On commémorera dimanche les 40 ans du rapatriement unilatéral de la Constitution canadienne, sans le consentement du Québec.
Les années passent, et on oublie peu à peu le caractère dramatique de cet événement, assurément un des plus dramatiques de l’histoire du Québec.
Il faut faire un détour historique pour le comprendre.
Trudeau
Avec la Révolution tranquille des années 1960, le Québec, qui connaissait un véritable élan d’émancipation nationale, a commencé à se sentir de plus en plus à l’étroit dans la Constitution de 1867.
Pour les uns, il fallait faire l’indépendance.
Pour les autres, il fallait plutôt renouveler en profondeur la Constitution, en y intégrant un statut particulier pour le Québec, qui disposerait ainsi des pouvoirs nécessaires pour affirmer son identité.
Plusieurs en vinrent d’ailleurs à la conclusion qu’à défaut de réussir cette réforme constitutionnelle, il fallait finalement se tourner vers la souveraineté.
En 1980, au moment du premier référendum sur la souveraineté, Pierre Elliott Trudeau fit une promesse aux Québécois. S’ils votaient Non, il réformerait la Constitution dans le sens de leurs aspirations.
Mais une fois sa victoire obtenue, il a renié sa parole et a profité de la situation pour imposer aux Québécois une Constitution qui mutilait leurs droits collectifs. C’était un coup d’État.
Autrement dit, non seulement le Québec n’était pas reconnu, mais il était nié.
Tout cela n’était pas que symbolique, comme se l’imaginent ceux qui croient qu’une Constitution est un texte abstrait sans importance.
Car une Constitution modèle en profondeur un pays.
J’ajoute que plus un régime politique s’installe dans le temps, et plus il fait sentir ses effets. Et comme cela devait arriver, la Constitution de 1982 a transformé en profondeur l’identité politique canadienne.
Au cœur de cette Constitution se trouvait une idéologie : le multiculturalisme. Ce dernier avait d’abord pour fonction de dynamiter les revendications nationales québécoises.
Le peuple québécois n’était plus considéré comme un peuple fondateur, mais comme une communauté ethnique parmi d’autres dans la diversité canadienne.
Dans ce nouveau Canada, toutes les revendications québécoises sont frappées d’illégitimité. On les assimile au suprémacisme ethnique, comme on l’a entendu pendant les débats sur la laïcité.
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Constitution
Ce nouveau Canada travaille aussi à convaincre les nouveaux arrivants qu’ils n’ont pas à s’intégrer à la majorité francophone au Québec, et qu’il serait même raciste de le leur demander. Il sacralise les revendications de toutes les minorités imaginables, mais frappe d’interdit les droits du peuple québécois.
Il chante désormais les vertus du niqab au nom de la diversité et se scandalise qu’on ne s’enthousiasme pas avec lui.
De même, cette Constitution prétend reconnaître les deux langues officielles à la grandeur du Canada, mais c’est pour mieux saper les aspirations légitimes du français au Québec, en l’y transformant en langue optionnelle.
Quarante ans plus tard, il faut se le dire : qui accepte de rester dans ce Canada accepte, de plus en plus consciemment, d’y voir s’y dissoudre le peuple québécois, de l’y voir disparaître.
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