Photo d’archives, Stevens LeBlanc
Au début de la pandémie, la grande majorité des Québécois, incluant les partis d’opposition, ont fait preuve de compréhension et de collaboration devant un gouvernement qui devait gérer une crise inédite. Aujourd’hui, alors qu’on devrait avoir appris des vagues précédentes, nous constatons malheureusement que les incohérences s’accumulent et que Québec est toujours deux coups en retard. Cette confusion et ces retards ont des impacts importants et vérifiables sur l’adhésion et la confiance de la population.
Nous sommes à l’étape où le statu quo n’est plus une option. Au-delà des changements symboliques, il faut des changements durables et structurels dans notre manière de gérer la pandémie. Pour réellement « apprendre à vivre avec le virus », il faut un contrat social clair, transparent et démocratique.
Mettre fin à la politisation des questions de santé publique
Faire couler à la pièce des mesures dans les médias, en omettre dans les points de presse, ou en annoncer certaines pour reculer par la suite, n’apportent rien de bon au moral de la population. Le gouvernement se trouve, par ces ballons d’essai et ces messages contradictoires, à amplifier l’incertitude et l’anxiété générale des parents, des travailleurs, des entrepreneurs. Si le gouvernement Legault aime affirmer que personne n’aurait fait mieux, la réalité suivante apparaît désormais clairement : la politisation et l’instrumentalisation de la pandémie nous éloignent des décisions fondées sur la science et l’intérêt public. Les avis de la Santé publique pour justifier les décisions manquent, contrairement aux millions de dollars en sondages et en publicités. On ne peut blâmer la Santé publique ou le Dr Arruda pour cette politisation à outrance de la pandémie, c’est une décision du gouvernement. Une telle politisation provient en effet directement de la cellule de crise même, composée d’une quinzaine de spécialistes en communications et politique et dont le seul scientifique était beaucoup trop près du premier ministre.
Le départ de ce dernier ouvre la possibilité de repenser la façon de gérer la pandémie et la séparation nécessaire entre le savoir scientifique et les décisions politiques. C’est pour cette raison que, pour changer ces façons de faire et assurer que la science et la transparence guident les décisions, le Parti Québécois demande à nouveau l’ajout d’experts indépendants à la cellule de crise. Nous avons déjà proposé la Dre Johanne Liu, reconnue mondialement. La crédibilité de plusieurs autres spécialistes a été mise en lumière depuis deux ans. Ils apporteraient non seulement une expertise indépendante en gestion de pandémie grandement requise présentement, mais ils veilleraient également à ce que les fondements factuels et scientifiques au soutien des mesures soient communiqués de manière complète et objective.
Mettre fin à la gestion sans contre-pouvoirs
Lorsque la pandémie a débuté et que l’incertitude régnait, il était normal d’agir rapidement. Deux ans plus tard, pour trouver un modèle de gouvernance durable, le Parti Québécois demande à nouveau la fin de la gouvernance par décret. On ne peut plus prendre de décisions aussi lourdes, comme l’application d’un couvre-feu du 31 décembre, sans avoir un portrait factuel de son efficacité et des conséquences notamment sur la santé mentale, sur la violence conjugale ou les cas de protection de la jeunesse. Aussi, il faut se poser la question : le gouvernement va-t-il imposer un confinement à chaque vague récurrente de COVID, le cas échéant ? Ce sont là des débats que les parlementaires doivent mener, avec au besoin des experts, et non pas que le gouvernement devrait décider unilatéralement en catimini.
En 2022, nous voulons que la science et la transparence guident nos décisions. Nous voulons que la démocratie reprenne sa place. Nous ressortirons tous gagnants de ce nouveau contrat social, tant sur le plan du climat social que celui de la qualité des décisions.
Chef du Parti Québécois
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