Pire, ce silence du BAPE sur le coup de force du gouvernement Legault qui, par décrets et ZIS a imposé son agenda économique à tout le milieu concerné par ce service public et cela avant même le début de cette consultation de la Commission supposée lui suggérer des pistes de solutions pour les 20 prochaines années.
L’exclusion, dans ses deux priorités, de la réduction de l’élimination par le détournement écologique et local de la matière organique ainsi que ses énormes avantages, témoigne de la difficulté pour cet organisme à poser un regard critique sur les gestes, projets et incohérences du gouvernement.
À ce chapitre, il est pertinent de rappeler que le BAPE a, depuis 20 ans, avalisé tous (sauf un) les agrandissements demandés par le lobby des multinationales du méga-enfouissement et ce malgré de fortes oppositions de la société civile et du milieu municipal.
À l’heure de l’urgence climatique et de la réduction des émissions de méthane et autres GES, il faut briser le statu quo et afficher des priorités qui ont un impact plus significatif pour contrer ce projet de la CAQ de mégadépotoirs générateurs de méthane : c’est à dire, la poursuite pour encore 20 ans d’une pratique de l’enfouissement pêle-mêle avec les matières organiques, source des émissions de méthane dans les sites.
Privilégié par Québec, ce modèle de gestion affairiste d’un service public s’est imposé dans le marché québécois. Le gouvernement Legault doit cesser de favoriser les intérêts privés du lobby des multinationales du méga-enfouissement au détriment de la démocratie et de la juridiction municipale, d’une véritable régionalisation et du droit des jeunes générations à un environnement sain. Trois odieux décrets d’agrandissement saccageurs et injustifiés ont été imposés par ce gouvernement sans aucune acceptabilité sociale.
Les pressions et les commandes politiques du ministère de l’Environnement en faveur de projets de sites d’enfouissement ont récemment été dénoncées par l’APIGQ, un syndicat professionnel du gouvernement « pour avoir forcé des ingénieurs à approuver des projets de sites d’enfouissement qui comportaient des irrégularités potentielles ».
Détourner de l’enfouissement au lieu de méga-enfouir, une priorité négligée
La régionalisation à laquelle nous référons ici est celle de la responsabilité première de l’État québécois – qui-perçoit-des-impôts-citoyens-à-cette-fin pour le financement adéquat et des résultats probants d’infrastructures locales de détournement écologique. À titre d’exemple, une priorité devrait viser l’implantation de centres de compostage écologique de la matière organique. Cette dernière serait plus utile à l’agriculture et à la souveraineté alimentaire qu’à générer du méthane.
Une pétition est actuellement en ligne pour demander à Québec de reconnaître sa responsabilité et de financer adéquatement ces infrastructures de « détournement » :
https://www.assnat.qc.ca/fr/exprimez-votre-opinion/petition/Petition-939…
Les trésors du Rapport ou ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain !
Ceci étant dit, ce mandat générique du BAPE sur l’état de la gestion des déchets au Québec est un trésor d’informations actualisées, d’expertises, d’analyses et de solutions pour une gestion écologique des matières résiduelles qui rejoignent et confirment plusieurs des enjeux que nous avons soulevés. Ces informations sont issues de citoyens, de citoyennes, de groupes environnementaux, de la société civile, des milieux municipaux, universitaires, institutionnels, de coopératives, de gestionnaires et de PME québécoises.
Chapeau énorme au personnel et aux trois commissaires, messieurs Zayed et Renaud ainsi qu’à madame Julie Forget, experte en acceptabilité sociale dont nous avons déploré le départ avant la fin du mandat, mais apprécié les questions-commentaires critiques notamment à l’égard de RECYC-QUÉBEC, elles ont éclairé notre compréhension des enjeux.
Pour ce qui est du projet de la CAQ d’imposer des mégadépotoirs au méthane pour encore 20 ans, nous donnons un rendez-vous électoral à ce gouvernement malheureusement parfois allergique aux mots écologie et démocratie, le 3 octobre prochain. Nous ne vous oublierons pas !
Source: Lire l'article complet de L'aut'journal