Le Département d’État US vient de créer une structure dédié aux affaires cybernétiques et numériques (Bureau du cyberespace et de la politique numérique). Selon un communiqué de presse officiel et donc trés épuré, ce Bureau traitera les affaires liées à la Sécurité nationale, les opportunités économiques et l’impact du cyberespace, des technologies et des politiques numériques sur les “valeurs” des États-Unis.
La place qu’occupera cette structure dans l’organigramme du Département d’État n’a pas été spécifiée de manière définitive. Il était question de placer ce Bureau directement sous la coupe du la Secrétaire d’État adjointe Wendy Sherman au lieu du Département de la Sécurité Nationale en raison de la thématique assez large et horizontale de ce Bureau. Ce choix ne semble pas faire l’unanimité au sein du Département d’État mais semble appuyé par des membres du Congrès et de lobbyistes représentant des intérêts privés.
Le Bureau du cyberespace est constitué de trois sous-structures:
-Politique de l’information internationale et de la communication, sous la coupe de Steven Anderson, qui a dirigé le Bureau des Affaires économiques et commerciales avec une focalisation sur la gouvernance Internet et les négociations sur la politique de confidentialité des données numériques;
– Cybersécurité internationale, sous-structure dirigée par Michelle Markof, une habituée des négociations sur la cybersécurité à l’Organisation des Nations Unies;
– Libertés numériques (digital freedom), à sa tête un coordinateur, Blake Peterson, un spécialiste des droits de l’homme et de la gouvernance numérique.
Vu l’importance accordée à cette thématique, le Bureau du cyberespace et de la politique numérique sera chapauté par un diplomate au rang d’ambassadeur appouvé par le Sénat. En attendant cette nomination, il est actuellement géré par Jennifer Bacchus, une diplomate de carrière qui a été ministre-conseiller à l’ambassade des États-Unis à Prague.
Ce redéploiement démontre la volonté de Washington à reprendre la main dans le cyberespace en renforçant la mainmise des États-Unis sur le réseau internet qui demeure exclusivement US mais également en étendant la guerre informationnelle dans des domaines juridiques liée à la protection et la confidentialité des données numérique, véritable champ de bataille où la lutte est acharnée vu qu’il s’agit d’un enjeu sécuritaire majeur.
En parallèle, cette initiative confirme le redéploiement des efforts de Washington en matière de guerre informationnelle et d’influence sur le cyberespace, un domaine bousculé à la fois par l’émergence de systémes d’information d’acteurs étatiques mais également de particuliers imperméables à la narration officielle ou à la propagande orientée des médias sous la coupe de groupes d’intérêt privés influançant les processus d’élaboration et de conception des politiques publiques. Cette désaffection massive et la montée universelle d’un discours dissident sur le net inquiète au plus haut point l’État profond US qui tente de réguler tout discours dissident ou alternatif par l’incorporation des géants du numérique (Google, Apple, Facebook/Meta, Microsoft, Twitter, etc.) et d’influenceurs dans ce qui et considéré comme un effort de guerre visant à faire taire toute narrarion autre que celle imposée ou dictée par les relais de l’État profond.
La femeture de comptes appartenant à des médias de pays considérés comme rivaux ou hostiles par Washington n’est donc que le début d’une longue campagne qui incluera aussi bien de simples particuliers du monde entier que l’opinion interne US avec pour objectif d’imposer une narration totalitaire unique sans aucune possibilité de critique ou de remise en cause.
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