Vladimir Poutine : nous assistons au suicide économique de l’Europe

Vladimir Poutine : nous assistons au suicide économique de l’Europe

Réunion sur le développement de l’industrie pétrolière

Le Président de la Fédération de Russie a tenu une réunion sur le développement de l’industrie pétrolière par vidéoconférence, le 17 mai 2022.

Source : en.kremlin.ru

Traduction : lecridespeuples.fr

Ont participé à la réunion le Premier ministre Mikhail Mishustin, le chef de cabinet du Bureau exécutif présidentiel Anton Vaino, le vice-Premier ministre Alexander Novak, l’aide présidentiel Maxim Oreshkin, le ministre du Développement économique Maxim Reshetnikov, le ministre des Transports Vitaly Savelyev, le ministre des Finances Anton Siluanov, le ministre de l’Énergie Nikolai Shulginov, le gouverneur de la Banque centrale de Russie Elvira Nabiullina, des représentants de Surgutneftegaz, Gazprom Neft, Zarubezhneft, Rosneft, Lukoil, Transneft, Sovcomflot et de la State Development Corporation VEB. RF

Président de la Russie Vladimir Poutine : Bonjour, chers collègues,

Aujourd’hui, nous allons discuter de la situation de l’industrie pétrolière dans le cadre de nos réunions régulières sur les questions économiques.

Pour la Russie, qui dispose d’énormes réserves d’hydrocarbures, cette industrie, ainsi que le complexe carburant-énergie dans son ensemble, a été et reste l’une des principales composantes de l’économie nationale. Elle joue un rôle tangible dans la satisfaction des besoins du marché intérieur et, bien sûr, dans l’utilisation du potentiel d’exportation du pays.

Que voudrais-je dire à ce propos ? Au cours de toutes ces années, nous avons accordé une attention particulière à cette industrie. Nous développions activement de nouveaux gisements, augmentions la production et améliorions la qualité du raffinage du pétrole. Nous avons introduit des innovations, des technologies et des services numériques et écologiques à grande échelle. Des approvisionnements stables et fiables en pétrole russe pour les clients étrangers garantissaient la position de leader de la Russie dans l’approvisionnement énergétique mondial. Naturellement, le gouvernement et les autorités à tous les autres niveaux, y compris les régions, vous ont toujours soutenu.

Malheureusement, nos collègues des pays occidentaux se sont comportés de manière tout à fait différente. Tant vous que les représentants du secteur de l’énergie dans d’autres pays savez et comprenez parfaitement tout cela. En effet, la soi-disant classe politique occidentale a commencé à exploiter la préoccupation tout à fait naturelle de nombreuses personnes dans le monde concernant les problèmes de climat et de changement climatique.

Voir Poutine compare les risques climatique et nucléaire : ‘Tout le monde fait semblant d’être sourd, aveugle ou dyslexique’

Il est parfaitement évident que, pour des raisons de politique interne, la soi-disant classe politique occidentale a commencé à surestimer les potentialités des énergies alternatives et à sous-estimer l’importance de toutes les sources d’énergie traditionnelles, y compris les hydrocarbures. Cet abus continu était de nature tout à fait spécifique.

Je tiens à le répéter, et vous le savez mieux que quiconque : il y a eu des restrictions dans le financement bancaire, des procès artificiels ont été et sont probablement encore intentés contre des entreprises et leur direction, les terrains nécessaires à de nouveaux projets ne sont pas attribués, le développement de divers types de transport est entravé, et des problèmes sont créés dans le transport de marchandises et d’autres domaines nécessaires pour fournir des investissements opportuns et suffisants dans le secteur. Tout cela est à la base des problèmes qui se posent dans l’industrie énergétique mondiale, principalement avec le pétrole et le gaz.

Naturellement et très évidemment, il y a aussi des considérations politiques. À ce propos, tout ce qui se passe dans ce domaine, y compris, malheureusement, tout ce qui concerne l’Ukraine, est lié à la politique irréfléchie de ce que l’on appelle « l’Occident collectif », qui, pendant des décennies, a ignoré les préoccupations justifiées de la Russie en matière de sécurité, a encouragé par tous les moyens possibles les éléments nationalistes et néonazis au sein du pouvoir de Kiev, a négligé les problèmes qui prenaient forme dans le sud-est de l’Ukraine et, en fait, a facilité ces huit dernières années les hostilités en cours lancées par le régime de Kiev il y a huit ans.

Aujourd’hui, nous constatons que, pour des raisons purement politiques, poussés par leurs propres ambitions et sous la pression de leur suzerain américain, les pays européens imposent davantage de sanctions sur les marchés du pétrole et du gaz, ce qui entraînera davantage d’inflation. Au lieu d’admettre leurs erreurs, ils cherchent un coupable ailleurs.

En effet, les Européens admettent ouvertement qu’ils sont incapables de se passer totalement des ressources énergétiques russes à ce stade. Il est également clair que certains pays de l’UE dont la part des hydrocarbures russes dans leur bilan énergétique est particulièrement élevée ne pourront pas se passer de l’énergie russe avant longtemps. Cependant, ils se sont fixés cet objectif sans se soucier des dommages qu’ils causent à leurs économies respectives.

On a l’impression que les politiciens et les économistes occidentaux oublient tout simplement les lois économiques de base ou choisissent simplement de les ignorer.

Que tentent-ils d’accomplir avec ces décisions ?

Premièrement, les sanctions imposées par nos collègues européens et les déclarations de refus d’utiliser toute énergie russe à l’avenir ont fait grimper les prix du pétrole sur le marché spot. Vous en êtes conscients. Une parole inconsidérée au niveau politique se répercute instantanément sur le marché.

Deuxièmement, les prix des produits pétroliers sur le marché européen, comme le diesel, augmentent encore plus vite que les prix du pétrole en raison des pénuries réelles. Cette inflation énergétique – ils essaient de nous rendre responsables de l’inflation énergétique, de mettre nos noms dessus, et de tout mettre sur le dos de la Russie pour tenter de couvrir, comme je l’ai dit, leurs propres erreurs dans ce domaine. Aujourd’hui déjà, cette situation a un impact sur les transports et l’industrie européens en général, et pèse lourdement sur les épaules de millions de consommateurs européens.

Enfin, troisièmement et surtout, dire non à l’énergie russe signifie que l’Europe deviendra systématiquement et à long terme la région du monde la plus coûteuse en ressources énergétiques. Oui, les prix vont augmenter, et des ressources vont aller contrer ces hausses de prix, mais cela ne changera pas la situation de manière significative. Certains analystes affirment que cela portera gravement, voire irrévocablement, atteinte à la compétitivité d’une partie importante de l’industrie européenne, qui perd déjà du terrain au profit d’entreprises d’autres régions du monde. Maintenant, ces processus vont certainement s’accélérer. Il est clair que les possibilités d’activité économique, avec ses améliorations, quitteront l’Europe pour d’autres régions, tout comme les ressources énergétiques de la Russie.

Cet autodafé économique est, bien sûr, l’affaire interne des pays européens. Mais en attendant, nous devons agir de manière pragmatique, en partant avant tout de nos propres intérêts économiques.

Voir L’Europe peut-elle survivre sans gaz russe ?

Aujourd’hui, les actions erratiques de nos partenaires – c’est ce qu’elles sont – ont entraîné une augmentation de facto des revenus du secteur pétrolier et gazier russe, en plus des dommages causés à l’économie européenne. Nous devons certainement garder cela à l’esprit ; nous le comprenons et le voyons, mais cela ne doit pas décourager nos entreprises.

Les changements sur le marché pétrolier sont tectoniques et, bien sûr, il est peu probable que les affaires suivent les anciens schémas. Dans ces nouvelles conditions, il est important non seulement de produire du pétrole mais aussi de construire une chaîne verticale complète, jusqu’au consommateur final.

Chers collègues, dans ces circonstances, l’État continuera à faire tout ce qui est en son pouvoir pour créer les conditions permettant de modifier les modèles d’affaires des entreprises – améliorer les possibilités logistiques et garantir des transactions en monnaie nationale – ; je suis conscient qu’il existe certaines restrictions à cet égard, comme nous en avons discuté à maintes reprises, mais il est nécessaire d’œuvrer en ce sens, et c’est ce que nous ferons. Nous rendrons les prêts et les services d’assurance plus abordables pour les compagnies pétrolières et nous encouragerons les projets de traitement avancé des matières premières et de mise à niveau de la technologie des services pétroliers nationaux, y compris le développement des gisements et l’extraction.

Lors de la réunion du 14 avril, nous avons examiné en détail le changement de priorités dans le développement de l’industrie pétrolière et gazière. Nous avons pris des décisions stratégiques pour protéger les intérêts à long terme de l’économie russe.

En comprenant les mesures que l’Occident prendra dans un avenir proche, nous devons tirer des conclusions à l’avance et être proactifs, en tournant à notre avantage les mesures chaotiques irréfléchies de certains de nos partenaires, pour le bien de notre pays. Naturellement, nous ne devons pas espérer que leurs erreurs se répètent. Nous devons simplement, pratiquement, partir des réalités actuelles, comme je l’ai dit.

À cet égard, je voudrais discuter d’un plan de mesures supplémentaires qui nous permettront de protéger au mieux nos intérêts nationaux et de renforcer notre souveraineté économique, en l’occurrence dans le secteur des carburants et de l’énergie, principalement l’industrie pétrolière.

Voir En Ukraine, les États-Unis veulent la guerre pour perpétuer leur domination sur l’Europe

Analysons soigneusement toutes ces questions, examinons-les et consultons-nous sur ce que nous devrions faire dans un avenir proche.

Je donne la parole au vice-premier ministre Alexander Novak.

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Voir notre dossier sur la situation en Ukraine.

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