par Christelle Néant.
Alors que la bataille de Marioupol touche à sa fin, et que l’armée russe et la milice populaire de la RPD (République Populaire de Donetsk) ont désormais pris le contrôle de la presque totalité de la ville, les civils évacuent en masse cette dernière, et les récits sur les horreurs commises par les combattants du régiment Azov se multiplient.
Ainsi, le 23 mars 2022, nous nous sommes rendus à Volodarskoye (localité renommée Nikolskoye par les autorités ukrainiennes post-Maïdan), où bon nombre de civils fuyant la partie ouest et le centre de Marioupol sont envoyés pour être enregistrés et d’où ils peuvent prendre des bus pour Berdiansk, Donetsk ou Rostov.
Pendant qu’ils attendent dans la file d’enregistrement ou le bus qui les amènera vers la destination qu’ils ont choisis, je discute avec plusieurs d’entre eux. Tous confirment que les combattants d’Azov expulsaient les civils de Marioupol de leurs appartements pour en faire des points de tir. Pire, ils s’installaient aussi près des abris anti-bombardements où se trouvaient des femmes, des enfants et des personnes âgées pour tirer, tout en sachant qu’ils mettaient la vie de ces civils en danger !
Une dame a aussi raconté que les combattants d’Azov se sont installés près d’une école pour bombarder les habitations ! Cette dernière, ainsi que sa voisine de fortune dans l’abri anti-bombardement ont qualifié les combattants du régiment Azov de véritables nazis, expliquant qu’ils se baladaient avec des svastikas et autres symboles nazis clairement visibles sur eux.
Un homme nous a aussi raconté comment les combattants du régiment Azov ont pris tous les produits alimentaires qui étaient encore vendus aux habitants d’un quartier de Marioupol, les laissant ainsi sans rien pour se nourrir. Il a aussi rapporté que les familles des combattants d’Azov sont dans les abris anti-bombardement des usines métallurgiques de Marioupol, où ils utilisent des civils comme esclaves, qui doivent travailler pour eux pour obtenir un peu d’eau.
Voir le reportage filmé à Volodarskoye, sous-titré en français :
Une dame a déclaré que les soldats ukrainiens avaient tiré sur des voitures civiles tentant de quitter Marioupol, un témoignage confirmé par celui d’une autre civile, qui a vu sa voiture être prise pour cible par les unités ukrainiennes alors qu’elle tentait de fuir la ville, et ce malgré le fait que le mot « Enfants » était écrit de manière bien visible sur le véhicule. Sa fille a été blessée par les tirs.
À l’heure actuelle plus de 82 000 civils ont réussi à évacuer Marioupol, et plusieurs milliers fuient chaque jour, poussant le ministère des Situations d’urgence de la RPD à installer un village de tentes chauffées à Bezymennoye afin d’accueillir le flux ininterrompu de réfugiés. Les voitures des civils ayant fui la ville s’étendent désormais en une longue file de plusieurs kilomètres à l’entrée du village.
Sur un plan plus général, l’armée russe a communiqué ses nouveaux chiffres de pertes militaires des deux côtés. Ainsi l’armée russe annonce avoir 1 351 soldats morts et 3825 blessés depuis le début de l’opération militaire spéciale en Ukraine. Pour sa part, l’armée ukrainienne aurait 14 000 pertes irrémédiables (soldats tués), et 16 000 soldats blessés.
En matière de pertes matérielles, sur les 2 416 chars d’assauts et autres véhicules blindés dont disposait l’armée ukrainienne, 1 587 sont détruits, sur 1 509 pièces d’artillerie et de mortiers, 636 sont détruites, 163 pièces de lance-roquettes multiples (sur 535) sont détruites, 112 avions (sur 152), 75 hélicoptères (sur 149), et 35 drones Bayraktars (sur 36) sont aussi bons pour la ferraille. En matière de défense anti-aérienne, sur 180 systèmes S-300 et Buk dont disposait l’Ukraine 148 sont détruits, ainsi que 117 radars sur 300.
Dans le Donbass, la RPL a désormais libéré 93 % de son territoire, et la RPD, 54 %. Les milices populaires des deux républiques ont aussi récupéré 113 chars d’assaut et autres véhicules blindés qui appartenaient auparavant à l’armée ukrainienne, ainsi que 138 lance-roquettes antichars Javelin et 67 lance-roquettes antichars NLAW.
L’armée russe s’est aussi enfin expliquée sur son choix tactique de ne pas attaquer seulement dans le Donbass pour défendre la RPD et la RPL. Une explication qui rejoint mes hypothèses sur les raisons de ce choix.
« La seule façon d’aider les républiques de Donetsk et de Lougansk était de leur fournir une assistance militaire. Ce que la Russie a fait. Deux options étaient possibles.
La première consistait à se limiter au territoire de la RPD et de la RPL à l’intérieur des limites administratives des régions de Donetsk et de Lougansk, comme le prévoient les constitutions des républiques. Mais nous serions alors confrontés à une réalimentation constante des troupes impliquées dans l’opération dite des forces interarmées par les autorités ukrainiennes.
C’est donc la deuxième option qui a été retenue, impliquant une action sur l’ensemble du territoire ukrainien avec des mesures de démilitarisation et de dénazification. Le déroulement de l’opération a confirmé la justesse de cette décision », a déclaré le ministère russe de la Défense.
Après la bataille de Marioupol, les deux grandes batailles pour terminer la libération du Donbass seront Slaviansk et Kramatorsk. Et au vu du nombre important de soldats ukrainiens regroupés dans ces deux villes, ces batailles s’annoncent malheureusement comme étant potentiellement aussi terribles, si ce n’est plus, que celle de Marioupol.
source : Donbass Insider
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