par A. Balestrini.
Il est difficile de nier que la 3ème guerre mondiale a déjà commencé, de facto elle a pris une forme hybride et non-conventionnelle et à l’image de ce qu’on a observé dans la guerre en Syrie, le conflit en Ukraine en est sa manifestation militaire. Ici s’affrontent indirectement les États-Unis et leurs alliés d’une part contre la Russie et la Chine d’autre part. Ce conflit majeur se déploie tout autour du globe et pousse les pays à choisir leur camp. Entre sanctions économiques, guerre de l’information, cyberattaques et tentatives d’intimidation voire de déstabilisation de gouvernements, ce sont deux visions du monde qui s’affrontent sur l’échiquier mondial.
Dans cette offensive et en vue de reprendre le contrôle dans ses zones d’influence, les États-Unis avancent leurs pions en Amérique latine. En effet, le jeudi 21 avril, John Biden a initié le processus visant à déclarer la Colombie comme alliée stratégique en dehors de l’OTAN ce qui ouvre la possibilité à une large coopération en matière militaire avec ce pays sud-américain.
Dans une lettre, le président des États-Unis a informé le congrès de son intention de designer la Colombie comment un allié stratégique non-membre de l’OTAN ceci en reconnaissance de l’importance des relations entre les deux pays et aux contributions décisives de la Colombie pour la sécurité régionale et continentale. Selon la loi nord-américaine, le président doit notifier au congrès au moins 30 jours avant de designer un pays comme allié stratégique en dehors de l’OTAN. Biden est donc en mesure de donner ce statut spécial à la Colombie à partir du 21 mai.
Cette alliance permet la coopération en matière de recherche et de développement militaire, la réalisation d’exercices militaires conjoints ainsi que l’approvisionnement en armes et technologie de guerre. Dans ce cadre et sur la base du « Foreign Assitance Act » ou l’article 517, la Colombie aura de nombreuses exemptions quant à la loi américaine de contrôle à l’exportation d’armes. La Colombie pourra donc être fortement armée par les États-Unis.
Quels enjeux pour les USA dans la région ?
La Colombie est un pays voisin direct du Venezuela, ils partagent 2200 kms de frontière terrestre. Les rapports entre les deux pays sont très tendus, les relations diplomatiques sont coupées complètement depuis février 2019. Le gouvernement colombien du président Ivan Duque, ouvertement pro-Américain, affirme que le gouvernement de Nicolas Maduro soutient les ex rebelles des FARCS et des guérilleros de l’Armée de Libération nationale.
Depuis le début de la Révolution bolivarienne de Hugo Chávez, les tensions entre Washington et Caracas n’ont cessé d’augmenter. Entre embargos économiques, gel des avoirs, tentatives de coup d’État, reconnaissance d’un président autoproclamé, menaces d’intervention directe, et même la mort de Chávez, qui reste difficile a expliquer, les USA ne cachent pas leur désir d’un changement le régime. En 2015, le gouvernement de Barak Obama a déclaré officiellement à travers la signature d’un ordre exécutif que le Venezuela était une menace pour la sécurité nationale.
Malgré cette pression étasunienne, Caracas a toujours était soutenue par la Russie et la Chine.
Les récentes interdictions des importations de pétrole, de gaz naturel et de charbon en provenance de la Russie ont poussé les États-Unis à chercher des alternatives d’approvisionnement. Le gouvernement états-unien a contacté le Venezuela et l’Iran en vue de négocier une éventuelle livraison d’hydrocarbures en échange d’une levée de leurs sanctions. Ce rapprochement, qui était inimaginable il y a peu de temps est pour Washington une forme d’avouer indirectement un besoin énergétique important. La réponse de ces deux pays a été identique : « En premier levez toutes les sanctions et après on verra ». Les États-Unis qui ont besoin de cette énergie ont mal digéré cette réponse. Washington voudrait retrouver le bon vieux temps où le Venezuela leur exportait 80% de sa production, soit près de 2 millions barils par jour, à bon prix.
Cette nouvelle alliance entre les États-Unis et la Colombie vise clairement le Venezuela. Les États-Unis pourront ainsi augmenter la pression sur le gouvernement de Nicolas Maduro et pourquoi pas pousser les deux pays sud-américains au conflit. Ce pacte participe à l’effort pour retrouver l’accès a des hydrocarbures géographiquement bien placés et bon marché, il permet de réduire l’influence de la Russie et la Chine dans la Région et créé les conditions pour l’application de la doctrine Rumsfeld/Cebroswski dans le bassin des Caraïbes. Tous ces facteurs laissent les portes ouvertes pour, dans un futur proche, un nouveau scénario de confrontation par procuration entre les puissances. Le Venezuela deviendra-t-il un nouvel Irak ?
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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