« Qui ne réfléchit pas et méprise l’ennemi sera vaincu. » Sun Tzu, l’art de la guerre.
Le Chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov s’est rendu en Chine où il a été accueilli par un pays sur le pied de guerre. À sa descente d’avion à Huangshan, des officiels en tenues Hazmat étaient sur le tarmac. Ces images sont assez impressionnantes dans la mesure où le reste du monde semble avoir mis fin aux mesures sanitaires.
Lavrov devrait participer à deux réunions multinationales sur l’Afghanistan à Tunxi. La première avec des représentants du Pakistan, du Tadjikistan, de l’Iran, de l’Ouzbékistan et du Turkménistan. Le Chef de la diplomatie chinoise Wang Yi y représentera la Chine, pays hôte de ces réunions et l’Afghanistan est représenté par Amir Khan Muttaqui, le ministre des Affaires étrangères du nouveau gouvernement Taliban à Kaboul. Le Qatar et l’Indonésie assistent à cette réunion en qualité de pays observateurs. La seconde réunion est celle de la Troïka étendue sur l’Afghanistan (États-Unis, Chine, Russie, Pakistan).
Le choix de la ville de Tunxi, une ancienne ville isolée, permet aux diplomates étrangers invités en Chine d’éviter la quarantaine obligatoire de 21 jours requise pour tous les voyageurs internationaux débarquant à Beijing et les autres grandes villes chinoises.
Les mesures sanitaires strictes mises en place dans le silence le plus absolu dans les grandes villes chinoises interpellent nombre d’observateurs et d’analystes. Officiellement, il s’agit de mesures préventives destinées à contenir un nouveau variant COVID très peu de temps après la condamnation par la Chine de l’existence de laboratoires de recherche sur la guerre biologique financés par le Pentagone en Ukraine et dans plusieurs pays du monde. L’affaire des laboratoires de recherche sur la guerre biologique a été mise en avant par l’opération militaire déclenchée par la Russie en Ukraine et qui a mis en évidence l’existence d’un programme parallèle au programme d’aide à la réduction des menaces biologiques officiellement annoncé depuis des années. La Chine ne cesse depuis de demander des comptes à Washington sur cette affaire à laquelle sont mêlés des oligarques ukrainiens, des milieux d’affaires proches de l’État profond et Hunter Biden, le fils de Joe Biden, l’actuel président des États-Unis.
Cette affaire est la raison pour laquelle la Chine a décidé de remettre en place des mesures sanitaires strictes et des quarantaines dans toutes les grandes villes du pays. Pour des analystes chinois préférant garder l’anonymat, ce serait une mesure préventive contre une éventuelle attaque biologique assymétrique visant à détourner l’attention de probables révélations compromettantes sur les 300 laboratoires de recherche sur la guerre biologique clandestins à travers le monde.
La Chine a officiellement demandé des explications à Washington au sujet des laboratoires biologiques en Ukraine en qualifiant cette affaire d’extrêmement grave. Depuis le 01e mars 2022, la Chine a enregistré 70 000 infections au variant Omicron et ses sous-variants.
D’autres analystes estiment cependant que les mesures sanitaires chinoises relèvent de la guerre hybride et visent à entraver l’approvisionnement de certains marchés en créant de fausses pénuries au moment où l’impact des sanctions prises par l’empire à l’égard de la Russie risque de se traduire par un abaissement du niveau de vie des populations occidentales et une inflation durable. D’une façon assez paradoxale, l’abaissement du niveau de vie des populations occidentales et la décroissance économique sont des objectifs officiels des élites au pouvoir dans le monde dit libre qui utilisent souvent les thématiques du climat, de l’écologie ou de la démographie pour forcer cet agenda.
Contrairement à la Russie, la Chine évite tout usage de la force dans sa stratégie qui relève plus de l’action de l’eau sur la roche. Beijing vient d’achever la mise en place d’un câble sous-marin connectant la Chine avec l’Afrique via le Kenya et vise à contrôler 30% des câbles sous-marins de l’internet mondial à court terme. C’est la nouvelle stratégie de la nouvelle route de la soie numérique dont l’ambition est de casser le monopole américain sur le réseau des réseaux.
Dans sa stratégie nationale de défense 2022, le Pentagone désigne la Chine comme le premier adversaire des États-Unis, loin devant la Russie. Le budget militaire US proposé pour l’année 2022 a atteint un chiffre record jamais égalé dans l’histoire des États-Unis d’Amerique: 813.3 milliards de dollars US, soit 0.813 trillion de dollars.
Pour Beijing, les États-Unis ne pourront jamais acheter la sécurité avec des dépenses astronomiques qui ne serviront in fine qu’à alimenter l’immense monstre de la corruption vivant du complexe militaro-industriel et de ses sous-traitants. Les Chinois ne comprennent pas comment un pays disposant officiellement d’une puissante machine de guerre et d’un avantage géographique absolu puisque isolé du reste du monde par deux océans et n’ayant aucun ennemi capable au nord ou au sud continue à se plaindre de menaces infinies pour justifier une augmentation durable de son budget de défense. Ce dernier représente 40% de l’ensemble des dépenses militaires dans le monde mais semble insuffisant des élites au pouvoir à Washington. Pour Beijing, cette création infinie de menaces fictives pour justifier une telle débauche à créer une illusion dangereuse d’une puissance qui ne peut assurer sa sécurité qu’en créant de l’insécurité partout. Cette création de l’insécurité en semant le chaos partout, y compris chez les plus proches alliés, justifie à son tour l’augmentation des budgets de défense. C’est un cercle vicieux infernal et fortement instable. Cette augmentation des faux besoins est justifiée aujourd’hui par la Chine mais ne pourra pas durer éternellement. Pour les académiciens chinois, l’accaparement des planches à billets dans un monde dominé par le dollar est détourné par une clique ayant mis en place un mécanisme d’enrichissement exponentiel essentiellement basé sur la guerre en tant que moyen à créer l’instabilité justifiant le fonctionnement même de ce mécanisme est non seulement une ecroquerie relevant d’une forme élaborée d’un schéma de Ponzi mais une voie sans issue qui risque d’emporter les États-Unis et les plonger dans un déclin sans fond. Ce qui est déjà le cas pour bien des États au sein de l’Union qui sont devenus des pays du tiers-monde où les clivages, la violence, la détérioration des infrastructures et des institutions ont atteint un niveau similaire de celui d’États en faillite dans le monde.
Pour Beijing, la question essentielle est celle-ci: comment faire face à un dangereux illuminé auto-intoxiqué par ses propres illusions de mégalomanie et d’exceptionnalisme et armé jusqu’aux dents sans recourir à la violence qu’il recherche désespérément? Simuler le fou ou l’idiot (eau qui dort) comme c’était le cas jusqu’à la fin 2019 n’est plus une stratégie viable. D’où le retour à la sagesse antique de l’art de la stratégie en simulant l’insaisissable nature de l’eau tout en adoptant une posture résolument ferme car à la fin, une goutte d’eau finira toujours par briser la roche.
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