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par Kirill Vichinski.
Une valise anxieuse sans poignée.
À l’époque soviétique, quand j’étais dans l’armée, tous les officiers avaient un objet dans leur cagibi une « valise d’alerte ». Ce bidule contenait des sous – vêtements, une brosse à dents, un bout de savon, de la pâte dentifrice et des éléments d’uniforme pour ne pas perdre de temps à se préparer en cas d’alerte. Il s’agissait de l’attraper et de courir, Dieu nous en garde, à la guerre. Les officiers soviétiques nourrissaient un sentiment de sympathie un chouïa ironique envers la valise, où beaucoup d’entre eux cachaient 25 roubles détournés du budget familial et de la vigilance de leurs épouses ou une bouteille de vodka. Mais ces valises ont toujours servi à rappeler qu’une alerte militaire, que ce soit pour des manœuvres ou en cas de guerre, était une chose réelle pour laquelle il fallait se tenir prêt.
Aujourd’hui, l’Ukraine est une valise tout aussi inquiétante, qui, par sa simple apparence, rappelle la possibilité d’une guerre. Ou plutôt, la guerre est pratiquement en route – Bloomberg a déjà publié un titre sur une invasion russe en Ukraine. Mais l’agence s’est ensuite excusée : une erreur avait été commise. Un peu plus tard, Biden a officiellement annoncé la nouvelle date de la guerre – le 16 février. En Ukraine, au même moment, le président Zelensky et tous les membres de son gouvernement rivalisaient d’ingéniosité pour rassurer le public – « les Américains, bien sûr, sont nos partenaires et des personnes informées, mais il n’y a pas de menace militaire, aucun préparatif russe sérieux n’est visible d’après nos renseignements ». Mais ces tentatives de persuasion n’ont pas donné grand-chose – mon père, un retraité qui vit à Dnipro (un oblast voisin de la région de Donetsk), m’a raconté en riant que nombre de ses connaissances ont retiré d’urgence l’argent liquide de leurs comptes de pension. Après les événements au Kazakhstan, tout le monde a compris qu’en cas de troubles et d’hostilités, l’internet serait le premier à être coupé. Les gens transportent même des conserves de leur datcha à leur appartement en ville pour les avoir à portée de main.
Et depuis lundi 14 février, de nombreuses compagnies aériennes ont annulé tous les vols internationaux vers l’Ukraine – les assureurs refusent d’assurer les avions dans le ciel ukrainien. Et les médias locaux ont immédiatement publié la liste des Ukrainiens les plus riches qui ont quitté de toute urgence le pays par avion. Y figurent les milliardaires Rinat Akhmetov, Viktor Pinchuk, Vadim Novinsky et bien d’autres. Il semble que le seul oligarque restant dans le pays soit Igor Kolomoysky, qui n’a nulle part où aller, pas même en Israël, bien qu’il ait un passeport. Le bureau du procureur américain enquête depuis longtemps sur les activités de blanchiment d’argent de Kolomoisky, qui peut être détenu même en Israël. Mais il ne s’agit que des oligarques, qui ont été les premiers à réagir à l’hystérie militaire autour de l’Ukraine. Mettez-vous à la place des retraités, dont beaucoup ont vécu la Grande Guerre patriotique dans leur enfance et se souviennent du bruit des sirènes et des bombes qui tombaient pendant la guerre. Dans l’ensemble, les Ukrainiens ne croient pas à une invasion militaire de la Russie – selon les sociologues, l’opinion publique est divisée presque en deux. Mais les rayons des magasins – le meilleur indicateur de l’anxiété – ne se vident pas.
Alors pourquoi l’hystérie militaire autour de l’Ukraine est-elle si fortement gonflée, transformant ce pays en une inquiétante « valise d’alarme » ? Il semble que les Américains en aient assez d’être investis dans l’anti-russisme anémique de l’Ukraine. Les temps sont différents – s’il y a 10-15 ans, il était possible d’alimenter les nationalistes anti-russes avec des subventions, de soutenir le coup d’État de Maïdan et la guerre civile dans le Donbass, en la présentant comme la résistance à « l’agression russe », aujourd’hui les Américains ont besoin d’une véritable guerre entre l’Ukraine et la Russie. Il y a tellement de problèmes qui leur sont propres – l’inflation intérieure bat tous les records, le covid a été noyé sous les « dollars budgétaires », le conflit avec la Chine au sujet de Taïwan a atteint un point alarmant – donc, en absence d’un grand conflit distrayant « à côté », notamment en Ukraine, leurs problèmes ne peuvent être relégués au second plan. Et si l’Ukraine ne veut pas entrer en guerre, qu’elle fasse des concessions à la Russie et applique les accords de Minsk, qu’elle a signés mais dont elle n’a rien fait en sept ans. Mais la paix est la pire des options. L’Ukraine, dans laquelle l’Amérique a nourri le « parti de la guerre » pendant si longtemps et avec succès, doit se battre. C’est l’avis de Washington. Et si l’Ukraine n’est pas en guerre contre la Russie, elle deviendra « une valise sans poignée » – pourquoi la nourrir et l’armer si elle ne gagne pas cet argent en créant de nouvelles raisons pour imposer de nouvelles sanctions anti-russes ? Comment pouvons-nous lutter contre Nord Stream 2 et la coopération économique russo-européenne s’il n’y a pas de guerre en Ukraine ? Les Américains ne semblent pas avoir un tel plan. C’est pourquoi leurs diplomates ont reçu l’ordre de prendre leurs valises et d’évacuer précipitamment Kiev. En somme, l’Ukraine est devenue cette « valise » anxieuse et pas du tout heureuse…
traduction Vladimir Tchernine
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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