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par Strategika 51.
Un raid américain en Syrie dans une zone sous contrôle turc a coïncidé avec un raid turc en Ukraine. Dans le premier cas, les pertes collatérales civiles ont éclipsé l’objectif initial de l’opération. Dans le second cas, l’opération turque en Ukraine s’est soldée par un succès.
L’opération américaine à Idleb visait un dirigeant de l’organisation terroriste fantôme ISIS (plus connue sous son acronyme arabe de Daech). L’existence de cet individu disposant de plus de 24 alias et noms de guerre est fortement discutée. D’autant plus qu’un de ses noms de guerre est Al-Hachimi Al-Quraïchi, une référence de base assez naïve utilisée par les néophytes du renseignement US s’intéressant au terrorisme islamiste.
D’après les informations rendues publiques, cet homme qui passa par les geôles américaines en Irak aux côtés d’un certain Al-Baghdadi, activa sa ceinture d’explosifs à l’approche des forces spéciales US. Comme dans le raid mené contre Ben Laden au Pakistan, l’un des hélicoptères militaires impliqués dans le raid a été détruit dans l’opération. L’information militaire US a tenu à préciser cette fois-ci que les forces américaines ont été forcées de détruire l’appareil après une avarie mécanique.
Selon les mêmes sources, ce chef terroriste vivait dans un immeuble de trois étages au-dessus d’une famille qui ne savait pas qui était réellement ce voisin. Ce qui explique les victimes civiles collatérales, des enfants en majorité. Le métier se perd.
Cette opération sensée rehausser la côte du président Joe Biden n’est pas de nature à conforter sa position puisque le raid de la coalition s’est déroulé en territoire acquis ou « ami » contrôlé par la Turquie et donc l’OTAN. Cela signifie que le chef de Daech vivait en territoire « bleu ».
Ce détail a son importance. Et de taille. La plupart des chefs supposés de Daech ou d’Al-Qaïda sont issus de pays alliés à Washington et jamais de pays considérés comme hostiles ou faisant partie de l’Axe du Mal. Plus encore, tous les leaders désignés de Daech sont passés par les camps militaires US en Irak avant de disparaître subitement dans la nature. Ils réapparaissent un peu plus tard à la tête de groupes dotés d’armes et d’un équipement sortis tout droit d’un surplus militaire de l’OTAN, ou, parfois pour paraître plus naturels, d’un stock bulgare ou roumain.
Grand allié des États-Unis dans la région, la Turquie a participé au raid et savait que le chef supposé de Daech dont les groupes guerroient à Hassaka était dans sa zone de contrôle dans le nord de la Syrie. De prime abord, l’existence de ce personnage ne constituait ni une priorité ni un grand intérêt pour le MiT. La Turquie a juste aidé Washington en échange d’un autre service. Un service bien plus important pour les Turcs.
Le MiT est allé chercher un trafiquant d’armes en Ukraine qui menaçait de révéler l’ensemble du réseau clandestin d’armememnt turc dans les zones de conflit. Une véritable bombe atomique pour le président Erdogan. On notera ici la perception bien plus réaliste des véritables enjeux par les Turcs contrairement à Washington qui semble intéressé par un coup de relations publiques ou suivant un autre terme en vogue et en adéquation avec la mentalité des réseaux sociaux, un effet de buzz afin de conforter une image. Depuis quelques années la Turquie a tissé un solide réseau d’approvisionnement en armes en Eurasie, au Moyen-Orient et en Afrique. En sous-traitant les guerres de l’empire, elle s’est taillé son propre marché tout en faisant avancer ses pions. C’est grâce à ce réseau clandestin que la Turquie est en train de consolider son propre complexe militaro-industriel et étendre son influence bien loin des anciennes marches les plus éloignées de l’empire Ottoman.
Non seulement la discrète opération turque en Ukraine a coûté beaucoup moins cher que l’opération US à Idleb qui s’est encore distinguée par un énorme gaspillage de ressources mais elle a eu un rendement infiniment supérieur puisque Ankara a atteint un objectif stratégique réel tandis que Washington fait du marketing d’image sur la base d’une thématique obsolète n’ayant aucun impact sur la situation stratégique régionale.
Homines quod volunt credunt.
source : Strategika 51
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