par Christelle Néant.
Le 16 avril 2022, nous sommes retournés à Marioupol, tout près de l’usine Azovstal où se trouvent les dernières troupes ukrainiennes. Nous nous sommes rendus à trois endroits différents autour de l’usine pour discuter avec les civils, qui nous ont raconté comment les soldats du régiment Azov tiraient sur eux et sur leurs habitations. Plusieurs nous ont aussi raconté ce qui s’est passé le 9 mai 2014, mais aussi en janvier 2015, lors du bombardement du district de Vostotchny, qui avait été attribué à la RPD (République populaire de Donetsk).
Car le martyr de la ville de Marioupol n’a pas commencé en 2022, mais huit ans plus tôt, avec le massacre du 9 mai 2014.
Dans la cour de leur immeuble situé près de l’usine Azovstal, Valentina et Svetlana nous racontent ce qui s’est passé le 9 mai 2014, le jour de la Victoire. Un semaine après le massacre d’Odessa, et alors que le Donbass s’est soulevé contre le coup d’État qui a eu lieu à Kiev, et prépare le référendum du 11 mai 2014 proclamant la création des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, un nouveau chef de la police de Marioupol est nommé par les autorités post-Maïdan, Valery Androchtchouk.
Le 9 mai 2014, alors que les cérémonies du jour de la Victoire battent leur plein, Androchtchouk ordonne aux policiers de Marioupol d’arrêter les manifestants. Un ordre qu’ils refusent d’appliquer. Face à cette rébellion, le nouveau chef de la police tire sur un de ses subordonnés, se barricade dans un bureau, puis fait appel à la Garde nationale. Cette dernière, menée par le député ukrainien du Parti radical, Oleg Liachko, va mener l’assaut contre le bâtiment de la police, et tirer tant sur les policiers qui se sont rangés du côté des manifestants, que sur les civils venus soutenir leurs policiers. Deux policiers et sept civils ont trouvé la mort lors de ces affrontements.
Deux jours après ce massacre, la population de Marioupol ira voter en masse lors du référendum du 11 mai 2014, qui validera la création de la République populaire de Donetsk, comme nous le racontent Valentina et Svetlana, qui ont voté ce jour-là.
Svetlana accuse d’ailleurs le maire de l’époque, Iouri Khotloubeï, d’avoir été « mystérieusement absent » ce fameux jour du 9 mai 2014. Une absence due au fait que, selon elle, le maire de Marioupol était au courant de ce qu’il allait se produire, tout comme il était au courant en janvier 2015, que sa ville allait être bombardée, non pas par la RPD, mais bien par l’armée ukrainienne !
En janvier 2015, alors que la Rada se préparait à déclarer la Russie comme étant un « État agresseur », un vote identique aurait été organisé à Marioupol, au sein du conseil municipal, d’après ce que raconte Svetlana. Mais le résultat ne fut pas celui escompté. La main levée de Khotloubeï n’a rencontré que le silence dans la salle des députés municipaux. D’après elle, c’est en punition de cet échec, que le bombardement du district de Vostotchny a été organisé le 24 janvier 2015.
Ce district oriental de Marioupol fut alors soumis à un intense bombardement à coup de lance-roquettes multiples Grad et Ouragan, qui a fait 31 mors et 117 blessés. La plupart des victimes sont des civils, dont des enfants. D’après Svetlana, les véhicules des services de secours se sont tenus prêts en colonne loin de la zone bombardée, et se sont mis en route une fois le bombardement terminé. D’après ce qu’elle dit, le maire avait été averti de ce qui allait se passer.
Sans surprise, ce bombardement avait été attribué à la RPD, y compris par l’OSCE, et ce, malgré le fait que la RPD n’a jamais possédé de lance-roquettes multiples Ouragan (contrairement à l’Ukraine). Je ne reviendrai pas sur la partialité évidente de l’OSCE, dont il a été récemment découvert par les deux républiques populaires, que ses caméras de surveillance du cessez-le-feu, servaient en réalité à espionner les soldats des milices populaires et corriger les tirs d’artillerie de l’armée ukrainienne (qui pouvait d’ailleurs contrôler les dites caméras) !
Voir le reportage filmé à Marioupol le 16 avril 2022, sous-titré en français :
Depuis, la Russie a offert à plusieurs reprises aux soldats ukrainiens retranchés dans l’usine Azovstal de se rendre, avec garantie qu’ils ne seront pas tués, et qu’ils seront traités convenablement et dignement selon les normes du droit international. Malgré cela, les soldats ukrainiens ont refusé de se rendre, avant de hurler partout qu’il y aurait un millier de civils avec eux dans les souterrains, et qu’il faut des corridors humanitaires pour les évacuer, une fois que l’assaut contre l’usine a commencé !
Comme l’ont souligné certains commentateurs russes, s’il y avait des civils avec eux dans les sous-sols d’Azovstal, et qu’ils voulaient les évacuer, pourquoi ne les ont-ils pas laissés quitter l’usine lorsque la Russie a ouvert des corridors sécurisés pour permettre aux soldats de se rendre ? S’ils ont empêché ces civils de sortir, cela veut donc dire qu’ils les retiennent en otages afin de les utiliser comme boucliers humains ! Ce qui signifie que les soldats ukrainiens qui se trouvent à Azovstal ne sont rien de plus que des terroristes !
De plus, les vidéos censées prouver leur présence dans les souterrains ne prouvent rien en réalité. Comme l’a souligné la chaîne Telegram « Война с фейками » (guerre contre les fakes), le décor des vidéos montrant les soldats ukrainiens, et celles montrant les civils qui seraient prétendument avec eux est différent.
De plus, les quelques soldats d’Azov capturés récemment ont déclaré qu’il n’y a pas de civils dans l’usine, et même Zelensky dans sa récente interview n’a parlé que des soldats ukrainiens. Et comme par magie cette histoire de civils est sortie lorsque les forces armées russes et celles de la RPD ont commencé l’assaut et pris le contrôle de la partie nord de l’usine Azovstal. Je pense qu’il n’y a pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que ce n’est qu’un sordide faux pour essayer d’empêcher l’élimination complète des soldats du régiment néo-nazi Azov installés dans les sous-sols de l’usine.
Mais afin d’être sûre de ne pas pouvoir être accusée de crimes contre des civils, la Russie a organisé aujourd’hui de nouveaux corridors sécurisés et un cessez-le-feu, afin que les personnes qui sont dans l’usine Azovstal (civils ou militaires) puissent évacuer ou se rendre.
Si aucun civil (ni aucun soldat d’ailleurs) n’est sorti des sous-sols de l’usine même, ce corridor humanitaire a permis à plus de 120 civils bloqués dans les sous-sols des maisons situées juste devant le principal poste de contrôle d’Azovstal de sortir, et de pouvoir enfin être évacués, comme le montrent nos collègues de War Gonzo.
Christelle Néant
source : Donbass Insider
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