par Luis Britto Garcia.
1. Les guerres se font grâce au pétrole et pour le pétrole. La sommet de Glasgow, avec ses promesses de zéro émission de CO2 – c’est à dire d’hydrocarbures – pour 2050 a fait chou blanc. Nous vivons une guerre organisée pour éviter que la Russie vende à l’Europe le pétrole, le charbon, le gaz naturel et les engrais dont elle a besoin pour survivre et faire ainsi des Européens les clients forcés pour les hydrocarbures très chers, très éloignés et de plus en plus rares des Etats-Unis obtenus par fracturation hydraulique ou ceux d’une OPEP qui vend en pétrodollars. Le blocus auquel, signale à bon escient Pepe Escobar, aucun pays d’Asie, d’Afrique ou d’Amérique Latine ne s’est joint, est un outil essentiel du conflit. Escobar note aussi que le « bloqueur, » les Etats-Unis, est le second importateur mondial d’un pétrole russe qu’il ne sait pas comment remplacer, que la Russie peut geler 478 000 000 000 de $ de sa dette extérieure en déposant l’équivalent en roubles dans ses propres banques, qu’elle peut galvaniser ses finances en remplaçant Visa et Mastercard grâce au système Mir et Union Pay de la Chine et en provoquant une dédollarisation de fait. Nous ajouterons que le ministère russe de l’Energie reconnaît que le « pic » mondial de la production d’hydrocarbures a déjà été dépassé, qu’ils seront de plus en plus chers, rares et difficiles à extraire. Cette orgie de gaspillage appelée « développement » entre en déclin. Sous les prétextes les plus divers, les guerres pour la domination des gisements d’énergie fossile et des voies permettant de la transporter seront de plus en plus fréquentes et désastreuses. Préparons-nous y.
2. Bien que le Venezuela n’ai jamais fait d’action hostile envers les États-Unis, ceux-ci et leurs complices nous ont attaqués de toutes les façons possibles, y compris toutes les variétés de blocus mises en place contre la Russie et qu’on menace d’appliquer à la Chine. Maintenant, par leur propre initiative, ils rouvrent la communication. Il n’existe pas de rapport officiel complet sur les buts de la mission de Washington qui a rencontré le 5 mars à Caracas Nicolas Maduro Moros mais sa présence même dit tout. Cette mission se présente devant le président légitimement élu, pas devant le fantoche élu par personne qui depuis longtemps, avec la complicité des Étasuniens, vole les actifs du Venezuela à l’étranger. Il ne peut y avoir une reconnaissance plus évidente pour le Gouvernement véritable.
3. De cette reconnaissance irréfutable découlent des conséquences inéluctables: premièrement, la nullité de toutes et de chacune des mesures coercitives imposées par la puissance du Nord et fondées sur la soi-disant non légitimité du Gouvernement à présent reconnu de fait et de droit.
Deuxièmement, la restitution de tous les actifs volés ou saisis depuis la mise en place des mesures de coercition.
Troisièmement, la réparation de tous les préjudices causés par ces mesures avec indemnisation pour les dommages causés à la vie, à la santé et à l’économie entre 2016 et 2020 pour un montant que Pasqualina Curcio estime à 258 000 000 000 de $ étasuniens
4. Si telles sont les conséquences de la reconnaissance de fait et de droit, le dialogue avec un Gouvernement souverain impose des conditions. Les accords ne peuvent pas être différents de ce qui est prévu dans la Constitution de la République Bolivarienne du Venezuela. Tout engagement ou toute règle préjudiciable à la souveraineté, à l’indépendance, à l’intégrité ou à l’immunité de la juridiction de notre pays est inacceptable, nulle et non avenue. Le Venezuela est l’ami de ses amis et n’est l’instrument de personne.
5. Au moment de négocier, en plus de la volatilité des accords avec les grandes puissances, le fait que Saddam Hussein, en vertu d’accords avec les États-Unis, ait engagé une guerre ruineuse qui a duré 9 ans contre l’Iran et une offensive éclair contre le Koweït pour finir par être envahi et exécuté doit être pris en compte. Mouammar Kadhafi a payé des indemnisations fixées par les tribunaux internationaux, a accepté de se désarmer et a financé par des dons généreux les campagnes électorales de Silvio Berlusconi et de Sarkozy qui se sont mis d’accord sous de faux prétextes pour détruire et désintégrer la Libye grâce à l’OTAN, au vol de 250 000 000 000 de $ de sa réserve et au lynchage du président légitime. Tout accord avec des délinquants doit être accompagné du développement intérieur d’une force de dissuasion populaire et militaire suffisante pour les inciter à respecter ces accords.
6. Nous répétons que le fait que le Venezuela possède le cinquième des réserves d’hydrocarbures de la planète et la première ou la seconde réserve d’or du monde, est en soi un facteur puissant dans son destin et qu’en aucune circonstance il ne doit négocier dans une position de faiblesse ou de soumission à l’un des blocs hégémoniques . Le capitalisme sauvage cherche désespérément des ressources naturelles gratuites dans des pays dans lesquels il ne paierait pas d’impôts et aurait une main-d’œuvre dépourvue de droits sociaux et de droit du travail. Cette époque est finie. L’Organisation Mondiale du Commerce a décidé que les multinationales doivent payer au moins 15 % d’impôts sur leurs bénéfices au pays dans lesquels elles les obtiennent. La bagarre valorise et revalorise les ressources sans lesquelles l’Alliance Atlantique périrait. Sans travailleurs bien rémunérés, il n’y aura de ressources pour personne.
7. Le Venezuela doit vaincre la menace extérieure mais aussi les erreurs internes. En tant que producteur d’hydrocarbures, il a vécu des apogées qui se sont transformées en catastrophes. En 1956, la crise du canal de Suez a fait monter les prix du pétrole, Le dictateur Marcos Perez Jimenez a investi les revenus dans la corruption et « la politique du béton armé» des grands travaux somptuaires Jusqu’à ce que la baisse des prix contribue à sa chute en 1958. Après cette date, le bipartisme a dilapidé les revenus dans la corruption et la démagogie et a été sauvé par la campagne quand la restriction des exportations de l’OPEP, en 1974, a causé une nouvelle augmentation des prix. Carlos Andrés Perez, d’Action Démocratique, s’est appliqué, en 1983, à payer une nationalisation dispendieuse de l’industrie pétrolière qui selon la loi aurait dû s’opérer gratuitement et enterré l’augmentation des trois quarts du revenu public dans un « fonds d’investissement du Venezuela » dont cet argent a disparu grâce a sa gestion secrète et discrétionnaire et qui s’est achevé par une vague de privatisations. Un autre partie de l’apogée est allée dans le puits sans fond de la bourgeoisie parasitaire: entre 1976 et 2002, la Banque Centrale du Venezuela a assigné au secteur privé 365 270 000 000 de $ à des conditions préférentielles à de soi-disant importations qui n’ont été effectuées que pour 204 400 000 000 de $ (en partie surfacturés) en se gardant la modeste différence de 160 869 000 000 de $ étasuniens.
8. L’augmentation des prix provoquée par l’invasion de l’Irak en 2003 a été utilisée par le Gouvernement bolivarien pour éliminer l’analphabétisme, respecter les défis du millénaire et faire du Venezuela le pays avec le plus faible indice d’inégalités sociales de l’Amérique Latine capitaliste. Mais on n’a pas obtenu la souveraineté alimentaire ni l’aménagement de Pétroleos de Venezuela S. A. qui aurait évité son déclin important dans la production. Selon des chiffres donnés par Pasqualina Curcio, entre 2003 et 2014, La Banque Centrale du Venezuela a assigné à la bourgeoisie parasitaire dans des conditions préférentielles 371 517 000 000 de $ pour de soi-disant importations qui n’ont été réalisées que pour 119 107 000 000 en se gardant pour soi la petite différence de 329 756 000 000 de dollars étasuniens (en plus de 60 000 autres millions qui, selon le président Nicolas Maduro, ont financé des entreprises corrompues et des importations fantômes).
9. Selon le vice-premier ministre russe Alexander Novak, le pétrole pourrait rapidement dépasser les 300 $ le baril. Le Venezuela ne peut répéter les erreurs des apogées précédentes. Il doit destiner les augmentations de revenus à la restructuration et à la remontée en puissance de Petróleos de Venezuela S.A. Il doit conquérir la souveraineté alimentaire. Il doit perfectionner une force stratégique de dissuasion. Par tous les moyens, éviter l’erreur qui a dilapidé tous les revenus extraordinaires de la crise de 1974 en les plaçant dans un fonds différent du budget, un fonds secret sans contrôle législatif : le néfaste « fonds d’investissement du Venezuela » qui a ruiné le pays, le parti Action Démocratique et le politicien qu’il a créé, Carlos André Pérez Il doit instaurer des moyens de contrôle extérieurs préalables, concomitants et postérieurs sur la totalité de la dépense publique du Gouvernement national, provincial, municipal et communal, autonome, des fondations, des entreprises de l’État et des communes, selon le Système de Technologie d’Administration des Prix. Il doit éviter que la richesse qui est la propriété de tous les Vénézuéliens soit de nouveau détournée de façon délictueuse vers la bourgeoisie parasitaire comme c’est arrivé avec les tristement célèbres Régimes de Changement Différentiel (RECADI et CADIVI) car ceux qui n’apprennent rien de l’histoire, disait Santayana, sont obligés de la répéter.
source : Aporrea
traduction Françoise Lopez
via Bolivar Infos
Adblock test (Why?)
Source : Lire l'article complet par Réseau International
Source: Lire l'article complet de Réseau International