Le journaliste et écrivain Éric Zemmour, devenu candidat à la présidence de la République, s’est présenté comme « un petit juif berbère venu de l’autre côté de la Méditerranée ». Son judaïsme lui vient de ses parents. Lui, semble être un pratiquant non croyant. Il pratique les rites du judaïsme, mais ne croirait pas au Dieu
d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. De son mariage avec Mylène Chichportich, une avocate d’origine juive tunisienne, spécialisée dans le droit des faillites, sont issus trois enfants : Hugo, Thibault, Clarisse.
En famille, Éric Zemmour pratique un judaïsme rigoureux dans les observances. C’est ce que l’on avait appris dans un entretien qu’il avait accordé, il y a sept ans, à la journaliste Anna Cabana.
À la maison, il [Éric Zemmour] mange kasher. Il a deux vaisselles séparées, une pour la viande, l’autre pour le lait, car dans la Torah il est dit : « Tu ne mangeras pas l’agneau dans le lait de sa mère ».
Il va à la synagogue tous les vendredis, a fait faire la bar-mitsva à ses garçons, porte une représentation de la Sefer Torah en pendentif (sous sa chemise), mais reconnaît être agnostique :
« Je n’ai pas de solution. Si je rationalise, je n’y crois pas. Dieu, c’est une idée formidable. Une abstraction qui te permet d’éviter la folie de l’orgueil absolu. Même si Dieu n’existe pas, il faut un monde avec Dieu. »
Il affirmait, dans l’interview citée, être « un enfant de la raison » :
« Je suis comme Racine, moi : « La passion est dangereuse, la raison nous sauve. » Dans la vie, la passion, je la mets à distance. C’est ce que je déteste dans mon époque, la passion de la passion. C’est ce que j’appelle la féminisation. Je ne suis pas un romantique au sens du XIXe siècle. »
Pourtant, il a succombé à cette passion. En septembre dernier, il s’est affiché à la Une de Paris-Match avec sa directrice de communication, Sarah Knafo, juive d’origine marocaine, ancienne élève de l’ENA, magistrate à la Cour des Comptes en disponibilité, de trente-cinq ans sa cadette, devenue sa maîtresse. On a appris deux
mois plus tard, qu’elle attendait un enfant. Ces faits relèvent de la vie privée, mais comment ne pas les prendre en compte lorsqu’on évalue le projet politique d’un candidat et son idonéité à la fonction de chef de l’État.
L’agnostique Éric Zemmour, qui s’est engagé, dit-il, dans « un combat de civilisation » et qui veut « sauver la France », défend des « valeurs familiales » qu’il ne pratique pas.
Sur les questions éthiques et sociétales aussi, il n’est conservateur qu’en apparence.
Dans une émission télévisée, à une journaliste qui lui demande s’il abrogerait la loi Neuwirth qui, depuis 1967, autorise la contraception, il réplique vertement :
« Non, mais vous me prenez pour qui ? Vous me prenez vraiment pour un homme du Moyen Âge. Mais vous êtes folle ! »
Même réponse brutale lorsque la même journaliste lui demande s’il abrogerait la loi autorisant l’avortement :
« Ça ne va pas non ?! »
Depuis, il a répété clairement :
« Je ne limiterai pas le droit à l’avortement »
« Je ne toucherai pas à la loi sur l’avortement ».
Concernant l’homosexualité, il ne partage pas la loi juive qui condamne clairement les pratiques homosexuelles :
« Je lutte politiquement contre le lobby gay. En revanche, les homosexuels ça ne me pose aucun problème, c’est de l’ordre du privé. »
Dans sa première encyclique, en 1939, Pie XII déplorait « la négation et le rejet d’une règle de moralité universelle, soit dans la vie individuelle, soit dans la vie sociale et dans les relations internationales : c’est-à-dire la méconnaissance et l’oubli, si répandus de nos jours, de la loi naturelle. »
Éric Zemmour, à l’évidence, ne croit pas qu’une « règle de moralité universelle » s’impose « soit sans la vie individuelle, soit dans la vie sociale ».
Si en 2013, il a été hostile à la loi ouvrant le droit au mariage et à l’adoption aux couples homosexuels, aujourd’hui il accepte cette loi et n’envisage pas son abrogation :
« Je n’abrogerai pas la loi Taubira. »
« Je n’abrogerai pas la loi sur le mariage pour tous. »
Les contradictions d’Éric Zemmour viennent de sa conception dichotomique de la politique. Dans ses livres, ses discours et ses interviews, il répète qu’en politique il faut établir la « séparation du spirituel et du temporel », que la religion doit rester de l’ordre du privé. Il rejoint ainsi Jacques Chirac affirmant après la publication de
l’encyclique Evangelium vitae (1995) : « Non à une morale qui primerait sur la loi civile ». Il a la même conception de la laïcité de François Bayrou, président du Modem, catholique pratiquant, qui estime : « La loi protège la foi, mais la foi ne fait pas la loi ».
Ce sont des conceptions qui sont à l’opposé de « l’alliance avec la sagesse éternelle » à laquelle le Pape Jean-Paul II appelait les Français lors de son célèbre discours au
Bourget le 1er juin 1980.
Yves Chiron
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Source: Lire l'article complet de Égalité et Réconciliation