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par Germán Gorraiz López.
L’acceptation par l’ancien président argentin, Mauricio Macri, en 2018 des postulats du FMI signifiait d’hypothéquer la souveraineté économique de l’Argentine car après le décaissement du FMI d’environ 57 000 millions de dollars, le gouvernement actuel s’est retrouvé avec des échéances de dette pour 2022 estimées à environ 19 000 millions de dollars.
Ce montant était inabordable pour la Banque centrale d’Argentine, qui aurait des réserves liquides de quelque 2500 millions de dollars, raison pour laquelle l’Argentine et le FMI auraient entamé des négociations pour restructurer le montant total de la dette avec ledit organisme, estimé à 45 000 millions de dollars et le 28 janvier, un accord a été conclu pour restructurer ladite dette.
Cependant, selon la Banque centrale argentine, l’inflation en Argentine continuera à se déchaîner en 2022 (au-dessus de 50%), ce qui entraînera une perte de compétitivité des produits argentins avec la contraction conséquente des exportations et une augmentation du déficit commercial qui va entraîner un taux de chômage dévastateur de 15%. Une inflation non maîtrisée entraîne la perte de pouvoir d’achat des travailleurs et des retraités, la contraction de la consommation intérieure et la désincitation à l’épargne et à la recherche de rente en dehors des activités productives pouvant conduire à une désertification productive incapable de répondre à la demande de produits de base.
De même, l’économie argentine sera plus exposée à une éventuelle appréciation du dollar et à l’inversion des flux de capitaux associés, ce qui pourrait rééditer la « décennie perdue de l’Amérique latine » (décennie des années 1980) aggravée par une augmentation notable de l’instabilité sociale, l’augmentation des taux de pauvreté (près de 40% des Argentins seraient proches du seuil de pauvreté) et un recul sévère des libertés démocratiques.
Tournant géopolitique d’Alberto Fernández. Compte tenu de la myopie politique du FMI à ne pas appliquer de décote à la dette argentine héritée durant l’étape néolibérale de Macri, le président actuel de l’Argentine, Alberto Fernández, aurait initié un rapprochement avec la Russie et la Chine pour stimuler les transactions commerciales mutuelles, ainsi qu’attirer les investissements qui semblent essentiels pour renflouer l’économie argentine malmenée. Ainsi, Alberto Fernández, lors de sa visite auprès de Vladimir Poutine, lui a offert la possibilité d’être « la porte d’entrée de l’Amérique latine » et lors de sa rencontre avec Xi Jinping, il a confirmé l’adhésion de l’Argentine au projet La Ceinture et la Route. Cela pourrait signifier pour l’Argentine la somme glaçante de 24 milliards de dollars d’investissements et l’arrêt du pivotement dans l’orbite des États-Unis.
Cependant, l’administration Biden serait sérieusement préoccupée par la présence croissante de la Chine et de la Russie dans le pays en raison de l’approvisionnement en fournitures médicales dans le contexte de la pandémie sanitaire actuelle, et surtout par la possibilité que la Chine mette en place un partenariat d’une base militaire avec l’Argentine à Ushuaia en échange d’un soutien financier chinois pour installer un gigantesque centre logistique dans la province de Tierra del Fuego (Terre de Feu).
Malgré le fait que le président argentin, lui-même, aurait promis à l’envoyé spécial de Joe Biden, Juan González, qu’« il n’y aura pas de bases étrangères en Argentine », les États-Unis utiliseront la stratégie de la théorie kentienne de la « carotte et du bâton », exposée par Sherman Kent dans son livre « Strategic Intelligence for North American World Politics » (1949) pour faire pression sur le gouvernement argentin jusqu’à ce qu’il réussisse à installer une base commune à Ushuaia et à contrôler ainsi le trafic de méga conteneurs via le passage de Drake, une alternative au canal de Panama.
Dans le cas où le gouvernement d’Alberto Fernández ne serait pas sensible aux diktats de Washington, un « coup d’État civique militaire doux » ne serait pas exclu, qui aurait la bénédiction de l’administration Biden et dont la première ébauche serait les déclarations du porte-parole du groupe Clarín, Marcelo Longobardi sur Radio Mitre qui a déclaré qu’« un jour nous aurons une surprise car nous allons devoir formater l’Argentine de manière plus autoritaire pour gérer une telle catastrophe ».
source : Observateur Continental
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