« Y a le blues, j’ai toujours aimé ça. Les Anglais sont forts pour voler les choses. Les Rolling Stones… Moi, je suis français, belge, anglais. Non, pas belge ! La Belgique, ça n’existe pas. C’est tout récent, la Belgique. C’est pas un pays ! J’ai beaucoup voyagé ado. J’étais en Angleterre pendant Mai 1968 et à New York, j’ai vu mon disque dans le juke-box du CBGB, la boîte où tout se passait. Avec ça, je savais plus qui j’étais. Alors, j’ai arrêté pour fonder TC Matic. Et dire : “Je suis un Européen !” » (Arno à Paris Match)
Arno, pour le grand public, c’était « putain, putain, nous sommes quand même tous des Européens », un avant-goût du merdier d’aujourd’hui, que ce punk belge avait senti et sublimé, ou soublimé. Ce fan d’Eric Burdon qui aurait pas mal titubé faisait dans le blues belge, une branche originale du rock british.
Arno faisait partie de ces artistes (il avait 19 ans en mai 68) qui appliquaient le principe de Rimbaud : le dérèglement de tous les sens. Avec Arno, on peut ajouter le Alcools d’Apollinaire. Une voix cassée à la Tom Waits, un look de punk à chien, et des chansons à l’accordéon, qui revenait à la mode dans les années 80.
Naturellement, au bout d’un certain temps, et tout près de la fin, un peu comme le « César » de Louis de Funès qui avait été déchiqueté toute sa carrière par la presse de gauche, Arno a été célébré par le pouvoir, écrit France 24 :
Le 21 février, dans son habituel costume noir de scène, il avait été reçu sous les ors du palais royal de Bruxelles pour un entretien avec le roi Philippe, qui avait salué « une icône de la scène musicale belge ». Le chanteur belge, qui assurait « ne pas avoir de frontières dans la tête », « incarnait une certaine belgitude, la fusion du Nord et du Sud du pays, l’âme européenne et bien sûr tant de poésie », a abondé samedi Céline Tellier, ministre wallonne de l’Environnement.
Ça lui faisait une belle jambe : il savait qu’il allait mourir, il est juste parti très poliment, sans se plaindre, en disant au revoir à son public. Mais en chantant Je veux vivre !
Les Yeux de ma mère
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