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par Karine Bechet-Golovko.
La radicalisation de la position américaine face à la Russie fait craindre à l’Ukraine d’être utilisée comme chair à canon, dans un conflit qui la dépasse. Et les dernières et répétées déclarations de Zelensky contre la politique extrémiste va-t-en-guerre américaine tranchent largement sur le fond d’activation des forces militaires en Ukraine, même si l’on ne sait pas qui les commande en réalité et quelle est la nationalité de tous ces hommes en uniforme ukrainien sur le front. Le moment est venu pour l’Ukraine de reprendre son indépendance et de mener enfin une politique pro-ukrainienne, qui passe par une politique de voisinage pacifiée, autant avec les pays de l’Union européenne, qu’avec la Russie. Les pays européens et la Russie ont ici une carte à jouer, mais seront-ils à même de le faire ?
Alors que les Etats-Unis entretiennent à coup de déclarations politico-médiatiques et de fournitures de moyens de guerre le discours de la prochaine « invasion » russe, devant justifier manifestement les envies de provocations militaires, qui turlupinent de plus en plus ouvertement ces politiciens en mal de victoire, Zelensky ne se sent pas à l’aise.
Sa conversation téléphonique avec Biden fut un désastre, le Président ukrainien tentant naïvement de faire comprendre à son homologue américain, qui n’en avait rien à faire, que la Russie n’allait pas a priori attaquer tout de suite, que l’on pouvait se calmer. Que nenni, les USA sont fiers de pouvoir proclamer le renforcement de leur soutien militaire à l’Ukraine, dont « l’intégrité territoriale » leur tien tellement à coeur, tant qu’ils ne cessent de provoquer des conflits, qui eux-mêmes provoquent la chute de l’étaticité de ces territoires. Faute d’Etat, au moins il reste, certes, des territoires, qu’ils peuvent contrôler dans leur « intégrité ».
Sauf la Crimée, sauf le Donbass et ça, ça ne passe pas.
C’est une chose de jouer les marionnettes, c’est autre chose que de devoir formellement lancer des Ukrainiens contre les Russes, ce frère devenu ennemi et pas ennemi pour tous les Ukrainiens. Nous avons déjà souligné l’importance de la population ukrainienne vivant en Russie (voir notre texte ici), c’est sans oublier ces territoires ukrainiens, dont le coeur reste russe, comme le souligne d’ailleurs le général ukrainien Zabrodsky à l’antenne de la chaîne Espresso, qui couvrait le Maïdan. Selon ses paroles, toute une partie de la population ukrainienne rêve encore aujourd’hui de Novorossia, pour devenir une nouvelle province ou entrer dans l’Etat russe. Cela concerne notamment Kharkov, Dniepr, Odessa, Kherson.
Donc, la propagande de guerre n’a pas pu couvrir la défaite politico-sociale intérieure. Et Zelensky sait parfaitement, que si sous uniforme ukrainien des hommes sont envoyés attaquer le Donbass sous couvert de défendre l’Ukraine contre « une agression russe », aucun pays ne viendra aider l’Ukraine si la Russie lance une véritable opération militaire. Il affirme par ailleurs, à contre-courant de la propagande atlantiste, qu’aucune escalade militaire n’est visible actuellement aux frontières ukrainiennes. – En effet, elle se déroule à l’intérieur du pays. De ce fait, ne croyant pas à la réalité du discours de « l’invasion russe », Zelensky ne trouve pas de fondement à l’évacuation des ambassades :
Or, justement, la tension monte, les provocations s’intensifient, le soutien militaire direct des pays de l’OTAN, sous impulsion américaine aussi, les grandes manoeuvres sont faites aux frontières pour maintenir la pression et les instructeurs de l’OTAN s’occupent toujours plus de l’armée ukrainienne. A tel point que la république de Lougansk déclare que sous-couvert d’instructeurs de l’OTAN, ce sont de véritables mercenaires, qui entrent en Ukraine et qui sont prêts au combat.
L’on voit ainsi une hésitation entrer dans les élites formellement dirigeantes en Ukraine, qui comprennent parfaitement que le « jeu » va trop loin et que ce qui peut se passer ensuite sera de leur responsabilité. Ainsi, alors qu’à la dernière réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, les Etats-Unis avaient un discours particulièrement agressif contre la Russie, que celle-ci n’exclue pas la possibilité de provocations ukrainiennes contre le Donbass, l’Ukraine affirmait ne pas envisager d’opération militaire contre la Crimée et le Donbass et s’en tenir à une résolution pacifique du conflit.
Et si c’était vrai ? Si la peur de l’extinction avait ramené certains en Ukraine à la raison ? Rappelons, que l’on ne sait pas qui contrôle réellement l’armée dite ukrainienne aujourd’hui. La carte est entre les mains de ces personnes en Ukraine, qui ont des doutes. Seule la libération du pays de l’occupation militaire et politique des forces de l’OTAN et des « conseillers » atlantistes permettra à l’Ukraine de pouvoir exister comme pays. Seul ce scénario ramènera la stabilité sur le Continent européen, en tout cas de ce côté. Mais pour le réaliser, il va lui falloir trouver des alliés de qualité et de caractère. Et les pays européens, évidemment en dehors de l’UE, et la Russie ont ici une carte à jouer. Mais eux-mêmes en ont-ils la force et la volonté ?
source:http://russiepolitics.blogspot.com/
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