par Valentin Vasilescu.
La première étape pour résoudre le problème a consisté à comprendre quel type de forces les autorités du Kazakhstan ont dû affronter
Dauren Abaev, chef adjoint de l’administration présidentielle du Kazakhstan, a déclaré que les manifestations dans le pays avaient commencé pacifiquement et que tout était soudainement passé sous le contrôle des provocateurs. L’utilisation de communications secrètes par les manifestants a été essentielle dans la coordination simultanée des actions violentes visant des objectifs préétablis. C’est-à-dire l’utilisation de stations de réception gérées par des serveurs de pointe situés à l’extérieur du Kazakhstan. Communications que les services secrets et l’armée nationale n’ont pas pu intercepter. Un centre de commandement unique a coordonné la préparation et l’orientation de toute l’action terroriste. Le président kazakh Kassym Jomart Tokayev l’a reconnu, dans un discours à la nation le 7 janvier. Il a déclaré que « les forces de l’ordre et l’armée n’ont pas tenu leurs promesses ». « Il est devenu clair que nous manquions de forces spéciales, d’équipements spéciaux et de moyens spéciaux ».
Les militants comptaient dans leurs rangs des spécialistes des PsyOps (opérations de guerre psychologique), capables de manipuler les attitudes des gens. Ils ont donné la priorité à la transmission en direct de désinformations déjà préparées depuis les studios de télévision. Heureusement pour les autorités, les terroristes qui ont occupé le bâtiment de la chaîne de télévision Mir n’ont pas été en mesure de contrôler la tour de télévision Koktobe à Almaty, où se trouve l’antenne de diffusion. En conclusion, l’incapacité à saisir les médias à Almaty a joué un rôle énorme dans l’échec du coup d’État.
La planification des actions était typique des opérations commando à commande unique
Un groupe important (Alpha) composé de plusieurs sous-groupes a agi simultanément à Almaty et dans des villes du sud et de l’ouest du Kazakhstan, dans le but de terroriser la population civile, de la disperser et d’empêcher l’intervention des forces de l’ordre. La mission du groupe Alpha s’est traduite par l’occupation et l’incendie de bâtiments administratifs, le pillage de magasins et de banques, la mise en place de barricades dans tous les quartiers et une tentative d’occupation de l’aéroport d’Almaty. Dauren Abaev a noté que parmi les terroristes à haut niveau de préparation au combat et à la cruauté brutale qui ont abattu des membres des forces de sécurité se trouvaient des tireurs d’élite.
L’objectif tactique du groupe Alpha était en fait une diversion sanglante pour couvrir le second groupe (Bravo), qui exécutait des attaques ciblées sur des dizaines de magasins d’armes, des dépôts d’armes et de munitions de l’armée et de la police, etc.
L’ancien conseiller du président Nazarbayev, Yermukhamet Yertysbayev, estime que les terroristes avaient des complices dans le pays. « La trahison d’un certain nombre de fonctionnaires et d’agents des forces de l’ordre a empêché de déjouer les plans des terroristes ». Selon lui, 40 minutes avant l’attaque de l’aéroport d’Almaty, l’ordre a été donné de retirer le dispositif de sécurité. M. Yertysbayev pourrait bien avoir raison, d’autant plus que les services de renseignement kazakhs n’ont pas découvert de preuves de préparations clandestines d’attaques terroristes, même si 20 000 attaquants spécialisés ont opéré dans la seule ville d’Almaty.
Conséquences
Ce n’est qu’après 3-4 jours de chaos que l’ordre constitutionnel a été rétabli dans une certaine mesure dans toutes les régions, que les bâtiments administratifs et les infrastructures stratégiques ont été libérés et placés sous protection militaire. Les frontières ont été fermées et 70 points de contrôle des mouvements ont été mis en place dans le pays. De nombreux responsables d’administrations régionales et d’organismes chargés de faire respecter la loi ont été démis de leurs fonctions. Cependant, le président kazakh Kassym Khomart Tokayev a déclaré que « les militants n’ont pas déposé les armes et continuent à commettre des crimes ou à s’y préparer. Il est indispensable de mettre fin à leurs agissements. L’opération de combat visant à débarrasser Almaty des terroristes est menée par les services spéciaux du Kazakhstan ».
Le ministère de l’Intérieur du Kazakhstan a annoncé que 3811 participants violents aux émeutes ont été arrêtés, que 26 personnes ayant attaqué les forces de l’ordre avec des armes à feu ont été tuées et que 26 autres ont été blessées. RIA Novosti a cité des sources du bureau du procureur du Kazakhstan selon lesquelles « parmi les terroristes détenus au Kazakhstan, il y a beaucoup de citoyens étrangers, payés pour commettre des actes criminels ».
À la demande du président Kassym Khomart Tokayev, la Russie a envoyé 3000 soldats au Kazakhstan, la Biélorussie 500, le Tadjikistan 200 et l’Arménie 70. Plus de 70 avions Il-76 et 5 An-124 ont transporté le contingent russe de maintien de la paix des forces de l’OTSC au Kazakhstan. Il s’agit de sous-unités de la 45eBrigade, de la 98e Division et de la 31e Brigade Spéciale, toutes appartenant aux forces aéroportées.
Quel est le rôle de l’armée russe
Le mandat donné par l’Organisation du Traité de Sécurité collective (OTSC) ne prévoit pas de participation à des opérations de combat au Kazakhstan, les tâches des forces de maintien de la paix étant essentiellement la protection des installations vitales. Des sous-unités de la 98e division aéroportée contrôlent l’aéroport international Nur-Sultan, le siège de l’État-Major général des forces armées et le bâtiment du centre de télévision Kazmedia.
Une sous-unité indépendante des forces d’opérations spéciales russes surveille le palais présidentiel de Nur-Sultan, la banque centrale et le comité de sécurité nationale du Kazakhstan. Des sous-unités de la 45e brigade à vocation spéciale ont été déployées dans le sud-est du Kazakhstan, pour garder l’aéroport international d’Almaty, le centre opérationnel de défense aérienne conjoint Fédération de Russie-Kazakhstan à Almaty. D’autres sous-unités de la 45e brigade ont été déployées à Shymkent, la troisième plus grande ville de 1,1 million d’habitants, où elles gardent la 602e base aérienne et d’autres objectifs administratifs de la ville. Des sous-unités de la 31e brigade aéroportée ont été déployées dans la partie orientale du Kazakhstan, dans la ville d’Ust-Kamenogorsk, le centre administratif de la zone d’industrie extractive du Kazakhstan oriental. D’autres sous-unités de la 31e brigade assurent la sécurité des installations de Kazatomprom dans le nord du pays, la compagnie nucléaire nationale du Kazakhstan.
Séparément, à l’appui des unités antiterroristes locales, de petites unités russes telles que des unités de neutralisation PsyOps, d’opérations de guerre psychologique et de reconnaissance peuvent également opérer. Par exemple, un groupe de reconnaissance aéroporté russe utilise le système RB-341V Lieer-3. Les drones (avions et hélicoptères de recherche sans pilote et silencieux) capturent et transmettent des images vidéo 24 heures sur 24 ou collectent des données sur une large gamme de fréquences – SIGINT (renseignement d’origine électromagnétique), et même les réseaux GSM. Lorsqu’un réseau suspect est découvert, seuls certains émetteurs du réseau sont brouillés. Cela empêche la transmission des ordres aux terroristes en aval de la chaîne de commandement. La zone de brouillage se concentre sur des objectifs ciblés dans un rayon de 6 km. Les plates-formes aéroportées russes servent également de relais radio pour les militaires kazakhs opérant dans les zones urbaines, où la transmission est protégée par les bâtiments. Les troupes aéroportées russes disposent également d’un autre système terrestre sur un véhicule 8×8 : le RP-377LA Lorandit, qui se compose de puissantes stations de recherche de sources de fréquences et de stations de brouillage sélectif, toutes dans la gamme 3 MHz -3 GHz.
Comme le contingent en Syrie, le contingent kazakh est intégré aux réseaux du système centralisé MK VTR-016 du ministère russe de la Défense, qui utilise le système Auriga-1.2V. Des centaines de mini-stations vidéo mobiles portables dans les zones de responsabilité attribuées aux militaires russes au Kazakhstan transmettent des informations secrètes en temps réel à Moscou grâce aux satellites de communication militaires russes. Grâce au serveur de Huawei, le plus puissant du monde, ces transmissions sont difficiles à intercepter et à brouiller. Auriga-1.2V permet aux officiers très expérimentés d’optimiser les actions de leurs subordonnés sur le terrain à partir de la salle des opérations de l’état-major aéroporté russe, en l’absence de facteurs perturbateurs.
Après l’occupation de l’Irak, les troupes d’occupation américaines ont eu fort à faire avec les groupes d’insurgés sunnites qui enlevaient des citoyens occidentaux. Pour pénétrer ces groupes, les forces d’opérations spéciales américaines ont mis sur pied une opération ciblée, créant leur propre groupe de « kidnappeurs », dans lequel les « kidnappés » étaient des agents de renseignement infiltrés dans les médias alliés des États-Unis. Vous vous souvenez peut-être de Marie Jeanne Ion et de Florence Aubenas. Une fois que ce groupe a acquis une certaine notoriété en diffusant des vidéos, reprises par les médias irakiens et internationaux, il a attiré l’attention de véritables groupes d’insurgés qui ont proposé de prendre en charge les « personnes enlevées ». De cette manière, les véritables groupes d’insurgés en Irak ont été découverts et arrêtés.
L’armée russe prouve qu’elle a tiré les leçons des innovations américaines dans la lutte contre les insurgés en Irak. Les spécialistes russes des opérations psychologiques sont arrivés à la conclusion qu’il est plus facile d’appâter les cellules terroristes que de les rechercher pour les neutraliser. Ainsi, suivant le modèle américain, ils ont mis en place un faux « Front de libération du Kazakhstan » qui diffuse des vidéos sur les médias sociaux et incite les cellules terroristes qui ont participé au soulèvement du pays à le rejoindre.
traduction Avic pour Réseau International
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