Être Québécois, une simple question d’avoir de bonnes références

Être Québécois, une simple question d’avoir de bonnes références

Vous avez peut-être lu certains de mes articles qui proposent une définition originale de ce que c’est que d’être québécois, et que j’ai appelée l’appartenance à l’identité culturelle.

C’est une conception qui soutient qu’un des ingrédients qui font qu’on est ce qu’on est et pas autre chose, c’est le fait de posséder une grande famille de référents culturels, de baigner dedans au quotidien, de partager le même réseau neuronal que le monde comme nous autres, le vrai bon monde de chez nous.

C’est grâce à cela que les gens se comprennent à demi-mots, par allusions souvent humoristiques, grâce à ce fond commun de référents culturels qui nous environnent.

Cela se retrouve même dans les expressions de tous les jours, qu’on emploie spontanément dans la conversation usuelle. Passons-en quelques-unes en revue pour mieux saisir de quoi il retourne.

Être un Québécois authentique, c’est savoir de quoi on parle lorsqu’on entend dire:

– «C’est un vrai Séraphin» (en référence à l’avare Séraphin Poudrier dans Les belles histoires des pays d’en haut de Claude-Henri Grignon).

– Radio-Canada organise des soirées «J’aime mon public, mon public m’aime», on comprend tout suite l’allusion à la phrase fétiche de la grande comique du burlesque Rose Ouellet, dite la Poune, lorsqu’on lui demandait le secret de sa longévité sur scène.

– Pour exagérer, on termine une phrase en s’écriant «minimum», comme le faisait le personnage de Michel Barrette, Hi Ha Tremblay.

– Lorsqu’on est exaspéré et qu’on n’en peut plus, on fait «niet, niet», comme Dominique Michel dans Moi et l’autre, avec le geste approprié.

– On dit «Quin twé!» (tiens, toi) en donnant un coup de coude dans les côtes de quelqu’un, à la Ding et Dong, puis Pôpa dans La p’tite vie.

– Lorsqu’on était jeune, on disait de quelqu’un de doué: «Lui y connaît ça», d’après les pubs d’Olivier Guimond pour la bière Labatt, le pouce en l’air.

– Un passionné dira: «je suis tombé dedans quand j’étais petit», comme Obélix tombé dans la marmite de potion magique.

– Lorsqu’on s’apitoie sur son propre sort, c’est en s’exclamant «pôvre (sic), pôvre de petit moi» comme savait si bien le faire Sol, clown auguste, alias Marc Favreau.

– On dira de quelqu’un: «c’est une vraie tête à Papineau», s’il fait preuve d’intelligence. Ou encore: «ça prend pas la tête à Papineau pour comprendre».

Je viens de citer des expressions bien de chez nous qui sont des référents caractéristiques de ma génération. Les jeunes produiraient leur propre liste qui serait tout aussi valable.

On n’a jamais à expliquer pourquoi on a recours à telle ou telle expression, la chose va de soi et se passe d’explication. On se fait des clins d’oeil d’un air entendu.

Des milliers de connections synaptiques se font automatiquement dans notre cerveau, par association d’idées, sans faire le moindre effort. On se comprend instantanément.

On connaît les personnages qui sont à l’origine de ces exclamations, cela rend le langage plus imagé et comique, poussant le rendu jusqu’à en imiter la voix, la mimique, ou même en faisant le geste.

Il arrive que parfois on en vienne à oublier l’origine de telle ou telle expression tombée dans l’usage populaire. Peu importe, on continue à s’en servir au besoin.

Comme qui dirait, dans une tête de Québécois, il y a beaucoup de choses qui sont aussi dans la tête de beaucoup d’autres Québécois comme lui, et c’est merveilleux qu’il en soit ainsi. Cela prouve que nous avons mille choses en commun, qu’on appartient à la même grande famille, qu’on se reconnaît les uns les autres sans avoir à se faire de dessins. On a des atomes crochus, des accointances de bonne connivence.

Bref, pour se vanter d’être québécois, on se doit de posséder de bonnes références, de bonnes références culturelles quoi!

Et tout le monde y participe.

Une nation, c’est un paquet de monde pareils, semblables et ressemblants grâce à une base commune qui les lie et solidifie. C’est la seule façon de se sentir bien chez soi, la seule façon de bien vivre ensemble.

Chaque peuple possède sa gamme de référents culturels qui le différencie des autres et qui façonne son identité collective. Vivre volontairement en dehors de ce cadre comme le font hélas les anglophones et encore trop d’allophones repliés dans leur communauté fermée peut alors s’apparenter à de l’invasion de domicile.

N’ayons pas peur de mots, ce sont de louches squatteurs qui s’incrustent dans l’ombre, dans les zones grises, sans jamais se joindre à la majorité, dégradant la qualité de l’air ambiant par leur abstention, leur refus de se mélanger au grand Nous, n’affichant que du désintérêt, voire du mépris, pour tout ce qui est authentiquement d’ici.

On ne peut bâtir une société plus québécoise avec ce genre de personnes-là. Ces indésirables contribuent plutôt à sa déliquescence, dans cette méprisable optique multiculturaliste qui ronge la culture majoritaire du peuple fondateur du Québec, comme les mites invisibles qui s’en prennent à un vêtement remisé au placard, à notre courtepointe tissée serrée, à notre belle étoffe pure laine.

Être québécois, c’est tout naturel pour les natifs; le devenir, c’est un devoir pour le reste des autres, de l’élémentaire politesse.

 

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Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec

À propos de l'auteur Vigile.Québec

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