L’Assemblée générale des Nations unies a voté jeudi en faveur de la suspension de la Russie du Conseil des droits de l’homme suite aux accusations portées contre l’armée russe d’avoir tué des civils dans la ville ukrainienne de Boutcha, accusations qui ont été rejetées à plusieurs reprises par Moscou. La résolution a été adoptée par 93 voix pour, 24 contre et 58 abstentions.
Parmi les pays d’Amérique latine, la Bolivie, Cuba et le Nicaragua ont voté contre la décision, tandis que le Brésil, le Salvador et le Mexique se sont abstenus. Le Venezuela n’a pas voté. Les autres pays de la région ont soutenu cette décision.
La Chine, ainsi que l’Iran, l’Algérie, l’Éthiopie et le Kazakhstan, sont également parmi les pays qui n’ont pas soutenu la suspension.
Le Venezuela n’a pas pu voter, comme l’a expliqué la journaliste Érika Ortega sur son compte Twitter, en raison des mesures coercitives unilatérales ou « sanctions » imposées au pays par les États-Unis et leurs alliés. « Après les sanctions, les banques ne traitent pas l’argent dont dispose la République et qui a été déposé par le Gouvernement à cette fin », a-t-il expliqué.
Cependant, Samuel Moncada, l’ambassadeur du Venezuela auprès de l’ONU, a pris la parole lors de la session de jeudi et s’est prononcé de manière retentissante contre la suspension.
« Les droits de l’homme ne doivent pas être exploités pour attaquer des États souverains, car une telle approche sape l’essence même du système universel des droits de l’homme, associé à la garantie de l’universalité, à la jouissance et au fait de profiter de ces droits et libertés fondamentaux pour tous, sans distinction ni discrimination », a « Le projet de résolution présenté aujourd’hui est un exemple de politisation des droits de l’homme destinée à progresser vers des ordres du jour nationaux et des intérêts géopolitiques. »
Il a souligné que « la Russie est un élément indispensable de la résolution de la crise dans la région de l’Europe de l’Est », et que sans elle « il n’y a pas d’accord de paix possible en Europe. La paix sans la Russie est un mirage idéologique, une hallucination de ceux qui croient que le temps est venu de remporter la victoire définitive d’une puissance unipolaire. C’est une idéologie contraire à la paix internationale. »
Il a également souligné : « Nous mettons en garde le monde contre le danger réel et évident que la situation actuelle dans la région de l’Europe de l’Est se poursuive au fil du temps, avec des conséquences qu’il faudra des générations pour surmonter. Nous mettons en garde contre les effets d’une expansion dans le monde entier, en particulier sur les conditions de vie des secteurs les plus vulnérables de chaque pays (…) causés par l’interruption des chaînes d’approvisionnement. »
Il a également mis en garde « sur le début d’une nouvelle course aux armements qui menace de détourner vers la guerre des ressources qui doivent être utilisées pour le développement et la lutte contre la pauvreté », ainsi que sur l’existence de « forces qui encouragent un choc de blocs, avec la fausse illusion d’une victoire unipolaire définitive, un choc qui provoquera un conflit mondial entre puissances nucléaires qui détruira l’humanité comme nous la connaissons aujourd’hui ». Par conséquent, il a appelé à réduire es rensiosn et à chercher une solution pacifique.
Dans une position identique à celle d’autres pays qui ont voté contre ou se sont abstenus, l’ambassadeur de la Chine à l’ONU, Zhang Jun, a appelé à enquêter sur le massacre de civils à Bucha avant de prendre une décision. « Toute accusation doit être fondée sur des faits. Avant qu’une image complète ne soit précisée, toutes les parties doivent agir avec modération et éviter les accusations non fondées », a exhorté le diplomate.
Mardi, la porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki, et la représentante permanente des États-Unis auprès de l’organisation internationale, Linda Thomas-Greenfield, ont rapporté que Washington cherchait à faire suspendre Moscou du conseil à cause de son opération militaire en Ukraine. « La Russie ne devrait pas avoir de position d’autorité au sein de cet organe, et nous ne devrions pas non plus lui permettre d’utiliser sa position au Conseil comme outil de propagande pour suggérer qu’elle a une préoccupation légitime pour les droits de l’homme », a déclaré Thomas-Greenfield.
Le représentant de la Russie auprès de l’ONU, Vasily Nebenzia, a convoqué une conférence de presse lundi pour présenter la position de Moscou sur les assassinats qui ont eu lieu à Boutcha, et a qualifié d’« inimaginable » le fait que Washington tente de persuader d’autres personnes de suspendre la Russie du Conseil des droits de l’homme et de l’exclure aussi de différents forums multilatéraux. « Nous ne pouvons pas croire ce que l’Occident et ses alliés essaient actuellement de faire », a déclaré le diplomate. « Ce fait est sans précédent, il ne va ni faciliter ni n’aider ce qui se passe entre la Russie et l’Ukraine », a déclaré le diplomate.
Pour sa part, Stéphane Dujarric, porte-parole du directeur général des Nations unies, António Guterres, avait déclaré auparavant que l’expulsion de Moscou du forum créerait « un dangereux précédent ».
– Le Conseil des droits de l’homme est un organisme intergouvernemental au sein du système des Nations unies, composé de 47 États et responsable de leur promotion et de leur protection dans le monde entier.
– La résolution, qui a été adoptée en mars 2006 et a créé le Conseil des droits de l’homme, indique que l’Assemblée générale a le droit de suspendre un pays s’il « commet des violations graves et systématiques des droits de l’homme ».
– La seule fois où l’Assemblée générale des Nations unies a suspendu un État du Conseil, c’était en 2011, lorsqu’on débattait de la participation de la Libye , en réponse à la violence du Gouvernement de Mouammar Kadhafi contre les manifestants dans ce pays africain. Alors, Moscou avait soutenu la suspension.
– Le Conseil des droits de l’homme a été l’objet de plusieurs critiques. Ainsi, en 2018, l’ambassadrice des États-Unis de l’époque devant l’ONU, Nikky Haley, a qualifié l’organisme d’« hypocrite » et de « protectrice de ceux qui violent les droits de l’homme et de puits de partialité politique » à cause de ses « critiques injustes » envers Israël. Elle avait annoncé que Washington mettrait fin à son adhésion, bien qu’ensuite, il ait modifié sa décision.
Entre 2017 et 2019, la Russie n’a pas fait partie du Conseil. parce qu’elle n’a pas été élue en octobre 2016. Alors, elle avait obtenu 112 voix et avait été dépassée par la Hongrie et la Croatie, avec 144 et 114 voix, respectivement.
source : Alba Ciudad
traduction Françoise Lopez
via Bolivar Infos
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