Comment cultiver en plein sol un rang de neonazis. — Georges RODI

Comment cultiver en plein sol un rang de neonazis. — Georges RODI

N’oublions pas que Taïwan est à la Chine ce que l’Ukraine est aux Russes.
Et en ce moment, les US multiplient les délégations et les déclarations qui franchissent allègrement les lignes rouges. Mike Pompeo étant la dernière en date.
Tsai Ing-wen se faisant autant d’illusions que Zelinski, et se croyant elle aussi capable de manipuler la puissance US à son profit, il y a un danger de voir un autre point chaud, autrement plus critique…

Et il y a des similitudes qui sont cachées au premier regard.

L’utilisation de forces néonazies, maintenues en vie, bichonnées par les américains pour lutter contre le communisme.

Un petit éclairage sur la culture -au sens agricole- des forces de l’axe japonaises ne peut pas nous faire de mal.

Plutôt fascistes que communistes.
Plutôt les croix gammées que les faucilles et marteaux.
Plutôt les chemises noires-brunes que les foulards rouges.

C’est avec ce petit algorithme que des néonazis ukrainiens ont été utilisés sans scrupule aucun pour mener un génocide anti-russophone dans le Donbass, depuis des années.
Et cela n’a pas eu l’heur de choquer plus que cela nos reporters journalistes experts des plateaux télés.
Ces néonazis là sont brutaux, tarés. Des déchets bourrés aux connarovirus.

Brûler vivants quelques dizaines de russophones dans la maison des syndicats ne fut qu’une occasion pour une Femen de danser de joie devant le brasier.
L’odeur si caractéristique des chairs brûlées qui a dû envahir les rues d’Odessa n’a finalement pas disparu avec la libération des camps de concentration par les troupes soviétiques.
Dans le paysage médiatique actuel, que ces néonazis qui ne se cachent en rien -ils sont tatoués et fiers de montrer leur engagement extrême- puissent même être soutenus par quelques juifs célèbres, prétentieux et bien informés, est un peu plus que choquant.
Un vieux compte à régler avec K. Marx sans doute.
Que les BHL et consorts soient perdus pour l’humanité, ce sera leur problème devant leur Dieu unique.

De l’autre côté du monde, veillent au grain les néonazis japonais.

Les forces de l’Axe.
Les héritiers de ceux qui ont occupé l’Asie de l’Est.
Les neonazis japonais, c’est un autre niveau que les Ukrainiens.

Ils sont cultivés, ils sont puissants, ils portent bien leurs pantalons à rayures et la queue de pie car ils sont restés au pouvoir, avec la bénédiction des US.
C’est ce qui rends la situation beaucoup plus complexe à gérer.

Xi ne peut pas agir comme Poutine.

Ces gouvernants ont leurs partisans comme Agnes Chow (une figure du mouvement free Hong-Kong) jeune fille à l’air frêle qui ne manque jamais une occasion de remercier ses fans (elle parle couramment Japonais).

Ou à Taïwan dont le leader soigne particulièrement les intérêts japonais.

Les Japonais, grands soutiens de l’indépendance de Taïwan. Tu m’étonnes…

Car avant de découvrir la traduction d’un article qui détaille le Grand Pardon des US, il convient de garder à l’esprit que le Japon a lui aussi eu son programme de bombe nucléaire.

L’interception d’un sous-marin allemand chargé d’uranium l’aura empêché pour un temps.

… Mais qu’en est-il aujourd’hui ?

Quelques extraits d’un article de Yin Xiaoliang (China Daily) nous en donne une petite idée :

Le japon est en capacité d’avoir des armes nucléaires.

Au fil des ans, les sentiments de la société japonaise à l’égard de l’énergie nucléaire ont été complexes et variés, entremêlés d’une demande réelle d’énergie nucléaire et de souvenirs douloureux liés aux bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki (et, plus récemment, à la catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima). La question est de savoir si le Gouvernement peut surmonter la réticence du public à accéder aux clubs d’armes nucléaires.

Techniquement, un État doit satisfaire à plusieurs exigences pour devenir un État doté d’armes nucléaires : il doit posséder du plutonium et de l’uranium hautement enrichis, la technologie nécessaire à la fabrication d’armes nucléaires, ainsi que la technologie et les systèmes de livraison des armes nucléaires à la cible, enfin et surtout, la mise au point d’arsenaux nucléaires exige une volonté politique. Le Japon satisfait-il à toutes ces exigences ?

Jetons un coup d’oeil rapide aux stocks de matières nucléaires du Japon.
Selon les données publiées par la Commission japonaise de l’énergie atomique, le Japon disposait en 2012 de 44,3 tonnes de plutonium, dont 9,3 tonnes stockées au pays et 35 tonnes à l’étranger dans des pays comme le Royaume-Uni et la France (!).

Cela dépasse même les 38 tonnes de plutonium de qualité militaire que les États-Unis prétendaient posséder auparavant.

8 kg de plutonium sont nécessaires à la fabrication d’une arme nucléaire, les stocks du Japon sont suffisants pour produire plus de 5 000 armes nucléaires… Suffisant pour éliminer la vie sur terre.

En outre, le Japon dispose d’une industrie nucléaire civile compétitive, l’une des les plus avancées au monde, ce qui constitue une base technologique solide pour la fabrication d’armes nucléaires. Le pays dispose également de divers types de réacteurs nucléaires et de la technologie des centrifugeuses nécessaires au processus d’enrichissement de l’uranium.

Un État ne peut pas produire d’armes nucléaires sans procéder à des essais d’armes. Toutefois, compte tenu du fait que le Japon possède des superordinateurs de classe mondiale et des capacités dans le domaine de la fusion par confinement inertiel (CIF), une recherche sur l’énergie de fusion qui vise à déclencher des réactions de fusion nucléaire, le Japon est bien placé pour effectuer des essais de simulation et est donc en mesure de produire des armes nucléaires et d’en garantir l’efficacité, sans essais physiques réels.

Les armes nucléaires ont encore besoin de technologies et de systèmes de livraison, les missiles en particulier. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Japon attache une grande importance au développement des technologies aérospatiales et des fusées à combustible solide. Le Japon dispose déjà de ses fusées H-II, qui pourraient être transformées en missiles balistiques.

Examinons maintenant la politique japonaise.

Convoquons Roman Makhonin qui va nous servir au préalable un peu de perspective historique : Comment les criminels de guerre ont trouvé au Japon un havre de paix.

À Tokyo ou dans toute autre grande ville du Japon, il y a toujours un magasin qui vend des uniformes et des munitions militaires de toutes sortes, des originaux et des répliques. Les plus populaires sont les uniformes américains modernes et, aussi bizarre que cela puisse paraître, les uniformes de la Wehrmacht époque troisième Reich et en particulier ceux des forces SS. De temps en temps, on voit des gens dans la rue portant des uniformes nazis, des casquettes Totenkopf et des brassards rouges ornés d’une swastika. Ces gens vont parfois à des parties de jeux de rôles, mais la plupart achètent ces uniformes pour leur collection privée, pour les porter à la maison ou dans des clubs à thème. Il n’y a pas ici d’aversion pour les symboles nazis. Contrairement à l’Allemagne, le Japon n’a jamais connu la dénazification de son passé et ne sait tout simplement pas de quoi il s’agit. Et le point de vue qu’ont de nombreux Japonais sur la seconde guerre mondiale ne colle pas vraiment à ce que de nombreux pays peuvent légitimement attendre.

Une affaire de famille.

Au début de 2021, Shinzo Abe a déclaré que le Japon avait besoin d’un service de renseignement, le genre de déclaration qu’il s’était abstenu de faire à titre officiel, quand il était encore récemment Premier Ministre du Japon

L’annonce a été un peu surprenante, mais sans plus, tant la politique d’Abe Shinzo a toujours été considérée comme agressive.

En effet, au cours de son mandat de Premier Ministre, le plus long de l’histoire, le Japon a fait énormément pour rétablir discrètement sa souveraineté militaire, en brisant et contournant l’article 9 de la Constitution pacifiste de 1947 et le Traité de 1960 de coopération et de sécurité mutuelles signé avec les États-Unis qui déclarait que le Japon n’avait pas vraiment besoin d’une armée.

L’augmentation du budget militaire du Japon (dont l’existence même est ignorée pour de nombreuses personnes dans le monde), la transformation rapide de ses forces militaires théoriquement inexistantes, la volonté de se passer du “parapluie” de la défense américaine et de construire son propre arsenal nucléaire sont autant de sujets de discussion que les traditionalistes japonais hésitent à aborder publiquement.

Alors parlons d’abord tradition et dynastie.

Shinzo Abe est issu d’une dynastie politique.

Son père, Shintaro Abe, était un des leaders importants du PLD, le parti au pouvoir depuis plus de 50 ans, qui a été Ministre des affaires étrangères du pays. Shintaro a épousé la fille du Premier Ministre Nobusuke Kishi en 1951.

Leurs enfants ont suivi leurs pas.

Shinzo Abe en devenant premier ministre.

(Détail amusant) Pour éviter les accusations de népotisme, son frère cadet, Nobuo Kishi, a utilisé le nom de famille de sa mère pour devenir Ministre de la défense du Japon en 2020.

Leur grand-père, Nobusuke Kishi, avait sa propre vision de la guerre.

En 1935, il fut nommé responsable du développement industriel de la Mandchourie, un État fantoche fondé en Chine par l’armée Kwantung. Cela signifie en fait qu’il était responsable de l’exploitation des régions conquises de la Chine. Là, il a rencontré le général Tojo, commandant de l’armée Kwantung. Lorsque M. Tojo est devenu Premier Ministre du Japon en octobre 1941, il a proposé à Nobusuke d’être Ministre du commerce.

Le 7 décembre 1941, c’est le Gouvernement de Tojo qui déclare la guerre aux États-Unis et autorise l’attaque de Pearl Harbor.

Pendant la guerre, Nobusuke Kishi a changé de position pour devenir Ministre de l’intendance (armes et munitions). Le titre peut sembler modeste, mais en fait, l’ami proche et le protégé de Tojo est devenu une figure clé parmi les plus influents des fonctionnaires japonais en temps de guerre. Et comme on pouvait s’y attendre, après la reddition du Japon aux alliés, le Bureau d’occupation des États-Unis a classé Nobusuke Kishi et Tojo parmi les criminels de guerre de classe A.

(En résumé, en 2021, le premier ministre du Japon et le ministre de la défense, 2 frangins, sont les petits-fils d’un criminel de guerre de classe A, autrement dit les pires qui soient… Mais bon, faut-il les accuser pour autant des torts de leurs ancêtres ?… Suspense…)

Criminel de guerre de classe A

Le 2 septembre 1945, le Japon signa la capitulation à bord du USS Missouri, et le Bureau d’occupation des alliés, dirigé par le général Douglas MacArthur, commença à travailler à la démilitarisation du pays. Les alliés étaient convaincus que les dirigeants politiques et militaires japonais doivent répondre de leurs actes. Cela a été inscrit dans la Déclaration de Potsdam de 1945 et réaffirmé par le commandement américain au Japon.

Quelques mois plus tard, les Américains ont compilé une longue liste de fonctionnaires qui devaient être arrêtés ou suspendus.

Le 4 janvier 1946, le commandant suprême des forces alliées (SCAP : Supreme Commander for the Allied Powers) publia une directive énumérant les différentes catégories de personnalités politiques et publiques qui devaient être purgées.

– La catégorie la plus élevée – les criminels de guerre de classe A – comporte 3422 noms.
– La catégorie B (militaires de carrière) comporte 122235 personnes.
– 210 288 personnes ont été inscrites dans les classes C à G.
En outre, 1 300 organisations ultranationalistes, militaristes et autres organisations similaires ont été démantelées et interdites.

Cela signifie-t-il que tous ces gens ont été sévèrement punis comme ils le méritent ? Pas du tout !

Bien que M. Tojo ait été condamné à mort, son complice Nobusuke Kishi sera finalement libéré avec un casier judiciaire vierge de toute condamnation ou inculpation après trois ans de prison.

Et il ne sera pas le seul dans ce cas.

Le SCAP est bien conscient que la purge n’amène pas les hauts fonctionnaires japonais à coopérer.

D’autre part, un excès de zèle pouvait aussi entraîner une opposition de fond et des sentiments anti-américains forts parmi les élites japonaises, les politiciens, les entrepreneurs et les personnalités publiques. Il sembla plus sage d’essayer de les ranger du côté des États-Unis et de faire des plus pro américains d’entre eux les futurs dirigeants japonais.

Tous ceux qui, pour une raison ou une autre, sont soupçonnés de ne pas aimer l’Amérique sont licenciés, tandis que tous les autres reprennent leur travail habituel, et ils sont nombreux dans ce cas.

Au 15 septembre 1946, parmi les 7769 ayant été interrogées, 894 hauts fonctionnaires ont été démis de leurs fonctions.

Le traitement fut particulièrement doux pour les grandes entreprises. Au total, 161 entreprises travaillant au Japon et 85 dans les territoires occupés du Japon ont été purgées, mais la sanction réelle n’a été infligée qu’aux PDG des entreprises qui fabriquaient des articles destinés à un usage militaire direct. Les cercles du monde des affaires ont été considérés comme du menu fretin.

Masanobu Tsuji est un bon exemple de la douceur et de la sélectivité de la purge, cet ancien général qui avait lancé la marche de la mort de Badan, tué 500 à 650 prisonniers de guerre américains et des milliers d’autres de différents pays, a été élu au Parlement d’après-guerre.

Tsuji avait toutes les raisons de penser qu’il serait pendu pour tous les crimes de guerre qu’il avait commis, et il n’est revenu au Japon qu’en 1949. Comme nous l’avons appris dans les documents publiés par la CIA en 2006, celle-ci l’a rapidement recruté dans l’espoir qu’il puisse unir les opposants aux idées pacifistes et communistes.

Cependant, Tsuji s’est avéré être incontrôlable. En 1961, il s’est rendu au Laos pour participer à la guérilla et personne n’a jamais entendu parler de lui depuis.

Ce n’est pas le cas de ses camarades d’armes.

Ces gens dans les US avaient soudainement grand besoin

Le cas de Tsuji est un bon exemple de ce qui s’est passé dans les premières années de l’occupation américaine.

Les Américains se rendirent vite compte que la reddition du Japon n’était que de pure forme et que ses généraux étaient prêts à se mettre en mode vendetta, voire initier une guerre partisane de riposte. Le SCAP accorda sa priorité aux tentatives de sabotage et la collecte des renseignements pour identifier les soutiens d’un côté et les saboteurs et les ennemis possibles de l’autre.

Cependant, de 1946 à 1948 (c’est exactement lorsque la guerre froide a débuté), le Gouvernement américain était plus intéressé à obtenir le plus grand nombre possible d’alliés pour combattre les Russes, les communistes et la gauche plutôt que de poursuivre les criminels militaires japonais.

À la mi-mai 1948, la décision finale sur le projet de purge a été rendue.

Le 23 décembre 1948, sept criminels de guerre de classe A condamnés à mort par le tribunal militaire international pour l’Asie de l’est ont été pendus.

Le lendemain, 19 criminels de guerre de classe A ont été libérés, dont trois anciens ministres de l’intérieur, trois yakuzas (chefs de gang) et Nobusuke Kishi, notre fameux Ministre des armes et munitions. Ils n’ont jamais été inculpés ni condamnés.

Il y a eu aussi un grand nombre de personnes accusées, jugées et condamnées à des peines de prison. Personne en théorie n’avait le pouvoir de modifier la décision officielle du Tribunal, mais le CSAP en a décidé autrement et a publié une directive remplaçant la réclusion à perpétuité par une peine d’emprisonnement de 15 ans et réduisant d’un tiers toutes les autres peines.

En juin 1950, la guerre de Corée commence et, trois mois plus tard, le général MacArthur a formé une commission d’appel qui a gracié plus de 10 000 criminels de guerre.

Par la suite, toutes les autres accusations ont été abandonnées, y compris celles portées contre tous les anciens fonctionnaires de la police secrète japonaise. Leurs compétences étaient souhaitées pour contrer la nouvelle « menace communiste ». Ils étaient devenus une ressource précieuse pour la construction du nouveau Japon, et c’était suffisant pour que l’on oublie leur passé.

C’est ainsi que l’ancien policier est redevenu policier et que l’ancien chef de gang et l’ancien Ministre ont retrouvé leur titre et leur influence.

Nobusuke Kishi est devenu député dès 1953. En 1955, il est nommé Secrétaire du Parti Démocratique du Japon. En 1956, ce parte fusionne avec le Parti libéral, fondant ainsi une organisation qui a gouverné jusqu’à présent le Japon.

Le Parti libéral avait été fondé par Ichiro Hatoyama, Ministre de l’éducation entre 1931 et 1934, connu pour sa politique de « contrôle de la pensée ». Il était également sur la liste de départ des sanctions américaines et il fut effectivement interdit de reprendre une activité politique jusqu’en 1951. Cependant, en 1954, il fait un retour impressionnant aux affaires en tant que chef du Gouvernement. En 1956, 13 des 17 ministres de son deuxième cabinet avaient été interdits de participation à la vie politique.

En ce qui concerne Kishi, il a des liens avec de nombreuses personnes qui gèrent les territoires occupés et contrôlent l’économie de la guerre, y compris Naoki Hoshino, Etsusaburo Shiina, Hisatsune Sakomizu, Teiichiro Morinaga et d’autres que les médias qualifient collectivement de « sous – traitants de l’occupation ». Ce sont eux qui contrôlent l’économie du nouveau Japon. En 1957, Nobusuke Kishi devient le nouveau chef du Gouvernement et son beau-frère Eisaku Sato devient Ministre des finances. Avant cela, Sato avait fait l’objet d’une enquête pour corruption, mais les accusations n’ont jamais rien donné.

Mains fermes, passé trouble.

Les facteurs économiques sont essentiels à l’édification d’une nation, mais ce ne sont pas les seuls pour accomplir la tâche. Pour le Japon, il est tout aussi important de mettre en place un nouveau cadre « libéral » de gouvernance et de gestion sociale. En 1960, 54 membres du Parlement étaient d’anciens fonctionnaires du Ministère de l’intérieur ayant siégé au Gouvernement pendant la guerre. Il y a quelques années à peine, ils étaient classés dans les différentes catégories des criminels de guerre.

De hauts fonctionnaires du Tokko, la police secrète japonaise semblable à la Gestapo allemande, occupent des postes clés dans de nombreux cabinets d’après-guerre.

Par exemple, le chef de la police, Kingo Machimura, connu pour lutter contre les “libres penseurs”, est devenu Ministre de l’intérieur.

Kyoshiro Niwa, chef de la la police secrète de la ville de Kyoto, est devenu Ministre des transports. Le chef de la branche de Tokyo, Yasuo Okazaki, a été nommé Vice-Ministre du travail et Vice-Président du Comité de sécurité publique du PLD.

Bumbei Hara, chef de la police secrète de Kagoshima, a été promu chef de la police métropolitaine de Tokyo.

Son ancien collègue, Seisuke Okuno, a été Ministre de l’éducation et Ministre de la justice avant d’être Directeur de l’Agence nationale du Territoire.

Keikichi Masuhara, chef de la police secrète de Wakayama, est nommé responsable des forces d’autodéfense japonaises, un euphémisme embarrassant pour parler après la guerre d’une armée japonaise de facto.

(La police secrète mène vraiment à tout)

Yoshimi Furui, Vice-Ministre de l’intérieur pendant la guerre, est devenu Ministre de la protection sociale, puis Ministre de la justice.

Shigeo Odachi, Ministre de l’intérieur en 1944, est nommé Ministre de l’éducation après la guerre. Fumio Goto, ancien Ministre de l’intérieur, et criminel de guerre de classe A, est devenu sénateur. Et la liste de se poursuivre…

Ils ont tous échappé à la prison grâce aux efforts du SCAP, et en particulier du général Charles A. Willoughby. Le général MacArthur a qualifié Willoughby, chef d’état-major adjoint aux renseignements, comme étant “mon animal de compagnie fasciste” (my pet fascist)

Ce sont Willoughby et MacArthur qui ont notoirement aidé le général Shiro Ishii, l’un des pires criminels de guerre de l’histoire de l’humanité et commandant de l’infâme Unit 731.

L’Unit 731, une unité top secrète de l’armée japonaise, a testé des armes biologiques sur des prisonniers. Parmi les victimes figurent des chinois, des Coréens et des Russes. Femmes, enfants, nouveaux nés en étaient.

En interne, dans leurs rapports, les victimes étaient surnommées des bûches, des grumes.

L’unité 731 a mené les expériences les plus atroces et tué environ 10.000 “bûches” de la manière la plus horrible. Lorsque Shiro Ishii s’est rendu aux forces américaines, il a obtenu l’immunité, ainsi qu’une subvention du Maryland pour y créer un laboratoire de guerre bactériologique où il a continué à travailler.
 
(Il s’agit du fameux labo de Fort Detrick, que les Chinois soupçonnent d’avoir crée le virus responsable de l’épidémie COVID 19)

Après guerre, un journaliste japonais a justement fait remarquer que le Tribunal Militaire International avait choisi de punir un petit groupe de personnes pour les crimes commis contre les États-Unis, la Grande-Bretagne, la Chine et l’Union Soviétique, mais qu’Il avait négligé les centaines de militaires et de policiers, les bureaucrates et les industriels ayant commis des crimes contre leur propre peuple.

“Tous ceux qui ont envoyé notre peuple au front, qui l’ont privé de sa liberté et de ses biens et qui ont appliqué des lois cruelles et inhumaines sont restés au pouvoir après la guerre” a-t-il écrit.

Le cas de Shiro Ishii prouve que même ceux qui ont commis les crimes les plus atroces contre l’humanité peuvent finalement échapper à la justice. On ne peut s’empêcher de penser à l’Allemagne de l’après-guerre, où le rétablissement de la justice est devenu une priorité nationale et où aucun criminel de guerre allemand ne pouvait se sentir en sécurité (hum…).

Les Allemands ont condamné leurs propres criminels et les ont soumis à un processus de dénazification. Le procès de Nuremberg a abouti, entre autres, à une liste d’organisations condamnées comme criminelles. L’appartenance à ces organisations ou tout lien avec elles est considéré comme une infraction.

Cela ne s’est jamais produit au Japon.

L’espion libéral.

Lorsque Shinzo Abe, membre d’une puissante dynastie politique, a déclaré que le Japon avait besoin de ses propres services de renseignement, le public a été surpris pour une simple raison. Le pays compte déjà 16 organismes de renseignement et de contre-renseignement, qui couvrent tous les domaines de la sécurité nationale, y compris les domaines militaires, politiques, scientifiques et techniques, et sont pleinement en mesure de protéger l’État.

Toutefois, les partisans d’Abe affirment que le Japon n’est toujours pas suffisamment protégé et demandent la création d’une nouvelle Agence centrale de renseignement. C’est avec cette idée en tête qu’ils ont “déterré” un « héros oublié » du passé présenté comme un modèle : Taketora Ogata.

Taketora Ogata est présenté aujourd’hui comme un fervent partisan du libéralisme. Il était aussi un fanatique de la création d’une CIA Japonaise.

Journaliste talentueux, Taketora Ogata a gravi les échelons du journal Asahi Shimbun, le journal le plus ancien et le plus influent du Japon. En 1944, il rejoint le Gouvernement japonais en tant que Directeur des services de renseignement. Ses fans actuels disent que le Ogata est un défenseur du libéralisme et de la liberté d’expression (!) Parce qu’il “s’est efforcé d’établir des mécanismes d’échange et d’analyse de l’information par le biais de réunions conjointes de l’armée de terre, de la marine et du Gouvernement”.

Suite à la défaite du Japon, Taketora Ogata a été inscrit sur la liste des criminels de guerre.

(Simple formalité comme nous le savons maintenant).

En 1952, Ogata a été autorisé à retourner en politique en tant que Vice-Président du Parti libéral du Japon. À ce moment-là, il a promis de créer une CIA japonaise. Il n’a jamais terminé le projet, car il est mort en 1956 alors qu’il se préparait à se présenter au poste de Premier Ministre.

Dans le Japon d’aujourd’hui, l’idée de créer une dix-septième agence de renseignement bénéficiera probablement du soutien dont elle a besoin. Ses partisans soutiennent que la création d’une CIA japonaise est un moyen de garantir la paix et la sécurité dans la région Asie- Pacifique… (On croit rêver) tout à fait conforme à l’esprit d’Ogata, l’espion libéral.

Mais le Premier Ministre actuel du Japon, Fumio Kishida, ne semble pas pressé de raviver ces vieilles idées.

Bien qu’il soit le chef du Parti Libéral-Démocrate du Japon, ses antécédents familiaux ont donné une image plus complexe du passé. Son père et son grand-père étaient tous deux membres du Parlement, son cousin était le Ministre de la justice, et son autre parent, Miyazawa Hiyi, a pu être Premier Ministre, après avoir été chef de la police militaire de kempeitai pendant la guerre.

Mais ils se trouve que des membres de la famille Kishida ont été tués dans l’explosion de la bombe atomique d’Hiroshima le 6 août 1945. Une tragédie qui l’aurait affecté.

À l’heure actuelle, il se préoccupe de lutter contre l’épidémie, stimuler l’économie et s’attaquer aux problèmes démographiques (une tâche plus difficile). Peut-être que rien de tout cela ne correspond à l’idée de créer une agence de renseignement, mais cela aide les gens à mieux vivre.

Et ceci dit, le Japon attache aussi une grande importance à la liberté individuelle, y compris la liberté d’expression, et les gens sont tout à fait libres de montrer leurs uniformes nazis en public s’ils le souhaitent. Après tout, le Japon n’a jamais subi de dénazification…

Après cet éclairage de Roman Makhonin, nous pouvons laisser le bénéfice du doute au premier ministre du moment…

Japanese Prime Minister Rejects Idea of Sharing US Nuclear Weapons Under NATO – 02.03.2022, Sputnik International (sputniknews.com)

…tout en restant vigilant, car qu’en est-il de l’ancien premier ministre, qui dirige le SPD ?

Lui a joué un rôle clé dans l’élaboration de la politique nucléaire nationale.
Et ces dernières années, la politique japonaise est devenue de plus en plus conservatrice de droite.

Sous cette impulsion, un certain nombre de changements ont eu lieu dans la communauté militaire. Tout d’abord et avant tout, le statut administratif élevé des institutions militaires. L’Agence japonaise de défense, créée en 1954, a été transformée en Ministère de la défense en 2007 et le Gouvernement Abe a toujours cherché à transformer les forces d’autodéfense en forces de défense complètes. En outre, le parti au pouvoir a l’intention d’assouplir l’interdiction des exportations d’armes imposée depuis 1967 afin de renforcer l’influence du Japon en matière de défense. En outre, Tokyo a dépassé le concept de défense “statique” sur son territoire et a adopté ce qu’on appelle la défense “dynamique” : permettre aux forces d’autodéfense d’être stationnées à l’étranger et d’y établir des bases militaires.

Compte tenu de sa politique de défense, il n’est pas surprenant que Tokyo maintienne une position ambiguë sur la question des armes nucléaires. Les trois principes d’un pays exempt d’armes nucléaires, à savoir que le Japon ne devrait pas posséder ou fabriquer d’armes nucléaires et ne devrait pas permettre leur introduction sur son territoire, ont été proposés à l’origine en 1967 par le Premier Ministre japonais de l’époque, Rondo Sato.

Mais lors de sa visite aux États-Unis en 1969, Rondo Sato a signé un accord secret avec Richard Nixon, alors Président des US, pour permettre aux troupes américaines de positionner des armes nucléaires sur le territoire Japonais.

Lors de la Conférence sur la non-prolifération des armes nucléaires, tenue à Genève en avril 2013, le Japon a également refusé de signer la Déclaration commune, bien qu’il soit le seul pays à avoir été frappé par une bombe atomique.

Aujourd’hui, les politiciens de droite comme Shintaro Ishihara sont ceux qui prônent le plus ouvertement la fabrication d’armes nucléaires pour faire face à la menace de la Chine et de la République populaire démocratique de Corée, et ce point de vue suscite chaque année de moins en moins de critiques de la part de la société japonaise.

Il est clair que le Japon satisfait aux trois exigences “matérielles” pour se doter de l’arme nucléaire. Il est inquiétant de constater qu’il fait campagne pour en avoir le feu vert international.

Ce faisant, Tokyo tente de convaincre l’opinion publique en faisant peser la menace de la Chine sur quelques territoires disputés (le Japon a des disputes territoriales avec tous ses voisins) et sur Taïwan.

https://www.asianews.it/news-en/As-war-rages-in-Ukraine,-Abe-reopens-to-debate-over-nuclear-weapons-in-Japan-55284.html…

Pour terminer l’assemblage de leurs têtes nucléaires, les Japonais n’ont besoin que d’un tournevis…

Georges RODI

»» https://www.rt.com/news/549537-japan-never-punished-nazi-criminals/

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Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir

À propos de l'auteur Le Grand Soir

« Journal Militant d'Information Alternative » « Informer n'est pas une liberté pour la presse mais un devoir »C'est quoi, Le Grand Soir ? Bonne question. Un journal qui ne croit plus aux "médias de masse"... Un journal radicalement opposé au "Clash des civilisations", c'est certain. Anti-impérialiste, c'est sûr. Anticapitaliste, ça va de soi. Un journal qui ne court pas après l'actualité immédiate (ça fatigue de courir et pour quel résultat à la fin ?) Un journal qui croit au sens des mots "solidarité" et "internationalisme". Un journal qui accorde la priorité et le bénéfice du doute à ceux qui sont en "situation de résistance". Un journal qui se méfie du gauchisme (cet art de tirer contre son camp). Donc un journal qui se méfie des critiques faciles à distance. Un journal radical, mais pas extrémiste. Un journal qui essaie de donner à lire et à réfléchir (à vous de juger). Un journal animé par des militants qui ne se prennent pas trop au sérieux mais qui prennent leur combat très au sérieux.

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