident qui dicte la norme en se gargarisant d’une vision des droits de  l’homme à géométrie variable Thierry Meyssan livre quelques réflexions sur l’évolution de la dimension humaine de la guerre.

« Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, il y a 77 ans, les Européens (sauf les ex-Yougoslaves) connaissent la paix sur leur sol. Ils découvrent la guerre avec horreur en Ukraine. Dès qu’elle s’enclenche, la guerre interdit les nuances. Elle somme chacun de se positionner dans un des deux camps. Il n’y a plus que des « bons », nous, et des « méchants », ceux d’en face. La propagande de guerre est tellement puissante qu’au bout d’un moment, plus personne ne distingue les faits de la manière dont ils sont décrits. L’homme est devenu un loup pour l’homme. « La guerre cherche toujours à résoudre les problèmes que la politique a échoué à régler. La guerre ne se limite plus au champ de bataille. Il devient indispensable de conquérir les spectateurs.    Ce ne sont plus des hommes qui s’affrontent, mais des systèmes de pensée. La guerre se globalise (…) » (6) 

Les États en guerre économique  

« La guerre économique écrit  Ali Laidi  est une vieille histoire ». Elle est à l’économie ce que la science de la guerre est à la politique : un affrontement pour capter les ressources. Dès la préhistoire, les hommes s’affrontent pour conquérir les meilleurs territoires de chasse et de cueillette, tandis que Phéniciens, Egyptiens, Romains et Chinois de l’Antiquité sécurisent leurs routes commerciales pour éliminer la concurrence. Au Moyen Age, les marchands allemands regroupés au sein de la Hanse mènent des guerres, déclenchent des blocus économiques, le tout au nom de la défense de leurs intérêts commerciaux. Avec les grandes découvertes, les Etats prennent les rênes : Portugais, Espagnols, Hollandais, Anglais et Français se livrent de terribles batailles pour s’emparer des épices des nouveaux mondes. Lors du premier conflit mondial, détruire le potentiel commercial de l’adversaire est un des buts de guerre affichés, tandis qu’aujourd’hui les multinationales affrontent l’hyperconcurrence avec leurs propres armes,  le mythe libéral du  » doux commerce  » a toujours nié cette évidence : la politique n’a pas le monopole de la violence. Elle le partage avec l’économie. »

Ali Laïdi détaille les différents systèmes d’intelligence économique. Il montre que certains États ne se gênent pas pour mettre leurs organes de sécurité et de renseignement au service du chiffre d’affaires de leurs multinationales.

« La guerre économique fait rage et les États montent au front. La Chine mène l’offensive en Afrique. La CIA décrète que la crise économique est la plus grande menace pour la sécurité des États-Unis.  Le commerce à l’heure de la mondialisation est un champ de bataille qui oblige les États à transformer leurs fonctionnaires en guerrier du business. Économistes, diplomates, policiers, espions et militaires…tous partagent le même objectif : défendre les intérêts économiques de leur pays » (1).

Xi Jinping appelle les BRICS à promouvoir le multilatéralisme

A l’autre bout du monde le monde multipolaire poses jalons d’une façon apaisée et en étroite coopération Ainsi    Le président chinois, Xi Jinping, a appelé jeudi les pays des BRIC à assumer leurs responsabilités en consacrant le multilatéralisme, dans un contexte mondial marqué par les menaces à la sécurité induite par la situation en Ukraine et la tendance prise par les Etats-Unis à exacerber la tension en Europe de l’Est. Lors d’un discours intitulé: “Ensemble pour un nouveau chapitre de la coopération entre les BRICS”, au 11e sommet des BRICS, qui regroupe le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, le chef d’Etat chinois a exhorté ces pays à travailler ensemble pour construire une communauté mondiale de sécurité pour tous.

“Malgré cela, la paix et le développement restent le thème immuable de l’époque, l’aspiration des peuples de tous les pays pour une vie meilleure reste inchangée, et la mission historique de la communauté internationale de poursuivre la solidarité et la coopération gagnant-gagnant reste identique » (7).

« En tant que force positive, inspirante et constructive au sein de la communauté internationale, les pays des BRICS doivent raffermir leur conviction, braver les tempêtes et les vagues, et prendre des mesures concrètes pour promouvoir la paix et le développement, défendre l’équité et la justice, et prôner la démocratie et la liberté, afin d’injecter de la stabilité et de l’énergie positive dans les relations internationales en cette période de turbulence et de transformation. Le développement est une tâche commune pour les marchés émergents et les pays en développement, a noté M. Xi, ajoutant que face aux divers risques et défis actuels, il est plus que jamais important pour les marchés émergents et les pays en développement de renforcer la solidarité et la coopération. Il a appelé les cinq pays des BRICS à s’engager dans un dialogue et des échanges avec davantage de marchés émergents et de pays en développement afin d’accroître la compréhension et la confiance mutuelles, de resserrer les liens de coopération et d’approfondir la convergence des intérêts, pour élargir le champ de la coopération et à renforcer la force du progrès, ainsi qu’à contribuer davantage à la noble vision de la construction d’une communauté de destin pour l’humanité ». (7) 

Les négociations ont été clôturées par une déclaration commune  des ministres des Affaires étrangères des BRICS en 25 points. Elle comprend un consensus sur le renforcement du rôle des économies émergentes dans la gouvernance mondiale inclusive, le soutien aux négociations Russie-Ukraine, la lutte contre le terrorisme et le contrôle des armements, ainsi que l’éventuelle expansion des BRICS.  Le conseiller d’État et ministre des Affaires étrangères chinois Wang Yi a résumé la position commune des BRICS lors de la réunion   en quatre aspects : notamment le maintien du multilatéralisme, la promotion du développement commun, le renforcement de la solidarité et de la coopération. Les experts chinois ont considéré la réunion et le consensus auquel elle a abouti comme la voix d’un large éventail de pays en développement, contrebalançant l’impact négatif des efforts de certains pays pour renverser la mondialisation et former des blocs politiques » (8).

Contrairement au passé où les réunions des BRICS mettaient davantage l’accent sur le développement et la coopération économiques, les ministres ont confirmé un consensus sur de multiples questions liées à la sécurité.

« Ils ont par exemple exprimé leur soutien aux négociations entre la Russie et l’Ukraine, souligné que l’ONU devait continuer à jouer un rôle central de coordination dans la lutte contre le terrorisme sous toutes ses formes, appelant à l’adoption rapide de la Convention générale sur le terrorisme. Les voix des pays en développement sont souvent écartées par l’Occident, qui estime représenter l’ensemble de la communauté internationale,  (…)  Après le conflit entre la Russie et l’Ukraine, le monde est confronté au danger d’une nouvelle confrontation, d’une division et même d’une guerre nucléaire. Les États-Unis veulent isoler la Russie et déclencher une confrontation de type guerre froide.   La Chine a présenté des initiatives en matière de sécurité mondiale en avril de cette année. « Les BRICS ne sont pas seulement une plateforme de préconisation, mais aussi de mise en œuvre. Il est tout à fait possible que les pays des BRICS fournissent conjointement certains biens publics liés à la sécurité à l’avenir », a déclaré Wang »  (8) 

La fin de l’arrogance  et l’avènement d’un monde du partage 

Il ne faut pas penser que le déclin des civilisations est brutal. C’est un long délitement du en partie à une perte des valeurs. Dans un rapport intitulé : Le monde en 2025 : 

« La CIA constate une prise de conscience d’une nouvelle donne à la fois démographique, économique, financière et même dans une certaine mesure, militaire. Pour la première fois, les Américains reconnaissent qu’ils ne seront plus les maîtres du monde. Les Etats-Unis sont constamment en alerte surtout depuis la perte de leur suprématie économique. L’arrivée du 11 septembre fut du pain bénit. Le Satan de rechange tombait du ciel, l’Islam et terrorisme. Ainsi, furent organisées les expéditions punitives que l’on sait un peu partout semant le chaos, la destruction et la mort. (9)

Cependant des craquements se font entendre, l’Empire est puissant mais il est exsangue sur le plan économique. Pour Ignacio Ramonet :

« l’Empire n’a pas d’alliés, il n’a que des vassaux ». Ce basculement inexorable concernant l’avenir du Monde, est rendu nécessaire. L’analyse lumineuse de l’ambassadeur singapourien, Kishore Mahbubani, décrit le déclin occidental : recul démographique, récession économique, et perte de ses propres valeurs. Il observe les signes d’un basculement du centre du monde de l’Occident vers l’Orient.  : « (…) Même si la politique coloniale européenne touchait à sa fin, l’attitude colonialiste des Européens subsisterait probablement encore longtemps. En fait, poursuit Kishore Mahbubani, celle-ci reste très vive en ce début de XXIe siècle. Souvent, on est étonné et outré lors de rencontres internationales, quand un représentant européen entonne, plein de superbe, à peu près le refrain suivant : « Ce que les Chinois [ou les Indiens, les Indonésiens ou qui que ce soit] doivent comprendre est que… », suivent les platitudes habituelles et l’énonciation hypocrite de principes que les Européens eux-mêmes n’appliquent jamais. Le complexe de supériorité subsiste.. » (10)

 «Quand Mahbubani écrit que « le moment est venu de restructurer l’ordre mondial », que « nous devrions le faire maintenant ». Pour lui l’Occident est dans l’incapacité à maintenir, à respecter et encore plus à renforcer les institutions qu’il a créées. Et l’amoralité avec laquelle il se comporte trop souvent sape davantage les structures et l’esprit de la gouvernance mondiale.  « Le monde, écrit-il, a perdu pour l’essentiel sa confiance dans les cinq États nucléaires. C’est cette incapacité à exercer convenablement un leadership qui fait que l’Occident est aujourd’hui davantage le problème que la solution. (11) 

   « Les civilisations, disait Arnold Toynbee, ne sont pas assassinées, elles se suicident ». L’empire américain subit-il le même déclin que son prédécesseur britannique ? s’interroge l’historien Eric Hobsbawm. La suprématie navale fit la puissance de la Grande-Bretagne, la capacité de destruction par bombardement assure celle des Etats-Unis. Cependant, les victoires militaires n’ont jamais suffi à assurer la pérennité des empires (…)   Quand l’ère des empires maritimes arriva à sa fin,   la Grande-Bretagne sentit le vent tourner avant les autres puissances coloniales. Son pouvoir économique ne dépendant pas de sa puissance militaire, mais du commerce, elle s’adapta plus facilement à la perte de son empire, Les Etats-Unis comprendront-ils cette leçon ? Ou chercheront-ils à maintenir une domination globale par la seule puissance politique et militaire, engendrant ainsi toujours plus de désordre, de conflits et de barbarie ? » (12)

Le monde multipolaire voulu par les non alignés 

Au monde unipolaire et dominé par l’Occident, écrit Alain Gresh, succède une nouvelle géopolitique marquée par la multiplication des acteurs influents.   « La fin de l’arrogance », titrait l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, le 30 septembre, avec ce sous-titre : « L’Amérique perd son rôle économique dominant ». Quinze ans plus tard,  : nous entrons dans un « monde post-américain ». (13)

Dans le même ordre et pour la première fois dans un conflit les pays du  Sud n’ont pas pris partie malgré les pressions  Dans une contribution 

« Quand le Sud refuse de s’aligner sur l’Occident en Ukraine » Alain Gresh explique la prudence  de ces pays  L’attitude des monarchies du Golfe, pourtant alliées de Washington, est emblématique de ce refus de prendre parti : elles dénoncent à la fois l’invasion de l’Ukraine et les sanctions contre la Russie. Ainsi s’impose un monde multipolaire où, à défaut de divergences idéologiques, ce sont les intérêts des États qui priment  Si, au Nord, les voix discordantes sur la guerre en Ukraine restent rares et peu audibles tant une pensée unique en temps de guerre s’est à nouveau imposée. elles dominent au Sud, dans ce « reste du monde » qui compose la majorité de l’humanité et qui observe ce conflit avec d’autres lunettes. Sa vision a été synthétisée par le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), M. Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui regrette que le monde n’accorde pas une importance égale aux vies des Noirs et des Blancs, à celles des Ukrainiens, des Yéménites ou des Tigréens, qu’il « ne traite pas la race humaine de la même manière, certains étant plus égaux que d’autres ». Il en avait déjà fait le triste constat au cœur de la crise du Covid-19. C’est une des raisons pour lesquelles un nombre significatif de pays, notamment africains, se sont abstenus sur les résolutions de l’Organisation des Nations unies (ONU) concernant l’Ukraine — des dictatures bien sûr, mais aussi l’Afrique du Sud et l’Inde, l’Arménie et le Mexique, le Sénégal et le Brésil. »(14)

Le climat  s’emballent Des indicateurs qui annoncent l’apocalypse

Avec toutes ses peurs qui sont de la responsabilité de l’homme, il faut ajouter une autre guerre celle que  fait l’homme à la nature et qui peut nous amener à la sixième extinction .

« Quatre sonnettes d’alarmes viennent d’être tirées par l’ONU sur le dérèglement climatique. Par la voix de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), qui publie ce mercredi 18 mai son « Etat du climat mondial en 2021 », l’organisation internationale met en évidence les records battus par quatre marqueurs clés du changement climatique : les concentrations de gaz à effet de serre, l’élévation du niveau de la mer, la température et l’acidification des océans. Ce rapport est « une litanie lamentable de l’échec de l’humanité à lutter contre le dérèglement climatique », dénonce le chef de l’ONU, Antonio Guterres. « Le système énergétique mondial est brisé et nous rapproche de plus en plus de la catastrophe climatique », met-il en garde, exhortant à « mettre fin à la pollution par les combustibles fossiles et accélérer la transition vers les énergies renouvelables avant d’incinérer notre seule maison. » (15)

« Le système énergétique mondial est brisé et nous rapproche de plus en plus de la catastrophe climatique », a mis en garde le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, sommant le monde de « mettre fin à la pollution par les combustibles fossiles et d’accélérer la transition vers les énergies renouvelables ». En conférence de presse, le chef de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) Petteri Taalas, lui, s’est inquiété que la guerre en Ukraine avait éclipsé le changement climatique, qui « reste le plus grand défi de l’humanité ». (16)

 À l’heure actuelle, le niveau de la mer est d’environ 100 mm au-dessus de la normale, par rapport au début des années 1990. La température de l’océan a aussi atteint un niveau record l’année dernière. On apprend dans le rapport que les sept dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées dans le monde. L’année 2021 a d’ailleurs été l’une des plus critiques, avec une température mondiale moyenne d’environ 1,11 °C au-dessus du niveau préindustriel. Au début d’avril, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a prévenu dans un nouveau rapport que de limiter la hausse de la température mondiale à 1,5 °C est encore possible si les émissions mondiales de gaz à effet de serre plafonnent au plus tard en 2025.  413,2. C’est le nombre de parties par million de dioxyde de carbone dans l’air que le monde a atteint en 2020, un record jamais établi qui représente environ 149 % des émissions qu’on observait avant l’industrialisation. Et ce chiffre semble avoir continué d’augmenter en 2021 et au début de 2022.  Une étude du magazine scientifique The Lancet a révélé cette semaine que : « la pollution causait près de 9 millions de morts par an sur la planète, en date de 2019 Sans surprise, les pays à faible et à moyen revenu sont ceux qui en subissent le plus les contrecoups, concentrant 92 % de ces morts et la majeure partie des pertes économiques qui en découlent » (17).

Conclusion

Sans conteste l’Europe est la grande perdante. Les Etats-Unis ont provisoirement redoré leur économie en siphonnant   les commandes d’une Europe asphyxiée prête à payer  l’énergie du GNL américain  extrait du gaz de schiste même au prix d’une démolition de l’environnement. De même le complexe militaro- industriel va engranger des sommes exorbitantes par  la vente d’armes.  Par ailleurs et comme l’écrit Pepe Escobar :

« La Russie est donc en train de gagner non seulement sur le plan militaire, mais aussi, dans une large mesure, sur le plan géopolitique – 88% de la planète ne s’alignent pas sur l’hystérie de l’OTAN   L’une des prochaines étapes clés sera l’élargissement des BRICS, qui coordonneront leur stratégie de contournement du dollar.  Le « récit » occidental mythique sur les héros combattants de la liberté imposé depuis février par les médias de l’OTAN s’est effondré d’un seul coup » (16)

Cette façon de faire de l’Occident est condamnée. A terme, on s’apercevra que les slogans creux des droits qui sont ceux exclusifs de l’homme blanc en Occident – encore qu’il faille noter que même dans ces sociétés la fracture est totale entre les nantis et les pauvres. « A Beastly Century », « un siècle bestial » terme, utilisé par Margaret Drabble, pour décrire le XXe siècle. Il y eu en effet, environ 231 millions de morts en 100 ans de guerres et conflits. Tout ceci pour tenter de garder, en vain, la suprématie sur des hommes qui aspirent quelles que soient leurs latitudes à une égale dignité. Ce siècle sera assurément aussi celui de la guerre de tous contre tous   et de la guerre contre la Nature C’est en définitive, un déclin du de la civilisation dans son ensemble   C’est l’heure du « chacun pour soi ». Pourtant l’humanité solidaire devrait  aspirer à la paix évitant le  partage du monde  devra  militer pour  un monde du partage  qui lui  permette solidaire de  rendre la Terre vivable (18)

Prof. Chems Eddine Chitour

Ecole POlytechnique Alger

   

Notes :

1.https://www.larousse.fr/encyclopedie/sons/Neil_Armstrong_le_21_juillet_1969_premiers_pas_sur_la_Lune/1102368 

2.Ali Laidi Histoire mondiale de la guerre économique Editions Perrin 2017

3.https://www.ege.fr/sites/ege.fr/files/media_files/rapport_alerte_usa_2021.pdf

4.https://www.youtube.com/watch?v=KfZHXbsNQw

5.Marc Rousset  https://resistancerepublicaine.com/2022/05/20/paiement-en-roubles-et-sanctions-les-guignols-de-lue-capitulent/ 20 mai 2022  

6. Thierry Meyssan Https://www.voltairenet.org/article216840.html 17 mai 2022

7.https://www.jeune-independant.net/xi-jinping-appelle-les-brics-a-promouvoir-le-multilateralisme/amp/   19 mai 2022  

8.Global Times https://reseauinternational.net/large-consensus-lors-de-la-reunion-des-brics-en-periode-de-turbulences-et-de-transformation/?.

9.Chems Eddine Chitour : Doxa occidentale Est-ce la fin d’une époque ? http: //www.lexpression.dz/categorie/8/2011-04-07.html

10.. K.Mahbubani : The Irresistible Shift of Global Power to the East, Septembre 2008

11. Jean-Pierre Lehmann : Déclin de l’Occident et montée de l’Orient. Reseau Voltaire 2 09 2008

12.. Eric Hobsbawm : Du déclin des Empires : Le Monde Diplomatique http: //www.monde-diplomatique.fr/2008/11/Hobswawm/16469

13.. Alain Gresh http: //www.monde-diplomatique.fr/2008/11/GRESH/16455

14 Alain Gresh  https://www.monde-diplomatique.fr/2022/05/GRESH/64659 

15..https://www.20minutes.fr/planete/3292539-20220518-changement-climatique-quatre-marqueurs-cles-battus-records-2021-alerte-onu

16.Henri Ouellette-Vézina https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2022-05-19/rapport-de-l-onu-sur-le-climat/des-indicateurs-plus-eleves-que-jamais.php# 

17.https://reseauinternational.net/la-russie-reecrit-lart-de-la-guerre-hybride/ 22 05 2022

18.Chems Eddine Chitour .https://www.legrandsoir.info/declin-de-sens-ou-declin-de-puissance-le-dilemme-de-l-occident.html  


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