« La folle ruée » : des Californiens expliquent pourquoi ils quittent cet État

« La folle ruée » : des Californiens expliquent pourquoi ils quittent cet État

Par Jamie Joseph − Le 6 février 2022 − Source theepochtimes.com

Lorsque Terry Gilliam, un ancien résident de Bay Area âgé de 62 ans a lancé en 2018 le groupe Facebook « Départ de Californie« , ce groupe avait attiré 200 membres en six mois. Quatre années plus tard, ce même groupe compte plus de 50 000 membres, et continue de croître chaque semaine.

« Au cours des 30 derniers jours, nous avons ajouté 11 000 membres, ce qui n’est vraiment pas loin de constituer un record, » a affirmé Gilliam à The Epoch Times.

« Et tout a commencé le 1er janvier… Je pense qu’on va assister cette année à une ruée folle de gens qui vont partir de Californie. »

Bien qu’ayant lancé le groupe il y a quelques années, Gilliam ne s’était pas précipité et n’avait finalement quitté la Californie pour s’installer en Floride que l’an dernier. Gilliam s’est senti poussé dehors par les problèmes comme le nombre de sans-abris, les taux de criminalité, la politique, le coût du logement, les bouchons, et les taux d’imposition exorbitants — et il n’est pas le seul.

Dans les premiers temps d’existence du groupe, Gilliam affirma que l’Idaho et le Texas étaient les destinations les plus populaires aux yeux des résidents californiens. À présent, il voit également davantage de gens partir pour le Tennessee et la Floride.

Au début de ce mois de février, U-Haul [une entreprise de déménagement, NdT] a rapporté que les principaux États à destination desquels les Étasuniens déménageaient étaient le Texas, la Floride, le Tennessee, la Caroline du Sud et l’Arizona, et la Californie se trouvait tout en bas du classement.

Matt Merrill, vice-président du Dallas Fort-Worth Metroplex and West Texas pour le district de la région de U-Haul, a affirmé dans une déclaration que de nombreuses personnes déménagent vers le Texas depuis la Californie, l’État de New York, et d’autres États « du fait du taux d’emploi — il y a de nombreuses opportunités ici. Le coût de la vie ici est bien plus bas que dans ces autres régions. Le Texas est ouvert aux affaires. »

La demande a été tellement importante que U-Haul s’est retrouvé l’an dernier en pénurie de camions disponibles pour quitter la Californie, selon la société.

Sur cette photo, un manœuvre charge un meuble à bord d’un camion, dans le cadre d’un déménagement d’une famille, à Tiburon, en Californie, le 3 août 2010. (Justin Sullivan/Getty Images)

Le groupe Facebook de Gilliam s’est plus ou moins transformé en refuge pour les natifs mécontents, qui peuvent ainsi prendre contact avec les entreprises de déménagement également membres du groupe, et en quête de clients. Même si la plupart des abonnés sont de tendance conservatrice, Gilliam affirme ne pas avoir lancé le groupe avec cela en tête.

« Mais je pense qu’en Californie, les conservateurs sont davantage contrariés par ce qui se produit, et que c’est pour cela qu’ils sont les premiers à partir », ajoute-t-il.

Une météo clémente, de belles plages, et une culture vivante et variée attire des touristes en Californie toute l’année. Mais pour certains résidents, cela ne suffit plus pour rester y vivre.

Alexander Erwing, 30 ans, a déménagé l’an dernier avec son épouse de Monterey Peninsula vers l’Oklahoma.

« L’entreprise pour laquelle je travaillais avait son siège ici, et à présent, ils ont déplacé leur siège dans le Midwest, alors vous savez, cela m’a fait une raison de moins de rester ici, témoigne Erwing pour l’Epoch Times. « Au fil des années, les raisons de rester ici se sont toutes dissipées. »

L’État présente le plus haut taux d’imposition, à 13,3 %, avec un taux d’imposition établi à 8,84% pour les entreprises, sans compter les permis et les coûts imposés par la réglementation, dépendant du comté et de la ville. Avec un coût de la vie élevé et des prix à la location établis en moyenne à 2500$ sur les marchés les plus demandés, les boutiques familiales doivent dégager un chiffre d’affaire énorme pour pouvoir s’en sortir.

Au cours des six premiers mois de l’année 2021, ce sont plus de 70 sièges sociaux d’entreprises qui ont déménagé hors de Californie, selon un rapport publié par la Hoover Institution of Stanford University, selon lequel l’exode est en cours d’accélération. Cette même année, Elon Musk avait fait les gros titres en déplaçant Tesla au Texas.

Une vue aérienne de l’usine Tesla de Fremont, en Californie, le 13 mai 2020. (Justin Sullivan/Getty Images)

« Nos recherches identifient les comtés de Californie qui ont perdu des sièges sociaux, les États bénéficiaires de ces relocalisations, et discutent en profondeur des raisons sous-jacentes, parmi lesquelles les taux d’imposition élevés, les régulations punitives, les coûts salariaux élevés, les coûts importants en matière de services et d’énergie, et la baisse de la qualité de vie pour de nombreux Californiens, qui est le miroir du coût de la vie et de l’accessibilité au logement, » selon le rapport.

Le propre bureau du Legislative Analyst de Californie a établi que les « migrations vers l’extérieur de l’État se concentrent de plus en plus parmi la population des personnes les plus âgées et influentes », selon un rapport remontant au mois de juillet 2021. Les données de ce bureau ont également montré « une émigration nette persistente et à long terme ».

« Un facteur clé de l’émigration de la Californie vers les autres États réside dans le coût de la vie, et surtout le coût du logement », selon le rapport.

En 2021, le coût médian d’une maison dans l’État de Californie était supérieur à 800000$, 34,2% de plus que l’année précédente, selon la California Association of Realtors. La moyenne nationale pour les États-Unis est établis autour des 400 000$.

U-Haul n’est pas la seule entreprise de déménagement à tirer parti de la demande massive. Joey Childs, 22 ans, co-fondateur de la Silicon Valley Moving & Storage, basée à San Jose, a affirmé à l’Epoch Times que les deux années passées « ont été totalement différentes de ce que j’avais jamais vu auparavant ».

« Les mois de décembre, janvier et février ont été un peu ralentis. Mais la fin d’année 2021 a été ridicule — voyez-vous, nous étions réservés quatre ou cinq mois à l’avance, » témoigne-t-il. « Il devient également très cher de vivre ici… avec des impôts très élevés. Beaucoup de gens que nous aidons à déménager sont également des gérants de petites entreprises, et ça devient très dur pour eux de faire tourner leurs entreprises ici. C’est pour cela qu’il parte, il ne faut aller chercher bien loin les raisons. »

Un restaurant fermé à Los Angeles, le 8 décembre 2020. (Valerie Macon/AFP via Getty Images)

Childs a déclaré que sa famille envisageait également de s’installer prochainement dans l’Ohio et d’y ouvrir un deuxième site de leur entreprise de déménagement.

Le California Policy Lab, un groupe de recherche non-partisan sur les politiques, a examiné les départs en provenance de l’État durant la pandémie. L’étude a révélé que le nombre de gens s’installant en Californie a baissé depuis le début de la pandémie, en 2020, alors que le nombre de résidents quittant l’État a monté de manière significative.

« À la fin du mois de septembre 2021, les arrivées en Californie étaient 38% plus basses qu’à la fin du mois de mars 2020 », énonce l’étude. « Les départs, après une baisse au tout début de la pandémie, ont rebondi, et sont désormais plus élevées de 12% qu’à leurs niveaux de l’avant-COVID — elles ont repris le rythme d’avant la pandémie. »

Kathy Kean, 62 ans et née en Californie, a quitté l’an dernier avec son mari Yorba Linda pour s’installer à Spring Ranch, au Texas. Elle affirme avoir remarqué une montée des taux de criminalité dans sa région.

« Ce n’est plus la région que nous avons connue », témoigne Kean pour l’Epoch Times. « Certains des crimes, comme les gangs, ont empiré dans notre région, avec des éléments qui sont venus de Los Angeles et de Riverside. »

Le Public Policy Institute of California a examiné les tendances des activités criminelles au sein de l’État en 2021, et a noté un accroissement des crimes contre la propriété, ainsi que des crimes violents — avec une hausse des homicides — à Los Angeles, Oakland, San Diego et San Francisco.

« Une montée des crimes contre la propriété en 2021, avec en premier rang les effractions automobiles et les vols de voitures, ont fait remonter les taux de criminalité contre la propriété à leurs taux d’avant la pandémie, » peut-on lire sur le mémo de l’institut. « Il reste crucial de surveiller les tendances de la criminalité, d’investiguer sur les causes sous-jacentes de celle-ci, et d’identifier des solutions efficaces. »

Le taux de sans-abris est également un sujet explosif pour les électeurs, avec les élections de novembre à l’horizon. Au total, la Californie présente le nombre le plus élevé de personnes sans abri de tout le pays, avec 161 548 personnes. Le gouverneur Gavin Newsom a consenti un investissement agressif de 2 milliards de dollars pour traiter ce problème sur son budget 2022.

Un campement de sans-abris à Venice Beach, Californie, le 27 janvier 2021. (John Fredricks/The Epoch Times)

Michael Bentley, un résident de San Mateo âgé de 53 ans, et membre d’un syndicat de la métallurgie, déménage au mois de juin pour le Colorado. Il affirme n’être jamais entré en politique jusqu’il y a quelques années, et qu’il avait toujours voté conformément aux suggestions énoncées par son syndicat.

Puis, il a remarqué une augmentation du nombre de sans-abris dans la Bay Area. Il s’est mis à éviter le centre-ville, au vu des crimes et des conditions sordides qu’il a vus dans les rues.

Lorsque je me suis installé ici, il n’y avait guère de sans-abris, » témoigne Bentley pour l’Epoch Times. « De nos jours, c’est vraiment du grand n’importe quoi, j’évite désormais San Francisco à tout prix. Je ne vais pas dans le centre-ville, et vraiment, j’ai de la peine pour ces gens. »

D’autres résidents sont partis, comme Michael Welter, 63 ans, qui habitait précédemment à Fontana, en raison des restrictions imposées par l’État en réponse à la pandémie. Il réside désormais en Arizona.

« Les libertés dont nous avons joui ici, surtout durant la pandémie, ont véritablement constitué une bouffée d’air frais, car nous ne portons plus de masque », témoigne Welter pour l’Epoch Times. « Et, vous savez, nous pouvons prendre nos propres décisions. J’apprécie de pouvoir porter une arme sans devoir demander de permis. C’est simplement la liberté — c’est simplement ainsi que les États-Unis devraient rester. »

Toutes les personnes qui se sont prêtées à nos interviews ont affirmé que la seule chose qui leur manque est le climat de la Californie, mais que leur qualité de vie s’était désormais améliorée, surtout financièrement. Nombre de personnes avaient déjà de la famille dans l’État qu’elles ont rejoint, ou ont emménagé avec leur famille. Ils déclarent également tous que les impôts sont l’une des principales raisons de leur départ, certains faisant état de désaccords récents avec les politiques choisies par la Californie.

« Je pense que les Démocrates qui ont le pouvoir législatif, ainsi que le gouverneur, ont été encouragés par le résultat des élections », affirme Gilliam.

« Et ils vont continuer de plus belle sur tous les sujets. Ils pensent que tout le monde est d’accord sur ce qu’ils ont à faire. Au lieu de cela, ils vont simplement perdre la classe moyenne ».

Après avoir constitué le groupe « Départ de Californie », Gilliam a également créé un groupe « La vie après la Californie », qui héberge surtout des publications par les anciens résidents sur leur nouvelle vie. Ce groupe compte désormais 79 000 membres.

Jamie Joseph

Traduit par José Martí, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

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