L’auteur est co-commissaire de l’évènement Montréal abordable ?
C’est le brûlant sujet de l’évènement des 19, 24 et 28 mai au Centre de design de l’UQÀM. Face au recul accéléré de l’abordabilité économique du logement, cette programmation rassemblera au-delà des profils idéologiques : secteur académique ET coops/OBNL d’habitation, associations de locataires ET de propriétaires, logement social ET institutions financières. Les acteurs de ces différents horizons sont actifs chacun de leur côté, mais rarement associés pour établir les grandes lignes d’une action concertée.
Si les revendications des organismes communautaires font souvent la manchette, il faut savoir que l’inquiétude gagne aussi des propriétaires privés de logements locatifs. Du moins ceux qui ont longtemps mené une gestion plus conviviale de leur propriété, où le maintien de loyers abordables restait compatible avec une rentabilité à long terme. Pour beaucoup de ces « proprios à l’ancienne », le glissement de leur activité économique vers un marché spéculatif n’a rien de réjouissant. Leur rôle historique de fournisseurs de logements abordables (85 % des logements locatifs à Montréal sont de tenure privée, avec une majorité absolue de petits proprios détenant chacun moins de 20 unités) est-il sur le point d’être englouti par la spéculation immobilière ?
Parmi les associations de locataires, des militants de longue date cherchent le moyen d’aller au-delà des seules revendications. Dans presque chaque quartier, des groupes tentent de promouvoir des projets de conversion (anciennes manufactures, écoles, églises ou hôpitaux) vers le logement communautaire; mais les dossiers attendent éternellement le feu vert des élus. Au sein des coops ou OBNL d’habitation, certains savent que l’acquisition d’autres édifices contribuerait à retirer des unités d’habitation du marché spéculatif, mais les exigences de financement freinent leurs projets. Et dans les institutions financières, des responsables notent qu’une part grandissante de leur clientèle ne pourra jamais accéder à la propriété, et questionnent la pertinence de leurs propres outils pour répondre au défi.
Le logement est un secteur crucial, qui fournit un service essentiel : tout le monde doit bien se loger ! C’est pourtant l’un des rares domaines où la concertation entre l’ensemble des acteurs fait défaut. Il nous faut l’activer d’urgence… pour éviter le scénario cauchemar qui nous pend au nez : que des dizaines de milliers de Montréalais soient simplement mis à la porte de leurs quartiers.
Programmation de l’évènement Montréal abordable ? au Centre de design de l’UQÀM :
Jeudi 19 mai – lancement / présentation de 6 projets de logement communautaire
Mardi 24 mai – visite des Habitations Jeanne-Mance (800 logements sociaux, la plus ambitieuse réalisation au Québec)
Samedi 28 mai – Journée d’études « Montréal abordable ? » : 5 exposés, suivis d’échanges avec le grand public.
Source: Lire l'article complet de L'aut'journal