Ken Kutaragi, le créateur de la console de jeu vidéo portable PlayStation®, se montre sceptique vis-à-vis du concept du Metaverse, une nouvelle version d’Internet ou des espaces virtuels persistants et en partage sont accessibles en interaction 3D.
Kutaragi estime à ce sujet que l’existence dans le monde réel est un sujet très important mais que le Metaverse veut aboutir à la quasi-realité dans le monde virtuel, ce dont il n’en voit nullement l’utilité.
L’une des raisons pour lesquelles le Metaverse constituera un véritable casse-tête est l’isolation non seulement sociale, déjà aggravée par la part de plus en plus invasive des appareils connectés dans la vie de centaines de millions d’individus mais surtout de l’ensemble du monde réel. Pour Kutaragi, les casques immersifs isoleraient les gens du monde réel et il ne peut pas être d’accord avec cela en soulignant que les casques sont simplement ennuyeux.
Des centaines de millions de personnes à travers le monde vivent une véritable addiction numérique au point où elles ne peuvent imaginer un seul instant pouvoir vivre sans leurs smartphones ou en dehors d’une zone géographique couverte par un réseau internet. Une proportion croissante de personnes ne peut plus se passer des micro-processeurs embarqués dans ses activités quotidiennes même les plus triviales. C’est le début d’une aliénation numérique de masse menant à une sorte d’asservissement inconscient et consenti dont l’ampleur a été révélée lors de la crise COVID. Cet état d’asservissement va être renforcé par l’irruption du Metaverse et aboutira à la non-société de fermage et à crédit social d’individus consommateurs isolés et sans liens en dehors de la réalité virtuelle. Un monde où l’esprit critique aura non seulement totalement disparu mais combattu par la matrice. Un avant goût de ce scénario terrifiant est la suppression effective par YouTube des “dislike” et la réflexion autour de leur remplacement par un autre système d’évaluation. La psychologie de l’individu désocialisé sera réduite aux fonctions de base d’un troll dans un monde virtuel ou un pouce en bas ou en haut tout aussi virtuels décideront de la mort ou de la vie de l’individu connecté et dont les sens sont physiquement isolés du monde réel par des interfaces homme-machine.
Et pourtant il suffit de débrancher la prise de courant ou d’une panne d’électricité pour que le retour au réel, aussi pénible qu’un coup de matraque électrique ou d’un jet de gaz CS en pleine face- les forces de l’ordre veilleront à réprimer le moindre éveil, se fasse…
Les prémisses d’un avenir incertain ne semblent guères joyeuses: Metaverse, système social à crédit, blockchains, drones tueurs, virus modifiés ou pire ressuscités du permafrost, thérapies géniques aux conséquences hasardeuses, fausse économie virtuelle et monnaies décentralisés, États en faillite et populations en perdition, des systèmes politiques obsolètes oscillant entre la kleptocratie et la ploutocratie, cet avenir que le “système” nous cesse de nous vendre est finalement une trappe à humains sans possibilité d’évolution. Un pénitencier idéal en place et lieue de la cité idéale d’un certain Platon qui aurait vécu à une époque bien plus avancée que ne le sera la nôtre avec sa réalité virtuelle.
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