Conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Moscou, 25 février 2022
Source : Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie
Sur le début de l’opération militaire spéciale
[…] Vous le savez, le Président de la Fédération de Russie, chef des armées de notre pays, en vertu du paragraphe 7 de l’article 51 de la Charte de l’Onu, sur autorisation du Conseil de la Fédération et en application des traités d’amitié, de coopération et d’entraide avec la République populaire de Donetsk et la République populaire de Lougansk, ratifiés par l’Assemblée fédérale le 22 février 2022, a décidé de mener une opération militaire spéciale.
Son but consiste à défendre les gens qui ont subi pendant huit ans les exactions et le génocide perpétrés par le régime de Kiev venu au pouvoir en 2014 suite à un coup d’État anticonstitutionnel. Un autre objectif de l’opération est de traduire les « dirigeants » actuels, le régime fantoche en justice pour les crimes commis durant ces années contre les civils, notamment des citoyens de la Fédération de Russie, ainsi que procéder à une démilitarisation et une dénazification de l’Ukraine.
Pendant huit ans, nous faisions tout pour inciter les autorités de Kiev à cesser l’opération punitive contre leur propre peuple, à régler le conflit dans le Donbass par des moyens pacifiques, politiques et diplomatiques, à établir un dialogue direct avec Donetsk et Lougansk, comme le prévoit le paragraphe 4 des Accords de Minsk, selon lequel les autorités ukrainiennes devaient entamer le dialogue sur les modalités d’organisation des élections locales et le futur régime de ces régions conformément à la législation ukrainienne.
Malheureusement, nous étions simplement ignorés. Soutenu par l’Occident, Kiev esquivait par tous les moyens la mise en œuvre de ses engagements dans le cadre des Accords de Minsk, cherchant à rejeter la responsabilité pour ses propres actes sur notre pays. Les autorités ukrainiennes transgressaient sans gêne leur propre Constitution et législation, adoptaient des lois discriminatoires sur la langue, l’éducation et les peuples autochtones.
J’espère qu’aujourd’hui, quand nous en parlons, cela ne sera pas un scoop pour ceux qui assistaient aux conférences de presse, suivaient le site du Ministère des Affaires étrangères, connaissent les discours des autorités russes et du Ministère des Affaires étrangères dans des déclarations publiques et des annonces de la position russe sur des plateformes internationales. Nous en parlions en détail (dans la mesure du possible) pratiquement tous les jours.
De leur côté, les États-Unis et certains pays occidentaux ont lancé une vaste campagne de désinformation antirusse. Sous son couvert, ils alimentaient activement l’Ukraine en armes, envoyaient leurs instructeurs militaires, organisaient des manœuvres d’envergure. Au fond, ils procédaient à un aménagement militaire du territoire du pays à des fins. Sachant que les préoccupations exprimées par la Russie à plusieurs reprises à ce sujet n’étaient prises en compte par personne, que ce soit le régime de Kiev ou ses superviseurs mondiaux.
Je voudrais souligner en particulier qu’au cours de l’opération militaire spéciale menée en Ukraine les forces armées russes n’effectuent pas de frappes de missiles, d’aviation ou d’artillerie sur des villes du pays, elles neutralisent l’infrastructure militaire, les sites de défense antiaérienne, les aérodromes militaires et l’aviation militaire ukrainienne. Personne ne crée exprès une menace pour la population civile. Le seul objectif est celui annoncé par le Président de notre pays et dont le Ministère russe des Affaires étrangères vous informe tous les jours.
Les militaires russes feront tout pour assurer la sécurité des collaborateurs des missions de l’Onu et de l’OSCE en Ukraine. Nous savons où ils se trouvent. Je voudrais également souligner que le danger pour les collaborateurs des organisations internationales n’émane pas des forces armées russes, mais des bataillons nationalistes ukrainiens, qui ont rejoint les forces armées de ce pays mais professent une logique complètement barbare. En principe, personne ne les contrôle à l’heure actuelle.
En ce qui concerne les citoyens russes qui restent en Ukraine, après l’évacuation des représentants diplomatiques russes, qui risquaient d’être exécutés par les nationalistes, ils peuvent (comme nous l’avons déjà indiqué en répondant aux questions), si besoin, s’adresser aux établissements compétents sur le territoire de la Fédération de Russie ou aux consulats de notre pays dans les pays voisins pour recevoir des services consulaires.
Nous avons reçu hier une note du Ministère des Affaires étrangères de l’Ukraine notifiant de la rupture des relations diplomatiques avec notre pays. Ce n’est pas notre choix. La rupture des relations diplomatiques est le résultat logique de la politique russophobe ciblée des autorités de Kiev depuis le coup d’État sanglant de 2014 (même si auparavant certaines forces politiques œuvraient déjà en ce sens), la rupture du Traité d’amitié, de coopération et de partenariat entre l’Ukraine et la Fédération de Russie en 2018 et l’adoption d’un ensemble de lois visant à discriminer les droits et les libertés de la population russophone de l’Ukraine. Nous vous avions également informés en détail de la sortie des accords et différents traités dans le cadre de la CEI.
Malheureusement, tout cela confirme notre ancienne conclusion que le pouvoir actuel, le régime de Kiev, les gens marionnettes, qui se sont proclamés dirigeants de cette terre, portant atteinte à la dignité des gens et les tyrannisant, sont privés de souveraineté et d’orientation dans l’intérêt de tout le peuple ukrainien. La seule chose que le régime de Kiev puisse faire, c’est de se plier aux directives données par les États-Unis, mais il le fait souvent sans succès et clairement à l’encontre des intérêts du peuple ukrainien.
Nous espérons sincèrement que le peuple ukrainien sera libéré du joug du gouvernement nationaliste qui exploite le pays dans l’intérêt des acteurs étrangers et qu’il commencera à vivre une véritable vie souveraine en respectant les droits, les libertés et les intérêts de tous ses citoyens sans distinction nationale, linguistique ou religieuse.
Il y a littéralement une heure, Vladimir Zelenski a tenu une nouvelle allocution où il a exprimé ses émotions concernant la possibilité de négociations. Suivi immédiatement par une réaction de Moscou. Le porte-parole du Président russe Dmitri Peskov a déclaré que nous étions prêts à envoyer une délégation interministérielle du Ministère des Affaires étrangères, de la Défense et d’autres institutions à Minsk pour de tels contacts.
Sur la rupture par l’Ukraine des relations diplomatiques avec la Fédération de Russie
Nous avons reçu une notre du Ministère des Affaires étrangères de l’Ukraine notifiant de la rupture des relations diplomatiques. Je rappelle qu’elles ont été établies il y a 30 ans, le 14 février 1992.
De cette manière, le régime nationaliste, venu au pouvoir après un coup d’État armé en février 2014, a mis un point dans la destruction de nos relations. Nous savons qu’il est plus difficile de construire que de casser. Ils pensent manifestement que c’est facile à faire, sans penser aux conséquences. À l’initiative du gouvernement ukrainien, le Traité d’amitié, de coopération et de partenariat du 31 mai 1997 a cessé d’exister le 1er avril 2019, et en tout, depuis 2014, l’Ukraine a dénoncé plus de 33 accords interétatiques et intergouvernementaux, sans compter les dizaines d’accords interministériels et plus de 60 accords dans le cadre de la CEI. Je rappelle que l’ambassadeur d’Ukraine n’est pas présent à Moscou depuis 2014 non pas parce qu’il y était menacé, on refusait d’aller au contact avec lui ou parce qu’il était impossible d’exercer ses fonctions diplomatiques. Pas du tout. Jusqu’à présent les diplomates ukrainiens bénéficiaient de tous les privilèges d’immunité diplomatique, tout était à leur disposition pour un travail à part entière et leur vie et santé n’étaient pas du tout menacées, ce qui n’est pas le cas des diplomates russes et des établissements diplomatiques consulaires en Ukraine, qui vivaient constamment dans un état de siège des nationalistes qui lançaient des cocktails Molotov, prenaient d’assaut nos représentations, portaient atteinte non seulement les bâtiments, mais aussi aux gens (c’est pourquoi il a fallu prendre des mesures urgentes allant jusqu’à fermer la représentation de Rossotroudnitchestvo). Nos diplomates et leurs familles recevaient constamment des menaces, il était impossible de fonctionner ni de travailler normalement. Vous voyiez tout cela. Nous en avons parlé plusieurs fois. Notre Ambassadeur n’est pas présent à Kiev depuis 2016. Sachant que des nationalistes radicaux ukrainiens ont commis plusieurs provocations contre notre ambassade à Kiev et les consulats généraux de Russie à Lvov, Odessa et Kharkov. Cette haine « barbare » envers la Russie et tout le russe, y compris la langue, la culture et notre histoire commune avec l’Ukraine, est devenue une carte de visite de la politique nationale et étrangère du régime de Kiev.
Nous regrettons profondément que le régime de Kiev ait choisi la voie de la rupture avec la Russie de toutes les relations, avec tous ceux qui ont un rapport avec quelque chose de russe.
Nous espérons que l’histoire remettra bientôt tout à sa place. Nous croyons à la sagesse séculaire des peuples ukrainien et russe qui peuplaient depuis des siècles le territoire de l’Ukraine contemporaine et vivaient en harmonie et dans le respect mutuel. Nous sommes convaincus que nos liens familiaux et spirituels sont plus forts que la politique de haine agressive du gouvernement fantoche actuel de Kiev.
Sur les attaques de plusieurs États occidentaux contre les médias russes
Nous constatons de nombreuses tentatives de plusieurs États de l’Occident collectif de profiter de l’hystérie russe qu’ils ont eux-mêmes attisée pour se défaire une bonne fois pour toute des médias russes et bloquer définitivement les sources d’information alternatives au mainstream. Ils craignent que leur public apprenne ce qui n’a pas été convenu avec la Maison Blanche et Downing Street. À cela servent différents slogans sur une prétendue nécessité de lutter contre la propagande et la désinformation russes. Nous avons déjà entendu tout cela. Les victimes de cette approche sont devenus les citoyens, notamment européens, qui ne prêtaient pas attention et ne voyaient pas ce qui se passe dans le Donbass pendant huit ans. Pourquoi? Parce que vos médias occidentaux n’en disaient rien. Tous ceux qui tentaient de le faire étaient stigmatisés, sanctionnés et tyrannisés. En Ukraine, ceux qui tentaient, y compris les Occidentaux, de rapporter la vérité sur les sévices commis dans le Donbass, étaient inscrits sur le site Mirotvorets, qui était ignoré par l’OSCE, l’Unesco et d’autres organisations journalistiques internationales compétentes. De quoi s’agit-il? Ce site est une véritable liste « d’exécution » de personnes qui ont été visées par des actes agressifs monstrueux des nationalistes. Beaucoup de mes collègues ont fait les frais d’une telle approche: menaces, persécutions et ainsi de suite. Plusieurs journalistes occidentaux ont écrit sur le refus d’accorder un accès pour traverser la frontière ukrainienne contrôlée par le régime ukrainien à ceux qui tentaient de couvrir la situation dans le Donbass. C’était une punition pour ceux qui tentaient de rapporter ne serait-ce qu’un mot d’objectivité. Ce complot médiatique collectif a affecté les citoyens européens qui ne savaient rien et n’avaient rien entendu en huit ans sur ce qui se passe dans le Donbass et pour qui la réalité d’aujourd’hui était inattendue.
Les autorités lettonnes ont interdit la diffusion de trois chaînes russes (Rossiya 24, Rossiya RTR et TV Centre). Cela aurait encore pu s’expliquer logiquement si c’était lié à la situation en Ukraine. Le fait est que la tentative de se défaire des médias russes était une politique à long terme, qui ne date pas d’un an, de deux ou de cinq ans. Nos journalistes et médias ont subi tellement de choses. Les expulsions, le refus d’accès, l’inscription sur des listes noires, les fermetures, les amendes, la stigmatisation, le collage d’étiquettes, les invectives, la culture d’annulation (ou plutôt de persécution) déployée contre eux. Tout cela était présenté comme une menace à la sécurité nationale. Sachant que rien qu’en deux ans Riga avait déjà restreint la diffusion de 41 médias russes. En Estonie, la Ministre de la Justice Maris Lauri menace de poursuites pénales ceux qui oseraient diffuser des chaînes russes. Au Royaume-Uni, Boris Johnson a annoncé les projets de revoir la décision de délivrance de licence à la holding médiatique RT, après quoi, en suivant l’ordre de Downing Street, un débat a été organisé à ce sujet au parlement britannique. Et après cela on nous raconte que dans les pays civilisé le pouvoir et le régulateur médiatique ne se connaissent pas. Bien sûr que non, ils se donnent simplement des ordres, mais peuvent ne pas se connaître. Des appels de différentes personnalités publiques et politiques d’interdire la diffusion de RT se font de plus en plus entendre en France où le régulateur national mène une « enquête » sur le média russe sous un prétexte complètement aberrant, alors que les journalistes, vous le savez, ne sont pas autorisés à assister aux activités officielles à l’Élysée. Alors qu’ils envoient à tous des invitations et une accréditation. Ceci et bien d’autres exemples de « modération » de l’espace médiatique ne sont rien d’autre qu’une censure ordinaire, en appelant les choses par leur nom.
Dans ces circonstances, nous jugeons inutile et continuer d’appeler aux mécanismes supranationaux de protection en exigeant de remplir de bonne foi leurs fonctions pour garantir la liberté d’expression et le pluralisme d’opinion. Nous le faisions pendant plusieurs années. Nous avons pu voir que l’Occident promeut sans gêne ses doubles standards en ce qui concerne la liberté d’expression et les droits de l’homme. Ils ont détruit ces standards, il n’y en a pas. Ils agissent comme ils l’entendent aujourd’hui, de manière conjoncturelle et cynique. Malheureusement, plusieurs organisations internationales ont simplement commencé à les « servir » dans le pire sens de ce terme. De cette manière, les élites dirigeantes des pays euro-atlantiques tentent d’appliquer leur propre agenda clairement basé sur l’aspiration à la domination globale dans tous les secteurs. Nous pensons qu’il est temps d’envoyer aux pays qui attaquent sans appel les médias et les journalistes russes un message très clair que de telles attaques ne resteront pas sans réaction objective. Nous nous réservons le droit de prendre contremesures envers leurs médias représentés dans le champ médiatique russe si les droits des correspondants, des médias et des diffuseurs continuaient d’être enfreints.
Nous trouvons également nécessaire de souligner que le besoin de nos sociétés de se faire une image objective et complète des événements dans le monde, ce qui est particulièrement important en situation de crise, est directement lié à la tenue par tous les membres de la communauté internationale de leurs engagements en termes de protection de la liberté des médias.
Sur le déroulement en Bulgarie d’une marche néonazie
Le 12 février, malgré l’interdiction de la mairie de Sofia, les actions du Ministère de l’Intérieur et du Parquet bulgare, des néonazis bulgares ont organisé une nouvelle marche appelée Lukov, en hommage au général Hristo Lukov de la Seconde Guerre mondiale, connu pour ses opinions fascistes et antisémites.
Nous notons la position du Ministère bulgare des Affaires étrangères concernant l’inadmissibilité des manifestations d’antisémitisme, de racisme, d’intolérance, de discrimination et de haine.
La Russie appelle systématiquement à unir les efforts de la communauté internationale dans la lutte contre la glorification du nazisme, le néonazisme et le nationalisme agressif. Vous le savez, nous sommes l’initiateur de l’adoption annuelle par l’Assemblée générale des Nations unies d’une résolution en la matière.
Il est de notre devoir envers ceux qui sont tombés dans la lutte contre la peste nazie d’empêcher la falsification de la vérité historique, la glorification des fascistes et de leurs adeptes, la propagande du chauvinisme, de la guerre et de la xénophobie. Nous espérons que les autorités bulgares lutteront systématiquement et efficacement contre ces phénomènes odieux sur leur territoire.
Nous avons noté et soutenons entièrement la position des autorités bulgares concernant l’inadmissibilité d’organiser de telles activités nazies et fascistes et la réaction à la profanation d’un mémorial. Il ne peut y avoir de double lecture. Nous l’avons vu et l’apprécions. Nous pensons que c’est une réaction digne. Il est important qu’elle s’applique également dans la pratique. […]
Réponses aux questions:
Question: Le porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de l’Allemagne Christopher Burger a déclaré que dans les accords avec la Russie il n’y avait pas de promesse que l’Otan ne s’élargirait pas vers l’est. Que pouvez-vous dire sur la déclaration de votre collègue allemand?
Réponse: D’abord, les représentants des pays de l’Otan niaient le fait en soi des promesses de l’Occident concernant le non-élargissement de l’Alliance vers l’est. Puis ont commencé à paraître les mémoires de ceux qui ont pris part aux événements à l’époque et aux négociations, de représentants officiels. Ils ont alors cessé de s’obstiner et d’affirmer que rien de tel n’a eu lieu. Ils ont commencé à dire que des affirmations orales avaient peut-être été faites, mais qu’il n’y avait pas de documents officiels écrits. Une « amnésie collective » étonnante. Après la publication du Spiegel (un média allemand, je souligne), il s’est avéré que c’était faux.
Selon les documents d’archives déclassifiés, à l’issue des pourparlers à Washington le 2 février 1990, le Ministre des Affaires étrangères et vice-Chancelier allemand Hans-Dietrich Genscher et le secrétaire d’État américain James Baker ont déclaré: « Nous sommes convenus qu’il n’y avait pas d’intention d’élargir la zone de défense de l’Otan vers l’est. Cela concerne non seulement la RDA, que nous ne voulons pas y intégrer, mais également dans l’ensemble ». Pendant les négociations au format « 2+4 » (avec la participation de la RDA, de la RFA, de la France, de l’URSS, du Royaume-Uni et des États-Unis), le représentant de la RFA Jürgen Hrobog a déclaré: « Nous avons clairement laissé entendre que nous n’élargirons pas l’Otan au-delà de l’Elbe. C’est pourquoi nous ne pouvons pas proposer à la Pologne et à d’autres pays d’adhérer à l’Otan. » Je rappelle que la rencontre s’est déroulée à Bonn le 6 mars 1991. Depuis, 14 États ont adhéré à l’Otan.
Pour qu’à terme personne ne doute que des représentants occidentaux ont promis aux dirigeants de l’URSS (nous avons trouvé des extraits, nous en parlions publiquement) que l’Otan ne s’élargirait pas vers l’est au début des années 1990, nous suggérons de se familiariser avec les extraits des entretiens en question préparés par le Ministère russe des Affaires étrangères à partir de documents d’archives.
À noter que les membres et les représentants de l’Alliance se réfutent les uns les autres sur les questions fondamentales et continuent de faire des déclarations qui ne correspondent pas à la politique menée. À présent, il est nécessaire de trouver de nouvelles justifications, l’accent est mis sur le fait que les promesses n’ont pas été documentées. C’est la ruse qu’ils utilisent.
Par exemple, la réponse à la lettre écrite par le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à ses homologues européens ne venait pas de chaque pays à titre national, mais il s’agissait de lettres collectives (réponses bureaucratiques) de deux structures – Otan et UE. Même s’il y avait également une dissonance. Quand c’est nécessaire, ils disent ne pas avoir de position nationale, car la plupart a plaidé pour une réponse collective. Comment cela se fait-il? La majorité possède également un aspect national. Elle le possède même sous la forme d’une majorité dans une organisation. Où est passée la minorité? Il s’avère que quand c’est bénéfique pour eux, ils disent répondre collectivement (soi-disant, c’est la majorité qui a décidé ainsi). Et quand cela ne l’est pas, ils disent « demandez à chacun à titre national »; « cela ne concerne pas notre structure »; « nous n’étions pas présents à l’époque », etc. Ils se cachent derrière ces formulations et phrases, s’emmêlent et le font régulièrement.
Le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a dit plusieurs fois qu’on ne pouvait pas croire l’Occident sur parole. Nous avons pu nous en assurer maintenant. Nous avons bien appris une autre leçon de huit ans. On nous disait: « Il faut littéralement s’entendre que le Donbass n’adoptera pas la position active de 2015, ne reconquerra pas ses propres territoires en cherchant à se protéger des convictions de régimes fantoches imposées par la « force des chars »; asseyons-nous à la table des négociations pour tout régler », « nous coexisterons en paix dans une Europe sûre ». Nous nous sommes assis, passé un accord, fait le maximum. Nous avons fait des efforts pour assurer aux gens qu’avec l’apparition des Accords de Minsk leur vie dans le Donbass se normaliserait. Ils ont dit avoir un plan par étapes et la volonté des partenaires occidentaux de faire pression, de coordonner les efforts avec le régime de Kiev pour que tout soit mis en œuvre. Pendant huit ans, le régime de Kiev se rejetait les engagements et les obligations accusant le pouvoir précédent d’erreurs et le pouvoir actuel d’incapacité de tenir ses engagements. Ils ont tout fait pour ne pas bouger d’un pas de la position adoptée en 2015 (dans tous les sens du terme). Il y avait seulement des retours en arrière sur plusieurs axes. C’est un classique: on dit une chose, mais on fait une autre. On nous trompe.
C’est pourquoi la Russie a envoyé aux États-Unis et aux pays de l’Otan des propositions sur les garanties de sécurité. Elle l’a fait par écrit, a publié les documents pour que tout le monde voie nos tentatives d’inviter à la discussion d’une chose cruciale pour nous, d’attirer l’attention de la communauté internationale et d’exclure la falsification de documents. Les discussions sur la sécurité ne suffisent pas pour la Russie. Nous avons besoins de garanties juridiques à long terme des États-Unis et de leurs alliés de l’Otan. Surtout maintenant, compte tenu de ce que nous avons vu et entendu rien qu’au cours des derniers mois.
Question: Que pouvez-vous dire sur l’annulation par la France de la visite du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à Paris?
Réponse: Nous l’avons déjà commenté hier. Je rappelle encore une fois la chronologie des faits. Il y a eu une série de contacts entre les présidents de la Russie et de la France, Vladimir Poutine et Emmanuel Macron, à l’initiative de ce dernier. La Russie répondait pratiquement à chaque appel. Il a été convenu d’organiser à Paris des pourparlers entre les chefs de diplomatie, Sergueï Lavrov et Jean-Yves Le Drian, sur la construction d’une nouvelle architecture de sécurité européenne et mondiale tenant compte des intérêts réciproques et du principe de son indivisibilité. La rencontre était prévue pour le 24-25 février. Cependant, dans la soirée du 22 février, lors d’une conférence de presse à l’issue d’une réunion informelle des ministres des Affaires étrangères de l’UE, le ministre français a annoncé l’annulation de la visite. En même temps, l’Ambassade de Russie en France a été officiellement informée que « dans le contexte actuel » Jean-Yves Le Drian avait décidé d’annuler la rencontre prévue.
De cette manière, toute la responsabilité pour la rupture des négociations repose sur la France. Il convient de noter que le refus démonstratif des Français de dialoguer avec nous a eu lieu sur fond de nouvelle hystérie attisée par l’Occident collectif autour de la Russie, démontrant sa réticence flagrante à mener une discussion objective dans le respect mutuel, notamment sur les sujets les plus sensibles de l’agenda international dont dépend la stabilité en Europe et dans le monde.
Pendant cette même conférence de presse, le chef de la diplomatie française a déclaré que tous les efforts diplomatiques entrepris par les partenaires au cours des dernières semaines « se sont heurtés à un mur », faisant clairement allusion à la Russie. Nous trouvons nécessaire de donner des explications concernant ces déclarations du ministre.
Des négociations très intensives étaient menées ces dernières semaines à haut niveau et au sommet dans le seul but d’avancer dans le règlement du conflit dans le sud-est de l’Ukraine. Nous sommes d’accord avec l’affirmation que ces efforts se sont heurtés à un mur d’incompréhension et de réticence à s’entendre. Cependant, ce n’est pas la Russie qui a érigé ce mur, mais l’Ukraine avec tous ceux qui « appuyaient » ce mur du côté de l’Occident. Nos partenaires le savent parfaitement, car c’est eux qui, au lieu de pousser Kiev à remplir les Accords de Minsk, complaisaient à ses aspirations agressives, qui ont finalement mis une croix sur les Accords de Minsk. Désormais, comme ce fut déjà le cas auparavant, ils cherchent à rejeter sur nous la responsabilité pour les conséquences. Cela n’a rien de nouveau. Nous y sommes habitués. Nous ne pouvons que conseiller une nouvelle fois à nos amis occidentaux d’être honnêtes au moins avec eux-mêmes.
Nous restons ouverts à un dialogue honnête et équitable sur le plus large éventail de questions à condition de respecter les intérêts des parties. Je voudrais le prouver avec l’exemple d’aujourd’hui. Le Président ukrainien Vladimir Zelenski a enregistré une nouvelle allocution vidéo concernant l’organisation des pourparlers. En dépit de l’avis sur son « activité » et de tout ce que le régime y avait fait sous sa direction, la décision concernant la possibilité de contacts et la formation d’une délégation a été prise rapidement et annoncée publiquement. C’est en ce qui concerne la question de savoir qui érige des « murs » et sapent les négociations. Nous n’avons jamais sapé des négociations. Nous savons séparer les émotions du professionnalisme.
Question: La Russie a-t-elle l’intention de prendre des mesures pour défendre ses établissements diplomatiques à l’étranger?
Réponse: Les actions pour la protection des représentations à l’étranger sont régulées par les Conventions de Vienne sur les relations diplomatiques et consulaires de 1961 et de 1963. Nous partons du principe que chaque pays qui accueille une ambassade de Russie doit les remplir dûment.
Malgré les engagements des autorités compétentes étrangères, nous accordons constamment une attention particulière à la garantie de la sécurité des établissements à l’étranger conformément aux termes de notre législation.
Les nouvelles réalités exigent des mesures appropriées. Compte tenu des circonstances, nous élaborons des mesures supplémentaires pour renforcer la protection physique et d’ingénierie des représentants diplomatiques et consulaires russes.
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Question: Sait-on à quel niveau sera représenté le Ministère russe des Affaires étrangères aux négociations sur l’Ukraine?
Réponse: Cela ne sert probablement à rien d’en parler maintenant. De notre côté, nous formerons rapidement une délégation. Le comportement responsable de la partie ukrainienne est plus important actuellement.
Pendant la préparation pour la conférence de presse, j’ai vu la déclaration du Ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmitri Kouleba, qui a dit que Kiev comptait saisir La Haye à cause de l’opération spéciale de la Russie. Si quelqu’un y est encore en état de prendre des décisions, il faut le faire avec responsabilité. Tous ceux qui estiment faire partie du pouvoir exécutif de l’Ukraine doivent élaborer des approches consolidées. Nous avons besoin de comprendre ce que demande Vladimir Zelenski dans ses allocutions. Son équipe ne doit pas envoyer d’autres signaux. C’est inhérent à toute situation, mais il faut, qui plus est, s’y tenir dans la situation que nous observons.
Question: La Finlande s’est dite prête à déposer une demande d’adhésion à l’Otan si sa sécurité nationale était mise en cause. Que pense Moscou de telles déclarations? L’adhésion de pays voisins de la Russie à l’Alliance pourrait-elle attiser l’escalade?
Réponse: La position de la Fédération de Russie à ce sujet a été exprimée plusieurs fois, notamment par le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov pendant la conférence de presse sur le bilan de l’activité diplomatique russe en 2021. S’il est nécessaire de le rappeler, les points principaux se résument à ceci.
Nous considérons la ligne du gouvernement finlandais visant à poursuivre la politique de non-alignement militaire comme un facteur important de garantie de la sécurité et de la stabilité au nord de l’Europe, sur le continent européen dans l’ensemble. Sachant que nous ne pouvons pas ignorer les efforts ciblés de l’Otan et de certains de ses membres, notamment des États-Unis, pour aspirer la Finlande et la Suède dans l’Alliance. L’intensité de l’interaction pratique d’Helsinki et de Stockholm avec l’Otan grandit: la participation aux exercices de l’Alliance, la mise à disposition de son territoire pour les manœuvres près des frontières russes, notamment l’imitation par les Américains d’attaques avec l’usage de l’arme nucléaire contre un « ennemi comparable ». Il est facile de comprendre de qui il s’agit. Nous assistons à cette politique depuis plusieurs années.
Le choix des solutions pour garantir la défense nationale et la sécurité est une affaire intérieure et souveraine de chaque État. En même temps, tous les pays membres de l’OSCE à titre national, y compris la Finlande et la Suède, ont confirmé le principe que la sécurité d’un État ne devait pas être assuré au détriment de la sécurité des autres. Il est évident que l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’Otan, qui est avant tout une organisation militaire, aurait de graves conséquences politico-militaires qui nécessiterait des contremesures de la Fédération de Russie.
Question: Le Président russe Vladimir Poutine a déclaré que la Russie n’occuperait pas le territoire ukrainien. Le Ministère russe des Affaires étrangères connaît-il les projets des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk concernant les territoires de l’Ukraine. Les frontières des républiques pourraient-elles être élargies, s’y attend-on?
Réponse: Je peux dire aujourd’hui de plein droit que les pays, les républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, ont leur propre politique nationale à ce sujet, leur propre législation, le politique nationale et étrangère en formation mais qui existe déjà. Nous en avons parlé aujourd’hui pendant la rencontre du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avec ses homologues des républiques de Donetsk et de Lougansk.
Je voudrais conseiller de tout cœur: contactez-les directement en ce qui concerne leurs projets. Ils possèdent des services de presse, des responsables de l’information, ils sont actifs sur les réseaux sociaux. Il s’agit désormais d’États souverains. Alors que nous parlerons de nos projets.
Question (traduite de l’anglais): Le Ministre britannique de la Défense Ben Wallace a déclaré que Vladimir Poutine était « complètement déchaîné », avait « pété les plombs ». Quelle est votre réaction à ces déclarations?
Réponse: C’est étonnant que le Ministre britannique de la Défense s’exprime ainsi au sujet du dirigeant d’un autre État. Je trouve qu’il aurait pu trouver des qualificatifs similaires en regardant le Premier ministre britannique. C’est en ce qui concerne les appréciations personnelles.
En ce qui concerne l’opération militaire spéciale. Malheureusement, oui. C’est un grand malheur que de devoir recourir à de telles méthodes. C’est exactement ce que nous disions il y a huit ans. Il a fallu huit ans de notre politique, d’efforts et de travail sans interruption pour montrer et prouver: il existe une solution pacifique par les négociations pour régler le grave conflit, qui était sanglant déjà en 2015; toute évolution selon un autre scénario sans négociations serait tragique; il faut l’éviter à tout prix.
Combien d’années devait encore durer l’effusion de sang dans le sud-est de l’Ukraine? Cinq? Dix? Pourquoi vous avez commencé à compter les victimes seulement à partir d’aujourd’hui? Qui vous a donné le droit de ne pas remarquer les victimes? Il y en a eu des milliers au cours de ces dernières années. Votre conscience ne vous rongeait-elle pas? Vous, journalistes occidentaux, en parlant de l’Ukraine, des Accords de Minsk et de la Russie, vous n’avez jamais dit que des habitants mouraient dans l’est de l’Ukraine, dans les républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, dans le Donbass. Vous ne les voyiez et comptiez jamais. Visiblement, tout comme le Président ukrainien Vladimir Zelenski, vous ne les preniez pas pour des êtres humains. Qui vous a donné le droit de parler des victimes seulement à compter d’aujourd’hui?
Si vous réalisez ainsi vos reportages et adoptez une telle approche, alors vous n’êtes ni journaliste ni être humain. 13.000 ont été tuées. Je ne les sépare pas (même si je devrais probablement) en ceux qui ont tiré les premiers, se trouvaient dans l’armée ukrainienne (l’armée régulière et les bataillons nationalistes qui ont rejoint ensuite les forces armées ukrainiennes). Je ne les sépare pas des civils et de ceux que vous qualifiez de rebelles et de séparatistes – et nous de miliciens. Je parle du chiffre global.
Selon l’OSCE, 13.000 ont été tuées. L’Organisation ne pouvait pas recenser chaque victime. Ce n’est que son analyse primaire. Où étiez-vous? Pourquoi vous ne posiez pas ces questions à Kiev? Pourquoi vous ne diffusiez pas les gens du Donbass? Pourquoi vous leur empêchiez de venir aux réunions des organisations internationales ou y participer en visioconférence? Vous n’avez pas de conscience.
Peut-être que vous devriez d’abord compter le nombre de tués par le gouvernement britannique en Irak? Combien de civils y ont été tués par la grâce de Downing Street? Combien de soldats britanniques y ont été tués? Vous ne voulez pas parler de l’Afghanistan? Il serait temps. Avant d’exprimer son avis sur les autres, commencez par vous-mêmes. En parlant de la situation en Ukraine et des actions de la Russie pour protéger les civils du Donbass, ne commencez pas par février 2022. Cette histoire compte plusieurs années. Commencez au moins par 2013.
Vous voulez compter les civils tués? Avez-vous compter sur le Maïdan en 2013-2014? Combien de gens y ont été tués? Combien de personnes ont été abattues par des snipers? Combien d’hommes de Berkout y sont morts? Combien de personnes ont été lapidées et torturées? Avez-vous fait des reportages sur ce sujet? Peut-être une fois depuis toutes ces années. Ce n’est pas à vous d’en parler. Ce n’est pas le début d’une guerre. C’est une opération pour mettre un terme à une guerre qui perdure depuis des années. Ne pas le savoir et voir est tout aussi criminel que de desservir médiatiquement le régime de Kiev depuis toutes ces années.
Pardonnez mes émotions. Ça pèse. Nous ne voulons plus écouter et croire vos médias. Nous répondrons aux questions. Mais nous n’avons pas l’intention de nous résigner avec ces spéculations. Ce que vous faites, c’est de la propagande. Cela irait encore si c’était associé à d’autres thèmes. Mais vous l’associez à la propagande de la guerre que vous attisiez depuis deux mois. Cela ne tient pas debout. Et ensuite vous retournez tout cela et rendez coupables des innocents.
Question (traduite de l’anglais): Puis-je poser une question sur Minsk? Vous dites que vous étiez prêts à parler au régime ukrainien à Minsk, mais les conditions de ces négociations incluaient la reddition totale de l’Ukraine suivie de sa démilitarisation. Comment cela pourrait-il s’appliquer à Vladimir Zelenski si on lui demandait de se rendre avant le début des pourparlers?
Réponse: Nous avions prévenu. J’ai déjà dit deux fois que la Russie était prête à envoyer une délégation interministérielle aux négociations à Minsk. Nous l’avons annoncé. Nous y sommes prêts. Cela a été dit par Dmitri Peskov, porte-parole du Président de la Fédération de Russie. Du côté du Ministère des Affaires étrangères, je peux dire qu’effectivement un tel travail pourrait commencer à tout moment. Mais de l’autre côté il ne faut pas que sous l’influence de l’Occident commencent de nouveau des esquives et des mensonges ou que les « représentants » du régime de Kiev se mettent à se démentir les uns les autres. Je viens de vous citer une déclaration de Dmitri Kouleba. Je ne l’ai pas inventé, cela a été relayé par des agences de presse. Ils doivent décider: soit des négociations, doit des revendications envers notre pays.
Question (traduite de l’anglais): Les négociations après la démilitarisation de l’Ukraine – cela implique la reddition totale?
Réponse: Nous avons déjà dit que nous étions prêts. Les objectifs qui ont été fixés par le Président russe Vladimir Poutine avant le début de l’opération spéciale restent en vigueur. Ils sont d’actualité. Le fait est que nous avons répondu aux requêtes du Président Zelenksi. Nous avons vu cette vidéo et y avons réagi.
Question (traduite de l’anglais): Vous dites que vous avez l’intention de mettre un terme à la guerre, or il s’agit d’une opération militaire d’envergure…
Réponse: Nous n’allons pas vous lancer maintenant dans des fantaisies. Cela n’a rien à voir avec cette situation. Nous allons par étapes. L’opération se déroule. Ses objectifs ont été désignés. Il y a des commentaires du Ministère russe de la Défense. En parallèle, nous avons constaté la requête qui a été diffusée sous la forme d’une vidéo du Président Zelenski. Nous y avons réagi. Personne ne fera de fantaisies maintenant. Une demande a été faite, nous y avons réagi.
Question (traduite de l’anglais): Avant l’intervention militaire en Ukraine le Président russe Vladimir Poutine avait mentionné plusieurs fois les bombardements de la Yougoslavie en tant qu’exemple d’une grossière violation du droit international. Certains analystes disent aujourd’hui que l’argumentation et la stratégie militaire utilisées par Vladimir Poutine sont identiques à celles utilisées par l’Otan au moment de l’attaque contre la Yougoslavie. Que pouvez-vous répondre à ces affirmations?
Réponse: De telles comparaisons et spéculations font partie de la falsification. Nous savons à quel point l’Occident aime falsifier. Nous le voyions constamment depuis deux mois.
Le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov en a parlé aujourd’hui lors d’une conférence de presse, mais puisque vous me le demandez, je voudrais vous rappeler (ce n’est peut-être pas utile, si je comprends bien, vous êtes de Serbie) un exemple. Quand l’Otan bombardait la Yougoslavie, elle attaquait tout: les civils, l’infrastructure, l’infrastructure militaire, les militaires, les gens. Vous vous en souvenez, ils ont bombardé l’ambassade de Chine. Par erreur, disaient-ils. Mais cela reste un fait. Vous savez peut-être mieux que moi combien de civils ont été tués parce que les gens se promenaient dans la ville paisible et des missiles tombaient sur eux. L’objectif n’était pas de réprimer le pouvoir mais le pays en soi. C’était une véritable opération contre des civils. Sans parler des munitions à uranium appauvri, c’est une histoire à part. Vous avez qualifié d’agression ce qui se passe actuellement.
Je voudrais souligner qu’il s’agit d’une opération militaire spéciale pour protéger les peuples qui se sont adressés à nous. En 2022, ce n’est pas la première fois qu’ils s’adressaient à nous. C’est une longue histoire.
Ils ont commencé à le faire après qu’en 2014 un coup d’État anticonstitutionnel s’est produit sur le territoire ukrainien, quand le régime de Kiev a envoyé des forces armées pour réprimer l’opposition dans l’est de l’Ukraine. Des chars y ont été envoyés. Les gens qui conservaient le pouvoir légitime représentant les habitants de Donetsk et de Lougansk, préservant leur attachement à la légalité et à leur culture, n’ont pas voulu accepter le pouvoir illégitime anticonstitutionnel. Surtout quand on a commencé à le leur imposer de force par une agression.
C’est alors qu’ils ont demandé de l’aide. Vous ne vous en souvenez peut-être pas, mais je vous le dirai. Ils ont également organisé un référendum, dans la DNR et la LNR. Des habitants de Donetsk et de Lougansk y ont voté, ils se sont clairement exprimés. Revoyez ces informations. Combien de fois nous ont-ils demandé de l’aide? Nous apportions une aide humanitaire, en médicaments, une aide d’infrastructure pour qu’ils ne gèlent pas, qu’ils aient à manger, une aide aux enfants et un soutien politique en élaborant les premiers Accords de Minsk. Puis, en participants aux seconds Accords de Minsk découlant des premiers que nous avions initiés.
Pendant huit ans nous essayions de faire en sorte que le régime de Kiev, Donetsk et Lougansk établissent un dialogue, mais Kiev bloquait ce dialogue. L’effusion de sang y durait pendant huit ans. La Russie tentait d’attirer l’attention internationale et l’attention de ceux qui étaient directement responsable pour cette situation sur la nécessité de faire cesser l’effusion de sang. Les dernières possibilités de dialogue ont été bloquées par nos partenaires (j’en ai parlé toute la journée hier et aujourd’hui) quand nous avons reçu une lettre, notamment du Secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, tout un message qu’ils n’ont plus l’intention de négocier. Berlin et Paris ont tous les deux échoué à remplir leur rôle de médiation. Sachant que les bombardements continuaient, et le nombre de réfugiés a augmenté. La situation y était chauffée à blanc. Tout cela sur fond d’alimentation de l’Ukraine en armes pendant des années et des provocations qui y ont été organisées. C’est alors qu’il a été décidé d’organiser une opération spéciale chirurgicale. Le Ministère russe de la Défense tient des conférences de presse, suivez-les. Les frappes sont chirurgicales et visent l’infrastructure militaire. Les objectifs ont même été annoncés publiquement par le Ministère de la Défense pour savoir quels sites sont frappés et dans quel but.
Je voudrais souligner que depuis l’été 2021 nous parlions régulièrement des provocations commises par les pays de l’Otan avec la participation de l’Ukraine à proximité immédiate de notre pays. Il s’agissait de provocations en mer Noire quand notamment un destroyer britannique est entré dans les eaux territoriales russes et a été stoppé seulement par un tir préventif de notre navire de guerre en réponse aux actions illégales. Des exercices de l’Otan se sont déroulés pendant plusieurs jours à proximité immédiate de nos frontières. Dans quel but? Est-ce un acte pacifique? Mais la suite était encore plus terrible. Les provocations ont continué dans le ciel de la mer Noire quand des avions militaires de l’Otan manœuvraient dangereusement à proximité immédiate d’avions civiles russes. Tout cela se déroulait au-dessus de notre territoire et de la mer Noire. Imaginez-vous dans un avion civil quand à 50-100 mètres de vous manœuvre un avion militaire de l’Otan? Et vous ne pouvez pas l’empêcher, vous ne pouvez rien faire pour se trouver en sécurité étant donné que c’est un avion militaire. Nous avons cité cinq exemples de telles provocations rien que pour la période octobre-novembre 2021. Vous vous souvenez qu’en 2018 de navires ukrainiens chargés d’armements avaient tenté de franchir le détroit de Kertch. Ces provocations étaient très nombreuses. D’une part, des civils, la population civile et les miliciens mouraient dans le Donbass. D’autre part, le long du périmètre de nos pays, des provocations avec des armes et du matériel militaire ont été organisées avec la participation de l’Ukraine et sous les applaudissements des pays de l’Otan. Et l’Ukraine était alimentée avec différentes armes offensives. La dernière chose qui a été déclaré (je ne me souviens pas qu’une telle chose ait été dite en Yougoslavie) en marge de la Conférence de Munich sur la sécurité (pas un salon d’armement, pas une conférence nucléaire), c’est qu’ils songeraient et jugeaient importante pour eux l’option du retour à la question sur l’arme nucléaire. Que pensez-vous d’une telle perspective? Elle ne nous réjouit certainement pas. Nous avons déjà connu cela pour considérer un tel « concours de circonstances » comme un hasard. Le Président de notre pays en a parlé également dans son allocution en citant l’exemple des accords de Munich et de la pacification de l’agresseur. Plus personne n’a l’intention de le faire. Tout le monde sait comment cela se termine.
Question: Pendant sa visite à Moscou, le Président azéri Ilham Aliev a signé la Déclaration sur la coopération alliée entre la Russie et l’Azerbaïdjan. Comment cet accord se reflétera-t-il sur la position de Moscou par rapport au Karabakh? Car plus tôt la Russie, comme d’autres coprésidents du Groupe de Minsk de l’OSCE, déclarait que le sujet était clos et qu’il fallait déterminer le statut du Haut-Karabakh, notamment compte tenu du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes?
Réponse: En ce qui concerne le processus de paix au Haut-Karabakh et dans l’ensemble la normalisation des relations arméno-azerbaïdjanaises, la Déclaration sur la coopération alliée avec l’Azerbaïdjan, paragraphe 9, contient un passage que les parties contribueront pleinement aux efforts pour mettre en œuvre les termes de l’entente entre les dirigeants de l’Azerbaïdjan, de l’Arménie et de la Russie du 9 novembre 2020, du 11 janvier et du 26 novembre 2021. Le paragraphe 10 stipule que les parties interagiront pour remplir les objectifs qui découlent des termes des accords susmentionnés et coopéreront étroitement pour établir une paix durable entre les États de la région. Ainsi, la Déclaration adoptée contribue au renforcement de la sécurité régionale.
En ce qui concerne la position des États coprésidents du Groupe de Minsk de l’OSCE – la Russie, les États-Unis et la France, elle est exprimée dans la déclaration commune. La dernière au niveau des chefs de diplomatie a été publiée le 7 décembre 2021.
Question: Comment l’accord avec l’Azerbaïdjan se reflètera-t-il sur les engagements de la Russie envers l’Arménie dans le cadre de l’OTSC et des accords bilatéraux entre Moscou et Erevan?
Réponse: Nous partons du principe que la signature de la Déclaration ne crée aucun problème à l’alliance russe avec l’Arménie dans aucun secteur. Nous respecterons nos engagements bilatéraux envers Erevan, qui est notre allié proche et de longue date. Nous sommes convaincus que la signature de la Déclaration mentionnée à Bakou permettra de renforcer la coopération trilatérale entre l’Arménie, l’Azerbaïdjan et la Russie, notamment sur la sécurité et la coopération économique et sociale en Transcaucasie. De plus, compte tenu des nouvelles réalités géopolitiques dans la région, nous mettons constamment à jour la base contractuelle bilatérale avec l’Arménie, qui compte actuellement près de 200 documents.
Question: Comment cet accord affectera-t-il l’alliance politico-militaire entre Bakou et Ankara compte tenu de la Déclaration de Choucha déjà ratifiée par les parlements de l’Azerbaïdjan et de la Turquie ainsi que de l’exigence de Moscou pour que l’Otan cesse la coopération militaire avec les pays postsoviétiques?
Réponse: La Déclaration de coopération alliée avec l’Azerbaïdjan n’est pas dirigée contre d’autres pays. Elle est appelée à renforcer la sécurité régionale. C’est l’un de ses termes. Nous évoquons les liens politico-militaires aussi bien avec Bakou qu’avec Ankara. Ils connaissent les positions russes à ce sujet.
Nous avons des formats de coopération communs et mutuellement avantageux. Par exemple, la plateforme régionale consultative « 3+3 ». Dans son cadre, outre l’Azerbaïdjan et la Turquie, nous interagissons avec l’Iran et l’Arménie, nous laissons la « porte » ouverte à la Géorgie.
Je trouve que vous n’avez pas très correctement formulé votre question. Il s’agit d’engagements de l’Otan et de notre exigence de ne pas élargir son infrastructure. Personne ne s’y oppose, à condition de respecter les normes universelles de ne pas garantir sa propre sécurité au détriment de la sécurité des autres. Si ce principe est respecté, personne ne s’oppose à une coopération militaro-technique entre les pays si elle n’est pas dirigée contre qui que ce soit.
L’interaction entre nos pays et d’autres pays entre eux, indépendamment de savoir si ces pays font partie ou non des alliances, se déroule de manière souveraine. Bien évidemment, il existe des principes généraux quand elle ne doit pas être dirigé contre d’autres pays, notamment s’il est question d’une coopération militaro-technique, ni créer une menace potentielle sans tenir compte de ce principe de base sur l’indivisibilité de la sécurité.
Chaque fois nous sommes interrogés sur le fait que le régime de Kiev, en tant qu’État, a le droit de mener une coopération militaro-technique. C’est pourquoi toutes les livraisons d’armes sont légales et légitimes. Bien sûr. Quand les livraisons d’armes y ont commencé en 2015-2016, nous soulignions que c’était assez étrange. Après tout, les efforts internationaux devraient se concentrer sur la mise en œuvre des Accords de Minsk. Au lieu de cela, leur accent se déplace vers les livraisons d’armes, alors que les Accords de Minsk parlent complètement d’autres choses. Quand tout cela a commencé à être accompagné de provocations, nous avons posé des questions supplémentaires sur ces livraisons. Certes, c’est un État souverain. Mais il organise des provocations sur notre frontière. Cela ne suscite pas simplement des questions, mais des protestations, et la volonté de ne plus l’ignorer. Tout cela était associé d’une manière ou d’une autre aux pays de l’Otan. Les meurtres en masse de la population civile se sont poursuivis, tout comme la rhétorique agressive à notre égard. Couplé à la politique de sanctions, tout cela s’accumulait dans une boule terrible. Il faut aussi voir la situation réelle. C’est normal de citer de tels exemples historiques. Mais ils doivent être projetés sur une situation concrète.
Question: Ces jours-ci, beaucoup de mes connaissances de différents pays ne s’adressent pas à moi et à d’autres compatriotes seulement avec des mots sincères de soutien de la politique russe dans le Donbass et les problèmes de sécurité. Ils écrivent et demandent de traduite ou de transmettre les lettres adressées au gouvernement russe, au Ministère des Affaires étrangères et à vous personnellement.
Par exemple, M. Grdlicka, Mme Frycova (Tchéquie), M. Dusa (Slovaquie), M. Mihalu (un Tchèque qui se trouve à Donetsk) et bien d’autres. Pouvez-vous donner une adresse pour envoyer de telles lettres?
Réponse: Bien sûr, envoyez-les nous. Pour les envoyer aux autorités du pays, il y a le site du Président.
Nous subissons des attaques DDoS: le site du Kremlin et celui du Ministère des Affaires étrangères (cela s’est renforcé à présent). Nous vous accorderons la possibilité d’envoyer par courriel si vous indiquerez les destinataires et transmettrez vous-même.
Question: Sachez qu’actuellement la République tchèque est déconnectée de la Russie. Tout le russophone a été fermé. Il est même impossible de regarder votre conférence de presse.
Réponse: Comment cela fermé?
Question: Les sites russophones et ainsi de suite.
Réponse: Arrivez-vous à ouvrir le site du Ministère des Affaires étrangères?
Question: Non, il ne s’ouvre pas. Je suis à Moscou. Mes connaissances l’écrivent de là pour que je partage le lien de la conférence de presse (du site du Ministère des Affaires étrangères), mais elles n’arrivent pas à l’ouvrir.
Réponse: Est-ce une décision officielle qui a été prise?
Question: Oui, le Ministère tchèque de l’Intérieur l’a prise aujourd’hui.
Réponse: Comment est-ce possible? Nous vivons au XXIe siècle, alors que des chaînes sont fermées, et ce, de manière méthodique, pas en une journée. C’est fait chaque année de manière de plus en plus insolente. Notre présence est bloquée sur les réseaux sociaux, les sites d’hébergement de vidéos, des journalistes sont expulsés, tout le flux médiatique russophone subit un blocus, depuis notre pays, avec des points de vue et des avis différents. C’est un scoop ce que vous venez de me dire. Nous l’analyserons absolument. Je l’ignorais. C’est peut-être une décision datant de quelques heures. Comment est-ce possible de bloquer tout le russophone au niveau officiel?
D’un autre côté, pourquoi s’étonner? Il y a un an, les comptes du président américain ont été bloqués. Pourquoi? Sans raison. D’un président en exercice, qui plus est. Le plus étonnant est que cela a été salué par ces mêmes personnes avec la même logique qui exigeaient qu’il (le président américain) ne bloque pas leurs commentaires, mêmes offensants, et qu’il ne modère pas ses abonnés. Vous vous imaginez? Ils exigeaient d’abord que tout soit ouvert et que tout le monde ait le droit de proférer des outrages en tout genre, alors que lui ou ceux qui gèrent ses réseaux sociaux n’ont pas le droit de bloquer les commentaires. Mais ensuite, quand de leur point de vue la situation a visiblement franchi le point de non-retour, ils ont simplement bloqué son compte avec un immense public de plusieurs millions de personnes, qui s’est retrouvé coupé des commentaires du président américain en exercice. C’est un non-sens. C’est du George Orwell. Aucun doute.
Question: Certains proposent actuellement sur les réseaux sociaux d’annuler les visas et les titres de séjour en UE des citoyens russes. Si cela arrivait, les enfants des citoyens russes n’ayant pas de citoyenneté russe se retrouveraient dans une situation difficile et pourraient être pris aux parents citoyens russes. Est-il possible d’accorder rapidement la citoyenneté russe à de tels enfants dans les circonstances actuelles?
Réponse: Un enfant dont les parents, le jour de sa naissance, sont citoyens de la Fédération de Russie, conformément à la législation en vigueur, acquiert la citoyenneté de la Fédération de Russie de naissance, c’est-à-dire automatiquement.
Les formalités nécessaires pour octroyer la citoyenneté russe et un passeport à un tel enfant se déroulent, en général, rapidement en fonction du travail de l’établissement diplomatique russes et surtout des exigences et restrictions de Covid dans le pays concerné.
Un enfant né à l’étranger d’un mariage mixte entre un citoyen russe et un étranger peut entrer dans la citoyenneté russe à la demande personnelle de son parent russe et à condition de fournir une attestation écrite de l’autre parent. La décision sur l’octroi de la citoyenneté est prise par le responsable des autorités compétentes en charge de la citoyenneté.
Si le jour de la demande l’enfant a moins de 14 ans, l’examen de cette demande, la prise d’une décision et la délivrance d’un passeport pourraient avoir lieu dans les plus brefs délais.
En cas d’octroi de la citoyenneté à un enfant âgé de 14 à 18 ans, les décisions sur les requêtes sont examinés en accord avec les autorités compétentes russes dans un délai de six mois.
Question: Pourrait-on s’attendre à un scénario où les mécanismes de l’OTSC seraient utilisés pour régler le conflit en Ukraine?
Réponse: Le dossier de l’Ukraine, notamment la mise en œuvre des Accords de Minsk par Kiev, a été constamment soulevé par la Russie lors des contacts avec les alliés tant bien au sommet que pendant les rencontres des ministres des Affaires étrangères, de la Défense, des secrétaires des conseils de sécurité des États membres.
Je trouve que l’OTSC l’a elle-même commenté. Des avis ont été exprimés à ce sujet, il vaut donc mieux s’adresser à eux.
Question: La Mission de l’OSCE a confirmé dans son rapport du 21 février 2022 la transgression des normes du droit humanitaire international par les forces ukrainiennes. Mais lors d’une réunion spéciale du Conseil permanent la Russie a été sommée à « retirer les troupes », la reconnaissance des « entités séparatistes » par la Russie a été condamnée. Que pensez-vous du rôle de l’OSCE dans le Donbass? On voudrait comprendre ce que faisaient les institutions internationales pour éloigner la crise dans le Donbass d’une troisième phase sanglante?
Réponse: Ce rôle est divers. Il serait incorrect de parler maintenant en utilisant une seule couleur, le noir ou le blanc, comme dans bien d’autres situations. Il existe parfois des appréciations en noir et blanc, mais ce n’est pas le cas en l’occurrence.
L’OSCE s’occupait activement de ce problème depuis 2014, sur décision des 57 États participants la Mission spéciale d’observation a été déployée en Ukraine et elle travaillait également dans le Donbass. Le représentant du Président en exercice de l’OSCE faisait partir du Groupe de contact où Kiev, Donetsk et Lougansk devaient parvenir à une entente sur la mise en œuvre des Accords de Minsk.
Il est évident aujourd’hui que les efforts de l’OSCE n’ont pas suffi. Et personne ne fixait à l’organisation pour objectif de régler ce problème en principe. Il existait pour cela des formats respectifs, des efforts internationaux. Ces efforts n’ont pas suffi parce que l’Organisation comprend 57 États. Plusieurs d’entre eux ont adopté une position complètement partiale. Je ne peux même pas dire que c’est la position de Kiev. Cela reste à savoir pour la bonne et simple raison que ce n’est pas une position qui refléterait les intérêts du peuple ukrainien. Non, ce n’est pas une position de l’Ukraine. C’était une position articulée par les représentants du régime de Kiev derrière lequel se trouvaient avant tout les États-Unis. Par conséquent, cette position a été imposée à plusieurs États de l’OSCE pour qu’ils puissent notamment freiner ce processus, qui aurait pu être différent, plus efficace et dynamique. Le processus n’aurait pas été politisé. Quel était le noyau de cette position politiquement imposée? Par tous les moyens soutenir, inspirer et justifier le régime de Kiev dans sa réticence à remplir les Accords de Minsk.
Cette approche s’est également reflétée sur l’activité de la Mission spéciale d’observation, qui s’écartait d’année en année des principes d’objectivité, d’impartialité et de professionnalisme. L’OSCE aurait pu apporter sa contribution au règlement du conflit dans le Donbass, mais il n’y avait pas de véritable intérêt pour inciter Kiev à tenir ses engagements dans le cadre des Accords de Minsk.
Dans le cas contraire, les amendements nécessaires auraient été apportés à la Constitution ukrainienne encore en 2015, Donetsk et Lougansk se trouveraient au sein de l’Ukraine avec un statut particulier et l’État ukrainien contrôlerait la frontière. Plus d’une élection aurait déjà eu lieu dans ces régions, probablement sous l’observation du BIDDH. C’est un regard « dans le futur ». Tout cela, ce ne sont pas les engagements de la Russie mais les objectifs fixés à l’Ukraine en tant que pays, à Kiev d’une part, à Donetsk et à Lougansk d’autre part. Mais on n’a pas réussi à forcer Kiev à remplir ces objectifs pendant sept ans (en prenant pour point de départ les Accords de Minsk).
Question: La discussion sur le génocide dans le Donbass s’est poursuivie après la visite du Chancelier allemand Olaf Scholz à Moscou. Le Secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a apporté sa contribution à Munich. Que pouvez-vous dire à ce sujet?
Réponse: Commenter quoi? Leur réticence à se rendre à l’évidence? Est-ce la première fois que cela arrive? Adoptaient-ils d’autres positions sur d’autres questions globales auxquelles ils participaient? Ils tuaient par centaines de milliers des gens en Irak, ils ne les ont même pas comptés. Quand ils étaient au pied du mur, ils ont dit qu’ils s’appuyaient sur des « informations non vérifiées », que c’était une « erreur ». Aucune excuse n’a pas été présentée. C’est une conscience du niveau de l’époque coloniale qui s’est formée à la charnière du Moyen Âge et du colonialisme. Quand « le grand homme blanc » arrive chez des gens qu’il considère pour une certaine raison comme inférieurs à lui à tous les niveaux: le développement, les acquis civilisationnels, l’éducation et la culture. Il ne leur parle pas d’égal à égal et même pas comme à des enfants, parce qu’au contraire les adultes instruisent les enfants jusqu’à leur niveau et parlent leur langue, mais comme à des « spécimens » sans espoir, comme a dit le Président ukrainien Vladimir Zelenski. Je ne comprends pas comment il est possible d’utiliser le terme de « spécimen » envers des êtres humains. Cette idéologie de la suprématie suppose qu’il n’est pas obligatoire de voir certaines évidences. Cela ne concerne pas et ne fait pas partie du concept d’exclusivité. Celui qui s’exclut de la vie normale et de la réalité n’a pas besoin d’y prêter attention. Nous voyons la même chose sur plusieurs thèmes quand on cite des faits concrets.
Nous avons de nouveau abordé aujourd’hui la question relative aux preuves des affirmations de l’Otan concernant sa non-expansion faites au gouvernement soviétique, puis réitérées aux représentants russes. Car nous sommes à un point où nous montrons un document qui a déjà été publié chez eux. Non seulement ils n’y croient, mais ils ne voient pas. Nous publions des vidéos avec leurs représentants. Tout cela n’était pas enregistré à l’époque de « deep fake », mais quand les images étaient documentaires. Ils ne veulent pas le voir.
La Ministre britannique des Affaires étrangères Liz Truss est venue ici avec une visite inoubliable. On lui demande concrètement si elle peut confirmer ou réfuter l’existence de « fichiers britanniques », de documents qui ont « fuité » sur internet sur les exemples d’ingérence du gouvernement britannique dans les affaires intérieures de notre pays, la distribution de bourses pour entretenir des médias. Elle n’entend même pas cette question. On lui repose la question. Elle ne prend pas la peine de s’exprimer. C’est une approche classique: quand il faut, on répondra à une question par oui ou par non. Il est possible d’ignorer, de ne pas remarquer et de prétendre que rien de se passe. Nous savons déjà que s’ils ne voient pas, cela ne signifie pas que rien ne se passe.
Que Dieu soit juge à l’Allemagne qui s’est permis de se moquer du génocide. Parce que de telles choses du point de vue de la morale humaine ne doivent pas être perçues uniquement sous un angle politique. D’autre part, nous avons exprimé notre avis et avons présenté à Berlin les dossiers sur les crimes qui ont été commis par les forces contrôlées par Kiev contre les habitants du Donbass. Nous les leur avons transmis. Nous poursuivrons ce travail. Les dossiers transmis à Washington et à Berlin ont été désormais transmis à toutes les capitales. Là où nos ambassades sont présentes, nous avons déjà envoyé tout le dossier aux autorités locales pour qu’elles puissent l’examiner et voir ce que c’est. Nous ne faisons que commencer notre travail, nous ne l’arrêtons pas, pour que tout le monde comprenne à quels « dirigeants démocratiques » ils avaient affaire.
Question: Selon vous, d’après votre avis personnel si les républiques de Donetsk et de Lougansk rejoignaient l’OTSC, ne serait-ce pas de trop? Si c’était effectivement le cas, pourquoi ne pas installer temporairement des postes sur la frontière, mettre en place une base de l’OTSC quelque part?
Réponse: Évitons d’imaginer des situations hypothétiques, c’est du ressort des politologues et des futuristes. Mon objectif est de commenter l’évolution des événements, donner un avis sur ceux-ci et répondre avec des faits à vos questions.
En ce qui concerne l’adhésion ou non des républiques de Donetsk et de Lougansk dans des associations, cela relève de leur politique. Cela fait seulement trois jours qu’elles ont acquis leur souveraineté reconnue. Elles ont été reconnues par plusieurs pays. En conséquence, la participation aux associations dépend d’abord de leur reconnaissance en tant qu’entités étatiques, et seulement après il faut examiner de telles questions. Leur interaction avec le monde ne fait que commencer. Ce sont les premiers jours. Même avec la Russie des premières mesures viennent d’être prises pour transmettre les documents nécessaires, établir les relations diplomatiques. Il vaut mieux s’adresser directement à elles pour savoir comment elles détermineront leur politique nationale et étrangère.
Question: Pourquoi n’envoyons-nous pas des troupes à Cuba?
Réponse: Nous développons notre coopération telle que la voit chaque partie. Nous évoquons les questions au fur et à mesure qu’elles se posent. Il existe des questions à l’ordre du jour et elles sont analysées. S’il n’y a pas de questions à l’ordre du jour, alors je n’ai pas de commentaires.
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Source: Lire l'article complet de Le Cri des Peuples