Un de nos contributeurs a fait observer qu’il y avait des similitudes assez frappantes entre les groupes fascistes ukrainiens et l’organisation terroriste connue sous le sigle d’OAS (Organisation Armée Secrète) qui a défrayé la chronique en France et dans le monde lors de la dernière phase de la Guerre d’Algérie au début des années 60. Ce rapprochement n’est pas tout à fait exact.
L’intransigeance, le déni du réel et le radicalisme des groupes Azov, Aidar et Priviy Sektor en Ukraine rappellent le terrorisme aveugle, l’autisme, le déni du réel, le fascisme extrémiste et nihiliste des partisans de l’Organisation de l’armée secrète (OAS) et les crimes commis par les mutins des unités parachutistes de l’armée française en Algérie au début des années 60. Ils se caractérisent par une insubordination ayant abouti par une rébellion contre le pouvoir. L’OAS est allée beaucoup plus loin que les groupes les plus radicaux d’Ukraine puisqu’elle s’est attaquée à la tête de l’État français ainsi qu’aux forces armées françaises tout en tuant sans distinction aucune toute personne suspectée de modération ou ne partageant pas la forme de fascisme virulente que professaient ses membres et à côté de laquelle le national-socialisme germanique et le Fascisme italien faisaient pâle figure. Ni Azov ni Aidar n’ont attenté à la vie de Volodymyr Zelenski où les Chefs des forces armées ukrainiennes. L’OAS et le quarteron de généraux français félons et putschistes ont non seulement tenté d’assassiner le général De Gaulle mais envisagé, dans leur folie meurtrière sans limite, une invasion militaire de la France à partir d’Algérie.
Autre point important, l’OAS avait mené une politique de la terre brûlée en semant un chaos indescriptible et créant une atmosphère de fin du monde ayant précipité l’exil des Français d’Algérie vers la métropole en ciblant aussi bien des Musulmans que Européens et en brûlant les bibliothèques, tuant les ouvriers et les lettrés, dans une course folle de la terreur alternant plasticages, attentats, sabotages et exécutions sommaires de civils. Contrairement aux groupes radicaux ukrainiens, les fascistes de l’OAS et leurs soutiens au sein de l’armée française bénéficieront tous d’une totale impunité avec la complicité de réseaux fascistes au sein de l’État, survivance du grand engouement pour cette idéologie dans les années 40 car le régime de Vichy ne fut point un moment exceptionnel dans l’histoire politique française mais l’expression d’un état d’esprit beaucoup plus profond et qui demeure toujours d’actualité. L’ impunité de l’OAS est réclamée actuellement par les débris d’Azov retranchés à Azovstal à Mariupol après en avoir bénéficié durant huit années depuis 2014 au nom de la défense de l’État ukrainien mais il est peu sûr qu’ils puissent s’en tirer comme le furent les terroristes de l’OAS ou les félons de l’Armée française.
Emmanuel Macron a commis une immense erreur en niant les attaques armées que subirent les c.r.s, les gendarmes et les militaires français de la part des fous furieux ultras de l’OAS et des milices armées qui leur étaient favorables, ce qui mena aux drames de la rue d’Isly à Alger et bien d’autres. Le terrorisme est imprescriptible mais les équilibres internes d’un État formé de coteries et de mafias ainsi que des calculs électoraux forcent Macron à adopter un opportunisme parfois orienté mais toujours intéressé et dont la finalité et le pouvoir.
En 2019, Zelensky a tenté de dissuader les groupes radicaux ukrainiens de poursuivre leurs attaques au Donbass sans grand succès. Cependant, ces groupes n’ont jamais tenté de s’en prendre au régime ou à mener des campagnes de destruction enragées et semblent plus plus flexibles d’un point de vue idéologique que les fanatiques génocidaires de l’Algérie française. l’État français a du mobiliser tous ses moyens et user de tous les coups tordus pour neutraliser cette engeance virulente et dangereuse mais le fascisme gangrénant certains milieux au sein de l’armée et certaines régions ont garanti l’impunité aux criminels de guerre sous couvert d’une amnistie générale. L’amnésie nationale et unique au monde qui s’est abattue en France sur cette période peu glorieuse et le secret-défense ont maintenu une chape de plomb sur cette dérive fasciste et meurtrière qui fut paradoxalement soutenue par la Gauche française et plus particulierement le parti socialiste et combattue par la Droite.
Les démons du fascisme sont bien plus présents en France qu’en Ukraine où les gens, y compris les néonazis, sont beaucoup plus flexibles et moins enclins au génocide que certains milieux extrémistes cachés en France qui ont toujours bénéficié d’impunité. Le rapprochement évoqué plus haut n’est donc pas très pertinent.
Nos remerciements à M. Applebaum et S. Mattei pour l’échange ayant permis l’évocation de ce sujet.
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