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par Chems Eddine Chitour.
« Maintenant, on pourrait presque enseigner aux enfants dans les écoles comment la planète va mourir, non pas comme une probabilité, mais comme l’histoire du futur. On leur dirait qu’on a découvert des feux, des brasiers, des fusions, que l’homme avait allumés et qu’il était incapable d’arrêter. Que c’était comme ça, qu’il y avait des sortes d’incendies qu’on ne pouvait plus arrêter du tout. Le capitalisme a fait son choix : plutôt ça que de perdre son règne » ~ Marguerite Duras, Le Matin, 4 juin 1986.
Résumé
Le monde bruisse de bruits de bottes, avec un scénario de poker menteur où les médias occidentaux, sans libre arbitre, sont assignés à vendre aux citoyens européens et américains une version hémiplégique de la situation de l’Ukraine qui rappelle, à s’y méprendre, le battage médiatique à la veille de la guerre des Six Jours.
On se souvient que le « monde libre », travaillé au corps, présentait le David israélien contre le Goliath égyptien. Le résultat fut connu et dans leurs mémoires, les responsables israéliens racontaient comment Israël n’a jamais été réellement inquiété. Pour trois raisons, Israël connaissait la stratégie des pays arabes pour les avoir espionnés au Maroc. Israël n’avait rien à craindre du fait qu’elle avait les pays occidentaux à sa disposition avec, en prime, la sixième flotte. Israël était un pays nucléarisé.
Mutatis mutandis, ce qui se passe en Ukraine est pour le moment un non-évènement. Certes, on parle des 100 000 Russes aux frontières (ils ont été comptés ?) et au passage, ils expliquent par réciprocité la nécessité de doter l’Ukraine d’armes pour 200 millions de dollars en plus des 450 milliards donnant du grain à moudre au complexe militaro-industriel américain… En fait, le vrai problème est celui d’une restructuration du monde dans la douleur. Comment passer d’un monde dominé par l’hyper-puissance américaine depuis pratiquement un siècle à un monde multipolaire dénucléarisé ? C’est dans ce contexte que l’on peut comprendre la position russe qui ne veut pas de l’OTAN à ses frontières et qui exige des preuves écrites du non-engagement des Occidentaux à l’Est, notamment de l’Ukraine, pour conjurer l’erreur de Gorbatchev qui a cru à la parole de James Baker, Kohl, Mitterrand, Thatcher.
Bref rappel. L’équilibre des forces en 1989 : OTAN versus pacte de Varsovie
Pour l’histoire, le 4 avril 1949, les USA, le Canada et 10 autres États d’Europe de l’Ouest (sans la France) signent le traité de Washington pour créer l’Organisation du Traité de l’Atlantique nord. Le 6 mai 1955, l’Allemagne de l’Ouest rejoint l’OTAN. 8 jours plus tard, l’Union soviétique rassemble 8 États d’Europe de l’Est dans le pacte de coalition de Varsovie.
De 1955 à 1989, le monde était bipolaire. Deux grands blocs se faisaient face. Les États-Unis d’Amérique et leurs vassaux européens, d’un côté, et de l’autre, l’Union soviétique et les pays satellites, l’Empire du mal selon le président Reagan. Ce sera la Guerre froide jusqu’à la chute du bloc soviétique et la dissolution du pacte en 1991. Il y a quelque temps, on disait de l’OTAN qu’elle était en « mort cérébrale ». Avec Joe Biden, changement de programme, l’OTAN se réveille et réchauffe plus que jamais la doctrine de l’endiguement des États-Unis pour l’encerclement de la Russie par l’admission de nouveaux pays, à commencer par l’Ukraine.
La Russie, sentant l’étouffement, se protège et demande à ce que ce pays ne puisse pas rejoindre l’OTAN qui est le problème par lequel l’équilibre du monde pourrait être rompu. Tout en niant un quelconque projet d’attaque, la Russie martèle qu’une désescalade passe par des garanties écrites pour sa sécurité, notamment sur la non-adhésion de l’Ukraine à l’OTAN.
Le président Gorbatchev a acté la fin de l’URSS
Dès son arrivée à la tête de l’Union soviétique, en 1985, M. Gorbatchev encourage les pays du pacte de Varsovie à entreprendre des réformes. Le 13 juin 1989, il signe même avec Helmut Kohl une déclaration commune affirmant le droit des peuples et des États à l’autodétermination. Le 9 novembre, le mur de Berlin tombe.
À Moscou, le 9 février 1990, le secrétaire d’État américain James Baker multiplie les promesses devant Édouard Chevardnadze, le ministre des Affaires étrangères soviétique. Ils disent que l’OTAN va s’effondrer sans la RFA. « Mais, sans la RDA, ce serait aussi la fin du pacte de Varsovie »…
On remarquera, par ailleurs, le peu de regrets exprimé par l’ex-dirigeant soviétique envers cette période. Il semble suggérer que la chute de l’empire soviétique était un préalable à l’établissement d’un nouvel ordre mondial plus pacifique. Ainsi, Mikhaïl Gorbatchev a sauvé l’ordre occidental libéral ; il a dans le même mouvement détruit l’URSS. Il reçut pour cela le prix Nobel en même temps que le président américain en 1990 : le jugement des Russes est sans appel : près de la moitié d’entre eux éprouvent de l’indifférence envers Gorbatchev, 20% éprouvent du « mépris » et seulement 10% du « respect » pour l’ancien dirigeant.
Bref flash-back d’un parjure : « L’OTAN ne s’étendra pas d’un pouce vers l’Est »
C’est le 19 novembre 1990 que la fin théorique de la guerre froide est actée. L’OTAN et le pacte de Varsovie font publiquement une déclaration conjointe de non-agression. 8 mois plus tard, l’Organisation du Traité de Varsovie est officiellement dissoute. Ce que les médias occidentaux cachent est que les dirigeants européens et américains avaient promis – sans écrit – qu’il n’y aurait pas d’extension. L’OTAN s’est élargie à l’Est en dépit des promesses faites à Gorbatchev : « Des documents récemment déclassifiés révèlent que des dirigeants occidentaux – et non des moindres, comme le président américain George H. W. Bush et le secrétaire général de l’OTAN de l’époque Manfred Wörner – avaient assuré au président soviétique Mikhaïl Gorbatchev que l’Alliance atlantique ne s’élargirait pas à l’Est au-delà de l’Allemagne de l’Est après la réunification allemande d’octobre 1990. (…) M. Gorbatchev a toujours affirmé que l’URSS avait accepté la réunification en échange du non-élargissement de l’OTAN vers l’Est, une expression qui, sous la plume du secrétaire d’État américain de l’époque James Baker, dans une lettre au chancelier allemand Helmut Kohl, était que l’OTAN « ne bougerait pas d’un pouce ». Le président soviétique a été accusé d’avoir fait preuve d’une grande naïveté. L’élargissement de l’OTAN a néanmoins eu lieu après une décision du président américain suivant, Bill Clinton, en 1994, qui a conduit à l’adhésion des pays de Visegrad.
Vladimir Poutine restaure le statut de la Grande Russie
Le 25 décembre 1991, Mikhaïl Gorbatchev démissionnait de ses fonctions et remettait ses pouvoirs présidentiels à Boris Eltsine, le lendemain. Le Soviet suprême reconnaît l’indépendance des Républiques soviétiques et dissout officiellement l’URSS. L’effondrement soudain de l’URSS a été un événement sismique qui a changé le monde au cours des années 1990. Et la manifestation la plus importante de cette dégradation a été l’expansion de l’OTAN en Europe de l’Est, région qui était considérée comme la zone d’influence de Moscou. Pour le président russe Vladimir Poutine, l’effondrement de l’Union soviétique est « la plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle ». Et comme le souligne Mira Milosevich, Poutine a réussi à redonner à la Russie son rôle stratégique de puissance mondiale. « Poutine se voit comme le sauveur de la Russie ».
« La priorité absolue de M. Poutine était de stopper l’avancée des puissances étrangères dans l’ancienne région soviétique. En 2008, l’armée russe a envahi la Géorgie pour empêcher le président pro-occidental Mikheil Saakashvili de reconquérir militairement le territoire géorgien sécessionniste d’Ossétie du Sud, un protectorat russe. Si Saakashvili avait réussi à réunifier son pays fracturé, il aurait pu se rapprocher de son objectif déclaré de faire de la Géorgie un candidat viable à l’adhésion à l’OTAN. De même, en 2014, en Ukraine, après que des manifestations pro-occidentales ont renversé le président Viktor Ianoukovitch, un allié de Moscou, la Russie est intervenue militairement, d’abord pour annexer la péninsule de Crimée, puis pour soutenir les rebelles anti-Kiev dans le Donbas, la région russophone de l’est de l’Ukraine. Comme l’explique Mira Milosevich, il s’agissait, selon elle, d’un “principe historique de la sécurité nationale russe”. “Ce que la Russie veut, ce sont des espaces entre elle et l’ennemi potentiel. Et la Russie perçoit l’OTAN comme la plus grande menace pour sa sécurité nationale et ne veut pas de l’OTAN à ses propres frontières”, dit-elle. “Poutine est un stratège fantastique, comme il l’a montré”. Aujourd’hui, la Russie est un acteur indispensable, le seul acteur stratégique au Moyen-Orient qui parle à tout le monde, du Hezbollah au roi d’Arabie saoudite »[4].
La position de principe de Poutine : protéger les frontières de la Russie
Ce qui explique la réaffirmation de la position actuelle de Vladimir Poutine, à savoir le non-élargissement de l’OTAN à l’Est, il faut refaire l’historique. Philippe Descamps rapporte les propos de Poutine : « Ils nous ont menti à plusieurs reprises, ils ont pris des décisions dans notre dos, ils nous ont mis devant le fait accompli. Cela s’est produit avec l’expansion de l’Organisation du Traité de l’Atlantique nord [OTAN] vers l’Est, ainsi qu’avec le déploiement d’infrastructures militaires à nos frontières ». Dans son discours justifiant l’annexion de la Crimée par la Fédération de Russie, le 18 mars 2014, le président Vladimir Poutine étale sa rancœur envers les dirigeants occidentaux. Face au réalisateur américain Oliver Stone, en juillet 2015, M. Poutine esquisse un rictus en évoquant cet épisode majeur de l’histoire des relations internationales : « Rien n’avait été couché sur le papier. Ce fut une erreur de Gorbatchev. En politique, tout doit être écrit, même si une garantie sur papier est aussi souvent violée ». Début 1991, les premières demandes d’adhésion à l’OTAN arrivent de Hongrie, de Tchécoslovaquie, de Pologne et de Roumanie. Une délégation du Parlement russe rencontre le secrétaire général de l’OTAN. Manfred Wörner, lui, affirme que treize membres du conseil de l’OTAN sur seize se prononcent contre un élargissement, et ajoute : « Nous ne devrions pas permettre l’isolement de l’URSS ». Ancien conseiller de M. Gorbatchev, M. Andreï Gratchev comprend les motivations des pays d’Europe centrale : « Tout juste affranchis de la domination soviétique » et ayant toujours en mémoire les « ingérences » de la Russie tsariste. En revanche, il déplore la « vieille politique du “cordon sanitaire” qui conduira par la suite à un élargissement de l’OTAN à tous les anciens pays du pacte de Varsovie, et même aux trois anciennes républiques soviétiques baltes ».
À quoi sert l’OTAN, le pendant du pacte de Varsovie ?
On aurait pu croire qu’avec la fin de la Guerre froide, il y aurait un démantèlement de l’OTAN comme celui du pacte de Varsovie. Il n’en fut rien. Comme disait le premier secrétaire général de l’organisation transatlantique, Lord Ismay, l’OTAN, c’est « Keep the Americans in, the Soviets out and the Germans down ». Or, si les Soviétiques sont « out » depuis 1989 et qu’il n’y a plus de raison de garder l’Allemagne « down », les Américains sont, eux, toujours bel et bien « in ». « L’expansion de l’OTAN ne bénéficie seulement qu’au complexe militaro-industriel US, qui va profiter de l’accroissement des ventes d’armes aux nouveaux membres de l’OTAN….) l’OTAN devrait être démantelée et non élargie ».
Dans une contribution pertinente, Serge Halimi, du Monde Diplomatique, s’interrogeait : « À quoi sert l’OTAN ? Monsieur Nicolas Sarkozy voulait que sa présidence marque la rupture avec un “modèle social français”. A-t-il alors résolu d’en finir avec une autre tradition française, celle de l’indépendance nationale ? (…). De complaire à des industriels de l’armement, amis de M. Sarkozy. Plus vraisemblablement, l’Élysée espère tirer parti de la sympathie qu’inspire le nouveau président des États-Unis pour tordre le cou à une impardonnable exception française. Celle qui, au moment de la guerre d’Irak, vit Paris se dresser contre tous les docteurs Folamour du “choc des civilisations”. Au grand dam de bien des partisans actuels de M.Sarkozy – dont M. Bernard Kouchner (…). Décidémen désireux de ne nous épargner aucune ficelle, les députés atlantistes adossent leur propos à un rappel des heures sombres de notre histoire, de Hitler, de Munich, sans oublier de citer Elie Wiesel, survivant de l’Holocauste ».
La provocation de 2008 : le «printemps» de la Géorgie
Il y a 12 ans, la situation démarrait avec la Géorgie comme maillon ayant vocation à rejoindre, à terme, l’OTAN. Ron Paul, sénateur du parti républicain, intervenait devant le Congrès US concernant la résolution 997, « exprimait un soutien fort pour que l´OTAN active un plan d´adhésion pour la Géorgie et l’Ukraine ». Écoutons-le : « M. le porte-parole, je me lève en opposition à cette résolution appelant à une expansion de l’OTAN aux frontières de la Russie. L’OTAN est une organisation dont l´objectif s´est terminé avec la fin du pacte de Varsovie de l’adversaire. Quand l’OTAN s’est activée pour redéfinir son futur après la guerre froide, elle a fini par attaquer un Etat souverain, la Yougoslavie, qui n’avait ni envahi ni menacé aucun état membre de l’OTAN. L’expansion de l’OTAN ne bénéficie seulement qu’au complexe militaro-industriel US, qui va profiter de l’accroissement des ventes d’armes aux nouveaux membres de l’OTAN ».
Il s’agit bien d’une hégémonie planétaire qui se mettait en place. Pour rappel, et comme l’écrit Habib Kharroubi : « L’OTAN en Occident et le pacte de Varsovie, son pendant dans le camp soviétique, ont vu le jour dans le contexte de “Guerre froide” ayant marqué après 1945 les rapports Est-Ouest. La chute du mur de Berlin et l’effondrement de l’empire soviétique ont provoqué la dislocation du pacte de Varsovie. Un moment, il a semblé que sa disparition allait entraîner celle de l´organisation militaire qui fut son compétiteur côté occidental. C’était compter sans les calculs des Etats-Unis concernant la mise en place du nouvel ordre mondial qu’ils ont décidé d´imposer à la planète. (…) L’élargissement à l’est de l’Europe de l´OTAN inquiète quant à lui directement la Russie, qui y voit une volonté des États-Unis de rapprocher, au plus près de ses frontières nationales, le champ opérationnel de cette organisation militaire. (…) L´OTAN est devenue le bras armé des États-Unis et l’exécutant de leur politique internationale »,.
Le peu de considération de l’empire pour les vassaux européens
En fait, les États-Unis n’ont jamais respecté ni leur engagement ni la Russie, ce qui compte, c’est d’encercler la Russie. Les dossiers de l’OTAN sont en fait ceux des États-Unis et l’Europe est plus vue comme un marché mais aussi pour l’intendance. Nous l’avons vu en 2014 dans le feuilleton de Maïdan, en Ukraine, qui devait basculer selon les stratèges américains. Dans une conversation enregistrée à son insu, Victoria Nuland, la secrétaire d’État adjointe américaine pour l’Europe, s’est emportée contre l’UE au sujet de la situation en Ukraine. « Fuck the EU ! » La plus haute responsable du département d’État s’entretient avec un homme dont la voix correspond à celle de l’ambassadeur des États-Unis à Kiev, Geoffrey Pyatt. Ils discutent de la manière de régler les troubles politiques en Ukraine. « Et … tu sais… que l’Union européenne aille se faire foutre”, (…) Angela Merkel juge “absolument inacceptables” les propos de la diplomate américaine ».
Pour la période récente , on observe que les États-Unis avaient l’intention d’admettre l’Ukraine au sein de l’OTAN. Ainsi, le 2 juin 2020, l’Organisation du Traité de l’Atlantique nord reconnaît l’Ukraine comme partenaire bénéficiant du programme « Nouvelles opportunités ». Avec l’administration Biden, le 8 juin 2021, le secrétaire d’État Antony Blinken déclare devant le Sénat : « Nous soutenons l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN ». Le 17 décembre 2021, la Russie demande notamment des garanties écrites sur la non-extension de l’OTAN à l’Est, ainsi que le retrait des forces américaines des pays d’Europe orientale. Dans cette affaire et comme d’habitude, les vassaux européens ont été tenus à l’écart des négociations russo-américaines. L’OTAN, pour sa part, obéit au commandant en chef et donne réponse aux Russes en déclarant qu’il ne promet pas que l’Ukraine ne rejoindra pas l’OTAN.
« Il aurait fallu dissoudre l’OTAN ! » Parole de spécialiste
Toujours dans le même sens, nous livrons quelques extraits de l’interview par Mohsen Abdelmoumen du Ccolonel Régis Chamagne : « L’hégémonie américaine sur la monde est bel et bien terminée. Si les USA veulent tenter une opération de déstabilisation ou pire dans un pays et que la Russie et la Chine s’y opposent, ils n’auront aucune chance de réussir ». En refusant d’admettre qu’ils ont perdu leur leadership mondial, le colonel Regis Chamagne pense que le monde occidental est sur le déclin : « Lorsqu’une puissance s’effondre, il se passe toujours un certain temps avant que les dirigeants de cette puissance l’admettent. Ces gens-là continuent à vivre dans un monde chimérique fait de toute-puissance. (…) La russophobie en Occident est endémique chez nos voisins d’outre-Manche. (…) L’OTAN aurait du être dissoute après la dislocation de l’URSS puisque sa fonction était de s’opposer à la menace soviétique. L’OTAN disparaîtra naturellement avec le reste quand le changement de paradigme aura été “digéré” par les Occidentaux. (…) Les Américains s’imaginent pouvoir faire ce qu’ils veulent en Europe car cela se passe loin de chez eux ; ils restent loin de la menace. Mais dès lors que la Russie rapproche ses missiles près des côtes américaines, ils pourraient ressentir peu ou prou ce que ressentent les Russes et cela pourrait les faire réfléchir ».
Le chancelier allemand met en garde contre les conséquences des sanctions
Olaf Scholz confirme que Berlin est prêt à imposer des sanctions à la Russie en cas d’agression de l’Ukraine, mais indique que ces mesures auront des répercussions inévitables sur les marchés occidentaux. « Nous devons comprendre quelles conséquences cela aura pour nous-mêmes. Personne ne devrait se faire d’illusions sur le fait qu’il existe des mesures sans répercussions sur nous-mêmes ». Par ailleurs, Berlin n’a jamais voulu envoyer des armes létales en Ukraine ; par contre, elle a beaucoup investi financièrement dans ce pays à fonds perdus. Une réponse responsable est celle du chef de la marine allemande Kay-Achim Schoenbach qui a démissionné suite à sa déclaration. Nous lisons : « Ce qu’il (Poutine) veut vraiment, c’est le respect. Et mon Dieu, donner du respect à quelqu’un est peu coûteux, voire gratuit (…) Il est facile de lui donner le respect qu’il demande vraiment – et qu’il mérite probablement aussi », a ajouté le chef de la Marine allemande en qualifiant la Russie de pays ancien et important. Kay-Achim Schoenbach a reconnu que les actions de la Russie en Ukraine devaient être traitées. « La péninsule de Crimée est partie, elle ne reviendra jamais, c’est un fait ».
D’un autre côté , la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock a averti que toute nouvelle escalade militaire « aurait un prix élevé pour le régime russe – les sanctions contre la Russie incluraient le gazoduc germano-russe Nord Stream II ». Nous sommes loin de la position d’équilibre d’Angela Merkel. L’Allemagne post-Merkel est prête à perdre le bénéfice du Nord Stream 2 sur laquelle depuis 10 ans Merkel a bâti par monts et par vaux sa stratégie énergétique. Ce gazoduc, qui doit acheminer du gaz russe en Allemagne et en Europe via la mer Baltique, en contournant l’Ukraine, est achevé.
La flambée des prix du gaz au cours des derniers mois est un signe avant-coureur avec la flambée des prix du pétrole de futures perturbations. La Russie fournit environ 40% de la consommation de gaz de l’UE. S’il n’y a plus de livraison de gaz russe, l’Union européenne sera amenée à acheter du GNL américain. En définitive, si les sanctions sont mises en œuvre, c’est l’Europe de l’Alantique à l’Oural qui va souffrir. Les États-Unis seront moins impactés car le théâtre des opérations est loin.
Les Nations unies appelées en renfort ?
Le SG des Nations unies Guterres appelle à la mobilisation pour affronter ces cinq défis, la pandémie, dont les conflits. « Nous sommes confrontés au plus grand nombre de conflits violents depuis 1945. (…) Nous avons besoin d’un Conseil de Sécurité uni, engagé à les résoudre. Les clivages géopolitiques doivent être gérés pour éviter le chaos mondial ».
Encore une fois, des vœux pieux. Les États-Unis demandent une réunion du Conseil de Sécurité et va se saisir de la question Ukraine ce lundi 31 janvier. La Chine, qui accueillera les Jeux olympiques d’hiver dans une semaine et qui s’était jusqu’à présent abstenue de prendre ostensiblement parti, a annoncé se rallier au point de vue de la Russie. Sans nommer l’OTAN, Wang Yi a fait valoir que « la sécurité régionale ne saurait être garantie par le renforcement ou l’expansion de blocs militaires ». « Les préoccupations raisonnables de la Russie en matière de sécurité doivent être prises au sérieux et recevoir une solution », a déclaré le ministre des Affaires étrangères chinois, Wang Yi.
La Russie accueille froidement le rejet par Washington de ses exigences sécuritaires
Remise en parallèle à la lettre de l’OTAN, la réponse américaine aux exigences de Moscou, élaborée en coordination avec Kiev et les Européens, refuse toute exclusion de l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Pour le chef de la diplomatie américaine « nous avons clairement fait savoir que nous étions déterminés à maintenir et défendre la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, et le droit des États à choisir leurs propres dispositions de sécurité et leurs alliances ». Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a constaté l’absence de « réponse positive à la question principale » soulevée par la Russie. Mais il a laissé la porte ouverte à la reprise du dialogue en relevant qu’« il y a une réaction (américaine) qui permet d’espérer le début d’une conversation sérieuse sur des questions secondaires ».
Outre un non-élargissement de l’organisation à l’Ukraine et à la Géorgie, Moscou demandait aussi « un engagement écrit sur le retrait des forces et des armements de l’Alliance atlantique des pays d’Europe de l’Est ayant rejoint l’OTAN après 1997 ».
Conclusion
La réalité du monde est que l’empire veut toujours garder le gouvernement du monde. Ignacio Ramonet voit dans ce commandement invisible une stratégie sur trois fronts. écoutons-le : « Les citoyens doivent savoir que la mondialisation libérale attaque désormais les sociétés sur trois fronts. le premier front est celui de l’économie. Le deuxième front, clandestin, silencieux, invisible, est celui de l’idéologie. (…) Le troisième front, inexistant jusqu’à présent, est militaire. Il a été ouvert au lendemain du traumatisme du 11 septembre 2001. La fonction des vassaux est de s’incliner, et l’Amérique aspire désormais à exercer une domination politique absolue ».
Cela veut dire que plus rien ne s’opposera à l’adhésion de l’Ukraine puis de la Géorgie. La promesse faite contre la réunification de l’Allemagne n’a pas été tenue. C’est un bras de fer basé sur un parjure, une parole donnée il y a plus de trente ans. Tout porte à croire que la situation continuera à être larvée. L’énigme de la subsistance de l’OTAN ne peut s’expliquer que par le fait que les États-Unis n’ont pas compris que le monde a profondément changé et que le barycentre du monde a basculé vers l’Asie. Cela étant dit, nous devons substituer au partage du monde de Yalta celui d’un monde de partage, où les peuples pourraient vivre en intelligence. Les défis du futur seront de plus en plus existentiels et les grandes puissances auront d’autres défis planétaires à combattre. Ceux de cette « pandémie » qui déconstruit à la hache nos façons de vivre depuis des milliers d’années mais aussi les dérèglements climatiques anthropiques qui nous mèneront, à Dieu ne plaise, vers la sixième extinction ! Est-ce que nos petites querelles de leadership ont quelque peu crédibilité quand l’humanité tout entière est menacée ? La question reste posée.
Chems Eddine Chitour
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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