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par Hakim Saleck.
À Bangui, quatre soldats français sont accusés de tentative d’assassinat sur la personne du président centrafricain. Y a-t-il « une question à élucider » malgré l’absence de mobile et les démentis de Paris et de l’ONU ?
Que se passe-t-il avec les militaires français en Centrafrique ? Quatre soldats escortant, selon l’ambassade française, un général de la MINUSCA (force d’interposition de l’ONU en Centrafrique) ont été interpellés le 21 février à l’aéroport de Bangui. Et ce au moment où y atterrissait l’avion du président Touadéra. « Tentative d’assassinat » du chef de l’État centrafricain, martèlent certains dans le pays.
Protocole anormal
Fidèle Gouandjika, conseiller spécial du président de la République centrafricaine, accrédite cette théorie. Car en temps normal explique-t-il, « quand des hautes autorités militaires de la MINUSCA viennent en audience avec le chef d’État ou pour prendre part au Conseil de défense et de sécurité de la RCA, ils arrivent toujours avec leurs grosses cylindrées de couleur blanche frappées du signe UN ».
Or le convoi en question qui aurait escorté cette fois un général de la force de l’ONU ne suivait pas ce protocole. « C’est tout de même étonnant qu’une organisation telle que la MINUSCA utilise un véhicule âgé… d’un commerçant de la place pour escorter un chef d’État-Major militaire onusien pour traverser tout un quartier qu’elle juge non sécurisé vers l’aéroport international de Bangui », interroge Gouandjika.
Ainsi, même « s’il ne s’agit probablement pas d’une tentative d’assassinat de la plus haute personnalité de la République », le conseiller du président centrafricain s’étonne « que son excellence monsieur l’ambassadeur de France et quelques personnalités de la MINUSCA dont une brave et charmante dame se sont vite pressés pour défendre leurs poussins sans réflexion aucune ».
Pour lui, « seule une enquête impartiale, professionnelle et surtout l’audition du propriétaire du 4×4, qui est un ami personnel à moi, pourront apporter la lumière à cette fâcheuse scène digne d’un film de Hitchcock », conclut le proche du président Faustin-Archange Touadéra.
Dans la journée du 22 février, le parquet du tribunal de grande instance de Bangui a communiqué autour de cette affaire. D’après le parquetier, les premiers éléments de l’enquête ont relevé que ces hommes armés sont des légionnaires de différentes nationalités (Français, Bulgare, Italien et Roumain). Toujours selon le ministère public, ces hommes étaient lourdement armés au moment de leur interpellation. Ainsi disposaient-ils de quatre pistolets automatiques avec dix chargeurs ; trois KH 416 avec quinze chargeurs ; une mini-mitrailleuse avec quatre boîtiers ; des grenades offensives et divers objets militaires.
Tout comme le conseiller du président, le parquet s’est également étonné que les hommes appréhendés, au lieu d’utiliser un véhicule estampillé UN aient préféré utiliser un véhicule civil banalisé de marque Toyota V8 blindé aux vitres teintées et garé au parking civil, à 30 m du passage du cortège présidentiel, rapporte le parquet.
Fidèle Gouandjika trouve curieux les démentis hâtifs de Paris et de la mission de l’ONU qui ont qualifié ces accusations de manipulations. « L’ambassade regrette vivement cet incident. Elle condamne son instrumentalisation immédiate sur certains réseaux malveillants et la désinformation grossière à laquelle elle donne lieu », a écrit la représentation diplomatique lundi soir. « Ils étaient à l’aéroport pour escorter le général, c’est un concours de circonstances qui a fait qu’au même moment, l’avion du président Touadéra atterrissait », a expliqué l’État-Major parisien des Armées. Dans un communiqué, la MINUSCA affirme qu’elle « rejette catégoriquement les accusations d’atteinte à la sureté de l’État ».
Davy Sende, politologue centrafricain et coordinateur de programmes au Madiba Leadership Institute à Dakar, juge également ces démentis hâtifs. « Il y a beaucoup de flou qui entoure cette affaire », souligne-t-il au micro de Sputnik.
« Rien n’est à exclure »
Toutefois, selon N’diaye Ousmane, chercheur au Centre des hautes études de défense et de sécurité de Dakar, cet épisode pourrait s’inscrire dans la guerre d’influence que la France et la Russie se livrent en Centrafrique, au Mali et plus largement dans le pré carré français sur le continent. Sur fond de ses échecs, Paris accuse régulièrement les Russes de ternir l’image de la France en Afrique.
« La France s’indigne toujours sur le fait que ses anciennes colonies basculent vers la Russie. C’est une pilule dure à avaler et la Russie continue sa politique de récupération de ces colonies françaises dans plus des pays Africains comme le Mali », explique notre intervenant.
En effet, dans de nombreux pays, autrefois colonisés par la France, Paris semble perdre ce qu’il lui restait d’influence et d’assise populaire. Sa présence, aussi bien militaire que diplomatique, est contestée. Les manifestations anti-françaises sont de plus en plus nombreuses. C’est le cas au Mali et en Centrafrique où la France était militairement engagée. C’est aussi le cas dans de nombreux autres pays dont le Burkina Faso, où la jeunesse africaine en particulier dénonce une forme de néocolonialisme.
Et bien souvent, les drapeaux russes sont brandis par les manifestants.
Russian flags feature prominently in pro-coup rallies in Burkina Faso pic.twitter.com/6xC8XI8vH7
— Samuel Ramani (@SamRamani2) January 26, 2022
Selon N’diaye Ousmane, « les Russes sont en train de réussir leurs coups dans cette guerre d’influence ». Une chose est sûre : dès que quelque chose ne va pas pour Paris en Afrique, ce sont les Russes qui sont pointés du doigt. Ce qui ne signifie pas pour autant que la Russie est impliquée dans toutes ces affaires malheureuses pour la France. C’est souvent la politique de cette dernière considérée comme relevant de l’ingérence qui est mise en cause par les Africains.
En définitive, « ce problème de tentative d’assassinat du président Centrafricain reste encore une question à élucider, mais je pense que ce n’est pas dans l’intérêt de la France de commettre cet acte, tout en sachant que rien n’est à exclure », conclut-il.
source : Sputnik News
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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