Il y a quelques jours, la présidente du Quebec Community Groups Network (QCGN), Marlene Jennings, a déclaré que la (timide) réforme caquiste de la loi 101 n’était rien de moins que la «formule parfaite» pour «éradiquer», dit-elle, la communauté anglaise au Québec.
Dans une autre publication datant de février, mais supprimée depuis, l’ancienne députée libérale allait jusqu’à dresser un parallèle entre la politique linguistique québécoise et l’invasion russe en Ukraine…
Excessif
À en croire le QCGN, les droits reconnus des Anglo-Québécois incluraient un droit d’angliciser institutionnellement les non-anglophones, et toute remise en cause de ce prétendu droit, si juste et équilibrée soit-elle, reviendrait à porter atteinte à la communauté elle-même.
Que peut-on en dire, sinon que «tout ce qui est excessif est insignifiant», dixit Talleyrand.
Récemment, le président de la Fédération des cégeps, Bernard Tremblay, en a rajouté une couche en prophétisant, pour sa part, l’avènement d’une «crise sociale», si l’on devait aller de l’avant avec les (mesurettes) de la CAQ sur la langue au collégial…
Contrairement à tous les experts sérieux s’étant penchés sur la question, M. Tremblay en a aussi profité pour répéter une vieille fausseté, pourtant usée à la corde, voulant que le problème de l’anglicisation à Montréal ne serait «pas du côté du collégial».
Comme si la langue dans laquelle les futurs travailleurs apprennent leur travail n’avait aucune incidence sur la langue dans laquelle ils travailleront, pour paraphraser Charles Castonguay…
Comme si l’IRFA n’avait pas déjà démontré que 72% des allophones qui fréquentent les cégeps anglais s’attendent par la suite à travailler en anglais.
Comme s’il fallait ignorer que la clientèle des principaux établissements anglophones, créés à l’origine pour les anglophones, s’avère désormais composée à majorité de non-anglophones.
Comme si le fait, rapporté par le chercheur Frédéric Lacroix, que les cégeps anglais diplôment 52% des cégépiens préuniversitaires sur l’île de Montréal n’était pas important.
Comme si les 66% (!) de collégiens étrangers qui choisissent d’étudier en anglais à Montréal, selon l’IREC, ne pesaient aucunement sur l’état de santé global du français dans la métropole…
Outrances
On pourrait continuer comme ça pendant longtemps.
Les outrances et la désinformation propagées par les opposants au cégep français nuisent à la qualité du débat entourant l’avenir de notre langue nationale.
Il serait malheureux que nos décideurs se laissent séduire par une telle désinformation – parfois grossière, disons-le. Il serait regrettable que la CAQ préfère donner raison aux Marlene Jennings et Bernard Tremblay de ce monde, plutôt qu’à un Guy Rocher, par exemple. Il serait dommage que la majorité à l’Assemblée nationale continue de faire fi de la majorité de la nation qui, en toute sagesse, lui demande d’appliquer, enfin, la loi 101 au collégial.
Après des mois à en débattre, la plupart de nos concitoyens auront bien compris que cette mesure, si indispensable pour le Québec français, n’est en rien une solution radicale ou «extrémiste».
Bien au contraire, il s’agit simplement d’une mesure de normalité linguistique; le même genre de normalité linguistique que l’on retrouve dans les sociétés linguistiquement normales à travers le monde. Par ailleurs, c’est une mesure longuement réfléchie, juste, équilibrée et raisonnable.
À ce stade, les épouvantails n’épouvantent plus personne. La voie est donc libre pour monsieur Legault. Au risque de me répéter, le fruit est mûr. Il suffit de faire l’effort de le cueillir. Histoire de passer à autre chose.
Maxime Laporte
Président, Mouvement Québec français (MQF)
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