par Olivier Field.
Une révolution est en cours. La bataille d’Ukraine restera dans l’histoire comme un 14 juillet.
Tout d’abord il convient de noter le point majeur du « nombre » repris par de nombreux penseurs et observateurs sur divers sujets. L’Europe occidentale est passée de 25% de la population mondiale à 7%, de 1900 à aujourd’hui. Cependant il manque un autre corollaire qui est le basculement induit. Mais revenons à la situation héritée du XXe siècle.
Les USA ont évolué d’un relatif isolationnisme vers la conscience que l’affaiblissement relatif du monde extérieur était un moteur essentiel de leur développement. Progressivement, avec une violence certaine, légitime parfois, et des moyens plus sous le radar, ils ont profité de diverses situations pour affirmer leur hyper-puissance, indissociable de leur rang de seul empire mondial incontesté.
Comme tout empire, il a assis sa légitimité sur un panachage de vassalisation (toute l’Europe de l’Ouest), de clientélisation (GB, Japon) et de rétorsions à but « instructif » (guerres). Les USA et ceux qui les pilotent ont systématiquement perdu les guerres des 50 dernières années. C’est sans importance pour eux car le vainqueur est alors puni pendant des décennies par des sanctions et l’obligatoire ostracisme imposé par les USA et ses affidés, volontaires ou reluctants. Ajoutez la démolition des peuples vainqueurs, de leurs structures politiques et de leurs infrastructures physiques, tout bonus ! Et comme un grand homme politique français de niveau communal l’a déclaré « ça ne coûte rien ! » ; puisque c’est le dollar qui paye et qu’il se fabrique en un clic de souris à Washington DC… Humainement, il est aussi à noter que le carpet-bombing, la destruction à des milliers de kilomètres et le choix astucieux d’éviter les conséquences sur leur territoire et opinions nationaux en s’assurant de mettre une très bonne distance avec les lieux d’opérations (haine, réfugiés, déstabilisation régionale, etc…), rend ces guerres sans risque pour l’Amérique. Bravo pour eux !
Logiquement et malgré la parfaite soumission des médias, comme un fond d’aigreur se fait jour auprès des gens qui pensent (si, si, il y en a… et dans tous les pays du monde.) Donc une montée des dirigeants nationalistes et préoccupés par l’avenir de leur pays advient (Brésil, Turquie, Russie, Chine, Inde, …). Certes ils n’iront pas de front contre l’Empire US, mais… ils savent dorénavant qu’ils sont plus nombreux que l’Empire et ses vassaux : Comptez ! Chine, Russie, Brésil, Inde, Afrique, Turquie, Moyen Orient, Amérique Latine en partie… 55% de la population mondiale au moins. Et voilà le « nombre » de retour.
Donc ces non-amis des USA attendaient que l’Empire, par hubris, commette la faute de pousser un de ses opposants à jouer son va-tout.
La Chine, seule à avoir les moyens humains, militaires et économiques, est le principal challenger de l’hyper-puissance américaine. Donc une Europe maintenue faible, dépendante, soumise et intégralement vassalisée est prioritaire pour l’Empire. La destruction de la résistance russe qui souhaite posséder sa totale souveraineté était vitale. Pas par la guerre mais par un travail de sape, d’entrisme jusqu’à ce qu’elle rejoigne le « concert des nations », ou plutôt des vassaux. L’identité russe est encore trop forte pour que cela ait fonctionné et V. Poutine persuadé de l’intérêt vital de protéger son pays a entamé cette guerre pour stopper l’Empire.
Il ne l’a certainement pas fait sans s’assurer d’un soutien tacite de la coalisation muette, mais pas inactive, des opposants à l’Empire !
Donc la guerre chaude en Ukraine se déroule sans grande opposition vraiment et surtout avec le renoncement à son extension par l’Empire et ses vassaux (et voisins du conflit…). Les sanctions sont accrues mais je doute que la Russie ne soit pas capable de les endurer, surtout avec 55% de la population mondiale « dans leur camp ».
Nous voilà venu à la mère de toutes les batailles. Les USA n’ont aucune limite morale dans leur guerre de domination. On ne peut les blâmer, les intérêts vitaux de l’Empire sont en jeu. Est-ce que cela débouchera sur un embrasement général ? Qui sait ? Mais la certitude est que la guerre, à mort, de civilisations est démarrée. Demain, soit l’Empire aura repoussé sa fin de quelques décennies, soit un monde multipolaire de pouvoirs, identités propres et souverainetés cohabitants dans un équilibre plus sain verra le jour.
L’alternative proposée par l’Empire peut plaire à certains, au moins sur le papier : Un gouvernement supranational en charge de la Paix Impériale, régissant la souveraineté, l’économie imbriquée dans la vie sociale des populations, gouvernement sans visage mais avec des porte-paroles et des relais, via les organismes mondiaux (UE, OTAN, ONU, OMC, ECHR, et tout ce qu’il faudra comme acronymes, raccourcis d’une obéissance absolue) et des gouvernements nationaux de gauleiter, de Quisling ou de gérants techniciens, suivants les opinions.
Le bien individuel sera le credo, la pérennité du système le vrai but. Tout sera permis bien entendu mais pas par tous et pas de façon désordonnée.
L’alternative qui peut paraître archaïque est de retrouver des blocs liés en interne par une identité commune et à l’extérieur, un respect des fonctionnements des autres et des échanges justes.
Et qui sait, l’Europe se redressera peut-être avec un bloc continental libéré de la tutelle américaine. Alors ce sera sur les ruines de l’Union européenne, pas avec.
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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