par Andrew Korybko.
Il s’agissait d’un développement crucial auquel le reste du monde devrait accorder plus d’attention s’il veut mieux comprendre la transition systémique mondiale vers la multipolarité.
Le monde a été tellement concentré sur le conflit ukrainien et les tentatives de le reproduire en Asie de l’Est à travers Taïwan que peu de gens ont remarqué que le président kazakh Tokayev vient de faire son premier voyage en Turquie plus tôt cette semaine, ce qui était en fait assez important avec le recul. Cela intervient après que la mission de maintien de la paix limitée de l’OTSC dirigée par la Russie a réussi à arrêter la prise de contrôle terroriste du pays début janvier, ce que certains observateurs favorables à la Russie ont prédit à tort faire du Kazakhstan l’État fantoche du Kremlin. Ils ont également affirmé que la Turquie aurait été derrière cette attaque de la guerre hybride, ce qui était également une fausse nouvelle. Les deux fausses évaluations ont été complètement discréditées par le voyage de cette semaine.
Leur déclaration commune de 50 paragraphes est officiellement décrite comme renforçant leur partenariat stratégique et mérite au moins d’être scrutée par les observateurs intéressés afin d’apprécier à quel point elle est exhaustive. L’engagement du paragraphe 18 à élargir la coopération le long du corridor moyen, qui décrit le réseau de connectivité transcaucasien/caspien/Asie centrale reliant la Turquie à la Chine, est particulièrement intéressant. C’est une artère vitale de l’initiative Belt & Road (BRI) de Pékin qui est devenue d’autant plus stratégique que le pont terrestre eurasien entre la Chine, le Kazakhstan, la Russie, la Biélorussie et l’UE a été essentiellement coupé par les sanctions anti-russes sans précédent de l’Occident dirigé par les États-Unis ces derniers mois.
Leur déclaration commune a été suivie d’une annonce importante selon laquelle ils ont conclu un accord pour que le Kazakhstan coproduise les drones Turcs Anka. Cela lève tout doute sur le fait que l’État d’Asie centrale ne considère certainement pas son partenaire civilisationnel turc d’Asie occidentale comme une menace pour la sécurité, sinon il n’entrerait jamais dans une coopération militaire aussi privilégiée avec lui. Ceux qui continuent d’insister sur le contraire s’accrochent à des récits, maintenant discrédités, de fausses nouvelles pour des raisons dont eux seuls peuvent rendre compte s’ils sont publiquement mis au défi par leur audience de le faire. En termes simples, le récit dominant de la communauté Alt-Media (AMC) sur les événements de janvier les attribuant aux services de renseignement turcs était carrément faux.
Il faut le rappeler qu’ils ont également souhaité que le Kazakhstan devienne un État fantoche russe après que Moscou ait sauvé ce pays voisin d’une prise de contrôle terroriste. Non seulement cela ne s’est pas passé comme ils s’y attendaient, mais le Kazakhstan a en fait signalé qu’il considérait la Turquie de tous les pays comme l’un de ses partenaires stratégiques les plus privilégiés à tous égards, en particulier en termes de connectivité et de coopération militaro-technique. Cela montre simplement que l’Asie centrale est vraiment multipolaire dans le sens où aucun pôle d’influence comme la Russie n’exerce de domination sur cette région géostratégique, et d’ailleurs Moscou n’y aspire pas non plus.
Le ministre des Affaires étrangères Lavrov a confirmé le respect pragmatique de son pays pour les intérêts multipolaires de ses partenaires stratégiques dans un article qu’il a récemment écrit pour Rossiyskaya Gazeta, dont le point principal a ensuite été réaffirmé jeudi par le président du Conseil de la Fédération, Matvienko, quelques jours seulement après la publication de la déclaration conjointe kazakho-turque et la révélation de l’accord de coproduction de drones. Elle a souligné que la Russie ne considère pas l’Asie centrale comme une arène de lutte géopolitique, ce qui est contraire à ce que certains de ses sympathisants étrangers au sein de l’AMC ont prétendu à tort au fil des ans et surtout depuis janvier.
Le voyage du président Tokaïev en Turquie a donc été extrêmement important parce qu’il a confirmé plusieurs choses. Premièrement, le Kazakhstan ne considère pas la Turquie comme une menace pour la sécurité. Deuxièmement, il le considère en fait comme un partenaire stratégique global privilégié. Troisièmement, leur coopération élargie en matière de connectivité et de questions militaro-techniques témoigne de leurs liens de confiance. Quatrièmement, la réaction calme de la Russie à ce développement montre sa maturité en tant que grande puissance. Enfin, l’Asie centrale est véritablement devenue multipolaire. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il s’agissait d’un développement crucial auquel le reste du monde devrait accorder plus d’attention s’il veut mieux comprendre la transition systémique mondiale vers la multipolarité.
source : One World
traduction Avic pour Réseau International
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