Courriel adressé à notre ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly

Courriel adressé à notre ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly

L’auteur est secrétaire général des Artistes pour la Paix
 

Madame la ministre,

Déjà un mois que la guerre lancée par « erreur irresponsable » de Vladimir Poutine, selon les mots que nous appuyons de notre Premier Ministre, provoque la destruction principalement de cibles militaires*, mais cause la destruction épouvantable de Marioupol, des milliers de pertes de vie civiles dont plus d’une centaine d’enfants et la fuite hors de l’Ukraine de près de quatre millions de réfugiéEs (selon l’UNHCR). Il faut que l’attention de nos services d’immigration se porte au secours le plus efficacement possible de toutes ces détresses humaines, sans que le Canada néglige pour autant les demandes francophones haïtiennes cherchant à réunir des familles au Québec.

Les Artistes pour la Paix qui vous avaient écrit il a un mois[i] ont envoyé ce matin une lettre[ii] à l’Ambassadeur russe à Ottawa pour lui communiquer notre indignation entière envers cette guerre fratricide et envers la décision du gouvernement russe de vous déclarer persona non grata ainsi que vos collègues parlementaires : si nous comprenions l’ostracisation de votre prédécesseure Chrystia Freeland, soupçonnée de complicité avec des unités fascisantes ukrainiennes, le rejet en bloc de nos représentants démocratiques paraît inadmissible et inexcusable.

Avant-hier, votre conférence de presse à Montréal a été interrompue par les reproches exprimés avec raison par notre allié Yves Engler, auteur et activiste pour la paix, et que nous reprenons aujourd’hui à l’endroit de notre Premier ministre qui commet l’erreur de joindre les rangs militarisés de l’OTAN, responsable d’avoir coalisé 14 pays aux frontières de la Russie, les soutenant avec des armes nucléaires de destruction massive provocantes.

La paix est une valeur complexe à laquelle votre Canada a renoncé en désintégrant les Casques Bleus canadiens de l’ONU[iii], création du Prix Nobel de la Paix Lester B. Pearson. Cette action anti-paix de Justin Trudeau, car les Casques bleus auraient pu être utilisés comme barrières protégeant le Donbass attaqué par le régiment Azov, fut perpétrée d’abord par M. Harper : nous reproduisons la caricature de Garnotte, montrant dans Le Devoir combien la diplomatie canadienne, que vous représentez aujourd’hui après six changements de responsables injustifiés en six années, a fait fi des efforts désintéressés de Mme Angela Merkel pour vanter les mérites d’accords signés par l’Ukraine à Minsk, torpillés par les détachements armés fascistes ukrainiens et  par l’OTAN militariste.
 


 

Si nous n’avons pas la prétention de dicter à M. Zelensky la conduite des affaires de son pays ô combien victime de cette terrible guerre, nous voulons néanmoins en opposition aux conseils militaristes de ses faux amis qui renoncent à le secourir (en une prudence que nous soutenons) mais encouragent sa résistance suicidaire par des livraisons d’armes, nous voulons conseiller au président de l’Ukraine de sauver ce qui peut encore être sauvé, comme Jocelyn Coulon ancien conseiller du ministre Stéphane Dion l’a écrit : Kyiv et Odessa, principalement, et la vie de centaines de milliers de ses compatriotes, à sauver par une négociation qui respecte les principales conditions de la Russie qui a droit à un pays frère, culturellement, non armé de bombes nucléaires. Il ne s’agit pas d’une reddition pour l’Ukraine, mais de revenir à son statut antérieur à la guerre sans revendiquer l’appartenance à l’OTAN. L’indignation occidentale face aux destructions effectuées par l’armée russe saura, une fois son retrait exécuté, obliger la Russie à rembourser les dégâts subis par un accord de livraison de gaz et pétrole sans frais à l’Ukraine pendant des années, par exemple.

Pierre Jasmin
 

*D’innombrables films circulent de tanks russes reculant devant des Ukrainiens désarmés à pied, montrant bien qu’ils obéissent encore à des ordres humanitaires supérieurs de ne pas tirer sur des cibles civiles. Mon passé à l’exécutif de Pugwash Canada m’autorise à désamorcer les accusations de ce matin jusqu’à présent non fondées de Zelensky et de l’animateur de Radio-Canada TV, méprenant les éclairages au phosphore destinés à éviter aux bombardements russes des cibles civiles. Si L’Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques (OPCW) à La Haye est divisée sur l’usage russe ou non de bombes à phosphore à Douma en Syrie, elle est unie dans le fait de ne pas considérer le phosphore comme une arme chimique, puisqu’il est principalement utilisé comme éclairage en plein ciel (voir film montré ce matin avec des commentaires propagandistes de Radio-Canada), et non comme projectile corrosif sur des êtres humains comme en Syrie par des terroristes de l’ISIS ou leurs adversaires.

La question des pauvres moyens de l’ONU se pose immédiatement, face au scandale du financement interrompu par le gouvernement Trudeau de l’Institut des Nations unies pour la Recherche sur le Désarmement. Connu sous l’acronyme UNIDIR, l’institut mène une lutte inégale contre les armes chimiques, les bombes à sous-munitions, les drones armés, les robots autonomes, la militarisation de l’espace et contre la cyberguerre. Cela ne devrait-il pas être la priorité onusienne de votre ministère, au lieu d’appuyer la guerre?

Adblock test (Why?)

Source: Lire l'article complet de L'aut'journal

About the Author: L'aut'journal

« Informer c’est mordre à l’os tant qu’il y reste de quoi ronger, renoncer à la béatitude et lutter. C’est croire que le monde peut changer. » (Jacques Guay)L’aut’journal est un journal indépendant, indépendantiste et progressiste, fondé en 1984. La version sur support papier est publiée à chaque mois à 20 000 exemplaires et distribuée sur l’ensemble du territoire québécois. L'aut'journal au-jour-le-jour est en ligne depuis le 11 juin 2007.Le directeur-fondateur et rédacteur-en-chef de l’aut’journal est Pierre Dubuc.L’indépendance de l’aut’journal est assurée par un financement qui repose essentiellement sur les contributions de ses lectrices et ses lecteurs. Il ne bénéficie d’aucune subvention gouvernementale et ne recourt pas à la publicité commerciale.Les collaboratrices et les collaborateurs réguliers des versions Internet et papier de l’aut’journal ne touchent aucune rémunération pour leurs écrits.L’aut’journal est publié par les Éditions du Renouveau québécois, un organisme sans but lucratif (OSBL), incorporé selon la troisième partie de la Loi des compagnies.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Recommended For You