par Andrei Martyanov.
Puis-je avancer une théorie ?
Le Pentagone se plaint et c’est bien qu’il le fasse, car je suis pour que les deux armées restent en contact. Comme je l’ai dit, je me sens beaucoup plus en sécurité lorsque Gerasimov et Milley se parlent, que lorsque même Lavrov parle à Blinken.
« Les chefs militaires américains n’ont eu aucune communication avec leurs homologues à Moscou depuis le début de l’opération militaire russe en Ukraine, a répété le secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, lors d’une audition de la commission des forces armées du Sénat jeudi. Le général Mark Milley, président des chefs d’état-major interarmées, “et moi-même avons fréquemment contacté nos homologues en Russie pour essayer de nous assurer que nous maintenions un dialogue. C’est le cas depuis la mi-février”, a déclaré Austin aux sénateurs. “Cela n’a pas été très fructueux parce que les Russes n’ont pas répondu”, a-t-il ajouté. Si le chef du Pentagone s’est dit “déçu” par cette situation, il a ajouté : “Cela ne signifie pas que nous allons cesser de leur tendre la main. Je pense que nous devons avoir la capacité de parler aux dirigeants”. »
Permettez-moi d’avancer une théorie sur la raison pour laquelle les Russes ne répondent pas. La voici : contrairement à la représentation hollywoodienne des Russes, qui sont soit des automates sans âme comme Ivan Drago, soit des voyous et des criminels ivres, soit des simplets, les Russes en général, et les militaires russes en particulier, ont, comme partout ailleurs, leur part de personnages issus des écrits de Soljenitsyne, mais ils vivent selon bien plus que le credo primitif que les Occidentaux aiment tant imaginer. Les soldats de l’Armée rouge qui ont « violé » 2,5 millions d’Allemandes en 1945 sont le fruit de l’imagination (bien payée par le MI-6) d’historiens tels qu’Antony Beavor, alors qu’en réalité, l’humanisme (parfois totalement préjudiciable aux Russes eux-mêmes) envers les civils ennemis était et reste gravé dans la psyché russe et l’on peut rappeler la célèbre citation de Staline : « Les Hitlers vont et viennent, l’Allemagne reste ».
L’essentiel de la propagande occidentale de ces 8 dernières années était cette idée, la projection (Dresde, Tokyo, Hiroshima, Nagasaki) de bombarder sans discernement les zones civiles du Donbass et maintenant, avec le début des opérations de combat du 24 février, de bombarder et de tuer des civils ukrainiens partout – tout est bien documenté. De plus, les utiliser comme bouclier humain est devenu une marque de fabrique des ZSU (Forces armées ukrainiennes), qui, au cours des 8 dernières années, a été, et vous l’avez déjà deviné, « entraînée », armée et conseillée par du personnel militaire principalement américain et britannique. Les États-Unis fournissent également une assistance en termes de communications, de C2 et d’ISTAR aux ZSU.
De plus, la découverte de laboratoires d’armes biologiques en Ukraine, qui opéraient sous les auspices du Pentagone, ne fait qu’ajouter du poids à la décision russe de ne pas parler à des personnes qui ont perdu tout reste d’honneur et qui sont, en fait, les principaux facilitateurs, avec le département d’État et les organisations de renseignement, des crimes de masse contre l’humanité et des crimes de guerre dans le Donbass et l’Ukraine dans son ensemble. Les Russes n’ont rien négocié avec les nazis en 1945, ils leur ont simplement présenté des articles de reddition inconditionnelle.
Les Russes ne négocient pas et ne communiquent pas avec ceux qui considèrent comme normal d’utiliser des civils comme bouclier humain et de développer des armes biologiques, incluant de nombreux cas confirmés de tests sur des humains. Kirby ironise :
« Lors d’un point de presse du 30 mars, le porte-parole du Pentagone, John Kirby, a admis qu’il n’y avait eu « aucune conversation à proprement parler » avec les militaires russes, mais a professé une « volonté d’avoir ces discussions », après qu’un journaliste ait demandé si Washington avait été « en contact » avec les dirigeants militaires russes. “Mais c’est une voie à double sens. Les Russes doivent être prêts à décrocher leur téléphone et jusqu’à présent, ils n’ont pas été disposés à le faire”, a ajouté Kirby. »
C’est la clé, les Russes ne sont plus disposés à le faire. Si, au Pentagone, ils ne comprennent pas les raisons et la moralité derrière le refus de l’armée russe de communiquer, ils feraient mieux de commencer à apprendre l’histoire militaire russe du XXe siècle, et je veux dire la vraie, pas les conneries de Beavor, Ziemke, Pipes et ce genre d’« historiens ». Sinon, il n’y a rien à dire, les Russes n’utilisent pas les civils comme bouclier humain. Tout le reste sera résolu par le tribunal des crimes de guerre qui devrait commencer en juin, en Crimée. Les États-Unis ont fait leur choix, le Pentagone aussi, le reste appartient à l’histoire. Je l’ai signalé il y a longtemps, l’armée américaine s’est complètement souillée en soutenant les néonazis.
Nombreux sont ceux qui, aux États-Unis, ont oublié les célèbres paroles de Decatur, modifiées par le sénateur Carl Shurz au milieu des années 1800, notamment la seconde moitié de l’expression légendaire.
« Mon pays, bon ou mauvais – s’il est bon, il faut le garder bon, s’il est mauvais, il faut le redresser ».
À l’heure actuelle, il n’y a personne qui puisse redresser les États-Unis. C’est pourquoi les Russes ne parlent plus. Ce n’est qu’une théorie.
source : Reminiscence of the Future
traduction Réseau International
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