Le Parti conservateur du Québec d’Éric Duhaime profite du ras-le-bol pandémique pour gonfler ses appuis et se faufiler devant les solidaires et les péquistes dans les intentions de vote. Il se retrouve même deuxième chez les francophones.
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« Pour François Legault, qui pensait être élu facilement, ça va être de plus en plus difficile, parce qu’il pensait que l’opposition viendrait de la gauche, mais finalement, elle vient de la droite », constate le sondeur Jean-Marc Léger.
Si la CAQ domine toujours avec 41 % d’appuis des électeurs (une diminution de 6 % depuis octobre), la satisfaction à l’égard du gouvernement chute, révèle un sondage réalisé du 11 au 13 février.
Une tendance à la baisse « quand même forte » que François Legault n’a pas encore réussi à freiner, malgré le déconfinement.
C’est Éric Duhaime qui réussit à canaliser la frustration d’un nombre grandissant de Québécois contre les mesures sanitaires et les volte-face du gouvernement.
Avec 14 % des intentions de vote, un bond de neuf points depuis décembre, le chef conservateur surpasse désormais Québec solidaire et le Parti québécois et souffle dans le cou de la libérale Dominique Anglade, dont les appuis sont figés depuis des mois.
« C’est significatif. Ce n’est plus une formation marginale, ce n’est pas juste un feu de paille, analyse Jean-Marc Léger. Il devient une vraie alternative à compter, on ne peut pas l’exclure en disant que c’est un hurluberlu, ce n’est plus vrai. […] Il se passe quelque chose. »
25 % d’appuis à Québec
Dans la région de Québec, une personne sur quatre appuie le parti d’Éric Duhaime. Avec un tel score, il a la masse critique suffisante pour provoquer un effet domino, souligne le sondeur.
Éric Duhaime éclipse même ses rivaux de l’opposition dans la catégorie du chef de parti politique qui ferait le meilleur premier ministre.
Curieusement, il gruge des appuis principalement chez les partisans solidaires. Les contestataires ne se retrouvent pas dans la position de Gabriel Nadeau-Dubois sur la pandémie de COVID-19.
QS défend fermement la vaccination et les règles sanitaires depuis le début de la crise. Et même si l’ex-leader étudiant a un capital de sympathie dans la population, ça ne se traduit pas en votes.
Les conservateurs « vont chercher des votes de gens qui sont antisystèmes, que tu sois de gauche, de droite, c’est tous ceux qui sont contre les mesures sanitaires », insiste Jean-Marc Léger.
Déconfinement trop tardif
D’ailleurs, pas moins de 26 % des Québécois estiment que la date prévue d’un retour à une vie plus normale le 14 mars arrive trop tard.
C’est une partie de cette clientèle, majoritairement des hommes âgés de 18 à 54 ans, que séduit l’ancien animateur de radio.
Reste à voir si Éric Duhaime réussira à maintenir et à élargir sa base électorale après les moments forts de la pandémie.
« Pour l’instant, c’est l’homme d’un seul combat. Quand il n’aura plus de combat, où il va se retrouver, c’est son défi. »