Un petit air de campagne ! — Jose ESPINOSA

Un petit air de campagne ! — Jose ESPINOSA

Depuis une semaine il flotte un air nouveau, une petite musique agréable : la possibilité d’un changement de politique et de président n’est plus une question tabou. Quelques commentateurs se laissent aller, se lâchent distillent l’idée que le monarque n’est pas à l’abri d’un coup de froid. L’ampleur de la colère sociale apparaît pleinement. Les mouvements sociaux reprennent de la vigueur : gilets jaunes, convoi de la liberté, grèves dans les entreprises, manifestations paysannes. Les hausses de prix de l’énergie (gaz, électricité, carburants), des prix alimentaires sont souvent la cause de cette insurrection sourde mais tenace. Les problèmes de logement, de transports, de l’école et de la santé minent la vie quotidienne de millions de gens. Ajoutons-y le chômage de masse, les fermetures d’usine, la pauvreté et la limitation progressive des libertés, le tableau se noircit. L’indignation, la révolte couve dans le pays. Les français désignent Macron comme responsable principal de cette situation puisque c’est lui qui décide seul et il l’assume. Personne ne s’y trompe, le changement passe par l’échec du président sortant. C’est la seule porte de sortie. C’est l’élection présidentielle qui est la clé de voûte de tout le système. Il s’agit bien de gagner cette élection pour commencer à s’extraire de la crise sociale, économique et politique que nous connaissons.

Macron ne se presse pas pour se déclarer candidat. C’est tout bénef : il utilise notre argent pour faire campagne, les moyens présidentiels à sa disposition, l’autorité de son pouvoir pour éviter tout débat, toute contre verse. Mieux il peut dispenser de l’argent pour tenter d’acheter les électeurs en lâchant quelques miettes salariales par ci par là, en subventionnant telle ou telle corporation, en accordant quelques subsides chèques énergie par exemple payés par les impôts des contribuables. Ni vu ni connu, je t’embrouille ce sont les gens qui se paient une portion de leurs dépenses et non les entreprises qui ont augmenté les prix et leurs profits. La fête du CAC 40, la valse des milliards dans les poches des actionnaires bat son plein. Mais peu à peu la population en prend conscience et cela heurte la conscience de nombreux français. Surtout lorsque les scandales des EPHAD surgissent à la lumière. Macron savait mais a laissé faire ces structures privées qui se sont gavées comme jamais.

Oui, la petite musique gagne du terrain au vu des récents évènements : Macron peut être battu. Mais par qui me direz-vous ? Les candidats d’extrême droite se fracturent, se déchirent publiquement. La haine de l’un, le mépris de l’autre, le racisme des deux, ça ne soulève pas les foules. La France n’est pas fasciste ni raciste. La France est solidaire. C’est une constante dans notre vie depuis la Révolution de 1789 et peut-être avant.

Valérie Pécresse, c’est la droite musclée qui n’offre aucune perspective de progrès social ni de démocratie. Elle partage des thèses communes avec Zemmour et Le Pen sur l’immigration ce qui la disqualifie auprès de ses propres troupes.

Reste la gauche. Hidalgo, que le PS soutient comme la corde soutient le pendu, marque le pas et risque de réaliser un score inférieur à celui de Hamon en 2017. Taubira qui ajoute une candidature en supplément dans des conditions troublantes, impréparée et incohérente. L’extrême gauche, Poutou pour le NPA, Nathalie Artaud pour Lutte ouvrière, s’attend à des petits scores insignifiants. Le candidat communiste Roussel mène une campagne de rassemblement interne pour continuer à exister et sauver les sièges de député. Les Verts avec Jadot défendent leurs thèmes environnementaux avec quelques difficultés et incohérences liées aux questions européennes notamment. Jean Luc Mélenchon, la tortue sagace semble disposer d’une force électorale qui en impressionne certains car, sans l’appui du PCF, il gagne des petits points semaine après semaine. Tant et si bien qu’il est le seul selon les commentateurs à déclencher une dynamique qui pourrait le porter au second tour de la compétition électorale. 

Il reste moins de 50 jours. La problématique est la suivante pour celles et ceux qui souhaitent en finir avec le macronisme et le libéralisme : allons-nous laisser la droite et l’extrême droite phagocyter l’espace politique et poursuivre une politique la plus dure pour les travailleurs, les retraités et les chômeurs ? N’est-il pas temps d’arrêter de décrier, de critiquer, de caricaturer le candidat le mieux placé pour figurer au deuxième tour ? Que chaque candidat développe ses thèses, ses idées, son programme, logique. Mais planter des couteaux, il y a mieux à faire. 

La possibilité d’ouvrir une fenêtre sur l’avenir un peu plus humain et harmonieux est à portée de mains. Encore faut-il le vouloir. Les candidats devront assumer cette responsabilité devant les électeurs.

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Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir

À propos de l'auteur Le Grand Soir

« Journal Militant d'Information Alternative » « Informer n'est pas une liberté pour la presse mais un devoir »C'est quoi, Le Grand Soir ? Bonne question. Un journal qui ne croit plus aux "médias de masse"... Un journal radicalement opposé au "Clash des civilisations", c'est certain. Anti-impérialiste, c'est sûr. Anticapitaliste, ça va de soi. Un journal qui ne court pas après l'actualité immédiate (ça fatigue de courir et pour quel résultat à la fin ?) Un journal qui croit au sens des mots "solidarité" et "internationalisme". Un journal qui accorde la priorité et le bénéfice du doute à ceux qui sont en "situation de résistance". Un journal qui se méfie du gauchisme (cet art de tirer contre son camp). Donc un journal qui se méfie des critiques faciles à distance. Un journal radical, mais pas extrémiste. Un journal qui essaie de donner à lire et à réfléchir (à vous de juger). Un journal animé par des militants qui ne se prennent pas trop au sérieux mais qui prennent leur combat très au sérieux.

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