L’auteur est vice-président, catégorie 3
Conseil provincial des affaires sociales (CPAS-SCFP)
Ce 27 avril 2022, journée du personnel administratif, est l’occasion de faire le point sur des métiers en crise, au carrefour de la pandémie, de la pénurie de main-d’œuvre, de l’inflation et d’un réseau public de la santé et des services sociaux en difficulté.
Notre société et nos médias s’intéressent toujours de près aux acteurs d’avant-scène du réseau, médecins, professionnelles en soins, préposés aux bénéficiaires. Quant au « personnel de bureau, techniciens et professionnels de l’administration » (dit de la « catégorie 3 »), on ne peut même pas dire qu’ils sont les mal-aimés du réseau, parce qu’ils ont toujours été et demeurent carrément dans l’ombre.
En effet, on tient pour acquis l’embauche et les paies de tout le personnel du réseau, la préparation des horaires de travail, l’achat et la distribution du matériel médical, l’ouverture et la mise à jour des dossiers médicaux, le bon fonctionnement de l’informatique ainsi qu’un millier de tâches qui « se font toutes seules »… supposément.
La pandémie a aggravé la négligence sociétale et gouvernementale envers ces employés, qui n’ont eu presque aucune prime ni incitatifs malgré leur exposition considérable au virus et l’alourdissement de leurs tâches. « Je considère qu’on a carrément, mais carrément été oubliés. J’ai l’impression que le gouvernement ne sait même pas qu’on existe », commente Stéphane Morinville, agent administratif classe 3.
Avec la rareté généralisée de la main-d’œuvre au Québec, ces membres du personnel ont de plus en plus de difficulté à avaler leurs salaires et conditions de travail déficientes et réalisent que le réseau est un employeur de moins en moins compétitif. Les établissements de santé et de services sociaux du Québec ont de grandes difficultés à retenir et à recruter le personnel de la catégorie 3. Aux ressources humaines et sur le terrain, cette crise frappe de plein fouet. Nos membres, gens de cœur, vont jusqu’à se rendre malades pour minimiser les conséquences sur les soins et services.
La dernière négociation du secteur public a amorcé un certain rattrapage des conditions de travail, mais avec l’inflation, on est encore bien loin du compte. Quant au gouvernement du Québec, il démontre si peu d’intérêt envers ces employés que, par exemple, il refuse encore de régler les plaintes de maintien de l’équité salariale de 2010. Pourtant, cela amènerait un peu de justice et d’oxygène aux agentes administratives classes 1 à 4, secrétaires médicales, secrétaires juridiques, acheteuses, adjointes à la direction et adjointes à l’enseignement universitaire.
« On est peut-être moins sur le devant de la photo, mais on est vraiment au bas de la pyramide qui tient tout le monde, par contre », résume Cathy Ross, secrétaire médicale. Le bas de la pyramide se fissure et il est temps d’y voir.
Source: Lire l'article complet de L'aut'journal