L’Empire du Mensonge est-il impatient de recevoir la carte de visite de M. Sarmat ?

L’Empire du Mensonge est-il impatient de recevoir la carte de visite de M. Sarmat ?

Le seul antidote à la propagande démentielle est servi par de rares voix de la raison, qui se trouvent être russes, donc réduites au silence et/ou écartées.

Par Pepe Escobar

Source : The Saker, le 29 avril 2022

Traduction : lecridespeuples.fr

Surtout depuis le début de la GWOT (Guerre Globale Contre le Terrorisme) au début du millénaire, personne n’a jamais perdu d’argent en pariant sur la combinaison toxique d’hubris, d’arrogance et d’ignorance déployée en série par l’Empire du Chaos et du Mensonge.

Ce qui passe pour de l’ « analyse » dans la vaste zone d’exclusion aérienne intellectuelle connue sous le nom de Think Tankland américain comprend des balbutiements de vœux pieux tels que Pékin « croyant » que Moscou jouerait un rôle de soutien dans le siècle chinois, juste pour voir la Russie, maintenant, dans le siège du conducteur géopolitique.

Il s’agit là d’un bon exemple non seulement de paranoïa russophobe/sinophobe pure et simple concernant l’émergence de concurrents pairs en Eurasie – le plus grand cauchemar anglo-américain – mais aussi d’une ignorance crasse des détails du complexe partenariat stratégique global Russie-Chine.

Alors que l’opération Z entre méthodiquement dans sa phase 2, les Américains –avec une hargne décuplée– ont également entamé leur phase 2 symétrique, qui se traduit de facto par une escalade pure et simple vers la Totalen Krieg [guerre totale], avec des nuances de la guerre hybride à l’incandescente, le tout bien sûr par procuration. Le célèbre vendeur d’armes Raytheon reconverti en chef du Pentagone, Lloyd Austin, a dévoilé le jeu à Kiev :

« Nous voulons voir la Russie affaiblie au point qu’elle ne puisse plus faire le genre de choses qu’elle a faites en envahissant l’Ukraine. »

Alors ça y est : l’Empire veut anéantir la Russie. La frénésie de « War Inc. » (Guerre®) se traduit par l’arrivée en Ukraine de cargaisons d’armes illimitées, dont l’écrasante majorité sera dûment éviscérée par les frappes de précision russes. Les Américains partagent avec Kiev des informations 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, non seulement sur le Donbass et la Crimée, mais aussi sur le territoire russe. Totalen Krieg se déroule parallèlement à la démolition contrôlée de l’économie de l’UE, la Commission européenne agissant joyeusement comme une sorte de bras de l’OTAN pour les relations publiques.

Au milieu de la démence propagandiste et de la dissonance cognitive aiguë qui sévissent dans toute la sphère de l’OTAN, le seul antidote est constitué par les rares voix de la raison, qui se trouvent être russes et qui sont donc réduites au silence et/ou écartées. L’Occident les ignore à son propre péril collectif.

Patrushev ou Triple-X déchaîné

Commençons par le discours du Président Poutine devant le Conseil des législateurs à Saint-Pétersbourg pour célébrer la Journée du parlementarisme russe.

Poutine a démontré comment une « arme géopolitique » déjà usitée s’appuyant sur la « russophobie et les néonazis », couplée à des efforts d’ « étranglement économique », non seulement n’a pas réussi à étouffer la Russie, mais a imprégné dans l’inconscient collectif le sentiment d’un conflit existentiel : une « deuxième Grande Guerre Patriotique ».

Avec une hystérie hors normes universelle, un message pour un Empire qui refuse toujours d’écouter, et qui ne comprend même pas le sens de « l’indivisibilité de la sécurité », était inévitable :

« Je voudrais souligner une fois de plus que si quelqu’un a l’intention d’interférer dans les événements qui se déroulent [en Ukraine] depuis l’extérieur et crée des menaces de nature stratégique inacceptables pour la Russie, il doit savoir que nos frappes de représailles seront rapides comme l’éclair. Nous disposons de tous les outils nécessaires à cet effet, tels que personne ne peut s’en vanter aujourd’hui. Et nous n’allons pas nous contenter de nous en vanter. Nous les utiliserons si nécessaire. Et je veux que tout le monde le sache : nous avons déjà pris toutes les décisions à ce sujet. »

Traduction : les provocations incessantes peuvent conduire M. Kinzhal, M. Zircon et M. Sarmat à être contraints de présenter leurs cartes de visite sous certaines latitudes occidentales, même sans invitation officielle.

Sans doute pour la première fois depuis le début de l’Opération Z, Poutine a fait une distinction entre les opérations militaires dans le Donbass et le reste de l’Ukraine. Cette distinction est directement liée à l’intégration en cours de Kherson, Zaporozhye et Kharkov, et implique que les forces armées russes continueront d’aller de l’avant, en établissant la souveraineté non seulement dans les républiques populaires de Donetsk et de Louhansk, mais aussi sur Kherson, Zaporozhye, et plus loin, de la mer d’Azov à la mer Noire, jusqu’à établir le contrôle total de Nikolaev et Odessa.

La formule est claire comme de l’eau de roche : « La Russie ne peut pas permettre la création de territoires anti-russes autour du pays. »

La future carte de l’Ukraine

Passons maintenant à une interview extrêmement détaillée du secrétaire du Conseil de sécurité Nikolai Patrushev à Rossiyskaya Gazeta, où Patrushev s’est en quelque sorte transformé en Triple-X déchaîné.

Le point essentiel à retenir est peut-être ici : « L’effondrement du monde américano-centré est une réalité dans laquelle il faut vivre et construire une ligne de conduite optimale. » La « ligne de conduite optimale » de la Russie – à la grande colère de l’hégémon universaliste et unilatéraliste – se caractérise par « la souveraineté, l’identité culturelle et spirituelle et la mémoire historique. »

Patrushev montre comment « les scénarios tragiques des crises mondiales, tant dans les années passées qu’aujourd’hui, sont imposés par Washington dans son désir de consolider son hégémonie, en résistant à l’effondrement du monde unipolaire ». Les États-Unis ne reculent devant rien « pour s’assurer que les autres centres du monde multipolaire n’osent même pas lever la tête, et notre pays non seulement a osé, mais a déclaré publiquement qu’il ne jouerait pas selon les règles imposées. »

Patrushev n’a pas pu s’empêcher de souligner à quel point « War Inc. » fait littéralement un carnage en Ukraine : « Le complexe militaro-industriel américain et européen jubile, car grâce à la crise en Ukraine, il n’a aucun répit à l’ordre. Il n’est pas surprenant que, contrairement à la Russie, qui est intéressée par l’achèvement rapide d’une opération militaire spéciale et la minimisation des pertes de toutes parts, l’Occident soit déterminé à la faire durer autant que possible, au moins jusqu’au dernier Ukrainien. »

Et cela reflète la psyché des élites américaines : « Vous parlez d’un pays dont l’élite n’est pas capable d’accorder la moindre valeur à la vie des autres. Les Américains sont habitués à marcher sur une terre brûlée. Depuis la Seconde Guerre mondiale, des villes entières ont été rasées par les bombardements, y compris les bombardements nucléaires. Ils ont inondé la jungle vietnamienne de poison, bombardé les Serbes avec des munitions radioactives, brûlé vifs les Irakiens avec du phosphore blanc, aidé les terroristes à empoisonner les Syriens avec du chlore […] Comme l’histoire le montre, l’OTAN n’a jamais été une alliance défensive, seulement une alliance offensive. »

Auparavant, dans une interview accordée à l’émission The Great Game (Le Grand Jeu), délicieusement nommée, sur la télévision russe, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avait une nouvelle fois détaillé comment les Américains « n’insistent plus sur l’application du droit international, mais sur le respect d’un ‘ordre mondial fondé sur des règles’. Ces ‘règles’ ne sont en aucun cas décryptées. Ils disent que maintenant, il y a peu de règles. Pour nous, elles n’existent pas du tout. Il y a le droit international. Nous le respectons, tout comme la Charte des Nations unies. La disposition clé, le grand principe est l’égalité souveraine des États. Les États-Unis violent de manière flagrante les obligations qui leur incombent en vertu de la Charte des Nations unies lorsqu’ils promeuvent leurs ‘règles’. »

Lavrov a dû souligner, une fois de plus, que la situation incandescente actuelle peut être comparée à la crise des missiles de Cuba : « À l’époque, il y avait un canal de communication auquel les deux dirigeants faisaient confiance. Aujourd’hui, ce canal n’existe pas. Personne n’essaie de le créer. »

L’Empire du mensonge, dans son état actuel, ne fait pas de diplomatie.

Le rythme du jeu sur le nouvel échiquier

Dans une référence subtile aux travaux de Sergei Glazyev, le ministre chargé de l’intégration et de la macroéconomie de l’Union économique eurasienne qui nous l’a expliqué dans notre récente interview, Patrushev a touché le cœur du jeu géoéconomique actuel, la Russie s’orientant désormais activement vers un étalon-or : « Les experts travaillent sur un projet proposé par la communauté scientifique pour créer un système monétaire et financier à deux circuits. Il est notamment proposé de déterminer la valeur du rouble, qui devrait être garantie à la fois par l’or et par un groupe de biens qui sont des valeurs monétaires, afin de mettre le taux de change du rouble en conformité avec la parité réelle du pouvoir d’achat. »

C’était inévitable après le vol pur et simple de plus de 300 milliards de dollars de réserves étrangères russes. Il a peut-être fallu quelques jours pour que Moscou soit pleinement certifié qu’il était confronté à la Totalen Krieg. Le corollaire est que l’Occident collectif a perdu tout pouvoir d’influencer les décisions russes. Le rythme du jeu sur le nouvel échiquier est fixé par la Russie.

Plus tôt dans la semaine, lors de sa rencontre avec le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, M. Poutine est allé jusqu’à déclarer qu’il serait plus que disposé à négocier – à quelques conditions seulement : la neutralité de l’Ukraine et un statut d’autonomie pour le Donbass. Pourtant, tout le monde sait maintenant qu’il est trop tard. Pour un Washington en mode Totalen Krieg, la négociation est un anathème – et c’est le cas depuis le lendemain de la réunion Russie-Ukraine à Istanbul fin mars.

Jusqu’à présent, dans le cadre de l’opération Z, les forces armées russes n’ont utilisé que 12 % de leurs soldats, 10 % de leurs avions de chasse, 7 % de leurs chars, 5 % de leurs missiles et 4 % de leur artillerie. Le cadran de la douleur va augmenter considérablement – et avec la libération totale de Marioupol et la résolution d’une manière ou d’une autre du chaudron du Donbass, il n’y a rien que le combo hystérie/propagande/armement déployé par l’Occident collectif puisse faire pour modifier les faits sur le terrain.

Cela inclut des manœuvres désespérées telles que celle découverte par le SVR – le service russe de renseignement extérieur, qui se trompe très rarement. Le SVR a découvert que l’axe Empire du mensonge/Guerre Inc. pousse non seulement à une invasion polonaise de facto pour annexer l’Ukraine occidentale, sous la bannière de la « réunification historique », mais aussi à une invasion conjointe roumaine/ukrainienne de la Moldavie/Transnistrie, les « soldats de la paix » roumains s’entassant déjà près de la frontière moldave.

Voir Une guerre nucléaire ferait 90 millions de victimes en quelques heures et semble de plus en plus probable

Washington, comme l’affirme le SVR, prépare la manœuvre polonaise depuis plus d’un mois maintenant. Il « mènerait par derrière » (vous vous souvenez de la Libye ?), « encourageant » un « groupe de pays » à occuper l’Ukraine occidentale. La partition est donc déjà dans les cartons. Si cela devait se concrétiser un jour, il serait fascinant de parier sur les endroits où M. Sarmat serait enclin à distribuer sa carte de visite.

Cf. l’avertissement antérieur de Vladimir Poutine le 5 mars : « Nous entendons des voix selon lesquelles une zone d’exclusion aérienne devrait être imposée au-dessus de l’Ukraine. Il est impossible de faire cela en Ukraine même. Cela ne peut se faire qu’à partir du territoire des États voisins. Cependant, nous considérerons tout mouvement dans ce sens comme une participation au conflit armé du pays à partir duquel le territoire crée une menace pour nos militaires. Nous les considérerons comme des participants aux hostilités dès la seconde même où ils prendront cette décision. Leur appartenance à telle ou telle organisation [OTAN ou autre] n’aura alors aucune importance. Donc j’espère que la compréhension de ce point est claire et que cela n’arrivera pas non plus. »

Voir notre dossier sur la situation en Ukraine.

Pour soutenir ce travail censuré en permanence (y compris par Mediapart) et ne manquer aucune publication, faites un don, partagez cet article et abonnez-vous à la Newsletter. Vous pouvez aussi nous suivre sur TwitterFacebookYoutube et VKontakte.

Source: Lire l'article complet de Le Cri des Peuples

About the Author: Le Cri des Peuples

« La voix des peuples et de la Résistance, sans le filtre des médias dominants. »[Le Cri des Peuples traduit en Français de nombreux articles de différentes sources, principalement sur la situation géopolitique du Moyen-Orient. C'est une source incontournable pour comprendre ce qui se passe réellement en Palestine, en Syrie, en Irak, en Iran, ainsi qu'en géopolitique internationale.]

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Recommended For You