Le vaccin contre le Covid-19 a-t-il été autorisé trop rapidement pour les femmes enceintes, comme l’affirme Christian Perronne ?

Le vaccin contre le Covid-19 a-t-il été autorisé trop rapidement pour les femmes enceintes, comme l’affirme Christian Perronne ?

FAKE OFF Face aux députés luxembourgeois, le professeur Christian Perronne a de nouveau rejeté les effets bénéfiques de la vaccination contre le Covid-19

  • Dans une vidéo virale, le professeur Christian Perronne dénonce, à la Chambre des députés du Luxembourg, « le scandale des femmes enceintes », à qui l’on demande d’être vaccinées contre le Covid-19 sans recul suffisant, estime-t-il.
  • Pour Olivier Picone, gynécologue obstétricien, il est « totalement faux » d’affirmer que c’est « scandaleux ». Il insiste sur le contexte de l’épidémie et rappelle la dangerosité du virus, en particulier chez les femmes enceintes.
  • Des études récentes, examinées par l’Agence européenne du médicament, montrent que les deux vaccins anti-Covid à base d’ARN messager ne présentent aucun risque pour les femmes enceintes ou les bébés.

Le vaccin contre le Covid-19 a-t-il été autorisé trop rapidement pour les  femmes enceintes ? Voilà ce qu’affirme, entre autres, le controversé professeur Christian Perronne dans une vidéo vue plusieurs millions de fois au cours des derniers jours sur les réseaux sociaux, en particulier sur Facebook.

« Censuré » en France, comme le clame une publication virale sur Facebook, le fer de lance des opposants à la vaccination s’exprime depuis la Chambre des députés du Luxembourg. Dans son intervention, l’ancien chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital de Garches (Hauts-de-Seine) – démis de ses fonctions par le directeur de l’AP-HP en décembre 2020 – explique à nouveau avoir été « énormément choqué » par l’autorisation rapide de mise sur le marché du vaccin contre le Covid-19.

Et de dénoncer avec force « le scandale des femmes enceintes » : « D’habitude, il faut dix ans après l’autorisation définitive de commercialisation pour qu’un vaccin soit autorisé chez une femme enceinte, en ayant suffisamment de recul, dit-il. Là, en quelques mois, cela a été autorisé ! »

FAKE OFF

Alors que le Luxembourg a adopté un pass sanitaire pour l’ensemble des travailleurs, le sujet d’une vaccination partiellement obligatoire est contesté dans le duché. Le professeur Christian Perronne est intervenu dans l’hémicycle dans le cadre d’un débat public, à la suite d’une « pétition » nommée « Stop aux vaccins de type thérapie génétique (Covid-19) à nos enfants », signée par 4.674 personnes.

Au Luxembourg, une pétition publique, qui a été reconnue d’intérêt général et qui a récolté suffisamment de signatures sur le site Web de la Chambre des députés – plus de 4.500 –, peut être débattue en séance publique. Les députés et la ministre de la Santé luxembourgeois ont donc échangé mercredi 12 janvier avec les pétitionnaires, dont Christian Perronne.

« Il faut se remettre dans le contexte » de 2020

Pour Olivier Picone, gynécologue obstétricien à l’hôpital Louis-Mourier de Colombes (Hauts-de-Seine) et membre du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), s’il est « vrai » de dire que l’autorisation de mise sur le marché du vaccin pour les femmes enceintes a été « rapide », il est « totalement faux » d’affirmer que c’est « scandaleux ». Cela a certes été fait « plus rapidement que le processus habituel », mais « il faut se remettre dans le contexte de la première vague, de la deuxième et de tout ce qui s’est passé en 2020. Il y avait des dizaines de publications qui montraient que la Covid était grave chez la femme enceinte, qu’on avait des femmes enceintes en réanimation, qu’on avait des morts in utero », développe le médecin.

Par ailleurs, les femmes enceintes sont souvent exclues des essais thérapeutiques, rappelle le gynécologue obstétricien, que ce soit dans le développement d’un médicament ou des vaccins. Pour celles-ci, les données sont surtout celles de la pharmacovigilance, c’est-à-dire le suivi du médicament après la mise sur le marché. « Sur aucun vaccin, il n’y a eu un essai thérapeutique « vaccin versus placebo » chez la femme enceinte et il n’y en aura jamais ! Etant donné le bénéfice évident de la vaccination, ça ne serait pas éthique de faire une étude contre placebo, en prenant le risque de donner un placebo à la moitié des femmes enceintes », défend le président du Groupe de recherche sur les infections pendant la grossesse (Grig).

Il précise que les vaccins contre-indiqués pendant la grossesse sont des vaccins vivants atténués, « c’est-à-dire avec des virus complets, mais dont la virulence est atténuée, comme pour la rubéole ou la varicelle ». « Le virus vivant normal entraîne des malformations, c’est très connu, notamment pour la rubéole, souligne-t-il. C’est évidemment dangereux pendant la grossesse. »

Des données « rassurantes »

Pour les vaccins à ARN messager, les données récoltées chez l’animal, les données de pharmacovigilance et la balance bénéfice-risque, la grossesse étant associé à un risque plus élevé de développer une forme sévère, sont « rassurantes sur la façon dont le vaccin a été fait », ajoute Olivier Picone.

Des études récentes examinées par l’Agence européenne du médicament (EMA), portant sur 65.000 femmes, montrent que les deux vaccins anti-Covid à base d’ARN messager, Pfizer et Moderna, ne présentent aucun risque pour les mères ou les bébés. Les vaccinations ont également fourni une protection accrue contre les hospitalisations et les décès, en particulier en fin de grossesse, souligne l’EMA. En France, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) va aussi dans ce sens et indique que « les études n’ont pas montré, à ce jour, de conséquences des vaccins à ARNm sur le déroulement de la grossesse ».

Source : 20 Minutes

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À propos de l'auteur Profession Gendarme

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