Question :
Pouvons-nous dire qu’aujourd’hui, dans le cadre de la crise internationale et des relations internationales, l’ONU continue d’être une plate-forme efficace pour résoudre les conflits et les menaces émergentes, en particulier dans le contexte de déclarations absolument irréfléchies sur la nécessité d’expulser la Russie de le Conseil de sécurité ?
Sergueï Lavrov :
C’est une question importante. Quand nous disons que nous sommes en faveur de la démocratisation des relations internationales, pour la formation d’un ordre mondial polycentrique juste, nous ne proposons pas de remplacer l’ONU par quelque chose, mais de revenir à ses racines.
La Charte de l’Organisation consacre l’égalité souveraine des États.
Les Américains bafouent de manière flagrante ce principe. Il est clair que les pays sont différents. Il y en a de très petits. Il leur est difficile de faire preuve d’indépendance. Mais le principe de l’égalité souveraine des États doit être respecté par tous, du moins pour ce qui est de donner à chaque membre de l’ONU la possibilité d’avoir accès aux faits et partir de là de déterminer sa position.
Les Américains font maintenant pression sur des grands pays et menaçant de rompre les relations commerciales, ou d’imposer de nouvelles sanctions, si ils ne votent pas à l’ONU comme le veulent les Américains.
Récemment, à l’Assemblée générale des Nations unies, il y a eu un vote sur l’Ukraine.
145 pays ont voté en faveur de la résolution condamnant la Russie. Parmi ceux-ci, plus de 100 n’ont imposé aucune sanction contre nous et ne nous en imposeront pas. Mais c’était de la propagande. Il était important de montrer que la Russie était « isolée », pour ainsi dire. C’est ce que font les Américains.
Je considère un tel comportement indigne d’une grande puissance, tout comme le fait d’utiliser des méthodes « en dessous de la ceinture ». Je précise ce que je veux dire.
Je connais beaucoup de gens à l’ONU – j’y ai travaillé longtemps. Récemment, quand je suis arrivé, j’ai parlé avec des collègues. Le représentant permanent d’un pays auprès de l’ONU est souvent obligé de voter comme les États-Unis le veulent car on lui en rappelle qu’ils a un compte dans une banque américaine, qu’il a des enfants qui fréquentent une université américaine. Ils ne reculent devant rien.
« N’essayez pas de détruire l’ONU. Et pourtant, Ils le font quand ils disent qu’il faut être guidé par les « règles » « sur lesquelles repose l’ordre mondial » plutôt que par le droit international.
« Il est nécessaire de revenir à la Charte des Nations unies, où, entre autres, il y a le respect de l’égalité souveraine des États. C’est le principe fondamental. Il y a le droit d’une nation à l’autodétermination, ainsi que le respect de la souveraineté et l’intégrité territoriale ».
Les droits de la Crimée et du Donbass devraient être respectés.
Maintenant, on dit souvent qu’il faut organiser un référendum. Cela vise à retarder le processus.
Le consensus de la communauté mondiale, conclu dans la Déclaration de 1970, stipule : « Chacun a le devoir de respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale d’un État dont le gouvernement respecte le droit à l’autodétermination et représente tous les peuples vivant sur un territoire donné. »
L’Ukraine considère comme son territoire la Crimée et le Donbass, alors qu’elle les a bombardés pendant huit ans, forcés a se cacher dans des sous-sols, détruit les biens civils, tué des civils.
Kiev représente-t-elle la Crimée d’aujourd’hui ou le Donbass d’aujourd’hui ?
Il faut défendre les valeurs de l’ONU. Beaucoup de choses utiles y ont été faites. Il est nécessaire de revenir sur cette expérience inestimable. »
source : Bruno Bertez
Adblock test (Why?)
Source : Lire l'article complet par Réseau International
Source: Lire l'article complet de Réseau International