Le « Freedom Convoy » ou « Convoi de la Liberté », qui a commencé comme un soulèvement de la classe ouvrière contre les obligations fédérales de vaccination du Premier ministre canadien Justin Trudeau et ses autres politiques « sanitaires », est devenu une sorte d’appel de clairon (ou de klaxon de camion, si vous préférez) pour le populisme dans l’hémisphère occidental.
Par Ian Miles Cheong
Source : RT, 1er février 2022
Traduction : lecridespeuples.fr
Du convoi massif à Ottawa au blocus frontalier dans le sud de l’Alberta, le Convoi de la Liberté engendre maintenant des mouvements parallèles en Australie, aux Pays-Bas et potentiellement ailleurs – et la couverture biaisée du mouvement par les médias dominants montre clairement au public à qui il peut faire confiance, et de qui il doit se défier.
Les agences de presse qui ont promis de ne pas permettre à la démocratie de « mourir dans les ténèbres » sont plutôt devenues la pénombre même qui obscurcit la vérité.
Bien qu’elle ait attiré des dizaines de milliers de partisans dans la capitale canadienne, Ottawa, et qu’elle ait obtenu le soutien du PDG de Tesla, Elon Musk, du podcasteur le plus populaire au monde, Joe Rogan, et de l’animateur tout aussi influent de Fox News, Tucker Carlson, la manifestation populaire n’a guère reçu une couverture équitable dans la presse grand public, la plupart des informations étant diffusées par des journaux comme Rebel News et d’autres médias indépendants.
Les médias traditionnels au Canada et aux États-Unis [ainsi qu’en Europe] ont choisi de s’aligner sur la qualification du convoi et de ses partisans par le premier ministre Trudeau de « minorité marginale » remplie de racistes, d’homophobes et d’ « insurgés » comme ceux du 6 janvier, et des théoriciens du complot opposés à la science médicale.
Le Washington Post l’a qualifié de mouvement « toxique » auquel il fallait faire face. Le Globe and Mail du Canada l’a qualifié de « dangereux », rappelant aux Canadiens l’émeute du 6 janvier 2021 aux États-Unis. Le Times a décrit le convoi comme un groupe de « camionneurs antivax ».
Face à ces affirmations, les organisateurs du Convoi de la Liberté ont confirmé lors d’une conférence de presse le week-end qu’ils étaient complètement vaccinés. Pour les camionneurs, il ne s’agit pas de vaccins, il s’agit d’avoir la liberté de choisir.
Le fait que les organisateurs aient ressenti le besoin de tenir une conférence de presse réservée aux « médias dignes de confiance » en dit long sur la mort de la confiance du public dans les médias traditionnels, qui n’ont pas été à la hauteur de leur rôle de quatrième pouvoir au sein des démocraties occidentales.
Armés de la même boîte à outils utilisée contre l’ancien Président Donald Trump et ses partisans, les médias ont lancé des accusations selon lesquelles le convoi aurait été initié par des agents étrangers. La chaîne de télévision publique canadienne CBC Television est allée jusqu’à suggérer que « des acteurs russes pourraient continuer à alimenter les choses à mesure que cette manifestation grandit, mais sont peut-être même les instigateurs dès le départ ».
Des images largement partagées de la manifestation massive à Ottawa au cours du week-end vont à l’encontre du récit forcé. Au lieu d’hommes du Ku Klux Klan en robe blanche et de néo-nazis en costume SS comme on aurait pu s’y attendre d’après le récit dominant, les milliers de Canadiens qui sont descendus dans la rue, y compris les chauffeurs de camion, venaient de tous les horizons, de toutes les races et de toutes les croyances – avec de nombreuses voix exprimant un mélange de tristesse, de colère et de désespoir envers Trudeau pour les avoir vilipendés.
Certains, comme l’auteur-compositeur Trista Suke, ont rejoint la manifestation pour encourager la liberté face aux diktats du gouvernement.
Dans un cas, les manifestants du Freedom Convoy ont confronté un individu entièrement masqué tenant un drapeau confédéré à Ottawa, ce qui aurait dû mettre fin à toute affirmation selon laquelle les camionneurs et leurs partisans avaient l’intention de promouvoir la haine et la division raciale.
Un caricaturiste du Washington Post a dépeint le convoi comme une multitude de camions avec le mot « fascisme » sur chacun d’eux, suscitant les critiques d’Elon Musk, qui a écrit : « Si le gouvernement canadien réprime les manifestations pacifiques, c’est là que réside le fascisme et le dessinateur n’est qu’un complice. »
Les accusations de politisation ne tiennent pas la route – les organisateurs du Freedom Convoy ont rejeté le soutien des partis politiques au Canada, même de ceux qui expriment leur soutien au mouvement. Dimanche, les organisateurs ont refusé d’accepter l’approbation du chef du Parti populaire du Canada, Maxime Bernier, affirmant qu’il était vital pour le mouvement de maintenir les politiciens à l’écart.
« La dernière chose que nous voulons, c’est d’avoir toute cette idée d’unité entre les Canadiens, de tous les horizons politiques et de tous les horizons culturels, éclatée par la politisation », a déclaré Benjamin Ditcher, selon le Western Standard. La décision de rejeter le soutien politique officiel en dit long sur l’adhésion du mouvement aux principes populistes et sur le rejet du système sous toutes ses formes.
Surtout, l’incapacité des médias dominants à couvrir équitablement la manifestation n’a fait que donner au public encore plus de raisons de se méfier du système. Cette adhésion au récit, aussi fragile soit-il, sera sa perte.
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Ottawa est « assiégée » par une « insurrection » nationale, selon les autorités canadiennes
Les responsables du pays ont déclaré que la manifestation du Freedom Convoy était « une menace pour notre démocratie ». Justin Trudeau reste introuvable, ayant été exfiltré dans un lieu tenu secret pour sa sécurité.
Source : RT, 6 février 2022
Traduction : lecridespeuples.fr
La Commission des services policiers d’Ottawa a tenu une réunion d’urgence samedi après-midi, mais n’a pas réussi à élaborer un plan d’action clair concernant les chauffeurs de camion et leurs partisans, qui protestent contre les mandats du pays contre le Covid-19 depuis plus d’une semaine.
« Nous sommes au huitième jour de cette occupation. Notre ville est assiégée. Ce que nous voyons est plus important qu’un simple problème de la Ville d’Ottawa. C’est une insurrection nationale. C’est de la folie. Nous avons besoin d’un plan concret pour mettre fin à cela », a déclaré la présidente du conseil d’administration, Diane Deans, membre du conseil municipal d’Ottawa, au début de la discussion virtuelle de près de deux heures.
Le chef de la police d’Ottawa, Peter Sloly, était d’accord avec sa description de la situation, affirmant que les forces de l’ordre locales n’avaient « jamais été conçues pour s’occuper d’une ville assiégée », et a dénoncé le manque de ressources – et d’autorité légale – pour disperser la manifestation.
Deans a demandé à Solly de quel type de ressources et d’aide il avait besoin pour mettre fin à la manifestation « maintenant », et s’il souhaitait que la ville demande l’aide du gouvernement fédéral ou même de l’armée. Solly a déclaré qu’il n’y avait « pas de réponse rapide », car la situation évolue constamment, et a réitéré que « nous n’avons pas suffisamment de ressources pour faire face de manière adéquate et efficace à cette situation ».
À un moment donné, Deans s’est demandé si la ville avait des motifs juridiques pour déclarer un rassemblement illégal puis une émeute, afin de procéder à des arrestations massives, au lieu de poursuivre « une accusation criminelle à la fois ».
« Il y a tellement de gens là-bas engagés dans un acte plus large de… chaos, que nous devons être en mesure de tout maîtriser », a-t-elle déclaré. « Nous ne pouvons pas permettre à ce genre de terrorisme dans notre communauté de continuer ainsi ».
Samedi après-midi, la police estimait qu’au moins « 500 véhicules lourds associés à la manifestation se trouvaient dans la zone rouge », alors que des milliers de personnes se joignaient à la manifestation sur la Colline du Parlement et ailleurs à Ottawa pour un deuxième week-end. De plus petits groupes de contre-manifestants ont également été signalés dans les rues, alors même qu’un événement rival majeur a été annulé à la dernière minute.
Le mouvement anti-mesures sanitaires s’est propagé bien au-delà de la capitale nationale, avec une importante manifestation de solidarité avec le Freedom Convoy qui s’est tenue à Toronto, où la police a mis en place des barrages routiers dans tout le centre-ville samedi.
Elle a été accueillie par un groupe de contre-manifestants tenant des pancartes de soutien aux travailleurs de la santé.
Des milliers de manifestants sont également descendus dans la capitale provinciale de Québec, tandis que des manifestants rivaux se sont affrontés à Vancouver.
De plus petites manifestations ont été signalées à Calgary, Fredericton, Regina et Winnipeg.
Les manifestants ont fait vœu de rester dans les rues jusqu’à ce que toutes les mesures et les restrictions Covid-19 aient disparu. Les autorités ont qualifié la manifestation d’occupation perturbatrice bien organisée, la décrivant comme une nuisance « de plus en plus volatile et de plus en plus dangereuse » pour les moyens de subsistance des citoyens respectueux des lois.
La police d’Ottawa a déjà annoncé qu’elle déploierait toutes les ressources et tactiques possibles pour arrêter le Freedom Convoy. Lors d’une conférence de presse vendredi, Sloly a même averti ses collègues officiers que quiconque serait vu donner « de la nourriture, de l’eau, du carburant, de la logistique ou du financement » à un manifestant serait poursuivi avec toute la rigueur de la loi.
Les agents de police collectent les identifiants des conducteurs, les informations d’immatriculation et d’assurance, et les informations financières dans la mesure du possible pour aider à de futures poursuites, a averti Sloly. Alors que le chef de la police a félicité la force pour avoir réduit le nombre de camions dans le centre-ville d’Ottawa au cours de la semaine dernière, il a insisté sur le fait que la force ne voit « aucune consolation dans ces succès opérationnels à ce jour », arguant plutôt que son objectif est de « mettre fin à la manifestation » par tous les moyens nécessaires.
« Toutes les options sont sur la table », a réitéré le chef de la police lors de la conférence de presse, estimant que l’ampleur de la contestation était « sans précédent ». Le chef de la police a évoqué à plusieurs reprises le spectre de l’émeute du Capitole du 6 janvier aux États-Unis, laissant entendre que sa force était la seule chose qui se dressait entre la manifestation pacifique et le chaos total.
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