Une histoire de sandale

Une histoire de sandale

Les temps présents se révèlent propices à l’éclosion d’une faune bigarrée, toujours là en temps normal mais qui a tendance à proliférer quand l’ensemble de la société se retrouve en plein désarroi, comme c’est le cas depuis des mois.

Je veux parler ici de tous ces Ti-Jos Connaissants, de tous ces smattes et de tous ces Grands talents, comme les appelait ma mère, qui vocifèrent urbi et orbi, sur les réseaux sociaux et dans la rue, au nom d’une sacro sainte Libarté dont ils se réclament, sans même connaître ce que signifie vraiment d’en être privé.

Dans une réplique cinglante au professeur de McGill Jocelyn Maclure, qui avait avancé que la vaccination obligatoire était une mesure « extrêmement dure et sans pitié », Hubert Rioux, dans Le Devoir, a soutenu que « si M. Maclure considère qu’une piqûre qui n’engage à rien d’autre qu’à reconnaître la validité de la science épidémiologique est démesurée par rapport au confinement, à l’isolement, au couvre-feu, au décrochage scolaire, à l’endettement public et au délestage qui touche des vieillards souffrants, des malades chroniques et des cancéreux en attente d’examens et de traitements, c’est-à-dire à une déstabilisation fondamentale de l’universalité du système de santé, alors nous ne vivons plus dans la même dimension éthique ».

Quand Patrick Lagacé a écrit que la grande majorité des spécialistes qui ne sont pas sur le pay roll du ministère se montraient très critiques à l’endroit d’Arruda, on cherche encore les noms. Partout dans le monde, celles et ceux qui s’y connaissent, mieux en tout cas que les Ti-Jos-Connaissants qui sévissent dans les universités et dans les médias, ne sont jamais péremptoires et y vont avec beaucoup d’humilité dans leurs analyses. Comme le professeur Jean Barbeau l’a rappelé récemment dans La Presse.

Un texte publié dans le journal Métro, signé par ce que ce journal identifie comme des « spécialistes », est révélateur de cette manie de plus en plus courante à se prononcer sur des sujets sans avoir aucune compétence pour le faire. Parmi ces 13 « spécialistes », un seul, peut-être deux, peuvent prétendre à une certaine compétence sur les questions de mesures sanitaires. Les autres signataires sont aussi compétents en ces matières que je ne le suis dans le domaine de la fission nucléaire…

Ces interventions intempestives m’ont rappelé cette anecdote dans laquelle le peintre grec Apelle, entendant un cordonnier critiquer la manière dont l’artiste avait peint une sandale, avait vite fait d’apporter les corrections nécessaires. Mais quand le cordonnier, sortant de son champ de compétence, avait poursuivi ses observations sur les plis de la toge et autres détails, Apelle lui avait dit : Sutor, ne supra crepidam ! Autrement dit, je te reconnais une compétence en matière de sandales, mais ne va pas plus haut… Si tous ces « logues » signataires avaient connu cette anecdote, peut-être se seraient-ils gardé une petite gêne…

Les journalistes et chroniqueurs, dont le premier mandat semble être de pontifier, s’en sont pris au Dr Arruda, bouc émissaire que, dans la tradition du peuple d’Israël, on envoyait dans le désert pour expier tous les péchés. C’est sous les roues d’un autobus qu’on l’a jeté, le gars. Comme tous les responsables de la santé publique dans le monde, il a fait ce qu’il pouvait. Dont les mêmes erreurs que le fameux docteur Fauci avec les masques. Je pense aussi à ce freluquet, de je ne sais quel média, qui demandait à Legault comment il comptait « vendre sa salade aux Québécois ». Le 7 décembre, il y avait UN cas Omicron à Montréal. Des dizaines de milliers se sont ajoutés depuis.

En revanche, la liste des sujets sur lesquels le gouvernement Legault prête le flanc à la critique est suffisamment longue pour que les préposés à la bonne santé démocratique de notre société s’y attardent : l’impensable projet de 3e lien ; les centaines de millions$ gracieusement versés à McGill et Dawson pour accentuer notre anglicisation collective ; et, surtout, cette anomalie démocratique qui consiste, depuis près de deux ans, à gouverner par décrets. Que voilà des sujets qui devraient faire en sorte que les lignes ouvertes ne dérougissent pas.

Mais non ! Ce que l’on constate, c’est que la bien-pensance, universitaire surtout, a fait des non-vaccinés les nouveaux damnés de la terre…

Jacques Prévert nous avait pourtant prévenus : « Il ne faut pas laisser les intellectuels jouer avec des allumettes… »

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