RapSit-USA2022 : Situation de l’effondrement
Après une année de Joe Biden, le coup d’œil sur la situation américaniste ne peut être que confus et désolé. Même sur la chaîne favorite de la gauche extrême, CNN comme il se doit, un consultant résume sa brutale et très stupéfiante (pour CNN) diatribe par ce jugement sans retour sur la première année Biden : « It’s a disaster ».
Aussi, plutôt que s’interroger sur l’administration Biden, il convient de s’interroger sur la « situation de l’effondrement » des États-Unis. Pour nous, il ne fait aucun doute que cette qualification est complètement justifiée. L’une des exclamations les plus remarquables et les plus significatives à cet égard est celle du gouverneur de la Californie, Gavin Newsom, dénonçant les pillages de trains de marchandise comme du temps de l’Ouest sauvage. C’est en effet l’administration de Newsom, ultra-progressiste, ultra-laxiste et wokeniste, se scabndalisant à ce propos de son Etat ressemblant à « un pays du tiers-monde », qui a permis les ébats en toute sécurité et quasi-parfaite impunité de toutes les formes possibles de confiscation arbitraire et impérative des biens d’autrui… (La Californie est, avec New York également progressiste, l’État qui connaît la plus forte émigration vers d’autres États, ci-devant républicains, comme le Texas et la Floride.)
« Des milliers de cartons déchiquetés jonchent les voies de chemin de fer de Los Angeles, aux Etats-Unis. Ces colis réduits en détritus, ont été pillés lors d’attaques de trains de marchandises qui se multiplient dans la cité des anges. Les vols prennent la forme de raids, où les pilleurs viennent dérober les biens directement dans les wagons. “Je n’ai jamais vu une situation de cette ampleur. Début décembre, nous avons perdu cinq millions de dollars de marchandises”, explique Lupe Valdez, responsable de la compagnie ferroviaire Union Pacific.
» En 1 an, les attaques des trains de l’entreprise ont augmenté de 356 %. “C’est du vol organisé”, a réagi Gavin Newsom, gouverneur de l’État de Californie. Les pilleurs “se déplacent de voie en voie”, a-t-il ajouté. “Quand il y a plus de tension électrique sur l’une, ils se dirigent vers une autre”. Les cartons jetés sur les rails vont jusqu’à faire dérailler les trains. »
C’est notamment en citant cette situation californienne (« Les pillages de trains du XIXe siècle sont de retour ») parmi bien d’autres faits marquants que le fameux historien Victor David Hanson rend compte de cette première année de l’administration Biden comme une étape importante et remarquable de l’“American collapsus”.
Fin connaisseur des choses de l’Antiquité puisqu’il est d’abord historien militaire des guerres de cette période, Hanson commence par décrire ce qu’il entend par un “effondrement systémique”(“systems collapse”), qui est l’aspect opérationnel de l’effondrement d’une nation, d’un système, d’une civilisation.
« À l'époque moderne, comme dans la Rome antique, plusieurs nations ont subi un “effondrement des systèmes”. Ce terme décrit l'incapacité soudaine de populations autrefois prospères, de poursuivre ce qui leur assurait la bonne vie courante telle qu’elles la connaissaient.
» Brusquement, la population ne peut plus acheter, ni même trouver, les produits de première nécessité autrefois abondants. Ils ont le sentiment que leurs rues ne sont pas sûres. Les lois ne sont pas appliquées ou sont appliquées de manière inéquitable. Chaque jour, des choses cessent de fonctionner. Le gouvernement, qui était fiable, devient capricieux, voire hostile.
» Prenons l’exemple du Venezuela contemporain. En 2010, ce pays exportateur de pétrole, autrefois prospère, s’est embourbé dans une pagaille qu'il a lui-même créée. La nourriture est devenue rare, la criminalité omniprésente.
» Le socialisme radical, la nationalisation, la corruption, l'emprisonnement des opposants et la destruction des normes constitutionnelles en étaient les responsables.
» Entre 2009 et 2016, une Grèce autrefois relativement stable a failli devenir un pays du tiers-monde. Il en a été de même pour la Grande-Bretagne à l'époque du socialisme des années 1970.
» La jeune présidence de Joe Biden pourrait déjà conduire les États-Unis vers un effondrement similaire… »
La description est juste, les références impératives mais aussi un peu courtes pour notre époque. L’approche de Hanson est sans aucun doute louable mais elle ne va pas jusqu’à son terme. En aucun cas, on ne peut décrire la crise de l’effondrement de l’Amérique, qui est plutôt celle de l’américanisme, ou des deux (“crise d’effondrement de l’Amérique et de l’américanisme”), à partir des cas vénézuélien, grec, ni même romain d’ailleurs.
Toutes ces crises de référence sont le produit en partie d’actions extérieures organisées (celle par exemple des barbares divers pour Rome, celle du bloc-BAO dont l’Amérique est le centre pour les deux autres) ; elles disposent (surtout Rome avec le christianisme) d’un substitut comme une sorte d’anaphore métahistorique pour son remplacement. On sait que, sur ce point, nous tenons qu’il n’y a pas de remplaçant pour les USA à l’intérieur du Système, qu’avec les USA le Système cèdera parce que l’Amérique s’effondre en raison de l’effondrement du Système, et qu’il s’agira de revoir l’ensemble des composants du monde, de leur ordre, de leur harmonisation et de leur équilibre. Ainsi l’“effondrement de l’Amérique et de l’américanisme” mérite-t-il une approche spécifique.
Qui plus est dans ce cas, c’est un passage intéressant parce qu’il permet d’avoir une perception opérationnelle de ce que pourrait être, ou tout simplement de ce qu’est l’“effondrement” ; et l’on admettra que ce que dit Hanson, dans sa description de l’Amérique à l’heure de Biden, vaut pour la France ; et l’on conclura sur ce point que tout ce beau monde, sans aucun doute, doit beaucoup à Covid19 qui tient un rôle exceptionnel de déclencheur, ou plutôt d’accélérateur et de démonstrateur de l’effondrement..
« L’idéologie “wokeniste” de la gauche dure a pratiquement effacé l'idée d'une frontière. Des millions d'étrangers appauvris entrent illégalement aux Etats-Unis, – et pendant une pandémie, – sans tests COVID-19 ni vaccinations.
» Les bureaucraties sanitaires ont perdu toute crédibilité à mesure que les communiqués officiels sur les masques, l’immunité collective et acquise, les vaccinations et les comorbidités changent et s'adaptent apparemment aux réalités politiques perçues.
» Après des décennies d'amélioration des relations raciales, l'Amérique régresse vers une société tribale pré-moderne.
» La criminalité explose. L’inflation gronde. La méritocratie est diffamée et nous sommes donc gouvernés davantage par l'idéologie et la tribu.
» La flambée des prix des biens de première nécessité, – carburant, nourriture, logement, soins de santé, transports, – étrangle la classe moyenne.
» Des millions de personnes restent à la maison, satisfaites d’être payées par l'État pour ne pas travailler. Les pénuries d'approvisionnement et les rayons vides sont la nouvelle norme.
» Les pillages de trains du XIXe siècle sont de retour. Tout comme la violence urbaine des années 1970, avec ses destructions, ses agressions de voitures et ‘carjacking’ et ses meurtres d’innocents tués au hasard.
» Après la débâcle de l’Afghanistan, nous sommes revenus aux jours sombres qui ont suivi la défaite du Viêt Nam, lorsque la dissuasion américaine à l’étranger était également anéantie et que le terrorisme et l’instabilité mondiaux étaient la norme de la situation internationale.
» Qui aurait pu croire il y a un an que l'Amérique supplierait maintenant l’Arabie saoudite et la Russie de pomper plus de pétrole, alors que nous avons retiré nos propres concessions pétrolières et annulé des pipelines et des champs pétrolifères ? »
Le détail conceptuel et opérationnel de cet effondrement fait apparaître deux caractères fondamentaux, qui sont propres à l’Amérique également, dans un retournement complet de ce qui est/était considéré comme ses caractères les plus marquants, ses marqueurs d’exceptionnalisme.
En quelque sorte, on pourrait penser que l’Amérique prend la voie d’un effondrement sans égal, sans besoin d’une aide extérieure d’importance. Elle s’effondre grâce à elle-même et à elle seule, comme une grande, et même comme une super-grande ; elle fournit à la fois la cible de l’effondrement, le mode d’emploi de la chose et les idées qui opérationnalisent cet effondrement. Elle procède systématiquement à partir d’elle-même, c’est-à-dire avec le moyen d’une déconstructuration de tous ses composants.
« Notre chemin vers l'effondrement des systèmes n’est pas dû à un tremblement de terre, au changement climatique, à une guerre nucléaire, ni même à la pandémie COVID-19.
» Au contraire, la plupart de nos maladies sont auto-infligées. Elles sont le résultat direct d’idéologies perverses qui sont à la fois cruelles et contraires au pragmatisme américain traditionnel.
» Les procureurs de district de la gauche dure dans nos grandes villes refusent d’inculper des milliers de criminels arrêtés, – s’appuyant plutôt sur des théories de justice sociale en faillite.
» Les forces de l’ordre ont été arbitrairement privées de fonds et diffamées. La dissuasion policière n’existe plus, de sorte que les pillards, les vandales, les voleurs et les meurtriers s’en prennent plus librement au public et à ses biens.
» La “Théorie Monétaire Moderne” (MMT) fait croire aux idéologues que l’impression de milliers de milliards de dollars peut enrichir le public, même si l’inflation qui en résulte appauvrit les gens.
» La “Théorie Critique de la Race” (CRT) dicte de manière absurde que le “bon” racisme actuel peut corriger les effets du mauvais racisme passé. Une nation autrefois tolérante et multiraciale ressemble désormais au fractionnisme de l’ex-Yougoslavie.
» Le coupable est encore une fois une idéologie wokeniste insensible qui accorde peu de valeur aux individus, ne donnant la priorité qu’à un soi-disant agenda collectif.
» La marque de fabrique du wokenisme est “l’équité”, ou une égalité de résultat forcée. En pratique, nous devenons une version de bande dessinée de victimes et de bourreaux, avec des opportunistes woke jouant le rôle de nos super-héros. »
Là-dessus, Hanson passe au détail, – à la fois de la “mémoire” des États-Unis, à la fois de ses structures institutionnelles tenant l’édifice d’un pays sans État ni histoire, mais doté d’une formidable puissance qu’il a appris à exprimer justement grâce à ses acteurs institutionnels. Tout cela, des statues de Jefferson, à la CIA et au Pentagone, – tout cela, emporté par la tempête qui liquéfie les caractères les plus affirmés, qui atrophie les muscles et paralyse les nerfs au profit d’une sorte de brume magique, une drogue de vaudou, un sortilège d’allumé. “Wokenisme” et tout le toutim, voilà la recette idéale pour faire sauter cet édifice qui a institué dans l’histoire la prédominance du rêve et du simulacre, – et qui en est tragiquement victime !
« Le plus étrange en 2021 a été l’attaque systématique de nos anciennes institutions, parce que nous avons faire de nos ancêtres les boucs émissaires de nos propres incompétences.
» Les ‘woke’ ont mené une véritable guerre contre le Collège électoral vieux de 233 ans, et le droit des États à fixer leurs propres lois de vote lors des élections nationales ; le filibuster vieux de 180 ans ; la Cour suprême avec ses neuf Juges, vieille de 150 ans ; l’union de 50 États vieille de 60 ans.
» Jusqu’à récemment, l’armée américaine, le ministère de la Justice, le FBI, la CIA, le Center for Disease Control et les National Institutes of Health étaient vénérés. Leurs échelons supérieurs étaient composés de professionnels de carrière généralement immunisés contre la politique du jour.
» Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Ces bureaux et agences perdent la confiance et le soutien du public. Les citoyens craignent plutôt qu’ils ne respectent ces puissants de Washington qui ont fait passer la politique avant le service public.
» Le président des chefs d'état-major interarmées Mark Milley, le procureur général Merrick Garland, les anciens chefs du FBI comme James Comey et Andrew McCabe, le directeur de la CIA à la retraite John Brennan et Anthony Fauci, chef de l'Institut national des allergies et des maladies infectieuses, ont tous politisé et largement dépassé les limites de leur autorité professionnelles.
» Ils se sont exprimés dans des forums publics comme s'ils étaient des législateurs élus devant être réélus. Certains ont menti sous serment. D’autres ont diabolisé leurs détracteurs. La plupart ont cherché à devenir les chouchous des médias. »
Et, pour envelopper le tout et finalement conduire la logique de l’effondrement à son terme, certainement le pire président des États-Unis, naturellement peu habile et sans brio, mais en plus malade de sa sénilité, vivant dans cet univers de fantaisie qui sied aux vieillards entrant dans la démence. « Il doit vivre dans un monde où il imagine lui-même les choses et tout ce qu’il veut, et notamment [il imagine à sa façon] qu’il est président des États-Unis, – cela est réellement dangereux » (Newt Gingrich). Le ‘Daily Telegraph’, qui n’aimait pas Trump, comme tous les gens biens, considère aujourd’hui que bien plus de la moitié des citoyens américains jugent Biden « bien plus embarrassant, et bien plus dangereux, que son affreux prédécesseur ».
Et ainsi, conclut Victor David Hanson :
« Cette chute libre du gouvernement est supervisée par un président tragiquement désorienté, irascible et incompétent. Dans sa confusion, ce président de plus en plus impopulaire, Joe Biden, semble croire que son chaos diviseur fonctionne, rabaissant ses opposants politiques au rang de rebelles confédérés et de terroristes racistes.
» À l’approche des élections de mi-mandat de 2022, qui arrêtera notre descente vers la pauvreté collective, la division et la folie auto-infligée ? »
Désormais, on peut dire que “l’effondrement de l’Amérique et de l’américanisme” est une dimension de l’exceptionnalisme américaniste. Ce pays, inventé de toutes pièces comme ‘The Shining City on the Hill’, met également en scène et en action sa propre déstructuration et son effondrement. Il est évident que l’Amérique ne veut laisser à personne d’autre qu’à elle-même le soin de s’effondrer, de se désintégrer, de disparaître. Plus que jamais l’autodestruction…
…C’est-à-dire : plus que jamais Lincoln, en 1839, alors qu’il vient d’emporter sa première élection nationale, comme Représentant (député) à la Chambre de l’État de l’Illinois, visionnaire décidément :
« Si la destruction devait un jour nous atteindre, nous devrions en être nous-mêmes les premiers et les ultimes artisans. En tant que nation d’hommes libres, nous devons éternellement survivre, ou mourir en nous suicidant. »
Mis en ligne le 23 janvier 2022 à 19H00
Source: Lire l'article complet de Dedefensa.org