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La course à la direction du Parti conservateur est sur le point de devenir beaucoup plus intéressante.
Le maire de Brampton [une des villes les plus remplacées du Canada, NDLR], Patrick Brown, qui devrait annoncer sa candidature dimanche, et l’ancien premier ministre du Québec, Jean Charest, qui lance sa candidature jeudi, ont forgé un pacte, ont déclaré au Star des sources proches des deux camps. Ce stratagème pourrait-il mener à l’élection d’un chef plus modéré [gauchiste, NDLR]?
Les hommes sont amis depuis plus de 25 ans. Brown a rencontré Charest à l’adolescence alors qu’il rendait visite à sa tante, la voisine de Charest à North Hatley, au Québec. C’est ce dernier qui l’a fait entrer au Parti progressiste-conservateur.
Les deux ont longuement discuté de la course à la direction. Aucun ne devrait critiquer l’autre publiquement – un pacte de non-agression, en quelque sorte – et ils vont même s’entraider.
Leurs objectifs sont également alignés : un parti uni mais plus inclusif qui représente le pays [en aliénant le Québec, NDLR]. Chacun s’attend à ce que les partisans de l’autre le choisissent comme leur deuxième choix sur les bulletins de vote, et ils pourraient annoncer leurs directives de vote lorsque les membres commenceront à recevoir leurs bulletins cet été.
M. Charest rencontrera des membres du parti jeudi soir à Calgary, l’épicentre du mouvement conservateur et le fief de l’ancien premier ministre Stephen Harper. Harper a fait savoir qu’il ne voulait pas que Charest soit le prochain chef et préfère que le député de Carleton et ancien ministre Pierre Poilievre prenne le relais.
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En tant que premier ministre, [Charest] s’est souvent heurté à Harper. Il s’est entre autres opposé au retrait du gouvernement conservateur du Protocole de Kyoto et a introduit une taxe carbone au Québec. Il a exigé des augmentations de paiements de péréquation, puis a utilisé l’argent pour baisser les impôts et a critiqué les conservateurs pendant la campagne électorale fédérale de 2008 pour leurs coupes dans le financement de la culture.
La semaine dernière, une enquête anti-corruption sur le financement des partis pendant le mandat de Charest a finalement été abandonnée, ouvrant la voie à sa candidature.
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Brown a amené de nombreux membres des communautés ethniques dans le giron du [Parti progressiste conservateur de l’Ontario.] Il a déclaré que les membres du parti ne représentaient pas « l’Ontario moderne » et, en tant que chef, il a cherché à rendre le parti plus centriste, annonçant son appui à la tarification du carbone.
Brown devrait répéter cette stratégie au niveau fédéral. Il devra recruter 200 000 à 300 000 membres s’il compte battre Poilievre, l’actuel favori. Alors que le réseau d’alliés de Brown concentre ses efforts en Ontario, l’équipe de Charest prévoit dominer le Québec. Poilievre pourrait-il remporter le leadership sans gagner le Québec ou l’Ontario? Ce serait difficile, mais pas impossible – lors du vote à la direction des conservateurs en 2017, Maxime Bernier a remporté les deux provinces au premier tour avant de s’incliner face à Andrew Scheer.
Pour gagner cette fois-ci, Charest et Brown doivent changer la composition du parti et diluer l’influence des conservateurs moraux purs et durs, des antivax, des frustrés de l’Ouest, des xénophobes, de ceux qui sont enclins à croire aux théories du complot impliquant le Forum économique mondial et des climatosceptiques.
Mais ce n’est pas parce que les organisateurs demandent aux nouveaux membres du parti de soutenir Charest ou Brown comme deuxième choix qu’ils le feront.
L’opposition farouche de Brown à la loi 21 discriminatoire [sic], qui empêche ceux qui portent des symboles religieux d’occuper certains emplois dans le secteur public, pourrait s’avérer trop rebutante pour certains électeurs de Charest – et les membres du caucus québécois. La porte-parole de Charest, Michelle Coates Mather, a déclaré qu’il s’opposait à la loi 21 et souhaiterait que le fédéral intervienne pour la faire invalider en Cour suprême. Mais Brown est allé encore plus loin en organisant une campagne pour convaincre les conseils municipaux de tout le pays de contribuer financièrement aux efforts juridiques visant à invalider la loi.
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Quand Brown était au secondaire, il avait l’habitude de faire ses devoirs dans le sous-sol de ses parents, dont les murs étaient couverts d’affiches politiques, dont une de Charest. Maintenant, il est possible qu’il aide son mentor politique à devenir Premier ministre – ou peut-être que ce sera l’inverse.
Article traduit par Eugène d’Estimauville de Beaumouchel.
>>> Lire le texte complet d’Althia Raj (en anglais)
Source: Lire l'article complet de Horizon Québec Actuel