Le jeu est simple. Il consiste à lire un texte et à deviner son auteur.
C’est la liberté qui permet de vivre dans une société prospère et de faire des choix qui permettent à chacun de s’accomplir. Nous défendons les droits et libertés fondamentaux contre les empiétements du pouvoir de l’État.
La liberté et les droits individuels ont comme corollaire la responsabilité et les obligations individuelles. Il revient au citoyen de subvenir à ses propres besoins, à ceux de sa famille et à ceux des personnes dont il a la charge. Des citoyens libres assument leurs obligations, la responsabilité de leurs choix et les conséquences de leurs actes sans s’attendre à ce que l’État le fasse à leur place.
Nous voulons favoriser l’activité économique. Nous croyons qu’elle doit se réaliser par l’économie de marché, c’est-à-dire des échanges librement consentis entre les individus et les entreprises. L’État n’a pas comme rôle de se substituer à l’entreprise privée et ne devrait pas nous dire où travailler, comment épargner, quoi construire ou produire. Il doit plutôt assurer un environnement qui favorise la concurrence, source d’innovation bénéfique aux consommateurs. La propriété privée et un système de justice indépendant sont les fondements des marchés libres.
La mission principale de l’État est de protéger les droits et libertés individuels, administrer la justice civile, criminelle et pénale, investir dans les infrastructures publiques, intervenir en cas de catastrophe naturelle et créer les conditions propices à l’épanouissement des citoyens.
Qui donc est l’auteur de ce texte ? Certes, on peut penser qu’il est d’inspiration américaine.
Aurait-il été écrit par Milton Friedman ? Cela a du bon sens puisque cet économiste américain (1912-2006) tenait le même genre de propos, répétant qu’il fallait préférer la liberté à l’égalité et réduire le rôle de l’État. Il était contre le salaire minimum. Il pensait que toute entreprise n’avait d’autre but que celui de maximiser ses profits. Il proclamait que tout ce que faisait l’État, l’entreprise privée pouvait le faire à la moitié du coût. Son influence fut considérable, encore qu’on se mît à la fin à le regarder comme une sorte de fondamentaliste libéral un peu trop fanatique. Certains ont même prétendu que le dictateur militaire Augusto Pinochet s’en était beaucoup inspiré au Chili… Mais, qu’on se détrompe : malgré les apparences, le texte cité n’est pas de Friedman.
Alors, le texte aurait-il plutôt été écrit par Thatcher ou Reagan ? On peut aussi le penser. C’est en effet le même genre de discours que, dans les années 1980, pouvaient tenir la première ministre britannique Margaret Thatcher (1925-2013) et le président américain Ronald Reagan (1911-2004). Inspirés par Friedman, les deux complices avaient propagé le « néolibéralisme » en cherchant à détruire toute structure collective faisant obstacle à la logique du marché. Balayant tout sur son passage, l’idéologie a entraîné dans le monde la déréglementation financière, le décloisonnement des firmes, le démantèlement des États. Le réveil a été cependant amer lorsqu’on s’est retrouvé avec des économies basées sur la finance au lieu du travail, une concentration de richesses entre les mains de quelques individus, des révoltes un peu partout… Mais, malgré les apparences, on se trompe encore si on pense que le texte vient de la plume de Thatcher ou Reagan.
Le texte serait-il tiré du programme du Parti républicain américain ? Ce serait aussi possible. C’est le genre de parti à croire que les marchés libres et la réussite individuelle sont les principaux facteurs de la prospérité économique, que la meilleure économie est celle du laissez-faire, d’un gouvernement tenu en laisse, de marchés libres, de réduction d’impôts, de l’élimination des programmes de protection sociale. Encore faut-il ajouter qu’il s’agit là du programme d’un parti ayant connu la défaite, que la population américaine a commencé à prendre ses distances du libéralisme et du marché libre. Mais peu importe, on se trompe à nouveau en croyant que le texte est tiré du programme du Parti républicain.
Voici la réponse. Le texte cité n’est pas américain, mais québécois. Il se retrouve dans l’énoncé des valeurs du Parti conservateur du Québec : https://www.conservateur.quebec/valeurs. Le plus bizarre, c’est que son chef se vante de proposer un « vrai changement ».
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