Le malheur pour notre littérature dramatique est l’énorme différence entre intelligence et sagesse. Là où les auteurs dramatiques commencèrent à penser, ils commencèrent à construire. Shakespeare n’a pas besoin de penser. Il n’a pas non plus besoin de construire. Chez lui, c’est le spectateur qui fait la construction. Shakespeare ne façonne pas le destin d’un homme au deuxième acte pour rendre possible le cinquième.
Chez lui, tout se déroule naturellement. Par l’incohérence de ses actes, on reconnaît l’incohérence d’une destinée humaine, lorsqu’elle est rapportée par quelqu’un qui n’y voit pas l’intérêt de mettre de l’ordre afin de doter une idée, qui ne peut être un préjugé, d’un argument qui n’est pas issu de la vie. Il n’est rien plus bête que de monter Shakespeare pour le rendre clair. De par sa nature il n’est pas clair. C’est un matériau absolu.
— Bertolt Brecht (via TBM).
Source: Lire l'article complet de Antipresse